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3,69

sur 132 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Une fille sans histoire se démontre être un roman réussi, à la fois sensible et brutal car nous mettant face à des contradictions, des appropriations qui nous hantent toutes et tous. Constance Rivière maîtrise indéniablement son récit et évoque de nombreuses thématiques clés inhérentes aux faits dont il est question (que ce soit le stress post-traumatique, la gestion de l'après).
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Alors que s'ouvre le procès des attentats du 13 novembre 2015, j'ai eu envie de me plonger dans l'étrange histoire d'une fille paumée qui trouve un sens à son existence grâce à ce drame.
Adèle est une jeune femme transparente : le genre de personne dont on ne retient pas le nom, que l'on ne se souvient pas avoir croisée. Elle adore imaginer la vie des autres, à défaut de vivre la sienne. Aussi, lorsqu'au lendemain de l'attentat du Bataclan, elle reconnaît à la télévision un jeune homme porté disparu, elle prétend être sa petite amie, et attire enfin l'attention. Elle existe aux yeux du monde, mais combien de temps pourra-t'elle faire illusion ?
J'ai trouvé gonflé de s'emparer d'un sujet pareil, mais j'ai apprécié le traitement qu'en a fait Constance Rivière. Dans ce court roman (160 pages), il n'y a ni pathos ni voyeurisme, juste un contexte tragique et un personnage à l'aplomb monstre qui va au bout de sa névrose. C'est assez troublant et fascinant à lire, d'autant que l'écriture de l'auteur et la construction de son récit sont très maîtrisées ; la sensation de malaise n'en est que plus grande.
C'est donc un livre un peu dérangeant, mais pertinent, sans concessions, et qui mérite qu'on s'y arrête.
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Sans histoire, la fille? Même pas vrai ! Une histoire qu'elle s'invente, certes, s'attribuant un rôle- une fonction- qu'elle usurpe, mais, finalement, il s'en est fallu de peu pour que cela soit.
Le rôle des médias est plutôt bien vu, la spirale s'ouvre sur une image surfaite et entraîne la fille sans histoire dans une histoire dont elle ne sortira pas indemne.
Lecture facile, en prise sur l'actualité, Je n'avais encore pas lu Constance Rivière...à suivre !
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J'aime beaucoup les romans inspirés d'un fait divers, et celui-ci est intéressant. Constance Rivière s'inspire librement des différents cas de personnes qui suite aux attentats du Bataclan ont prétendu s'y trouver. Son roman est une analyse psychologique qui s'interroge sur les motivations du personnage, autres que financières. On est proche de la folie et en même temps je ne peux pas m'empêcher d'avoir de l'empathie pour cette jeune femme qui a toujours été ignorée. Finalement, elle est bien une victime elle aussi. J'ai quand même eu l'impression parfois que c'était un peu gros, mais peut-être que dans la débâcle, la capacité d'analyse est fortement réduite?
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Toxique solitude
Tout commence par un incipit puissant, socle de toute la tension du récit qui va suivre.
Elle est à la barre- demander pardon lui est douloureux- c'est le dénouement d'une histoire commencée quelques mois plus tôt, un certain soir de 13 novembre, là où tout a basculé pour Adèle.
Adèle est "une jeune fille sans histoire", le genre de celle qu'on ne remarque jamais, celle qu'on croise sans vraiment la voir, celle qui déjà petite n'intéressait pas les autres enfants- insignifiante et transparente.
Alors Adèle souffre en silence de cette solitude abyssale, observant le quotidien enviable de ses voisins depuis sa fenêtre, meurtrie par une vie marquée par l'absence.
Alors quand le 13 novembre 2015 retentissent tout près de chez elle les premières sirènes et les premiers cris, non, Adèle ne se précipite pas pour aider les victimes. Une image furtive à la télévision suffit à faire basculer son existence. Elle reconnait parmi les disparus, la photo de ce garçon qui lui plait mais qui ne l'a jamais remarquée... comme les autres.
Alors un désir irrépressible d'appartenir à ce drame national la guide- elle veut retrouver Mattéo, et se transforme rapidement en la petite amie de ce quasi inconnu pour elle.
La suite est un amoncellement de mensonges et de tromperie la précipitant dans la vie dont elle rêve depuis toujours mais aussi dans celle des proches de Mattéo, leur volant ainsi leur deuil.
