Cette pièce en 3 actes d'E. Roblès, ami adoubé d'
Albert Camus, raconte la confrontation affolante entre Izquierdo, lieutenant espagnol chargé, en 1812, de mater la révolte vénézuélienne, et de
Montserrat, autre officier espagnol qui a trahi son camp en sauvant
Simon Bolivar, chef de cette rébellion. Pour faire avouer à
Montserrat où se cache Bolivar, Izquierdo va employer une vieille méthode des dictatures de tout temps (nazie, staliniste ... et ici colonialiste) et va faire exécuter un à un des otages innocents jusqu'à ce que
Montserrat parle ...
Si ces otages sont attrapés au hasard sur la place publique par les bourreaux, l'auteur, lui les a bien choisis (la mère de 2 jeunes enfants, un comédien renommé (qui devra tenir son rôle*), un riche commerçant amoureux, une jeune femme acquise à la révolution...) afin de donner une dramaturgie et une tension extrême a la confrontation des deux adversaires. Alors, suspens ...
Montserrat, forcé, psychiquement torturé, trahira-t-il une seconde fois ?
Le duel entre Izquierdo, le tortionnaire cynique « Vous êtes innocents ! Vous êtes coupable ... d'innocence » et sadique «* Quel grand comédien tu es ... L'âme dure et fière d'Ascasio t'habitait vraiment ce soir-là ! Mais lui pleurait sur ses compagnons perdus et non sur lui-même » et
Montserrat, l'idéaliste humaniste luttant contre l'injustice « ... c'est cette liberté qui me torture en ce moment plus que la certitude de mourir ? » ; ce duel est arbitré par le Père Coronil, représentant d'une religion hypocrite et vendue au pouvoir.
Il est donc question dans cette salutaire lecture, de l'éternelle lutte entre la liberté, la dignité humaine, sa nécessaire responsabilité et le pouvoir asservissant d'abominables dictatures lâches et fanatiques. Comme l'a précisé l'auteur, il aurait pu situer cette confrontation en d'autres lieux, à une autre époque de l'Histoire, elle est hélas universelle. Allez, salut.