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Victor Del Litto (Éditeur scientifique)Michel Crouzet (Préfacier, etc.)
EAN : 9782070392483
912 pages
Gallimard (24/06/1997)
3.71/5   41 notes
Résumé :
Aller à Rome avec Stendhal en 1829, c'est rencontrer trois villes superposées : la Rome romaine, ce champ de fouilles permanentes dont on espère encore des trésors de beauté, ce peuple qui a conservé l'orgueil et la dureté antiques ; la ville des papes, cité de l'art, ville-musée, ville-œuvre d'art dans l'harmonie de son climat, de ses édifices, de ses habitants, création des grands papes de la Renaissance ; enfin, Rome est alors la capitale d'un Etat, où règne l'ar... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Pour apprécier une telle oeuvre littéraire, je vois plusieurs conditions :
-- aimer Rome et, si possible, ​y avoir passé plusieurs jours
-- aimer la peinture, la sculpture, l'architecture, la musique
-- aimer l'histoire, l'Antiquité, le monde romain
-- accepter les très nombreuses digressions De Stendhal, parfois sur des dizaines de pages
-- parvenir au bout de la préface de Michel Crouzet (31 pages)
-- enchaîner avec 590 pages stendhaliennes
-- ne pas s'astreindre à lire la totalité des 125 pages de notes

Remplir les trois premières est déjà la garantie d'une très agréable lecture dans laquelle c'est un réel plaisir de pénétrer pour s'imprégner des visions De Stendhal sur la ville éternelle, de son approche historique, de ses comparaisons avec la France, l'Angleterre, de sa culture superbement documentée du monde romain, de l'Italie, de toutes ses pensées et réflexions qui font la richesse de cet ouvrage.

Stendhal a passé avec des amis et des amies plusieurs mois à Rome, il s'impose donc comme un guide incomparable et il le fait à la fois en laissant aller ses pas de manière un peu aléatoire, tout en ciblant des visites bien précises. Il faut du temps pour cela ce qui permet d'éviter de se ruer à la chapelle Sixtine ou au forum sans avoir pris le temps de sillonner la ville, ce musée à ciel ouvert, pour réserver au moment venu le coup de foudre de l'entrée dans Saint-Pierre, cette gigantesque capitale de la chrétienté.

Stendhal prend le temps d'énumérer tous les sites et c'est un peu chaotique par l'ordre de ses visites. Il est quelquefois dans la même journée à Saint-Paul-hors-les-murs et à la colline du Janicule où il considère le panorama depuis San't Onofrio comme le plus beau du monde, aidé en cette appréciation par Le Tasse qui est inhumé face à cette vision inoubliable de Rome. Il détaille chaque monument, son architecture intérieure et extérieure. Ses coups de coeur sont pour le Panthéon et le Colisée. Il ne s'attarde pas devant la fontaine de Trevi, passe des heures à Saint-Pierre et aux musées du Vatican. Ainsi, plus de vingt pages sont consacrées aux Chambres de Raphaël et quasiment autant à la Sixtine. Se faisant, il détaille les personnalités des deux géants, Raphaël et Michel-Ange. Il cite une quinzaine d'églises dites majeures et commente les détails de quatre-vingts autres, sur des pages et des pages.

Il évoque l'histoire romaine antique, le martyre des premiers chrétiens, mais aussi celle des différentes dominations sur la ville et, pas des moindres, celle des papes. Il se trouve d'ailleurs à Rome le 10 février 1829, jour de la mort de Léon XII, et le 31 mars de la même année pour l'élection de Pie VIII.

Stendhal raconte de nombreuses anecdotes autour notamment de la légende de la papesse Jeanne, des amours contrariées de la religieuse Francesca et même d'une affaire criminelle jugée par la Cour d'Assises de Tarbes, dans les Hautes-Pyrénées. Et bien d'autres...

A la fin du livre, il propose une possibilité de découverte de Rome en dix journées qu'il remplit tellement que son estimation me semble devoir être multipliée par deux. D'autant que si l'on est dix jours à Rome, on aura le désir d'aller à Tivoli voir la villa d'Este et les cascades et de passer une longue fin d'après-midi dans la villa Adriana.