Le mensonge se mue peu à peu pour elle en vérité, ne distinguant plus sa fiction de la réalité, ajoutant des actions imaginaires dans ses propres mensonges, plongeant dans une mythomanie pathétique et semant le malaise chez le lecteur qui assiste impuissant aux délires mensongers d'Adèle. Car Adèle vit pleinement dans cette usurpation, s'y sent bien, elle existe et devient visible, enfin, sous les feux de la rampe, comme toutes ces victimes des attentats.
Le choix du récit polyphonique est judicieux dans la construction de ce récit, permettant de mieux cerner la complexité de la situation d'Adèle. Dans un style fluide, Constance Rivière dans ce premier roman n'aborde pas le thème des attentats mais les conséquences collatérales orchestrées par une solitude humaine profonde et toxique.
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Pas mal du tout!!
« Celui qui regarde du dehors à travers une fenêtre ouverte, ne voit jamais autant de choses que celui qui regarde une fenêtre fermée. Il n'est pas d'objet plus profond, plus mystérieux, plus fécond, plus ténébreux, plus éblouissant qu'une fenêtre éclairée d'une chandelle. Ce qu'on peut voir au soleil est toujours moins intéressant que ce qui se passe derrière une vitre. Dans ce trou noir ou lumineux vit la vie, rêve la vie, souffre la vie ». Baudelaire, la fenêtre.
Derrière la vitre de cette fenêtre, Adèle (ou Marianne), jeune femme anonyme, va vivre à travers une vie qu'elle va s'inventer. Elle va jouer le rôle de sa vie.
Elle endosse ainsi la fonction de petite amie de Mathéo, étudiant italien décédé au Bataclan le 13 novembre.
Elle va exister en tant que fausse victime parce que dans notre société il faut être quelqu'un.
Cette anti-héroïne usurpatrice sans identité, à la fois touchante et détestable, plongée dans cet état de confusion va vivre ses illusions, des vies rêvées et inventées grâce à une excellente construction du récit de la part de l'auteur.
Elle ne peut plus revenir en arrière. Elle n'a plus de repère. Plus d'identité propre.
Une belle découverte très bien menée.
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13 novembre 2015 : des attentats éclatent dans Paris. Comme tous les soirs, Constance est postée à la fenêtre de son appartement d'où elle observe durant de longues heures la vie des autres. Elle entend les échos du drame qui se noue pas très loin, au Bataclan. Toutes les chaînes de télévision sont en alerte. L'imagination de Constance s'emballe. Elle aurait pu y être, pourquoi pas?, voilà des années qu'elle se dit qu'elle assisterait bien à un concert dans cette salle. Quand le lendemain matin les premières photos des victimes sont diffusées, elle reconnait Matteo, un étudiant en art qu'elle aimait observer quand elle était serveuse dans un bar. Elle s'invente alors une histoire d'amour avec le jeune homme et devient, aux yeux de tous, une victime collatérale des attentats.
« Cette histoire était la sienne, il fallait qu'elle l'inscrive en elle pour toujours, qu'elle l'inscrive dans sa chair pour rendre visible ses blessures invisibles ».
Mais de mensonge en mensonge, la situation de Constance devient intenable...
Une fille sans histoire est un premier roman intriguant, dérangeant, malaisant, osé par son sujet quasi tabou tant il est sensible. C'est un livre risqué tant son personnage principal suscite le rejet. C'est aussi une analyse en profondeur du statut de victime et d'un besoin de reconnaissance jamais assouvi. C'est l'histoire de la reconstruction d'une jeune femme qui passe par le mensonge, la confrontation à la vérité et par une douloureuse catharsis.
Une livre assez « casse-gueule » mais formidablement réussi.
Un livre lu dans le cadre des 68 premières fois
« Ce soir-là, elle repensait au poème de Baudelaire… Elle en connaissait chaque mot. Chaque ponctuation. Chaque respiration. Ce poème qui parlait d'elle. Ou qui l'avait faite elle.
Celui qui regarde du dehors à travers une fenêtre ouverte, ne voit jamais autant de choses que celui qui regarde une fenêtre fermée. Il n'est pas d'objet plus profond, plus mystérieux, plus fécond, plus téébreux, plus éblouissant qu'une fenêtre éclairée d'une chandelle. Ce qu'on peut voir au soleil est toujours moins intéressant que ce qui se passe derrière une vitre. Dans ce trou noir ou lumineux vit la vie, rêve la vie, souffre la vie ».
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13 novembre 2015, qui ne se souvient de cette date, qui n'a encore en tête les images véhiculées, ce jour-là et les jours d'après, par les media ? Ce n'est pas tant cette soirée, ni les horreurs vécues, mais surtout la suite que Constance Rivière nous fait revivre dans son premier roman "Une fille sans histoire".

