Capraia, 12 octobre.
Nous touchons à la seconde étape qui est Capraia. Je m'habitue gaiement à cette vie des camps ; voici qu'on déroule les tentes, les feux du soir s'allument et lancent dans le ciel de longues colonnes de fumée. Pendant qu'on apprête le souper, je profite des derniers rayons du jour pour regarder le pays, et les restes pittoresques du château de Capraia qu'on aperçoit au bord de l'Arno, sur un contre-fort de l'Artiminio. L'histoire de cette forteresse est curieuse ; elle rapporte que les consuls florentins, ne pouvant la soumettre, eurent l'idée, en 1203, de construire sur la colline opposée, un château plus haut et plus puissant, de manière à la dominer. Ils lui donnèrent le nom de Montelupo, pour détruire cette mauvaise Capraja, comme un loup devant une chèvre, pensée qui donna lieu au proverbe :
Per distrugger questa Capra
Non vi vuol altro che un Lupo.
Aujourd'hui, le fleuve, coulant au milieu de riantes collines, sépare les deux vieux ennemis dont les ruines dorment en paix. Montelupo, malgré son enceinte crénelée et son donjon, non plus que Capraia, n'offrent plus rien de menaçant aux voyageurs.