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3,86

sur 433 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Liliane fait les valises. Ah non, je me suis trompé ce n'est pas une biographie de Georges Marchais, autant pour moi !!
Le Grand P. Roth signe une passionnante plongée au coeur d'une Amérique ou la chasse aux sorcières, avec à sa tête le sénateur McCarthy, fait le malheur de milliers d'américains. C'est une nouvelle fois brillant. Avec une plume acérée et érudite, il dresse un portrait au vitriol d'une Amérique malade de son conformisme et de ces peurs. Cette paranoïa de la dénonciation est au coeur du roman de Roth, mais comme toujours chez lui, c'est une vision globale de ces années que nous offre le natif de Newark. La liberté et le rêve se payent chers.
Cette odyssée prouve entre « Pastorale américaine » et « La tâche », l'immense talent d'un des grands auteurs de la bannière étoilée.
Une oeuvre impressionnante qui m'enthousiasme à chaque fois. Roth en haut de la liste, mais celle-là est respectable, au combien.
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Philip Roth est un poids lourd de la littérature américaine, il le démontre une nouvelle fois ici. Comme dans « Pastorale américaine » et « La tache », il met en scène Nathan Zuckerman, son double littéraire, pour évoquer, à partir d'un destin individuel, une tranche de l'histoire des Etats-Unis. Cette fois, c'est un Zuckerman vieillissant qui retrouve Murray Ringold, son professeur d'anglais au lycée. Tous deux se remémorent le passé et l'histoire d'un homme qui les a profondément marqués, Ira Ringold, frère de Murray, et qui, le premier, éveilla la conscience politique du jeune Nathan, adolescent en pleine ébullition dont le cerveau intelligent mais encore tendre ne demande qu'à s'enflammer pour une belle cause.

La « cause » en question, c'est celle du communisme. En ces années 50, à l'heure du maccarthysme et de la chasse aux sorcières, embrasser cette cause n'est pas la meilleure idée du monde. Alors pour Ira, qui non seulement embrasse, mais étreint son idéal de toutes ses forces et se jette corps et âme dans le fleuve du marxisme, ce qui avait commencé avec le rêve d'un monde meilleur s'achèvera dans un infâme cauchemar américain. La vie d'Ira Ringold, c'est la splendeur puis la déchéance d'un homme entré en communisme en même temps qu'à l'usine, d'un utopiste quasiment analphabète endoctriné à coup de credo plus rouges que rouges. Son talent de prédicateur acharné vociférant ses diatribes lors de meetings politiques le fait repérer par un producteur, qui fait rapidement de lui une vedette de feuilletons radiophoniques. Ira Ringold devient Iron Rinn, et, sans pour autant renier ses convictions, passe de son quartier prolétaire à la jet-set de New-York, où il rencontre et épouse Eve Frame, starlette de la télévision. Déjà mariée trois fois, affublée d'une fille « castratrice », Eve, aussi belle, cultivée et parfaite femme du monde à l'extérieur que vide, mesquine et ignare à l'intérieur, a donc, sans le savoir, épousé un communiste. Car Ira a toujours juré qu'il n'avait pas de carte du parti.

Ce mariage sonne le début de la fin, Eve, femme frustrée sous l'emprise de sa fille, allant de désillusions en déceptions. La paranoïa et le climat de délation ambiants ajoutés à la volonté de vengeance d'une femme trahie précipiteront le destin d'Ira.

Portrait dense et complexe d'un homme de convictions et de contradictions, au mieux idéaliste, au pire bouffon et traître à la cause, ce roman à la fois politique et social donne à voir une image sinistre d'une Amérique paranoïaque et schizophrène qui, sous couvert de patriotisme, a écrasé des milliers de gens qui osaient penser autrement.

