Le Ried de la Bruche : Ce paradis perdu

J'ai découvert ce livre lors d'une balade dans le Parc Naturel Urbain, à proximité de Strasbourg, avec l'association Alsace Nature. On nous montrait, tout en se baladant, avec force commentaires, des images d'oiseaux (martin pêcheur…), mammifères (loutre...) ou poisson qu'il n'était plus possible de voir aujourd'hui ou très rarement.

Peu de temps après cette visite, qui m'avait fait découvrir des lieux naturels relativement préservé aux portes de Strasbourg, j'ai eu la chance de trouver ce livre d'occasion car il est épuisé depuis longtemps. Si les photos sont datés, elles n'en reste pas moins très belle, on est admiratif du long travail de Raymond Roth et de quelques amis photographes pour ces longues heures, ou plutôt ces longues années, à « chasser » ces images.

Mais au-delà des images, c'était sans compter la plume absolument magnifique, onirique, de Raymond Roth. On a du mal à croire que l'auteur était simplement « naturaliste » par passion. Non seulement les données naturalistes sont denses et précises, avec moult exemples d'animaux situés entre le canal de bruche, la Bruche et l'Altorferbach, c'est à dire dans les rieds situés en gros entre Molsheim et Eckbolsheim.

J'habite à l'ouest de Strasbourg, à quelques centaines de mètres de ce que les politiques récentes ont appelée « Parc Naturel Urbain ». Raymond Roth, avait il y a plus de quatre décennies, très justement dénommée « Ried de la Bruche » ce secteur plus vaste, qui débute au porte de Strasbourg jusqu'à Molsheim.

Les descriptions sont facilement localisable à l'aide d'une très judicieuse carte en annexe de l'ouvrage, que l'on peut apporter avec soi séparément. Les chapitres sont très bien répartie avec d'une part ce qui est « perdu », ce que l'on peut encore découvrir, les dégâts causés par l'homme (industries, décharges, lotissements…) et les lueurs d'espoirs. Malgré les transformations du Ried de la Bruche le ton de l'auteur n'est pas pessimiste, mais plutôt lucide. Il est bien sur critique des choix des politiques qui vise l'intérêt économique à court terme. Pourtant, daté de plus de 40 ans, l'ouvrage reste étonnamment d'actualité. Ce n'est pas le Grand Contournement Ouest (GCO/COS) ou les projets de rocade ouest qui feront dire le contraire.

En feuilletant l'ouvrage, même rapidement, à l'aide des nombreuses photos, on comprends que c'est bien un paradis qui se trouvait au porte de Strasbourg. En le lisant attentivement, grâce à l'utilisation d'un vocabulaire naturaliste précis, on découvre un autre monde tout près de chez soi. Cette nature, même dégradée, est encore bien présente, ouvrons l'oeil et tâchons de la préserver.