Alors, le mieux, si l'on peut, c'est de se rendre à Rome trois fois qui donneront envie d'y aller une quatrième, une cinquième et toujours encore sans déception possible.

Pour ma prochaine visite, j'emporterai certainement ces Promenades stendhaliennes et en relirai quelques extraits devant les panoramas des collines, les jardins du Vatican ou de la villa Médicis. Car ce livre ne peut retourner s'empoussiérer définitivement dans les rayons de mes bibliothèques, il ne peut s'oublier et, franchement, la lecture de la dernière page m'a empreint d'un regret que je n'imaginais pas en débutant la Préface.
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Promenades dans Rome n'est pas un livre qui se lit d'une traite, je crois, pas plus qu'on ne peut faire en une fois toutes les promenades qu'il raconte, et qui prirent plus de trois mois. C'est un journal de voyage et de séjour à Rome, écrit par homme subtil, républicain à la mode du temps, mais capable d'apprécier la conversation et la compagnie des "Ultras" (royalistes, catholiques) dès l'instant qu'ils sont de bonne compagnie ; par un athée contempteur du christianisme qui s'attire une réputation imméritée de dévotion car il va d'église en église admirer les peintures et sait voir le rôle éminent du catholicisme dans l'art ; par un progressiste, un homme de gauche dirait-on aujourd'hui, que le conformisme et le confort des sociétés policées et justes ennuie profondément ; par une personne sensible au tempérament des peuples, comme on disait alors, et comme on ne le dit plus aujourd'hui, sous peine de procès. Il sait admirer les hommes d'action, les brigands énergiques (dont il tire d'admirables "nouvelles italiennes" en germe), les assassins, sans trouver aucun inconvénient à leur exécution par un gouvernement fort comme celui de Bonaparte en Italie, vingt ans auparavant. Donc Promenades dans Rome est un gros livre fait pour la promenade dans une époque, 1827, où la civilisation et la bonne coexistence des hommes cultivés n'avaient pas encore régressé à l'état du fanatisme contemporain, mais où la violence de droit commun sévissait dans le peuple beaucoup plus qu'aujourd'hui. Notre promenade sera un peu nostalgique : le Colisée n'est plus cette immense ruine silencieuse qui fait rêver sous la lune, mais un rond-point étouffé de voitures et de gaz d'échappement ; la société - au sens stendhalien de bonne société - est aujourd'hui une espèce de haute pègre ignorante ; et si les tableaux, les monuments, les statues de Rome demeurent, notre regard est trop peu éduqué pour les apprécier comme il le faudrait (c'est une des grandes leçons des pages du livre consacrées à la peinture). Il en va de même de la musique. Mais le lecteur de bonne foi ("the happy few") pourra s'égarer dans ce gros volume venu d'une civilisation qui n'existe plus, plus raffinée, plus subtile que la nôtre.
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Que c'est long!! Je m'étais mise au défi de le finir, et j'ai gagné!
C'est bien sûr très bien écrit même s'il faut clairement s'accrocher.
J'ai été bien embarrassée de savoir que l'histoire sous-jacente d'un séjour de 15 mois était faux, parceque du coup je ne savais plus démêler le vrai du faux, et toutes les nombreuses anecdotes et réflexions perdent beaucoup de leur poids si elles sont imaginées. Bref, tout le temps où je n'avais pas lu la notice (à la moitié du livre), j'ai trouvé Stendhal intérressant, brillant, drôle souvent mais après... hypocrite, sentencieux, pédant... Comme quoi connaître le contexte d'un livre change le regard du lecteur.

En dehors des descriptions des bals, et personnes rencontrées, et de leurs anecdotes, et de l'intimité réellement entretenue ou non, nous visitons Rome en prenant notre temps. Difficile de s'y retrouver, et j'ai souvent lu avec internet à côté pour pouvoir suivre les descriptions. Il est intéressant de voir à quel point Stendhal était cultivé (ou bien documenté), et je ne connais pas le dixième des noms qu'il cite quand ce ne serait pas le centième.