Tiens, au fait, pourquoi ai-je cette étrange impression que L Histoire repasse sans cesse les mêmes plats ?
Lien : http://www.voyagesaufildespa..
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Nous ne sommes pas dans du roman de gare ! On touche à l'excellence de la littérature américaine contemporaine. Philip Roth ne se contente pas d'être un romancier. C'est un érudit, amoureux de la langue, des mots, du style.
A la limite, peu importe l'histoire, ce qui compte c'est comment la raconter et la faire découvrir aux lecteurs. Et dans ce domaine, l'auteur utilise une technique déjà utilisée dans «Pastorale américaine » : faire parler des protagonistes longtemps après les faits qu'ils relatent.
Nous sommes aux USA à la fin du vingtième siècle ; Nathan Zuckerman et Murray Ringold, tous deux âgés, s'entretiennent au cours de quelques longues soirées d'été et évoquent des faits qui remontent au début des années 50. Des années marquées par une période sombre de l'histoire américaine , le Maccarthysme : cette épuration de tout américain qui pouvait, de près ou de loin, manifester des élans de sympathie pour le parti communiste.
Dans ce livre, Philip Roth raconte l'histoire d'Ira Ringold, le frère de Murray. Un homme qui aura connu une certaine forme de consécration professionnelle pour finir broyé par le système et la chasse aux sorcières de l'époque.
Il est question de vengeance, de trahisons diverses et multiples. Les rouages se mettent en place et détruisent les accusés mais également leur entourage familial et amical.
Ce qui est intéressant, c'est également la complexité des personnages, leur analyse psychologique, leur fragilité. Rien n'est simple chez Philip Roth !
Le final est assez éblouissant avec cette référence cosmique aux étoiles qui scintillent dans le ciel et qui seraient la réincarnation de tous les êtres disparus sur terre.

A lire, bien évidemment, avec du temps de cerveau disponible, car sinon, on peut décrocher assez vite !
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Philip Roth était un écrivain intelligent et précis, d'où cette dissection en 440 pages quand même de la vie - ou d'une partie de la vie - principalement d'un homme - un géant qui, à un moment de sa vie, joue le rôle de Abraham Lincoln. Dans la structure narrative les temporalités et les narrateurs varient juste ce qu'il faut pour qu'on fasse un effort d'attention et de compréhension, mais où le nombre limité de personnages évite qu'on s'y perde.
Comme c'est précis, c'est long et j'ai failli laisser tomber plusieurs fois mais Roth a des formules parfois suffisamment originales et justes - même en traduction, qui semble excellente - que j'aurais eu des regrets à les manquer.
L'un des surnoms de son personnage est Ira Ringold et cette alliance entre la colère (ira) et un "anneau d'or" et un "vieux ring" résume assez les paradoxes de ce personnage complexe qui est a une forte colère en lui (contre certains, contre la société et les gouvernements des Etats-Unis..) mais qui se met en couple avec une riche actrice du cinéma muet sur le retour.
La vie très changeante de ce personnage principal permet à Roth de braquer sa lampe sur des aspects très divers de la société et de l'histoire des Etats-Unis. En cela le roman est intéressant.
Féru de ciné le personnage d'Ira Ringold (appelons-le comme cela..) a eu pour moi l'apparence de Sterling Hayden, sa colère rentrée, son mètre 96 et ses tourments pendant le maccarthysme..
L'écriture fait que chacun des personnages existent fortement pour le lecteur.
En nous narrant les actions de ses personnages, leurs paroles, leurs relations, mais aussi ce qu'ils cachent, leur psychologie complexe ... Roth éclaire aussi des pans de la société étatsunienne, en gros des années 1929 à la fin du 20ième siècle et l'on voit qu'il a une connaissance précise des hommes et des partis politiques de son pays, dont il est critique - à la manière d'un Henry Miller mais dans un style bien différent - et aussi peintre, peintre de gens modestes comme savait le faire John Steinbeck. Il y est question de la période du Maccarthysme et de cette crainte du communisme toujours et encore structurante de la personnalité et des politiques des USA.
Je pense qu'il faut quand même être très intéressé - et un peu connaisseur - par l'histoire politique des Etats-Unis pour ne pas trouver trop long ce solide roman, mais il serait dommage de ne pas lire jusqu'au bout car les derniers paragraphes sont très beaux.
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Je découvre Philip Roth par des chemins de traverse : après La Contrevie (1986), je viens de lire J'ai épousé un communiste (1998). Cette fois la toile de fond est l'Amérique du maccarthysme qui cause la perte du héros du roman Ira Ringold (Jeune juif de Newark, sans diplôme, sans famille) alias Iron Rinn (star de la radio, époux d'une vedette de cinéma en haut de l'affiche). Dans cette ambiance de guerre froide des années 50, la chasse aux sorcières est ouverte, il ne fait pas bon être communiste, même en secret, ni même être ami ou frère de communiste, Ira le découvre à ses dépens. Il clame avec ardeur ses opinions sur la guerre froide ou sur la Corée comme il l'avait fait en Iran quand il était militaire pour la défense des Noirs qui lui tient aussi à coeur. Mais il ne serait pas tombé sans un autre mal sournois et noir qui ronge la société américaine et particulièrement ici son épouse: l'antisémitisme. C'est que l'Amérique est loin d'être un eldorado ! On découvre d'ailleurs qu'Ira est un meurtrier qui se cache depuis des années.

