Le shtetl, ou petite ville juive de marché d'Europe orientale, est sans doute la plus grande invention de la littérature yiddish. Ce que le western est à la culture populaire américaine, le récit du shtetl l'est à l'imagination yiddish. La rue principale est dominée par la place du marché et est occupée seulement par des Juifs. A la place du saloon, il y a le bes-medresh, la maison d'étude ; à la place de l'église, la shul (la synagogue). Le kohol-shtibl (conseil municipal) où se retrouvent les notables juifs, remplace le bureau du shériff. Et bien sûr il y a la gare, proche ou éloignée, d'où viennent les mauvaises nouvelles et par où arrivent les voyageurs.
Mais à la différence des auteurs, directeurs et patrons de studio d'Hollywood, qui inventèrent l'Ouest sauvage en celluloïd, ceux qui façonnèrent l'image littéraire du shtetl n'étaient séparés que d'une génération des villes de marché surpeuplées, misérables et yiddishophones de Russie, Pologne et Galicie. Mais quand ils introduisirent le shtetl pour la première fois dan,s la littérature, ils le firent comme s'ils le considéraient de l'extérieur...
Traduit d ela p. 41