J'ai trouvé très amusant certaines réflexions sur des artistes qu'il n'aime pas ou qu'il aime: il a raison, il passe son temps à dire que le français n'aime que l'art à la mode, je me retrouvais dans cette description: j'ai tendance à aimer les artistes applaudis aujourd'hui, et apparemment nous n'avons pas les mêmes goûts qu'en 1830! Bref, je ne savais même pas qui étaient le Guide et le Corrège dont il nous rabat les oreilles... Et vraiment amusant qu'il décrie à ce point le Bernin! Nous nous retrouvons quand même sur le Tintoret, Raphaël et Canova!

J'ai aussi bien aimé me rendre compte des changements dans la ville de Rome. le nombre d'aménagements et de mises à nu de ruines a été considérable, et c'est toujours surprenant d'imaginer une ville telle qu'elle était deux siècles avant.

Bref, une étude surannée d'une époque, d'une ville qui n'existe plus, d'une société qui n'existe plus. Eventuellement à emmener à Rome, mais un guide de voyage bien démodé.
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Dur dur!

Ce livre est un gros gros pavé difficile à lire si vous n'avez pas un quelconque intérêt pour Rome et son architecture...
C'est du Stendhal, il est bien écrit bien sûr et j'ai lu les quelques cent premières pages sans trop de difficultés mais il en restait encore 700...
Je pense honnêtement qu'il en intéressera seulement un petit nombre féru de grande littérature ET de cette ville, des merveilles architecturales qu'elle cache. Ceci n'étant pas (encore) mon cas, j'ai reposé le livre...
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"Rome, 3 août 1827. - C'est pour la sixième fois que j'entre dans la Ville éternelle, et pourtant mon coeur est profondément agité."
Ainsi écrit Stendhal au tout début de ses Promenades dans Rome alors que nous nous apprêtons à le suivre au cours d'un voyage de presque deux ans. Aux côtés de l'écrivain et de ses compagnons, nous allons arpenter ruines et monuments, admirer sculptures et peintures mais également entrer dans les rumeurs des salons de l'époque.
Mes parents m'ont offert ce livre en 2017 quand je suis rentrée de trois mois d'Erasmus dans la capitale italienne. J'étais tombée sans retour sous le charme de cette ville. Quelle émotion d'y retourner régulièrement depuis ! Quelle émotion de revoir par les yeux De Stendhal les lieux que j'ai admirés deux cents ans plus tard. J'aurai mis plusieurs mois à lire les Promenades dans Rome, petit bout par petit bout car il est selon moi impossible de le faire d'une traite, mais cette lecture m'a ravie !

