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J'avoue, autant j'aime aller au théâtre, autant j'ai du mal à lire des pièces de théâtre.
Mais là, j'ai été totalement happée.
L'auteur l'a déclaré il aurait pu transposer son histoire à n'importe quelle période de l'histoire de l'humanité, tant celle-ci est malheureusement classique.
Un peuple opprimant, qui a été lui-même opprimé, un peuple opprimé, et des hommes et des femmes qui se révoltent contre cette oppression.
Montserrat officier de l'armée du roi d'Espagne ne supporte plus la cruauté dont font preuve les espagnols contre les natifs du Venezuela et va aider dans sa fuite Simon Bolivar à la tête de ceux qui veulent l'indépendance des colonies espagnoles en Amérique du sud.
Mais il sera dénoncé, et l'officier espagnol qui doit l'interroger à la suite de cette trahison, sait qu'il ne parlera pas et ne trahira pas Bolivar, il va donc procéder de la pire des manières pour inciter Montserrat à parler.
Un texte court, mais d'une telle force qu'il est impossible de ne pas se poser à nouveau la question sur ce dont les hommes sont capables de faire à d'autres hommes, femmes et enfants, seulement parce qu'ils sont « dans le camp d'en face ».
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Sûrement un des livres indispensables pour constituer une bonne bibliothèque. Dans chaque guerre, il y a les bons et les méchants. Ceux qui se battent pour l'Indépendance et la Liberté contre ceux qui veulent maintenir leur pouvoir sur des populations colonisées à n'importe quel prix. Mais, de révolte en rébellions, de bains de sang en massacres organisés, de guérilla en génocides, chaque partie évalue la capacité de rétorsion de l'adversaire. Non, cette pièce n'est pas une caricature ! L'Humain peut produire des monstres d'Inhumanité. Dieu (puisqu'il est maintes fois fait référence à Lui), est sinon complice, du moins bienveillant avec les bourreaux. le Père Eusebio du Coronil n'est que le parangon de ces missionnaires chargés d'évangéliser les
barbares Incas, en leur proposant de choisir entre la croix et l'épée. Ainsi fut justifiée la traite du "bois d'ébène" qui, selon les négriers, ne possédait pas plus d'âme que les animaux. Emmanuel Roblès nous met en face de nos responsabilités, de nos contradictions, de notre indifférence, de notre manque de compassion, de notre pseudo-supériorité, et surtout de notre bêtise. Une remise en question salutaire de nos acquis...
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Magnifique découverte que cette pièce d'Emmanuel Roblès, Montserrat, que je ne connaissais pas. Que de force et d'intensité dans un format aussi court ! Merci donc au professeur de Français de ma fille de l'avoir mis à son programme, ce qui m'a fait acheter ce livre et le lire.

Dans un huis-clos étouffant, Izquierdo bras droit du général espagnol Monteverde, va tenter de faire avouer à Montserrat, officier de la même armée occupante, où se cache Bolivar qu'il a aidé à fuir, faisant de lui un traître.

Pendant une heure, il va user pour cela de la menace - l'exécution de six innocents pris au hasard dans la rue - de la violence, de la religion - insupportable Père Coronil - mais surtout de l'appel à la conscience, à la raison, au remords, à la contrition... Bref, une véritable tentative de démolition humaine et morale comme seuls les pouvoirs totalitaires peuvent en avoir l'incroyable capacité de justification.

