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C'est le livre qui décrit une amitié sincère dont l'idéologie politique commune puis désenchantée, a créé entre eux cette complicité affective de 30 ans qui les a unis dans une admiration réciproque. Dans un contexte socio-culturel classique et figé, ces deux hommes ne se seraient sans-doute pas croisés. En 1963, d'après Rotman, ce sont les filles -camarades de classe- de chacune des épouses qui aurait permit la rencontre. Un coup de foudre dit-il.
Ayant beaucoup lu J.Semprun, totalement admirative de son parcours depuis son Espagne natale et dès 1936, des chemins de traverse qui l'ont conduit des Pays-Bas jusqu'à la France sans oublier une année derrière le portail « Jedem das seine » à Buchenwald, je me suis immergée dans ce récit avec passion, et il me bouleverse encore. Extrêmement documenté, Rotman a particulièrement bien résumé et mis en lumière toutes les facettes de la personnalité des protagonistes, avec empathie, sans éloges excessives. La construction du texte est intéressante, car par des paragraphes assez couts, elle alterne le parcours de chacun à la même époque -Ivo né en 1921 et Jorge en 1923- leurs deux années de différence facilitant l'exercice. Nous suivons ainsi la situation familiale aux milieux diamétralement opposés, prolétaire pour l'un et bourgeois pour l'autre ; la maturation professionnelle pour l'un et la résistance à l'occupant pour l'autre ; enfin leur engagement dans une foi politique idéale. Au fil des années, les rencontres et les événements leur feront perdre leurs convictions dans le système communiste soviétique quand les exactions totalitaires, antidémocratiques à Prague, à Budapest, les faux procès à charge… et les informations du goulag (Soljenitsyne) passent le mur. Alors, pour expier la culpabilité de leur aveuglement, de leur soumission au dogme et de leur silence, l'un et l'autre, ensemble, effectuerons leur rédemption par l'intermédiaire de scénarios et de réalisations de films dont l'Aveu en 1969 fut l'expression aboutie. Venir le présenter à Moscou en 1990 avec Costa Gavras bouclera leur chemin de croix.
Un livre magistral qui honore le parcours de vie et la mémoire de tous les hommes et femmes cités.

Lien : https://www.babelio.com/conf..
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Un livre plein de nostalgie sur l'amitié et sur le dévouement militant de deux artistes.

Yves Montand et Jorge Semprun, tous deux issus de milieux sociaux opposés se rencontrèrent et ce fut l'amitié pour la vie.
Le comédien et chanteur, issu d'un milieu modeste, et l'intellectuel, fils d'une famille bourgeoise, furent des frères de lutte.

Le grand moment de cette amitié : leur rencontre avec le cinéaste Costa Gavras qui eut pour résultat des films cultes : Z, L'Aveu...

Un beau, un très beau livre.
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Patrick Rotman, très talentueux réalisateur de documentaires, mais aussi écrivain à ses heures, nous propose, dans son dernier livre, un sensible et passionnant portrait croisé de Jorge Semprun et Yves Montand, deux hommes qu'il aura eu l'occasion de cotoyer pendant sa longue carrière.

Il sonde les origines et les fondements d'une relation fidèle et loyale entre deux hommes que tout oppose au départ ( leurs originales sociales, leur témpéraments, leur façon de voir la vie) , mais une amitié que leur commun engagement aux côtés des communistes et les films qu'ils firent avec Costa Gavras -Z, L'Aveu-, aida à se matérialiser.

Deux hommes qui se sont trouvés et reconnus, et qui ont vaille que vaille chercher à rester fidèles à leurs convictions de jeunesse malgré les aléas de la vie .Ivo et Jorge donne l'opportunité à Patrick Rotman de brosser des caractères humains complexes et d'une grande profondeur. Il parvient ainsi à démontrer à quel point, l'indéfectible amitié qui lie Montand à Semprun est profondément ancrée dans toute l'histoire politique et culturelle du XXe siècle.

A travers les portraits d'Yves Montand et de Jorge Semprún, l'auteur évoque avec pertinence et une certaine mélancolie ces intellectuels qui ont cru au communisme comme source d'un monde meilleur et qui ont du mettre un voile sur leurs espoirs , quitte à rejeter totalement cette doctrine par la suite .

