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4,09

sur 1326 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Il a été salué d'un prix Pulitzer, ce grand roman qui nous parle des fractures de l'Amérique, dans une époque marquée par la guerre du Vietnam, et des émeutes raciales .

Philip Roth nous raconte l'effondrement du rêve américain presque comme un journaliste, avec l'histoire particulière de Seymour Levov, dit le Suédois, et sa fille devenue terroriste qui illustre celle plus globale de la génération 68 . C'est sa manière de nous parler de conflit de génération et de rupture historique. Comme toujours chez lui, fiction et réel sont extrêmement proches.

C'est Nathan Zuckerman, le double de fiction de Roth qui recueille les paroles et porte pour nous cette douloureuse histoire d'une famille frappée de plus qu'un deuil, celui d'avoir une enfant qui porte la mort au nom d'une idéologie, rejetant toutes les valeurs auxquelles son père est attaché.

Roth ne se contente pas de la surface des choses. Il fouille et analyse chacun des membres de cette famille, comme s'ils étaient des voisins, des parents ou des amis. On peut lire des pages magnifiques sur l'amour paternel, la vie idyllique à la campagne, un artisanat minutieux. On touche du doigt les fêlures de chacun d'entre eux, puis le délitement des relations à l'épreuve du pire. Que faire lorsque celui ou celle qu'on aime est un bourreau...

C'est déchirant, parfois insoutenable, car toute tentative d'explication échoue sur le mur d'une réalité complexe qui se dérobe sans cesse. Il y a un peu de Kafka dans cette quête au bout du sordide de la fille perdue, criminelle, folle peut-être, pour la sauver d'elle même et de ses démons, la ramener dans le troupeau.

Si ce roman nous touche aussi, c'est qu'au delà du contexte local, il y a dans le personnage du Suédois , le mythe plus ancien de l'homme qui défie trop les dieux, en voulant être créateur de sa vie . Il préfigure sans doute le personnage de Coleman Silk, qui dans « La Tache » assume pleinement ses transgressions avec son isomorphisme . Dialogue compliqué entre apparence, identité et enracinement ...

Ce n'est pas une lecture facile, mais la prose magnifique, les dialogues incisifs de Philip Roth nous emmènent assez loin dans mille et unes nuances de la douleur .

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1968, Merry Levov, jeune fille de 16 ans fait exploser une bombe dans la poste locale de Newark et tue un homme, un acte terroriste pour manifester son rejet de la guerre du Viêt-Nam. Après l'attentat Merry s'enfuit et entre dans la clandestinité, ses parents n'auront plus de nouvelles d'elle pendant 5 ans.
Merry est issue d'une famille juive parfaitement ancrée dans les bonnes moeurs de l'Amérique, son père Seymour, un patron respecté et droit, incarne le modèle de réussite. Il est marié à Dawn une très belle irlandaise, catholique, ancienne Miss New Jersey. Tout semble idéal, la famille Levov représente le cliché du « rêve américain » alors qu'est-ce qui amène cette adolescente à bousculer ce tableau idyllique en commettant cet acte terroriste…
Le père essaie de comprendre pourquoi sa fille à basculer dans l'extrémisme. A-t-elle été manipulée, influencée, ou est-elle perturbée, Seymour ne peut imaginer que sa fille chérie soit une terroriste, une militante engagée prête à tuer.
Seymour est profondément atteint par l'acte de Merry, la culpabilité le gagne, il cherche à savoir quelle faille a-t-il commis dans l'éducation de sa fille. Mais cet événement le sort de sa naïveté et de son conformisme, il ouvre les yeux et découvre un autre horizon de l'Amérique, il porte également un regard interrogateur sur sa vie si parfaite. Seymour prend conscience de l'hypocrisie de la société américaine, de ses amies et de ses relations.
Tous les codes moraux de Seymour Levov sont entachés, « sa pastorale » est brisée et devient un paradis perdu.

