La magie moderne ou L'hypnotisme de nos jours

L’étude du système nerveux nous donne l’explication de ces faits et éclaire l’enseignement de la philosophie. Le sommeil hypnotique, comme le sommeil ordinaire, arrête les nerfs qui servent aux facultés intellectuelles et morales, à l’intelligence et à la liberté, et il surexcite les nerfs d’où dépendent les forces organiques de l’instinct; mais les nerfs de la vie intellectuelle, aussi bien que les nerfs de la vie instinctive, ont leur point de départ dans le cerveau, qui passe sous la domination de l'hypnotiseur.

Il faut reconnaître aussi la réalité d’une seconde classe de phénomènes qui se produisent sur les frontières du visible et de l’invisible, du naturel et du merveilleux, à l’extrême limite des faits ordinaires de la nature. Ils ont pour théâtre une zone obscure, vague, troublante, traversée sans cesse par les fantômes mystérieux de l’Inconnu. Quels que soient ses efforts et la sincérité de ses recherches, le savant n’y découvre ni la lumière, ni la constance et la permanence de lois, ni l’harmonieuse régularité que nous aimons à constater dans les sciences humaines.

Nous avons toujours enseigné qu’il ne faut pas confondre l’hypnotisme thérapeutique ou médical avec l’hypnotisme de foire et de salon, et qu’il serait souverainement injuste de les envelopper dans une commune réprobation. L’hypnotisme médical, pratiqué avec une prudence chrétienne, par des médecins qui n’ont en vue que la guérison du malade, est un phénomène de l’ordre naturel qui offre de grands avantages, et qui produit, tous les jours, dans nos hôpitaux, les résultats les plus utiles et les plus sérieux.

Que l’on puisse abuser de l’hypnotisme, c’est incontestable; on peut abuser des meilleures choses : mais ces abus ne sont pas la conséquence nécessaire, inévitable de l’hypnotisme, puisque les médecins et les savants qui ont le souci de leur dignité, s’en défendent, sans difficulté; ces abus sont l’effet des intentions mauvaises, perverses du misérable qui se sert de l’hypnotisme pour arriver à ses tristes fins.

Il faut une grande prudence, une absolue sincérité, un rare esprit d’observation pour étudier utilement ces phénomènes mixtes, où deux mondes semblent se rencontrer; il ne faut pas, sous prétexte de défendre le surnaturel, nier le naturel et décourager les hommes de science qui avancent à tâtons, à travers des régions obscures et inconnues.