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J'aime bien les jeux de miroir littéraires, les réécritures, les mises en abime, retrouver dans un livre les traces d'un autre, et tel est le projet de ce livre qui se veut une sorte de modernisation au féminin de l'entreprise de séduction inventée par Jean Rostand dans Cyrano de Bergerac : la dichotomie entre la beauté et la laideur, la sottise et le raffinement de la pensée.

Cyrano, c'est Irène, professeur de lettres dans un lycée de Saumur. Pas vraiment laide mais le genre passe partout. le physique fade comme sa vie de femme de notaire, sans enfants, sans grande sensualité, ni coquetterie, elle est classique au sens péjoratif du terme et d'ailleurs se vit comme un personnage balzacien. Dans la Comédie Humaine, elle serait classée dans la petite bourgeoise de province neurasthénique. Alors d'emblée, ce choix de l'autrice condamne le personnage à la caricature : coincée dans la littérature du XIX, la pauvre a tout juste un smart phone comme relation à la modernité, la vie aussi « plate qu'un trottoir » et le corps endormi. Si seul l'esprit palpite chez Irène, Lisa qui incarne Christian, a un corps de rêve, tout en muscle élégant et frémissant de désirs qu'elle allume sur son seul passage. Elle aussi est prof, dans le même lycée, mais d'EPS, et évidemment ne quitte les joggings moulants que pour enfiler une « petite robe noire sexy ». Côté cerveau, elle aligne les platitudes de considérations « modernes », du genre, « il faut vivre avec son temps, ma pauvre Irène ». Elle ne lit jamais, et ne pense que compétitions et dépassement de soi. C'est pourtant elle qui va rencontrer l'écrivain, P. Mermoz, lors d'un salon du livre organisé dans la petite ville provinciale. Il vient de publier un roman à succès et le dédicace à tour de bras mais traverse une période de « pages blanches », le pauvre. Pour faire plaisir à sa maman, Lisa a pris place dans la file des lectrices et ressent le frisson de la compétition, le frémissement du défi, se faire désirer de cet homme, si loin de sa zone de pêche habituelle. Mais c'est un gros poisson, pas facile à ferrer, même si bien sûr, il semble ne pas avoir été insensible à son corps de rêve, si singulier pour une lectrice. Ben voyons …

Donc, pour le mettre dans son lit, elle a besoin d'une plume, consciente quand même que les textos, pour un écrivain, c'est un peu trop « moderne ». Re, ben voyons … Lisa fait alors la proposition à Irène, d'être l'autrice d'une correspondance affriolante. mais la pauvre femme a l'âme trop tourmentée pour ne pas être fébrile. Elle se jette dans l'épistolaire comme d'autres se noient dans les miroirs narcissiques. Et le cauchemar de la fin la hante, parce que forcément, Lisa ne veut que le rendez vous final, qui mettra fin au pacte entre les deux femmes, et clouera Irène dans un quotidien qui lui devient de plus en plus insupportable. Tandis qu'elle glisse vers l'effroi, l'écrivain vibre inéluctablement de plus en plus aux lettres ardentes de sa correspondante fictive.

Celle qui aimait lire, celle qui n'aimait pas … La beauté intérieure et la vacuité de l'esprit … Deux mécaniques aussi artificielles l'une que l'autre. Si Lisa franchit la ligne d'arrivée, c'est sans panache, Irène, en franchit une autre, plus intime, et en devient presque touchante. Il n'empêche que le roman, lui, loupe sa cible, me semble-t-il, en offrant un miroir peu séduisant à sa propre lectrice. On peut aimer Eugénie Grandet sans être Madame Bovary.


Lien : https://aleslire.wordpress.c..
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Un enchantement! Laissez-vous séduire par ce roman plein de charme et de références littéraires. Gwenaële Robert revisite le mythe de Cyrano pour notre plus grand bonheur. Lisa, professeure de sport au physique parfait, rencontre un écrivain qu'elle souhaite mettre dans son lit. Pour parvenir à ses fins, elle demande l'aide d'Irène, sa collègue de français, pour qu'elle trouve les mots qu'elle n'a pas. Alors que Lisa, impatiente, attend LA rencontre, Irène se prend au jeu de la correspondance...
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3,2,1… j'ai commencé par son dernier livre. Entre histoire et roman j'ai adoré le style. Alors j'ai lu l'avant dernier et c'était toujours aussi bien. pas d'Histoire dans le premier mais un magnifique clin d'oeil à Cyrano que l'on croyait épuisé. j'ai adoré ce style léger de l'auteur: une écriture aérienne et riche. Il est temps de reprendre la route dans le bon sens: j'attends impatiemment le 4.
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