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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
En première page, le nom de l'auteur en rouge, le titre en minuscules noirs, une image bicolore avec un perroquet avec des échasses. Qu'est-ce que cette couverture? En plus il fait 638 pages. L'apparence est trompeuse et comme souvent, il faut aller au delà. Mais attention, dès que vous allez ouvrir le livre, vous allez vivre une aventure littéraire surprenante.

La fin de présentation de la quatrième de couverture annonce cela "De l'Amazonie au Vatican, ce roman d'aventures picaresque balaie d'un trait de plume plein d'humour quelques-uns des plus grands mystères de l'humanité." Cela peut laisser perplexe avant la lecture mais plus du tout quand le livre est terminé. Tom Robbins, auteur de la pop culture américaine prend les gens dans un état de simple lecteurs passifs pour les rendre un plus fous ou libérés au fur et à mesure de l'histoire.

Par exemple, le titre, étrange en soi Féroces infirmes retour des pays chauds. L'auteur américain a donné en titre une citation de Rimbaud de son recueil Une saison en enfer. "Je reviendrai, avec des membres de fer, la peau sombre, l'oeil furieux : sur mon masque, on me jugera d'une race forte. J'aurai de l'or : je serai oisif et brutal. Les femmes soignent ces Féroces infirmes retour des pays chauds." Voilà, ici tout est dit, dans le titre, dans la référence poétique. En toute honnêteté, je n'ai découvert que cela pendant la lecture. L'auteur pense un peu à ces lecteurs peu cultivé comme moi. Merci chez Tom.

Car l'histoire, il faut bien en parler mais sans en dire trop. Tout tourne autour de Switters, agent puis ancien agent de la CIA, il aime réfléchir, la contradiction, le voyage, le sexe, la liberté d'agir et de penser. Il possède une libido débridée, aime les femmes, les filles mineurs, rêve de coucher avec sa demie-soeur de 16 ans, tombe sous le charme d'une none. Il a été élevè par sa grand-mère Maestra, grande prêtresse de l'espionnage en ligne, qui lui a appris à ne pas avoir de remord mais surtout à réfléchir. Son meilleur ami, un agent de la CIA qui a son caractère bien trempé. Voilà pour les personnages principaux.

L'histoire débute simplement. Sa grand-mère veut que son petit-fils emmène son perroquet en Amazonie pour lui rendre sa liberté. Pour cela, il doit faire un petit détour après avoir discuter avec un agent de l'agence. Mais rentre la liberté à un perroquet en plein coeur de l'Amazonie s'annonce beaucoup plus compliqué que prévu, surtout si sur le chemin vous rencontrer la tribu des Kandakanderos qui vous lance un sortilège. le chaman a la tête pyramidale le rendant infirme va lui faire découvrir le monde autrement. Mais il ne va pas en rester là à 5 centimètres au dessus du sol. Après la lamentation, la résiliation vient le temps du changement et du brisement du tabou amazonien.

Poussés par le vent, des nuages rasaient la surface du détroit comme des vesses-de-loups de duvet bactérien humide, et les deux hommes pouvaient presque sentir le goût de la moisissure dans l'air. L'atmosphère était de plomb et ténue à la fois, comme composée de quelque nouvel élément défiant les lois connues sur le poids atomique, et que seuls des habitants nés dans le Nord-Ouest auraient été capables de respirer.

Il part pour une mission et échoue en plein coeur du Moyen-Orient entouré de nonnes, au sein de l'ordre de St Pacôme qui milite pour la contraception des femmes dans le monde. Ces chrétiennes protègent un bien précieux : la troisième prophéties de Fatima qui va transformer le monde. L'interprétation de la prophétie permet à chacun de faire ces interprétations. Et si Switters avait la véritable interprétation? Si c'était lui qui pourrait ouvrir la porte à une nouvelle ordre?

Drôle, malin, surprenant et surtout magnifiquement bien écrit, car le sens des mots est bien pesé et soupesé. Ce type a fait plus de sales trucs dans sa vie qu'une pute dans une mine de charbon. Un livre dont on ne le relit pas tout de suite, il faut du temps pour digérer la densité et l'ingéniosité des mots et des références. A la fin de la lecture, je me suis demandée comment j'ai bien pu passer à côté d'un tel livre si longtemps. C'est dans ces moments que j'ai envie de me diriger vers la librairie et d'embrasser le libraire qui me l'a que trop recommandé. Est-il possible de ne pas vouloir continuer de découvrir son oeuvre et son univers? Non, après ce choc des mots, la loufoquerie fera toujours partie de moi. Il y a des lectures dont on garde un long souvenir, un sentiment de bien-être, de chose étrange, bref une lecture qui ne nous laisse pas indifférent. Là c'est absolument le cas. Mais attention, il ne faut pas le mettre entre toutes les mains, adaptes du roman roses, passe ton chemin. Car même si il tombe sous le charme de la none et l'a demande en mariage cela ne voudra pas dire qu'ils auront des enfants et seront heureux, même en compagnie d'un tube de vaseline. Attention aussi oreille chaste, car ici peu de tabou, on pénètre dans le vif du sujet. Toutefois, on discute, on échange et on se contredit quelque soit le sujet. de plus, l'auteur fait référence à beaucoup de choses réelles dans son argumentation, l'encrant encore plus dans le réel.