Une découverte passionnante, que je suis bien heureux de savoir enseignée à nos enfants au lycée.
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À chaque atrocité qui secoue la planète, on entend dire qu'il ne faut pas oublier. À cet égard, ce livre est un poignant et indispensable passeur de mémoire. Merci Roblès. Âmes sensibles, s'abstenir !
La pièce qui se passe en 1812 montre la barbarie d'un groupe d'officiers espagnols lors de la guerre d'indépendance du Venezuela, mais pourrait être un copié-collé d'autres guerres, avec d'autres acteurs que l'armée espagnole. Celle-ci venait d'ailleurs de subir les armées napoléoniennes à propos desquelles Goya est aussi un passeur de mémoire avec le «Tres de mayo» l'un des fleurons du Prado, la fusillade du 3 mai. Dans la nuit du 2 au 3 mai 1808 l'armée de Napoléon — en représailles à la révolte du 2 mai — exécute environ 400 Espagnols, épisode "oublié" par bien des manuels d'histoire. le tableau de Goya a été choisi pour orner la couverture de la pièce dans le Livre de poche. La pièce date de 1948, et fait aussi écho à des événements récents comme l'holocauste et les otages d'Oradour sur Glane.
Montserrat, officier espagnol, est écoeuré par les viols, pillages et autres atrocités commises par son armée contre la population locale. Au moment où les Espagnols sont sur le point d'arrêter Bolivar, le chef des révolutionnaires qui donnera son nom à la Bolivie, Montserrat le prévient et il parvient à s'échapper et à se cacher. Comme Antigone, Montserrat refuse d'obéir à une loi que sa conscience réprouve, mais sa "trahison" est découverte, et il sommé de révéler la cache de Bolivar, mais refuse de parler. le premier lieutenant Izquierdo, raffiné dans sa cruauté, brutal et cynique, prend alors en otages six personnes au hasard dans la rue, qui seront fusillées non pas ensemble mais tour à tour, dans un suspense insoutenable, car Montserrat, enfermé avec eux, ne livre pas la cachette de Bolivar, même si par deux fois, il est tenté de parler devant la détresse des otages emmenés un par un au peloton d'exécution, malgré leurs supplications. Dilemme : laisser fusiller ces innocents dont une mère de famille qui a deux enfants en bas âge, ou trahir Bolivar, c'est-à-dire la cause du peuple tout entier et de la liberté. Quatre des six innocents vont désespérément tenter de le convaincre de parler, mais pas les deux autres.
Nastasia-B note dans sa magnifique critique, «Nous sommes au lendemain de la seconde guerre mondiale. La France a été traumatisée par la guerre et par ses bourreaux, mais elle ne cesse pas néanmoins de se comporter elle-même en bourreau dans ses colonies, Indochine, Algérie, etc. Emmanuel Roblès est algérien. Il ne peut pas ne pas ressentir en ses chairs la meurtrissure des massacres organisés par des Français à Sétif, Guelma et Kherrata en 1945. Et c'est là que le trait de génie de l'auteur est le plus saillant. Il arrive à dénicher des entrailles de l'histoire un cas analogue, en tous points similaire à la situation qu'il vit: la guerre d'indépendance sud-américaine face à l'Espagne au début du XIXème siècle et au lendemain du traumatisme pour l'Espagne de la déferlante de Napoléon sur son sol. Tout y est rigoureusement transposable point par point».
Les peuples victimes des nazis, une fois en position de supériorité, ne font pas toujours dans la dentelle, et ils ne sont pas les seuls
Le vrai Morales, l'un des officiers espagnols de la pièce, faisait écarteler les prisonniers et clouer aux portes les enfants au berceau. Antonanzas, un autre, éventrait les indigènes enceintes et collectionnait les mains coupées. Zualola, un troisième, crevait les yeux. Eusebio de Coronil préconisait de massacrer tous les Vénézuéliens âgés de plus de sept ans. du Nord au Sud de l'Amérique, il ne reste plus beaucoup de descendants des peuples indigènes. La torture, c'est aussi les fourmis rouges, les prisonniers enterrés vivants et le plomb fondu dans les oreilles.
Dans la pièce de Roblès, les officiers espagnols mêlent violence et plaisir. «Quand nous avons pris la ville, mon bataillon n'a lassé vivants que dix-neuf habitants. Dix-neuf femmes. Des jeunes, bien entendu. C'était contraire aux ordres du général... mais nous avons, pour nous, gardé les plus belles... Celle que je m'étais réservée avait seize ans. Adorable. Des seins menus, tièdes comme des colombes». «L'as-tu gardée» ? «Non, je l'ai donnée à cinq de mes hommes après la bataille de Barquésiméto... je n'avais rien de mieux sous la main».
(Montserrat) : «Nos officiers obligeaient les prisonniers à massacrer leur propre femme et leurs propres enfants... Grâce à Bolivar, l'heure viendra où ce pays... deviendra une grande nation d'hommes libres».
(Izquiero à une jeune otage de 18 ans) «Tu es vierge ? ... Trésor merveilleux.... Tu seras épargnée, naturellement. Ce soir, tu deviendras ma femme... ça te plait?». (Réponse) «Je veux être fusillée avec les autres».
(Un otage, suppliant, à Izquierdo): «J'ai cinq enfants, Monsieur l'officier» (Réponse) : «Tu ne vas pas t'imaginer que parce que tu as fait cinq enfants à ta femme, tu as droit à l'immortalité, non»?
