Vous connaissez l'histoire qui débute super bien, qui est palpitante, qui gagne en intensité au fur et à mesure, qu'on n'arrive pas à lâcher,... et qui finit en eau de boudin? Et bien je crois bien l'avoir lue.
Nous sommes à Paris, dans un futur proche, en 2034 si je sais bien compter. Clarissa, écrivaine reconnue, vient de quitter son mari, cherche un nouveau logement et a bien du mal à trouver un lieu où vivre, comble pour celle dont l'oeuvre tourne autour justement de
la mémoire des murs. Jusqu'au jour où elle entre dans le programme CASA, immeuble réservé aux artistes de tous horizons, et qui possède une nouvelle technologie de pointe. Mais, très vite, Clarissa se sent épiée, scrutée, et commence à se méfier de tout et tout le monde. A-t-elle raison ou est-ce simplement un retour de la dépression dont elle a souffert des dizaines d'années auparavant?
Comme indiqué précédemment, le roman débutait très bien, je me laissais embarquer dans le tourbillon des pensées et de la vie de Clarissa, trouvant le tout intéressant et plutôt bien écrit. J'imaginais très bien l'appartement luxueux où elle vivait et sa drôle de relation avec son assistante virtuelle,
Mrs Dalloway. Malheureusement, le sujet n'est pas suffisamment approfondi, les idées sont pour la plupart sous-exploitées, on tourne vite en rond et ça part dans quelque chose que non seulement je n'espérais pas mais, en prime, je n'attendais pas du tout, et qui ne fut pas une bonne surprise. Je n'ai vraiment pas compris pourquoi, et comment elle avait pu prendre ce virage-là.
Il y a de très bonnes choses dans ce roman, notamment les passages sur
Romain Gary et
Virginia Woolf, je pense que
Tatiana de Rosnay, en plus de très bien maîtriser ce sujet, s'est fait plaisir. Oui, il y a de très bonnes choses mais cette fin... Cela ne me gêne pas particulièrement quand une fin de me plaît pas (après tout, c'est le choix de l'auteur), quand une fin reste ouverte (cela peut même se révéler très intéressant) ou même quand il n'y a pas vraiment de fin, ce n'est pas nécessairement cela qui me gâchera mon plaisir de lecture. Mais ici, non, je suis désolée, mais non, elle n'a aucun intérêt, elle n'a rien à voir avec le reste du livre. Pourtant, Tatiana [m'] avait prévenu[e],: "Elle tenait à leur dire une chose: pour elle, un artiste n'avait pas besoin d'expliquer son oeuvre; si le public ne comprenait pas ou passait à côté, c'était son problème. Pourquoi un artiste devrait-il se justifier? Sa création parlait d'elle-même. Des lecteurs lui demandaient de temps en temps d'expliquer la fin de ses livres. Cela la faisait rire, pleurer parfois, ou la mettait dans une rage folle. Elle écrivait pour inciter à réfléchir, et non pour donner des réponses" (page 32).
Voilà, tout est dit. Certes l'auteur n'a pas à expliquer son oeuvre; de mon point de vue, d'ailleurs, une fois publié, un roman appartient autant à son auteur qu'à son lecteur (dans ce qu'il met derrière bien sûr). Mais le lecteur a le droit d'être déçu et de le dire. Alors, moi cette fin m'a fait rire (jaune), ne m'a pas fait pleurer (ou alors de déception) ni mise dans une rage folle. Mais elle m'a donné un gros goût d'inachevé et de bâclage pas du tout agréable.
En résumé, je vous laisse faire votre propre avis sur ce roman. Peut-être que la fin vous plaira.
Lu en mai 2021