Philipp Roth donne la parole au narrateur écrivain Nathan Zuckerman. Tout le roman est construit sur le point de vue de ce narrateur qui analyse la société américaine des années 1940 à 1970 et dissèque la psychologie de Seymour personnage central du roman. Un livre qui effleure le militantisme, mais Philipp Roth ne prend pas position, et visite avec réserve les travers d'une Amérique divisée.
Un grand coup coeur.
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Philip Roth, récemment décédé, est reconnu comme l'un des grands romanciers américains de notre temps. Publié en 1997 et salué par de nombreux prix littéraires, Pastorale américaine est considéré comme l'un de ses chefs d'oeuvre. Dans ce livre de quatre cent cinquante pages, l'auteur se penche sur le mythe de la famille américaine idéale, pour en montrer la vanité, la superficialité et la fragilité.

En le voyant, qui pourrait penser que Seymour Levov est le petit-fils d'un modeste immigrant juif installé à Newark, banlieue de New York ? Dès l'adolescence, sa belle gueule de grand athlète blond aux yeux bleus lui vaut le surnom de « Suédois ». Sportif de haut niveau au comportement exemplaire, le Suédois est l'idole de ses camarades universitaires. Plus tard, il dirige la prospère entreprise familiale de fabrication de gants, conscient de ce qu'on appellerait aujourd'hui sa responsabilité sociétale. Avec son épouse Dawn, une reine de beauté, il forme un couple parfait, aux valeurs morales irréprochables. Ils habitent une grande maison traditionnelle en pierre, entourée de cinquante hectares de terrain, où Dawn élève des bovins. Bref, une famille modèle, des riches bobos, ou plutôt, puisque nous sommes en Amérique, l'image de ce que le narrateur préfère appeler des pionniers d'opérette.

Leur fille unique, Merry, est la prunelle de leurs yeux. Ses grands-parents en sont gâteux. Mais voilà qu'à l'adolescence, Merry se rebelle contre ses parents, la société capitaliste américaine et sa sale guerre du Vietnam, dans un crescendo qui l'amène à poser une bombe dans un endroit public... Boum ! La poste et le magasin général sautent, un homme est tué. Merry disparaît... C'était l'année 68.

Le paradis du Suédois vole en éclat. Sa confiance en lui aussi. Purgatoire de l'incompréhension, du déni et de l'absence. Lorsqu'il faut bien se rendre à l'évidence, enfer de l'auto-culpabilisation. Quelle faute a-t-il commise ? Quand a-t-il péché pour mériter cela ? Qu'a-t-il fait pour que sa fille ait ainsi « le diable en tête » ? Tout part en vrille…

Comment Philip Roth construit-il son roman ? Il confie la narration à Nathan Zuckerman, son avatar. Comme lui, Zuckerman est un romancier sexagénaire. Comme lui, il a vécu dans les quartiers juifs de Newark. Mais ce n'est qu'un personnage de fiction. Il raconte que dans son enfance, cinquante ans plus tôt, il avait admiré les exploits de Seymour le Suédois, personnage de fiction lui aussi. Revoyant le Suédois en 1995, Zuckerman retrouve chez lui la même superbe que dans sa mémoire, mais marquée d'une superficialité lisse qui pourrait dissimuler une blessure profonde. Lors d'une soirée d'anciens étudiants, il découvre la nature du drame familial vécu par le Suédois près de trente ans auparavant. A partir de ces quelques données, le narrateur va construire la biographie complète de Seymour Levov dit le Suédois, et imaginer le détail des événements de l'époque. Imperceptiblement, on passe dans un second récit, celui de la pastorale américaine proprement dite.

Pour donner tous les éléments de compréhension au lecteur, l'auteur multiplie les retours en arrière et les longues digressions, au risque parfois de l'égarer. Lorsque j'avais lu Pastorale américaine, il y a une vingtaine d'années, j'en avais trouvé la lecture difficile, parfois pesante, notamment dans la première partie. Cette fois-ci, j'ai pris beaucoup de plaisir à redécouvrir le livre et à me laisser promener avec patience dans ses méandres : ils ne sont que littérature. Et à partir de la deuxième partie, on reste suspendu aux événements dramatiques vécus par Seymour et sa famille.