Cette histoire, c'est Murray, le frère ainé d'Ira qui à l'âge de 90 ans la raconte à son ancien élève Nathan Zukerman âgé désormais de 60 ans. On retrouve ainsi à travers ces deux personnages deux alias de l'auteur lui même à qui chacun emprunte beaucoup. Murray était professeur de littérature, Destitué quatre ans après son frère à la suite de la chasse aux communistes, il a cependant repris ses fonctions d'enseignants mais cette fois dans des classes de South Side où personne d'autre ne voulait enseigner les élèves, de jeunes Noirs pauvres de Newark. Cela a duré dix ans jusqu'à ce que l'un d'eux assassine son épouse pour lui voler son sac (qui pourtant ne contenait rien). On découvre ainsi une Amérique en pleine déliquescence. "Mais basta, chaque acte produit de la perte, dit-il. C'est l'entropie du système.

_ Quel système ?

_ le système moral."

Enfin pour l'on puisse voir "l'inconcevable : l'absence d'antagonisme" il faut attendre que tous les hommes aient disparu. C'est une vision plutôt désespérante.

Ce que j'apprécie particulièrement dans ce roman, c'est la construction des personnages : Eve, Sylphid, Ira et beaucoup de persornages de second plan... On les découvre peu à peu et ils réservent des surprises jusqu'au bout. C'est qu'ils ont emprunté la complexité humaine ce qui est assez rare pour les personnages de romans. Leur vie n'a pas plus de sens que celle des personnes. Il faut la construire, la découvrir.
Lien : http://www.lirelire.net/2018..
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Excellent roman de Philip Roth dont je me promets de lire l'ensemble de l'oeuvre tant son écriture me touche et la densité de son propos me fascine. Encore une fois, Roth s'attaque aux contradictions de l'Amérique, ici sous l'angle du Maccarthysme. Dans ce livre, une chasse au sorcière paranoïaque pour traquer du communiste, aux idéaux si contraire à l'idéologie des pères fondateurs des États-Unis est opposée à la tolérance aveugle des inégalités raciales, et de l'infame lynchage. Cette contradiction est la toile de fond devant laquelle Roth expose à nouveau la fragilité du rêve américain qui n'est pas accessible à tout le monde. Comme dans la Tâche, ou l'excellent Pastorale Américaine, peut-on réellement atteindre ce rêve américain et échapper à ses origines sociales, raciales et religieuses? Quels sacrifices de renonciation et d'automutilation de son essence faut-il réaliser pour atteindre ce rêve, qui par ses contradictions ne reste qu'un mirage? J'ai adoré la trilogie américaine de Roth, mais je garde toujours une préférence pour ses romans où Zuckerman est protagoniste plutôt que spectateur.
Lien : https://www.babelio.com/monp..
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Ira Ringold a créé un double médiatique, Iron Rinn. Vedette de la radio, il évolue dans un milieu privilégié et a épousé Eve Frame, une célèbre actrice du muet. Derrière ce rêve américain se cache un homme aux convictions politiques puissantes qui doit dissimuler son appartenance au parti communiste. Sa célébrité le protège des persécutions qui sévissent dans toute l'Amérique au cours des années 50.

