Jean-Christophe, tome 2 : Le matin

"Le matin" chasse "L'aube", ainsi en est-il de ce second tome de "Christophe", la grande oeuvre de Romain Rolland. Son personnage, Christophe Krafft, à l'instar de David Copperfield, grandit et se responsabilise, d'autant que son foyer est toujours aussi peu affectueux.

Le voici à onze ans, puis à quinze. C'est la période charnière entre enfance et adolescence, celle des premières pulsions, des premiers émois, d'abord la rencontre du premier ami qui nous sort de la solitude, puis le premier amour avec ses fulgurances et ses blessures, tout aussi paralysantes.

J'ai bien fait de ne pas m'arrêter au premier tome, j'ai davantage préféré celui-ci. Désormais familière de la plume très précise de l'auteur, je goûte avec plaisir le rythme enlevé qui colle si bien aux humeurs et aux émotions changeantes de Christophe, très bien rendues. L'éveil de cet adolescent m'a profondément touchée, j'y suis à présent fort attachée et vais continuer à cheminer avec lui un petit moment.


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Après l'aube, voici notre jeune héros au matin de son existence, dans cette phase de vie perturbée et bouillonnante que l'on n'appelle pas encore la pré-adolescence. le caractère s'affirme, entier, pugnace, passionné et déjà rebelle, face à un sort familial qu'il rejette et la confrontation avec le père alcoolique et velléitaire s'engage, d'autant que le grand-père enchanteur et protecteur de son enfance a disparu. C'est aussi et surtout le temps des premiers émois amoureux, garçon puis fille, que Jean-Christophe a la malchance de rencontrer dans un milieu social qui n'est pas le sien. Au milieu de ces passions, la musique, doucement, s'enracine

En dépit d'un romantisme exacerbé et un peu suranné, il est fascinant de découvrir un portrait aussi profondément fouillé de l'enfance et d'assister à la construction d'une personnalité dont on soupçonne déjà le caractère exceptionnel, sous la plume d'une rare finesse de Romain Rolland.

Ce deuxième tome du cycle romanesque « Jean-Christophe » de Romain Rolland est intitulé « le matin ».
Dans le premier tome « L'aube » nous avons assisté à la naissance d'un musicien allemand, jeune prodige, au tout début du 20eme siècle. Ici, c'est la naissance de l'amour que décrit Romain Rolland. Et avec quel brio !
Christophe a grandi. A 11 ans, il est pianiste et se produit régulièrement pour le Grand-Duc, ce qui le met de mauvais humour car il ne supporte pas la soumission malgré son jeune âge.
Adolescent, il devient premier violon de l'orchestre dans lequel joue encore son père qui s'enfonce dans l'alcoolisme et devient la risée de tous les musiciens. Mais c'est la mort de son grand-père Jean-Michel qui va l'affecter profondément.
L'adolescence de Christophe va donc être marquée par des bouleversements. Il connaîtra des sentiments profonds, la souffrance de la perte d'un être aimé mais aussi de l'amour.
Il vivra ses premiers émois avec son nouvel ami Otto Diener, fils d'un riche commerçant de la ville. Puis c'est avec Minna von Kerich que sa passion amoureuse lui fera envisager un avenir radieux. Pourtant, c'est l'indifférence qui l'attend mais ses malheurs lui permettront de comprendre que c'est le coeur qui ennoblit l'homme.
J'ai été très impressionnée par la qualité d'écriture de Romain Rolland, sa façon de décrire les émois de l'adolescence. Alors qu'ils sont un peu naïfs, il transforme les personnages en grands romantiques, sans fard. Et quelle justesse. Je crois que tout le monde peut s'y retrouver. Romain Rolland est vraiment un fin psychologue et ses réflexions sur les rapports des adolescents entre eux mais aussi avec leurs parents et leurs proches montrent une très grande ouverture d'esprit pour l'époque.

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