L'écriture est directe, empreinte d'une ironie et d'une autodérision lucides. Mais quand le narrateur, Zuckerman, se place dans la subjectivité des personnages, il parle avec leurs mots pour exprimer leurs pensées, leurs souvenirs, leurs troubles, leurs angoisses, leurs désespoirs. Les phrases viennent par flots, personnelles, spontanées, parfois rabâchées, comme nous nous y laissons aller lorsqu'un sujet nous obsède, ou quand nous nous imaginons en train de nous justifier auprès d'une personne dont nous pensons qu'elle pourrait nous juger. Ainsi l'extraordinaire dialogue fantasmé que Seymour le Suédois rêve avoir avec Angela Davis, la redoutable et médiatique militante des Black Panthers !

Vingt ans après sa publication, Pastorale américaine est d'une actualité étonnante. 1968 avait été l'année de la révolte de la jeunesse un peu partout dans le monde. Les réquisitoires prémâchés, vomis par Merry et ses camarades contre le capitalisme et la société blanche occidentale, sont identiques, au mot près, à ceux que l'on entend de nos jours. Même sentiment lorsque le paradis construit par le Suédois achève de s'effondrer en 1973 : la famille Levov suit à la télé les retransmissions des auditions du Watergate devant le Sénat. Des millions d'Américains prennent conscience qu'ils ont reconduit à la Maison-Blanche un homme douteux qui leur fait honte.

Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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Qu'étaient venus chercher tous ces immigrants qui débarquaient aux portes de New York au début du vingtième siècle ou même un peu avant ? Quels espoirs les habitaient quand ils foulaient, pour la première fois, le sol américain ? Au terme d'une traversée périlleuse et dans des conditions innommables, ils demandaient à travailler, à subvenir aux besoins des familles, à ne plus connaître la misère, à manger à leur faim et à vivre sans peur, sans persécutions, sans être victimes d'une race, d'une religion, d'une origine...
Si l'on garde cela en tête, la "Pastorale américaine" est une lecture percutante qui vous met à terre.

En un cliché - au sens photographique du terme - , Philip Roth nous dit l'histoire d'une famille sur quatre générations, du premier pas de celui qui a choisi cette terre porteuse d'espoirs, en 1890, jusqu'à la fin des années soixante, années de questionnements et de chaos, années de bouleversements et d'affrontements, années terribles desquelles le pays ne se remettra véritablement jamais.
Car la bombe que la jeune Merry pose au nom d'une idéologie, entre manifestations pacifistes contre la guerre du Vietnam et heurs autour de la réalité des Droits civiques, en dynamitant le coeur vital du bourg d'habitation, anéantit, avec une onde rémanente, les fondements de cette famille qui croyait avoir atteint la félicité.
Merry qui cherche une place dans une société qui se révèle incapable d'englober toutes ses différences, toutes ses pensées, toutes ses convictions.


Je ne serai pas trop bavarde, bon nombre de très belles critiques permettent de découvrir le livre, déjà, mais peut-être ne vaut-il mieux pas trop lire d'avis avant d'entamer la lecture, et décider de se laisser guider par l'écrivain et accepter d'être bousculé par les différents virages du récit.

Par la façon dont Philip Roth introduit le récit, en faisant intervenir son "double", le personnage de Nathan Zuckerman, sorte de "reflet littéraire dans les mots", je n'ai pu m'empêcher de penser à un autre écrivain américain qui fait aussi référence à son "double littéraire"- écrivain comme lui, dans certains de ses livres : Paul Auster que j'ai lu davantage.
Et le lieu où se déroule la "Pastorale américaine" ainsi que le milieu dans lequel elle prend place ne pouvaient pas ne pas évoquer cet autre grand écrivain.
Là où Paul Auster témoigne de la bienveillance à l'égard de ses personnages, les guidant vers la lumière, les aidant à trouver la sérénité, Philip Roth donne l'impression de laisser glisser un regard froid dénué d‘émotion sur les siens. Il ne les embellit pas, ne leur cherche pas d'excuses, ils sont bourrés de défauts, ils ont tant de manquements et on a l'impression que Philip Roth n'attend rien de la nature humaine à la différence de Paul Auster qui espère encore.
Cela fait du récit un tableau comme passé au scalpel, tranchant, dur, sans atermoiements. Les personnages se débattent mais on comprend très vite qu'il n'y pas d'issue heureuse….
C'est assez désespérée comme vision.

