La religion grecque est un test de Rorschach : chacun peut y voir ce qu'il veut. Les grecs de l'Antiquité seraient-ils dotés d'un organisme différent du nôtre ? Des spéculations récentes affirment que leurs hémisphères cérébraux ne communiquaient pas comme les nôtres, si bien qu'un de leur hémisphère cérébral considérait les pensées de l'autre comme des voix venues de l'au-delà.
Loin de toutes ces spéculations (l'édition Que-Sais-je n'est pas particulièrement réputée pour l'excentricité de ses publications),
Fernand Robert permet cependant de comprendre les spécificités de
la religion grecque afin que nous, lecteurs rescapés du 21e siècle, puissions aborder sans quiproquo
la religion grecque antique, et donc ses oeuvres culturelles et politiques. le développement de la présentation se consolide autour d'un axe de lecture majeur : l'imprégnation d'un bouc émissaire des souillures générales, puis son sacrifice. La question de l'oeuf et de la poule se pose aussi : les dieux ont-ils justifié la pratique rituelle ? à moins que ce ne soient les actes rituels originaires, perdant peu à peu leur signification, qui aient nécessité l'invention de dieux les justifiant ?
« En étudiant les fêtes dites d'Athéna en Attique, on découvre que les fêtes d'une divinité ont d'ordinaire existé par elles-mêmes avant que les divinités ne fussent inventées. »
Fernand Robert se repose sur les théories les plus solides concernant
la religion grecque antique pour faire avancer nos considérations. Ses questions pertinentes, ses hypothèses originales et ses définitions précises permettent de ne pas louvoyer sur la multiplicité des chemins qui mènent à l'Olympe. En conclusion :
« N'opposons jamais pensée mythique et pensée rationnelle, puisque le mythe, explicatif par nature, veut déjà satisfaire la raison. Opposons pensée mythique et pensée scientifique, parce que le mythe se satisfait de l'explication, du seul fait qu'elle explique, tandis qu'en raison même de cela, la science s'en défie […]. »