"… elle finit par cracher ce mot, nécessaire mais qui la dégoûte, elle finit par le dire, dans un souffle qui lui semble un cri, "pardon", elle le répète plusieurs fois, pardon, pardon, pardon,…les larmes viennent avec, elle pleure pour la première fois… La sentence peut tomber. Douze mois, dont six avec sursis." Je n'ai pas lu la quatrième de couverture et pourtant, je comprends, j'imagine. C'est l'histoire d'Adèle, une fille que l'on regarde peu, qui passe inaperçue. Ce soir-là, elle est assise à sa fenêtre essayant de deviner les vies derrière celles qu'elle observe. Des bruits, des cris, un attentat, vont tout changer. Et quand elle voit à la télé le visage de Matteo, un étudiant porté disparu, client du bar dans lequel elle travaillait, elle s'invente une vie, part à sa recherche. Elle devient sa petite amie…

L'auteure nous raconte une imposture, une envie d'exister, de paraître dans les media, de se venger inconsciemment de sa solitude et de sa transparence. Elle décortique avec beaucoup de finesse, l'art du mensonge et de ses conséquences, cette impossibilité de revenir en arrière et cet enfoncement dans le déni. Elle dissèque avec subtilité les sentiments de chacun des personnages, nous les rendant tous attachants, y compris le plus sombre. Elle réussit superbement à expliquer la difficulté du deuil et celle d'être une victime.

Le roman est parfaitement construit qui à la fois expose les faits et donne la parole à chacun des protagonistes. L'écriture sert à merveille le récit, se met en retrait par sa simplicité, se fait presque oublier pour laisser le rôle principal à l'empathie que j'ai ressentie tout au long de cette lecture, l'empathie de l'auteure qu'elle nous transmet avec beaucoup de doigté.

"Une fille sans histoire" est de ces romans qui, subrepticement, sans ostentation, avec beaucoup d'élégance et de subtilité parviennent à vous emporter. Un très beau premier roman.

Lien : https://memo-emoi.fr
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Quand une jeune femme trouve enfin le moyen d'exister aux yeux des autres en devenant la petite amie d'une victime du Bataclan.
Car adèle se doit d'exister pour survivre, mais depuis toujours elle est transparente aux yeux de tous, et depuis qu'elle a perdu son père, elle n'existe plus pour personne. Lorsqu'elle voit la photo de Mateo, elle s'invente peu à peu une vie et enfin une utilité.
A la fois émouvant et glaçant, avec des personnages qui dérangent, "Une fille sans histoire" est un roman qui interroge.
Lire ma chronique complète sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2019/11/11/une-fille-sans-histoire-constance-riviere/
Lien : https://domiclire.wordpress...
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Tout est subtil dans ce premier roman de Constance Rivière, à commencer par ce titre à double sens, à double face, à double tranchant. Une fille sans histoire, c'est une fille comme Adèle, sans contours particuliers, un peu transparente, un peu fuyante, incolore et inodore, une fille pour laquelle on n'a même pas jugé utile de trouver un prénom, non, on a recyclé celui d'une fille d'avant qui ne l'avait pas beaucoup usé. C'est dire si elle n'a pas d'histoire, Adèle. Alors, quand, soudain, sous ses propres fenêtres, c'est l'Histoire qui se joue, quand à portée de main c'est le train bruyant, violent, fracassant de l'Actualité qui passe, c'est sans réfléchir qu'elle saute sur le marchepied, Adèle, comme ça, sans raison, juste pour en être pour une fois. Et puis, elle continue, elle va plus loin, elle va trop loin, glissant peu à peu à peu sur une pente qu'elle a elle-même savonnée.
C'est avec subtilité encore que Constance Rivière tricote son roman avec le fil du réel, faisant ce cette histoire vraie un récit admirablement construit où l'ahurissement le dispute à la colère. Et c'est avec subtilité toujours que l'auteure garde la distance suffisante mais impérative avec son personnage, attisant l'intérêt du lecteur sans susciter son empathie. On comprend grâce à elle comment dans le chaos invraisemblable de la peur, de l'horreur et de la tristesse, d'un mensonge l'autre, une personnalité vacillante a pu se construire une histoire plus grande qu'elle, à grand renfort de pensée magique et d'obstination malsaine.

Lien : https://magali.bertrand@neuf..
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