C'est brillant, le lecteur est comme aimanté, comme attiré par les phrases, le rythme du récit. En même temps, la lecture devient, par moments, nauséeuse entre la situation sociale qui ne trouvera aucune solution d'apaisement et l'intimité feinte dans son bonheur des personnages, on se sent mal à l'aise, on se sent voyeur d'un désastre, de l'effondrement d'une famille qui avait rejoint les nantis, de l'effondrement d'une société qui peine à trouver une place pour tous, qui peine à écouter chacun.
On est obligé de poser le livre un moment, et de le reprendre ensuite, on reprend son souffle…
C'est l'Histoire qui s'immisce dans une famille, qui s'y incarne même, L Histoire et le destin de cette famille comme en miroir l'une de l'autre, dans une narration romancée. C'est l'antithèse du Rêve américain.
C'est extrêmement captivant, à la fois le récit et l'écriture.


C'était ma première rencontre avec l'écriture de Philip Roth, je l'avais longtemps repoussée, parce qu'appréhendée, ne me sentant pas à la hauteur… C'est la gentillesse d'une amie babéliote sollicitée – larmordbm – qui m'a convaincue d'entrer dans cet univers, qu'il me soit donc permis de vous remercier, Dominique, pour m'avoir conseillée et m'avoir guidée pour ce premier choix.
J'ai découvert un écrivain que je vais lire, et relire, en espaçant les lectures pour profiter longtemps et pleinement.
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Nathan Zuckerman, l'alter ego de Philip Roth, raconte l'histoire d'un élève, plus âgé que lui, qui l'a fortement marqué dans son enfance. Seymour Levov, le « Suédois », sportif et homme d'affaires accomplis, semble avoir une vie de rêve. Mais est-ce si certain ? En réalité, sa fille Merry a disparu après avoir commis un attentat qui a tué le médecin local. Seymour s'accroche à l'idée de l'innocence de Merry ou du moins à l'idée qu'elle a été manipulée.

Le livre se déroule à Newark (New Jersey) des années 1950 à 1970. La ville de Newark a connu un déclin après les émeutes de 1967 (luttes pour les droits civiques). Elles sont décrites à travers le regard très personnel de Seymour.

Il est à la fois fascinant, grâce à Seymour Levov, et interminable, j'en ai appris plus que j'aurais souhaité sur la fabrication des gants. Les répétitions sont aussi nombreuses.