Si l'aventure d'un nouveau style littéraire vous tente et que vous êtes prêt à être surpris, je crois que vous pouvez les yeux fermés lire ce Féroces Infirmes. Et comme un bon chocolat, vous voudriez tout mangé d'un coup mais le plaisir n'en sera que plus furtif. Alors vous ferez durer le plaisir de ces mots. Vous regarderez votre sac où ce cache le pavé et la journée de travail paraîtra plus courte car à la fin, ce délice étrange, ce livre.
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Thomas Eugene Robbins né en 1936 en Caroline du Nord est un écrivain américain. Tom Robbins a étudié le journalisme en 1954 à l'Université de Lexington en Virginie, mais n'a pas obtenu de diplôme. Engagé dans l'armée de l'air, il a servi pendant la guerre de Corée durant cinq ans et à son retour à la vie civile, il étudie l'art au Richmond Professional Institute de Richmond, Virginie. Après avoir obtenu son diplôme, il déménage sur la côte ouest, où il devient journaliste pour le Seattle Times. Il habite depuis de nombreuses années dans l'État de Washington. le roman Féroces infirmes retour des pays chauds, date de 2000.
Switters est un agent de la CIA, doué en cybernétique et linguistique, il est capable de nommer le sexe féminin en soixante-et-onze langues et il a un fort penchant pour les très jeunes filles. Un gars très sex, drugs and rock ‘n roll ! Menacé d'un chantage par sa grand-mère Maestra, il part en Amazonie pour rendre la liberté au perroquet de l'aïeule. Victime d'un envoûtement par un chaman local, Switters ne peut plus mettre un pied sur le sol au risque d'en mourir, ce qui l'oblige à utiliser un fauteuil roulant. L'aventure ne fait que commencer puisque nous le suivrons au Moyen-Orient où venu apporter des masques à gaz aux Kurdes, il atterrit dans un couvent de nonnes françaises perdu en plein désert Syrien qui lui réservera une surprise de taille car c'est ici qu'est détenu le secret de la troisième prophétie de Fatima. Secret que le Vatican n'est pas prêt à laisser filer.
A la lecture de ce résumé succinct, le bouquin fait plus de cinq cents pages, vous devinez que nous sommes en présence d'un roman délirant et le mot est faible. On ne sait pas ce qui est le plus extraordinaire, l'imagination débridée de l'auteur ou son écriture éblouissante d'inventivité. Car le bouquin est remarquablement écrit, les idées farfelues qui jaillissent à chaque ligne ne peuvent cacher le talent de l'écrivain, au contraire elles le renforcent car cette folie à la Monty Python est particulièrement bien construite et structurée. Un vocabulaire très riche (Ah, ce « vivide » qui revient comme un leitmotiv), des références culturelles multiples et variées (le titre du roman est emprunté à un poème de Rimbaud), des théories grinçantes, de l'ironie et du sarcasme, Tom Robbins fait feu de tout bois.
Philosophe (« pourquoi diable la nature, dans sa magnificence complexe et inventive, n'avait-elle pu prévoir de dentition autonettoyante ? ») ou moraliste (« Un flic véreux est un traître au même titre, exactement, qu'un négociant de secrets d'Etat, et il doit être puni en conséquence ») son héros endosse tous les habits sans qu'on sache jamais si c'est du lard ou du cochon, « incapable de deviner à quels moments Switters parlait sérieusement et à quels autres il s'amusait tout simplement ».
Mais n'est-ce pas cela le grand secret, le rire. Secret qui était déjà dans le roman d'Umberto Eco en 1980, le Nom de la rose. « M. Switters surmonte la mélancolie en refusant de prendre les choses, y compris lui-même, trop au sérieux » partant du principe « que la bonne humeur, avec une portée délibérément comique, soit capable de se transformer en joie durable, d'où émerge alors la sagesse ? »
Le lecteur avisé, lui, ne s'interrogera pas longtemps après avoir englouti cette Bible de folie furieuse !
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On continue à parler de Gallmeister (et on n'a pas fini puisqu'il me restera à vous parler de Texasville et de Lonesome Dove), mais les meilleures choses ont une fin et cette semaine Americana touche à sa fin (« ooooh, noooooooonnnn »). A partir de demain c'est le début de la rentrée, mais rassurez-vous j'ai fait un melting-pot nouveauté et fonds pour ne pas trop vous lasser, et puis parce que comme vous l'avez compris mon été n'a pas été entièrement pris par les lectures d'épreuves, mais aussi par quelques bouquins qui traînaient dans la PAL depuis longtemps. J'aimerais bien réussir à la vider d'ici à la fin de l'année, voire même d'ici à mon déménagement (ouaiiiis je déménage, et pas que du ciboulot, voilà, celle-là, elle est faite). Même que je vais avoir une bibliothèque, je vous prévois d'ailleurs un beau message allant des mesures de la pièce à la construction du bouzin, en passant par la conception etc. Vous allez voir, c'est limite plus de boulot que la cuisine.