Nathan Zuckerman, double littéraire de Roth, rencontre Ira. Fasciné par sa personnalité forte et ses valeurs, Nathan se rapproche d'Ira et devient son disciple. Face à une chasse aux sorcières de plus en plus omniprésente, les trahisons se multiplient et l'appartenance politique d'Ira menace d'être révélée. Jusqu'où cette politique américaine parviendra-t-elle à briser des destinées ?

Un roman érudit d'une grande intensité qui nous dévoile avec une grande acuité les vicissitudes du maccarthysme et toute la complexité et la noirceur d'une Amérique plongée dans la Guerre Froide. Je ne peux que vous recommander ce roman qui confirme la place fondamentale de Philip Roth dans la littérature américaine.
Lien : https://memoiresdelivres.wor..
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Bien que ce ne soit pas le meilleur livre de Roth, l'ouvrage offre une perspective intéressante de qui aurait dû vivre l'époque du maccarthysme aux États-Unis. Roth fait un voyage à travers la mémoire du jeune étudiant qui retrouve son ancien professeur.

Comment ceux qui n'étaient pas des artistes célèbres ou des personnalités publiques ont-ils survécu ? La réponse à cette question apparaît dans chaque chapitre grâce aux mémoires de l'ancien professeur. La leçon à retenir, et je crois qu'à ce stade, Philip Roth a réussi, est que nous devons être capables de développer une pensée critique sans fanatisme.
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J'ai aimé Ira, au prénom colérique prédestiné. Ira parti de rien, qui côtoie les plus hautes sphères de New-York et qui finira sa vie au bord d'un chemin à vendre des pierres.

J'ai eu pitié de sa femme Eve, sous l'emprise de sa fille Sylphide. Une mère qui fait tout pour sa fille qui ne le lui rend jamais.

Mais en refermant ce roman, je me suis posée la question : est-ce que Ira aimait vraiment Eve ? Aucun indice dans les nombreuses pages qui décrivent la vie d'Ira.

J'ai eu en horreur O'Day, le mentor d'Ira : trop froid, trop idéologue, trop déconnecté de la vraie vie.

Un roman sur le maccarthysme et ses dégâts.

Quelques citations :

L'homme qui m'a appris le premier à boxer avec un livre est revenu aujourd'hui démontrer comment on boxe avec la vieillesse.

Je me rendis compte que je n'avais jamais imaginé, et encore moins vu, un Blanc aussi à l'aise avec les Noirs, aussi naturel. « Ce que les gens prennent pour de la morosité et de la bêtise, chez eux, tu sais ce que c'est, Nathan ? C'est une carapace protectrice. »

Il parlait pour émousser le tranchant de ses désirs.

Quand on généralise la souffrance, on a le communisme. Quand on particularise la souffrance, on a la littérature.

L'image que je retiendrai :

Celle de la voilette d'Eve, qui fait son charme et sa particularité.
Lien : https://alexmotamots.fr/jai-..
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Ce qu'il y a de bien à la lecture d'un roman de Philip Roth, c'est qu'on est certain de s'y trouver confronté à l'intelligence de l'auteur. Je vois toute son oeuvre comme une vaste réserve d'intelligence dans laquelle je viendrais puiser de temps en temps. Pour moi ce roman tout en finesse est surtout un roman de l'apprentissage avec en toile de fond l'Amérique et ses dérives pendant la période de l'après guerre. le Mac carthysme ne m'a pas paru en être le sujet principal. Alors à chacun d'y trouver son propre récit.
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