Lien : https://dequoilire.com/pasto..
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Philip Roth referme la parenthèse des Trente Glorieuses, qu'il nomme Pastorale Américaine, cette période bénie où demain était toujours mieux qu'aujourd'hui, où les enfants vivaient mieux que leurs parents, où tout semblait possible à qui voulait prendre l'ascenseur social. Il le fait avec la pertinence et la puissance qui marquent définitivement un lecteur, comme un uppercut qui vous envoie au tapis.
« _ C'était en 68, à l'époque où on commençait tout juste à faire n'importe quoi. Les gens ont subitement été forcés de comprendre ce que c'était que la folie. Tout cet étalage public. A bas les inhibitions. L'autorité impuissante. Les gosses qui pètent les plombs, qui se mettent à intimider tout le monde. Les adultes ne savent plus quoi penser, quoi faire. C'est une comédie ? Elle est vraie cette "révolution" ? On joue à quoi ? Aux gendarmes et aux voleurs ? Qu'est-ce qui se passe ? Les jeunes mettent le pays à feu et à sang et les adultes commencent à déjanter à leur tour. Mais pas Seymour. Lui il faisait partie de ceux qui savent où ils vont. Il comprenait qu'il y avait quelque chose de détraqué, mais ce n'était pas un partisan d'Hô Chi Minh, comme sa grosse fille chérie. C'était juste un papa gâteau et un père libéral. le roi-philosophe de la vie ordinaire. Il l'avait élevée dans toutes les idées modernes - il faut être rationnel avec ses enfants. Tout peut être permis, tout est pardonnable. Elle avait horreur de ça. En général on a du mal à admettre à quel point on en veut aux enfants des autres. Mais elle, elle te rendait la tâche facile. Elle était malheureuse, elle était arrogante - une petite chieuse dès l'instant où elle est née. Ecoute, j'en ai moi des gosses, j'en ai une flopée - je sais comment ils sont quand ils grandissent. Leur égoïsme, c'est un trou noir galactique. Mais c'est une chose d'engraisser, une chose de se laisser pousser les cheveux, d'écouter du rock trop fort, et c'en est une autre de passer les bornes et de poser des bombes. Ca c'est un crime inexpiable. Mon frère n'a jamais pu s'en remettre. »
Il entonne le chant de la désindustrialisation (je connaissais le sort de Detroit mais j'avais oublié Newark et ses émeutes de 67), du désenchantement et de l'incommunicabilité entre générations. Il dépeint la rage de l'immigré de troisième génération pleinement intégré et satisfait qui découvre, sans savoir pourquoi, que ses enfants méprisent sa réussite et haïssent le pays que lui adore.
« Trois générations. Toutes en ascension sociale. le travail, l'épargne, la réussite. Trois générations en extase devant l'Amérique. Trois générations pour se fondre dans un peuple. Et maintenant, avec la quatrième, anéantissement des espoirs. Vandalisation totale de leur monde. »
C'est une magnifique parabole sur la rapidité avec laquelle une famille qui, à force de labeur et de sacrifices, se croyait enfin arrivée au pays des « jours meilleurs » peut sombrer et une civilisation millénaire disparaître, sapée de l'intérieur par ses propres enfants, les plus éduqués, les plus choyés, les plus protégés de toute l'histoire de l'humanité !
C'est également le procès sans concession de ces gauchistes qui, sur toute la planète occidentale, armés de leur naïveté, de leur inculture et de leur ignorance, croient tout savoir et prennent les slogans qu'on leur rabâche pour les vérités indépassables devant mettre à bas le « système pourri ». Groupuscules d'enfants rois n'ayant jamais travaillé qu'à contester, exiger et casser, ils sont magistralement représentés par Merry, la fille adorée qui passe de la terroriste boulimique à la zombie décharnée portant un masque pour ne pas nuire aux micro-organismes vivants dans l'air qu'elle respire.
« Parmi les rares Juifs au teint clair, dans notre lycée où les Juifs étaient majoritaires, personne ne possédait de près ou de loin le masque viking impassible et les mâchoires carrées de ce blond aux yeux bleus. »… on l'appelait le Suédois.
Il était grand, beau et fort. Il excellait dans tous les sports et avait épousé Miss New Jersey 1949. Il avait pris la succession de son père et développé l'entreprise familiale. Il aimait son travail, respectait et prenait soin de ses employés. Tous l'admiraient, l'appréciaient ou l'aimaient. Au sortir de la guerre, il représentait l'archétype de l'immigré de troisième génération, modeste, courtois, parfaitement intégré. Sa réussite apparaissait aussi éclatante que méritée. Il avait une fille qu'il adorait…
Lisez Pastorale Américaine. le Suédois est un personnage formidable qui mérite qu'on l'accompagne dans sa descente aux enfers !
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>Pastorale Américaine de Philip Roth, paru en 1997 et récompensé du prix Pulitzer.

Un roman qui nous plonge dans l'Amérique des années 60, accompagnés des guerres et bouleversements économiques et sociétaux.