Patrick Rotman nous donne ainsi à voir et à comprendre une part de l'histoire du siècle passé à travers cette belle et forte histoire d'amitié à la vie à la mort .
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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« Au siècle prochain, la tragédie communiste sera oubliée. Ce sera de la préhistoire. Plus personne n'en parlera. Alors qu'elle a obsédé nos vies. » Cette prophétie de Jorge Semprun s'est réalisée. le talentueux Patrick Rotman a eu le courage de faire revivre des décennies d'errements idéologiques, au fil d'un double parcours : celui de Semprun, l'aristo madrilène et celui de Montand, le prolo marseillais.
Semprun, dont l'incroyable itinéraire le conduit de l'exil au lycée Henri IV, à la Résistance comme communiste infiltré au sein d'un réseau anglais, puis à Buchenwald auquel il survit avec le soutien du parti qui noyaute le camp. Il effectue après la guerre de nombreuses missions clandestines dans l'Espagne de Franco, pour le compte du parti communiste espagnol. En 1964, il claque la porte du comité central, excédé par le décalage entre les fantasmes de ses dirigeants exilés et la réalité économique et sociale du pays. Il rendra compte de cette rupture dans le film d'Alain Resnais : La guerre est finie.
La trajectoire de Montand est plus rectiligne et plus connue. Des quartiers d'immigrés italiens aux tours de chant dans les salles marseillaises, niçoises puis parisiennes et un succès grandissant. du music-hall au cinéma. de Piaf à Signoret, en passant par Marilyn. Mais l'artiste dira avoir gardé le regret d'être passé à côté de la Résistance, d'avoir méconnu les crimes nazis, d'avoir trop consacré ces années sombres à sa carrière.
Les deux hommes se rencontrent dans les années soixante et ne se quitteront plus guère pendant trois décennies. Un coup de foudre idéologique : ils partagent une amère déception du communisme, pour lequel ils ont combattu, chacun à sa manière. Coup de foudre qui deviendra une complicité professionnelle et amicale.
Rotman a déjà publié une biographie de Montand. Semprun lui a livré de nombreuses informations qui lui permettent de retracer des fragments d'un passé peu simple, qui mériterait sans doute de nombreuses pages supplémentaires – sa seule biographie connue est celle d'une chercheuse hispano-américaine nommée Soledad Fox Maura.
Le livre de Rotman se lit vite et agréablement. Son style n'est pas biographique. Il s'intitule « roman » ce qui l'autorise à certaines libertés dans la description des situations et des états d'âme supposés de ses héros. La légèreté de son écriture confine parfois au procédé. Regrettons au passage que Rotman n'ait pas cru bon de mentionner la culpabilité avérée des Rosenberg. Remarquons également qu'il se méprend sur les difficultés du montage financier du film Z, lié non au caractère politique du film mais plutôt à la complexité d'un scénario comportant de multiples personnages.
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« le communisme n'était pas la jeunesse du monde » mais c'était la nôtre. Quelques mots pour finir un très beau récit. Quelques mots empreints de tendresse et de nostalgie. Deux hommes, Jorge Semprun et Yves Montand et presqu'un troisième Costa-Gavras. Ivo et Jorge dont la vie est l'épopée d'un siècle, d'erreurs, de rendez-vous manqués, d'idéaux blessés et d'intégrité foncière. de si beaux destins, du courage, du professionnalisme et en commun un éternel jusqu'auboutisme. Montand qui manque le rendez-vous de la résistance obsédé par son succès naissant dans le music-hall et sa volonté de s'extirper de la pauvreté et du dénuement familial, une famille à laquelle il restera indéfectiblement fidèle. Montand qui croit lors que rejoindre le maquis, c'est aller en Corse et qui échappe par miracle à une arrestation planqué dans un réduit. Semprun, sauvé dans le camp de concentration par celui qui, le trompant, refuse de l'inscrire dans les registres comme un étudiant en philosophie, ce qui le destinait à une mort certaine. Semprun qui retrouve, en visitant Buchenwald, des années plus tard le livre d'Hegel qu'il y lisait à l'époque e dans lequel il trouvait la force d'affronter l'indicible. Montand qui découvre l'horreur des camps au cinéma, en voyant les actualités avec Edith Piaf. Montand et Signoret qui font la leçon à Khroutchev lors d'un diner offert en leur honneur au Kremlin. Montand et Signoret avec Kennedy. Semprun dans sa vie clandestine et ses noms d'emprunt : Frederico Sanchez vous salue bien. Compagnons de route, membres du Parti communaliste, ce fut pendant longtemps pour eux préférer avoir tort dans le parti que raison en dehors. Et puis les yeux se dessillent. Il faut se libérer de la gangue, d'une trop longue fidélité, se raconter ce que fait Semprun, avec Montand dans son rôle, dans le film de Resnais « La guerre est finie » ou expier les erreurs d'aiguillage grâce à Costa-Gavras : Z d'abord, mais surtout « L'aveu » dans lequel Montand, acteur, s'inflige les souffrances d'Artur London pour coller à la réalité mais surtout se pardonner à lui-même de s'être trompé. S'imposer un jeûne mais voler en douce un sandwich destiné à l'équipe technique et aussitôt s'en culpabiliser. Et « L'Aveu » projeté à Moscou à la fin de l'ère communiste, et « L'Aveu » projeté à Prague au moment de la Révolution de velours, « L'aveu » déjà dépassé, déjà daté avec cette inscription sur le mur « Lénine, ils sont devenus fous ». Et puis leur amitié, leur joie, la trouille de Montand, son professionnalisme absolu, ses répétitions à la Colombe d'Or, ce récital qu'il fait intégralement dans une chambre pour le seul Semprun. Ivo et Jorge n'étaient pas la jeunesse du monde, c'était la nôtre et elle me manque. Furieusement.
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