Je croyais que ce livre irait du début à la fin, serait un récit linéaire de comment l'auteur avait eu le Goncourt, et de comment il s'en était remis. Quelle erreur.
Rouaud papillonne, évoque ses doutes, ses essais, ses premières rencontres avec son éditeur, ses années de kiosquier, puis revient à la genèse de son livre, puis s'attarde sur la réaction de sa mère, puis s'interroge sur sa place, puis nous raconte le néophyte qu'il a été au moment de la "comédie" du Goncourt puis son expérience des émissions littéraires, ses rencontres avec Doisneau...
À mon sens, le fil rouge de son récit n'est ni l'écrivain débutant qu'il fût jadis ni son éditeur ni le fameux prix, mais plutôt Albert, cet étrange aristocrate de gauche avec qui il entretint sept années durant une relation faite d'une distance respectueuse et d'un mutuel étonnement tant leurs mondes d'origine différaient. Leur dernière rencontre est sans doute tout autant symbolique du rapport que l'auteur entretient désormais avec le monde de l'édition actuel.
J'appréhendais l'amertume de qui a trop rêvé, mais le tout est décrit avec beaucoup d'humour et de détachement, une grande sincérité. On y retrouve surtout un homme profondément et définitivement amoureux des mots et de la littérature. Presque, il me donnait envie de lire
Chateaubriand !