Le voyeur du Yorkshire n'est pas une lecture d'exception. Pourtant, ce roman possède des qualités susceptibles d'intéresser ceux qui connaissent l'oeuvre de
Peter Robinson et souhaitent découvrir les origines de sa série consacrée à l'inspecteur Alan Banks, car il s'agit là de son premier roman traduit en France en 1987.
Alan Banks est encore jeune, marié à Sandra, ses gosses sont ados, et nouvellement muté dans le Yorkshire pour échapper à une trépidante vie urbaine, sa première enquête n'est guère exaltante : un voyeur, autrement dit un homme qui observe des femmes qui se croient seules, sévit, tandis que des jeunes gamins désoeuvrés s'adonnent à des cambriolages, dont l'un tournera mal. Pour leur victime, s'entend... L'enquête est classique, voire statique.
Politiquement habile, la hiérarchie policière choisit une fort belle jeune femme, Jenny Fuller, psychologue de son état, pour dresser le portrait du scopophile, désamorçant ainsi les attaques de féministes qui accusent la police de ne rien faire. Mettre les empêcheurs(ses)-de-tourner-en-rond de son côté, est une technique qui ne date pas d'hier. Banks n'est pas insensible à son charme, mais cette attirance reste platonique. Je souligne que
Peter Robinson, au cours des investigations, dresse le portrait d'une féministe, (genre qui ne se rase pas sous les bras, possède plusieurs mentons et quelques kilos jugés en excédent, grande gueule), dont il ne sort pas grandi. Nous étions en 1987, cette datation peut-elle justifier l'indulgence ? Depuis,
Peter Robinson a évolué et gommé ces relents réactionnaires. Malgré cette restriction, j'ai aimé découvrir les balbutiements d'un auteur qui construit sous les yeux du lecteur, un personnage devenu récurrent dans son oeuvre et célèbre à travers une série d'ITV, hésitant encore entre plusieurs orientations possibles. Ce travail est à lui seul intéressant et mérite que les amateurs s'arrêtent durant quelques heures sur cette histoire de scopophilie.