Challenge XIXème siècle 2022
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Citations et extraits (188) Voir plus Ajouter une citation
On pourrait prendre un maître de beaux-arts, qui, d'après ce qui nous reste de tableaux au Louvre, apprendrait à distinguer le faire des cinq écoles d'Italie : l'école de Florence et celle de Venise, l'école romaine et la lombarde, et enfin l'école de Bologne, venue en 1590, soixante-dix ans après la mort de Raphaël, et qui imite toutes les autres.
La peinture des passions nobles et tragiques, la résignation d'un martyr, le respect tendre de la Madone pour son fils, qui est en même temps son Dieu, font la gloire de Raphaël et de l'école romaine. L'école de Florence se distingue par un dessin fort soigné, comme l'école de Venise par la perfection du coloris ; personne n'a égalé en ce genre Giorgion, le Titien et le Morone, célèbre faiseur de portraits. L'expression suave et mélancolique des Hérodiades de Léonard de Vinci et le regard divin des Madones du Corrège font le caractère moral de l école lombarde ; son caractère matériel est dans la science du clair-obscur. L'école de Bologne a cherché à s'approprier ce qu'il y avait de mieux dans toutes les autres. Elle a étudié surtout Raphaël, le Corrège et le Titien. Le Guide étudia les têtes du groupe de Niobé, et pour la première fois la peinture imita la beauté antique. Après la mort des Carraches, du Dominiquin et du Guerchin, on ne trouve plus dans l'histoire de la peinture italienne que quelques individus jetés de loin en loin : le Poussin, Michel-Ange de Caravage, etc.
Avant de quitter Paris, il faudrait pouvoir distinguer, à la première vue, si un tableau médiocre est fait dans le style de Raphaël ou par un imitateur du Corrège. Il faut être sensible à l'énorme différence qui sépare le style de Pontormo de celui du Tintoret. Si l'on néglige de se donner ce petit talent, qui coûterait trois mois de cours au musée, on ne trouvera guère à Rome que l'ennui le plus impatientant, car on croit que le voisin s'amuse. Que diriez-vous d'un jeune étranger qui viendrait à Paris au mois de janvier pour s'amuser dans la société, et qui ne saurait pas danser ?
Page 166
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Le peuple de Rome n'est pas précisément méchant, mais passionné et furieux dans sa colère. L'absence de justice criminelle fait qu'il cède à ses premiers mouvements, quels qu'ils soient. Si vous vous promenez seul à pied avec une jolie femme, il est très-possible qu'elle soit insultée, ou tout le moins regardée d'une manière extrêmement pénible.
La prison solitaire, et dans l'obscurité, serait une punition suffisante pour les Romains, à cause de leur imagination. Il faudrait leur en faire faire par les moines des récits effroyables. Je ne voudrais pas des peines trop sévères, mais il faudrait que jamais aucune insolence ou demi-assassinat ne restât impuni. Ici, chaque prêtre puissant a une famille ou deux qu'il protège ; les juges sont d'autres prêtres, et à Rome rien ne s'oublie. Lors du conclave de 1825, qui a nommé Léon XII, un vote émis lors de l'affaire Lepri [plus de 20 ans auparavant] a empêché un cardinal d'être porté au trône.
Page 169
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Je visitai Saint-Paul [hors des murs] le lendemain de l'incendie. J'y trouvai une beauté sévère et une empreinte de malheur telle que dans les beaux-arts la seule musique de Mozart peut en donner l'idée. Tout retraçait l'horreur et le désordre de ce malheureux événement : l'église était encombrée de poutres fumantes et à demi brûlées ; de grands fragments de colonnes fendues de haut en bas menaçaient de tomber au moindre ébranlement. Les Romains qui remplissaient l'église étaient consternés.
C'est un des beaux spectacles que j'aie jamais vus ; cela seul valait le voyage de Rome en 1823 et dédommageait de toutes les insolences des agents du pouvoir. "Ces hommes bas et injustes, se disait le pauvre voyageur, ne peuvent pas jouir de ces spectacles sublimes ; ils n'ont pas l'âme qu'il faut pour cela ; et d'ailleurs ils auraient peur qu'un assassin cachât derrière les fragments de quelque colonne."
P. 97 (Ed. 1858)
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Ce matin, de bonne heure, avant la chaleur, nous sommes venus au couvent de Saint-Onuphre (sur le mont Janicule, près de Saint-Pierre). Lorsqu'il se sentit près de mourir, Le Tasse se fit transporter ici; il eut raison : c'est sans doute un des plus beaux lieux du monde pour mourir. La vue si étendue et si belle qu'on y a de Rome, cette ville des tombeaux et des souvenirs, doit rendre moins pénible ce dernier pas pour se détacher des choses de la terre, si tant est qu'il soit pénible.
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Le voyageur n'a pas d'avenir, pas de projet; c'est le matin, au moment de partir, selon sa disposition, ou son caprice, que le petit groupe choisit son itinéraire, compose sa journée, toujours libre de décider de ses zigzags et de ses errances; pour trouver son beau, il faut prendre son temps, choisir par soi-même, tant cette confiance dans son impulsion, son désir, sa curiosité permet et contient déjà le plaisir esthétique; avec le projet, la prévision, l'ordre, s'épanouit l'impersonnalisation du touriste qui consomme de la culture.

Préface - Michel Crouzet
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Vidéo de  Stendhal
Critique de Say, proche de Bentham, Stendhal se confronte aux théories économiques de son temps. de l'utilitarisme au malthusianisme en passant par la question de la division du travail, le célèbre écrivain était aussi économiste.
Pour comprendre l'économie à travers le regard De Stendhal, Tiphaine de Rocquigny reçoit Christophe Reffait, maître de conférences en littérature française, Université de Picardie Jules Verne.
#economie #histoire #stendhal ___________ Découvrez les précédentes émissions ici https://www.youtube.com/playlist?list=PLKpTasoeXDrqogc4cP5KsCHIFIryY2f1h ou sur le site https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/entendez-vous-l-eco
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