(Izquierdo à un otage : «Tu me parlais de ta femme, tout à l'heure. Elle est belle et tu l'aimes?» (Réponse) : «Oui». (Izquierdo) : «Eh bien, je te laisse la vie sauve si tu me livres ta femme. Tu as bien compris ? Ou bien tu es fusillé dans quelques minutes, ou tu es libre à la condition que ta femme couche ce soir dans mon lit... Me la donnes-tu»? (Réponse) : «Oui». Méprisant, Izquierzo refuse alors la femme «Mais ne crains rien. Il ne manquera pas de beaux cavaliers qui se feront une joie de consoler ta jeune veuve».
Montserrat, à bout, commence à parler : «C'est une maison isolée, à cinq cent mètres d'une route qui mène à...» lorsqu'il est interrompu par Elena, la jeune otage de dix-huit ans «Taisez-vous, reprenez-vous donc».
Il se reprend, et Elena est fusillée à son tour. Izquierdo se propose de prendre six nouveaux otages «puis six autres. Et six autres encore... » et se déclare même prêt à massacrer deux millions de Vénézuéliens, allusion claire à la shoah. «Je te signale ces cabanes en bois dans lesquelles on peut griller jusqu'à cent cinquante condamnés la fois».
On apprend à la fin de la pièce que Bolivar est arrivé en lieu sûr. Montserrat va être fusillé : «Tout est fini, Montserrat» dit Izquierzo - «Non, tout commence», répond l'autre.
(Le père Coronil, farouche partisan des massacres, pour qui massacrer des païens, c'est immoler le Démon, à propos de Montserrat) : «A-t-il montré du repentir» ?
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Un huis-clos très bien mené avec une ambiance tellement lourde que le lecteur s'y croirait.
Je n'ai pas pu retenir mes larmes à la fin tellement la cruauté des hommes me/m'a révolté.
Un excellent livre, intemporel, qui, mine de rien, nous apprend beaucoup.
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Emmanuel Roblès était un ami de Camus. Dans cette pièce se concentre tout le talent de cet écrivain qui fut, à l'instar de son ami et modèle, un authentique humaniste, à l'époque où le mot n'était pas encore galvaudé. La violence tragique de l'Histoire, l'universelle et intemporelle question du sacrifice. Lisez 'Montserrat'.
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Quelle chance de débuter l'année avec un chef d'oeuvre !
Ce texte fort nous parle de barbarie, de pouvoir, de vie et de mort, de morale, de religion, de liberté, de traîtrise, d'innocence et d'espoir. Que de thèmes universels dans ce huis-clos très court écrit en 1948 sur l'oppression espagnole au Vénézuela en 1812.
Voici une réflexion d'hier, d'aujourd'hui et je le crains de demain.
J'engage tous mes amis et amies qui ne le connaissent pas encore à le lire et le faire lire. Ce que je vais faire dès à présent.
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Un livre que l'on peut rapprocher de Huis Clos de Sartre. Il est facile à lire.
Il pourrait être proposé pour des élèves de collège et lycée professionnel pour l'écriture et le vocabulaire accessible. Cependant, il nécessite une bonne préparation car il est fortement ancré dans l'histoire de la guerre civile au Venezuela au début du 19è siècle.
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J'ai lu ce livre il y a deux ans maintenant, mais je me souviens à peu près de l'histoire, je me rappelle également que je l'avais lu la veille avant de rendre le compte-rendu. J'ai été tellement surprise et choquée par ce livre que la rédaction ne m'a pas pris longtemps, tellement j'étais emportée par l'engouement que m'avait procuré ce livre. Il vaut vraiment le détour. L'histoire est poignante, terrible et magnifiquement mise en scène. La pièce se passe au Venezuela, dans un contexte révolutionnaire, mais l'on pourrait attribuer cette histoire n'importe quand. A lire absolument.
Lien : http://bibliovoree.blogspot...
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Mes amis, cette pièce est une véritable pépite, et je ne peux que remercier ma professeur de français de me l'avoir donné à lire.

Cette pièce prend place dans la guerre civile Vénézuélienne qui opposa les rebelles sous les ordre de Miranda, aux espagnole, conquistador.
L'histoire commence alors que Miranda, est tué et que son lieutenant Simon Bolivar prend la fuite, ce qui provoque la rage chez les officiers espagnoles de ne pas avoir put l'arrêter. Il comprenne très vite qu'il y a un traître parmi les leurs. Très vite, Montserrat, soldat espagnole est inculqué de traîtrise au roi d'Espagne, ce qui est vrai. Il va alors subir un long interrogatoire, placé sous le signe d'une torture des plus ignobles, ou Montserrat sera confronté à sa détermination la plus profonde, dans le but de lui faire dire ou s'est réfugié Simon Bolivar.

Et quelle pièce magnifique qu'est ce Montserrat d'Emanuel Roblès. C'est horrible et cruel, tragique, et résolument une critique acerbe des justices militaires. Tout au long le personnage est confronté à l'injustice, et à la cruauté du premier lieutenant. Qui au delà de tuer par ordre de sa majesté pour maté les rebelles, le fait avec semble-t-il une délectation malsaine. Une oeuvre fondamentale !
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