Construit sur le mode du flash back entre le présent et ses souvenirs qui hantent son personnage principal, le livre de Roth fait plus de 400 pages et raconte le destin d'un américain d'origine juive : Seymour Irving Levov, juif blond aux yeux bleus de Newark, surnommé «le Suédois», de sa jeunesse flamboyante où il était le champion adulé de tous. à sa vie adulte pleine de déceptions et de trahisons...

Comme souvent Roth excelle à émietter considérablement le rêve américain avec des personnages qui vont apprendre à leurs dépens les dessous de ce rêve américain qui n'est qu'une chimère.

Un de ces très grands romans qui révèle les failles qui se cachent derrière le vernis brillant des façades des familles parfaites, traité avec le mordant et l'intelligence chère à un des plus grands romanciers américains du 20ème siècle dont on attend chaque année un Prix Nobel qui ne vient pas.
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Je viens tout juste de terminer ce roman de Philip Roth et l'émotion me submerge.

Le seul livre que j'ai lu de lui c'est le complexe de Portnoy.

Pastorale américaine est pour moi le récit de la faillite du rêve américain. Les années 1968 à 1973 voire 1974 empreintes des faillites dues à la guerre au Vietnam, la révolte des afro-américains et le scandale du Watergate font voler en éclats les certitudes du "suédois". Beau garçon, issu d'une petite bourgeoisie juive des suburbs de New York et admiré par toute une communauté juive lycéenne pour ses talents de sportif. Seymour Levov a tout réussi en devenant ce que son père attendait de lui.

Une maison en pierre qu'il adore, une femme belle et goy qui passe l'examen par le père Levov haut la main.

Mais quelle petite fille ! Bègue, perdue et violente. Jusqu'à devenir terroriste.

Je n'en dirai pas plus car beaucoup de babeliotes ont commenté ce livre. Cependant je tiens à souligner que je ne m'attendais pas à une telle peinture des failles du rêve américain. Ce bouquin est véritablement une claque. J'ai bien envie de relire cet auteur mais en me laissant du temps.

C'est un chef-d'oeuvre de la littérature contemporaine qui ne laisse pas le lecteur indemne.
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Que dire qui n'a pas déjà était dis sur ce livre ?
Roth touche ici au firmament de la littérature .
Meilleure que La tache , à mon humble avis qui n'engage que moi , cette oeuvre possède un souffle tragique qui transporte le lecteur .
L'ampleur du talent de Roth porte cette histoire sur l'explosion d'un monde que l'on croit parfait , et force est de constater que l'expérience est d'une force rare .
La plongée dans cette époque si mouvementée de l'histoire contemporaine des USA est riche en enseignements et en découverte .
Il fallait un auteur de la trempe de Roth pour réussir un tel roman qui fait office pour le lecteur de référence pour mieux comprendre l'impact de l'évolution de la société sur les constituantes de celle ci .
Les personnages sont parfaitement croqués , l'intrigue remarquablement tissée .
En somme c'est du travail d'orfévre à découvrir absolument .
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C'est beau, ca prend son temps, c'est d'une intelligence, bourré de moments stylistiques magnifiques, d'un début de roman superbe, ca tourne autour d'une saga familiale gravitant autour d'une société qui change mais cette famille souhaite rester en dehors du champ gravitationnel. Et au retour d'une révolution les choses vont devenir plus complexes autant pour la famille que pour le lecteur.
On parle d'un livre sur le rêve américain et sa perte, oui, oui moi j'y vois également un livre magnifique sur le passage complexe de l'enfance à l'adolescence symbolisée par l'héroïne symbolisant elle-même les USA, il y a des dialogues entre père et fille qui sont tellement justes et vrais. Les discussions de salon évoluent il y a quelques touches subtiles historiques qui ponctuent et datent le roman (un peu à la manière de Fincher dans Zodiac).
Les personnages et leurs tourments sont magnifiques, Roth signe là un grand grand roman.
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