Les plus observateurs d'entre vous auront remarqué que je n'ai pas encore parlé de féroces infirmes retour des pays chauds. Alors, d'abord, moi, j'ai mis du temps à le lire parce que je pensais que c'étaient deux longues nouvelles, une qui se serait appelée Féroces Infirmes, et l'autre Retour des pays chauds. Ouais, je manque de culture générale, je n'avais pas reconnu Rimbaud :

Je reviendrai, avec des membres de fer, la peau sombre, l'oeil furieux : sur mon masque, on me jugera d'une race forte. J'aurai de l'or : je serai oisif et brutal. Les femmes soignent ces féroces infirmes retour des pays chauds.

Bon, vous me direz, c'est pas facile à reconnaître, en plus le héros du bouquin est persuadé que les femmes AIMENT ces féroces infirmes blablabla, alors qu'elles les soignent, et franchement, c'est pas pareil, demandez aux infirmières.

Bon, oui, tout ça pour dire que franchement… ben c'est du Tom Robbins, quoi, c'est génial, c'est prenant, c'est nourrissant, on le trimballe avec soi partout, on est obsédé ensuite par les espions, les perroquets et les religieuses, je ne comprends pas comment j'ai pu vivre si longtemps sans Tom Robbins, je pense que maintenant il m'est aussi nécessaire que l'air que je respire. D'ailleurs j'ai commandé les trois derniers bouquins qui me manquent, y compris un vieux coucou en impression à la demande, ça va pas être évident, mais je suis maintenant terriblement pressée.

Voilà, j'aurais presque envie de dire, si vous aimez mon blog et ma façon de raconter n'importe quoi, vous aimerez Tom Robbins, mais bon, faut pas pousser mémé dans les orties comme on dit !



PS : je relance pour le mois de décembre ma série de photos de bibliothèques. Si vous voulez m'en envoyer, c'est nina chez readingintherain.com !
Lien : http://www.readingintherain...
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Version audio (augmentée) dispo ici : https://anchor.fm/aymeri-sutour/episodes/LP03---Froces-infirmes-retour-des-pays-chauds---Tom-Robbins-etfc2t


Roman picaresque s'il en est, mon introduction au style Tom Robbins s'est faite par la très grande porte.

A ce propos, j'ai trouvé deux définitions de "Picaresque" :

- La première, nous venant de l'Oxford Dictionary : relating to an episodic style of fiction dealing with the adventures of a rough and dishonest but appealing hero.

- La seconde, de notre petit Larousse adoré : se dit d'oeuvres littéraires dont le héros traverse toute une série d'aventures qui sont pour lui l'occasion de contester l'ordre social établi.

Mettez les deux dans un shaker et vous aurez peu ou prou la substantifique moelle de "Féroces infirme retour des pays chauds".

Pas grand chose à jeter dans ce roman tant tout y est gouleyant. du personnage principal de vaurien (fantas-que /tique, anticonformiste érudit, libertaire grandiloquent, intellectuel irritant, mouche dans le lait convaincue) à l'intrigue qui déconstruit l'espionnage à papa, le mysticisme à tata et le conspirationnisme à tonton, tout participe au rythme "ardent" de cette épopée métaphysique.

Sens de la formule, des dialogues, des personnages, du rythme... la maîtrise de l'absurde, elle, s'apparente plus à un subtil humour anglais qu'à une féroce charge pontifiante à l'américaine. Mais la critique acerbe de la société garde ce qu'il faut d'agressivité pour se targuer d'un esprit cow-boy qui dézingue à tout va.

Un anti-blockbuster qui fait du bien aux synapses et aux zygomatiques.


Lien : https://anchor.fm/aymeri-sut..
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Féroces infirmes retour des pays chauds paru chez Gallmeister : le titre est extrait de Mauvais sang, un des chants du recueil d'Arthur Rimbaud intitulé Une saison en enfer. Il faut lire le roman pour comprendre à travers le clin d'oeil (la citation est en page 195), une référence plus générale à un certain état d'esprit "jeune" (je n'aurais pas cru en le lisant que l'auteur est un monsieur de 75 ans !)

Je partage l'avis de Couperine : moi aussi j'ai fait durer le plaisir de ma lecture (en dépit du délai imposé par le partenariat) et j'ai inscrit Même les cow girls ont du vague à l'âme dans ma liste à lire.
Lien : http://ccommecolomb.blogspot..
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Roman un peu déjanté , mais passionnant , il nous fait voyager dans des territoires aujourd'hui en guerre ,
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