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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Déjà ce titre allèche.
L'automne et ses « fins de journée pénétrantes, pénétrantes jusqu'à la douleur » et puis la comédie tour à tour légère, ironique, noire, cruelle aux hommes qui « sentent ».

Et puis il y a ce style qui nous emmène, nous fait sursauter, dit les choses cachées, demande relecture d'une phrase qui contient tant de ressentis.

Parcours biographique, rencontres porteuses de mondes différents, kiosquier au regard acéré, attitudes réservées, relations familiales, obsessions de l'écriture, exemples littéraires, une envolée dans les rêves et les réalisations d'un auteur en devenir.

Puis le basculement, le monde littéraire, la maison d'édition, les médias jusqu'à la curiosité malsaine, l'exploitation publicitaire, les rivalités et l'homme qui découvre l'autre monde, se tient en retrait, se préserve et reçoit mépris et honneurs.

Lucidité attachante qui des années après ce fameux prix dit les faits comme il l'a senti, perçu, vécu et cela pique et cela montre l'envers qui n'est pas toujours glorieux.

Attachant par son humanité, ce livre ouvre les yeux et remet les choses à leur juste place et les êtres aussi.
Un beau témoignage est celui consacré à Robert Doisneau, c'est bien donc pour cela que ses photos nous touchent tellement…

Un superbe livre…, beaucoup d'humanité comme d'habitude… loin des considérations de tous bords.
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Voilà une Comédie d'automne qui s'impose comme une évidence en cette rentrée littéraire et qui clôt en beauté La Vie poétique de Jean Rouaud, sa série autobiographique commencée il y a douze ans, série aux airs de Monde d'hier (Stefan Zweig).
S'il ne s'agit pas pour l'auteur de raconter sa vie, mais plutôt de retracer un chemin d'écriture en s'interrogeant sur son époque, Comédie d'automne revient de façon pittoresque sur son premier roman, Les Champs d'honneur (Minuit, 1990), dont l'éditeur ne pensait vendre que 350 exemplaires. Surprise, le roman sera couronné par le Prix Goncourt. Repéré avant parution par quelques libraires, révélé par quelques journalistes (dont Jean‐Louis Ezine du Nouvel Observateur qui, l'ayant lu avec enthousiasme, écourta ses vacances pour remonter précipitamment à Paris remettre son article), le livre va vite s'imposer auprès du public. le succès des Champs d'honneur réhabilite le roman balzacien et enterre le Nouveau Roman, voilà ce que raconte aussi cette Comédie d'automne qui retrace le parcours inédit d'un primo romancier dont la profession était alors kiosquier – marchand de journaux ! presque un affront dans le monde des lettres. L'ouvrage évoque aussi son engagement sincère et jusqu'au‐boutiste pour la poésie, le rapport à son éditeur, les entourloupes du Goncourt, la vie autour du kiosque de la rue de Flandre, dans les anciens faubourgs de Paris, ou encore sa rencontre avec le photographe Robert Doisneau. L'ensemble se révèle étonnant, émouvant parfois, drôle souvent, et comblera le lecteur curieux d'en savoir un peu plus sur les coulisses littéraires, celle du Goncourt bien sûr et comment on l'obtiend, mais aussi sur la naissance d'un écrivain - et d'une oeuvre. Génial.
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Ce livre est une friandise, plus spécialement un cocobat (tube de réglisse fourré à la pâte d'amande): intense et sucré tout à la fois. Rouaud raconte avec intelligence et subtilité les derniers jours avant l'obtention du Goncourt pour son premier roman. Il oppose son désir d'être écrivain à la clique germanopratine, qui comptabilise prioritairement ses intérêts éditoriaux : l'absurde de la littérature quand elle veut être rentable.
Ici on ne parle pas de transfuge de classe, terme malheureusement en vogue, renvoyant à une époque prérévolutionnaire, et qui permet encore aujourd'hui de rappeler aux uns et aux autres d'où ils viennent et où ils doivent aller. Rouaud est à sa place, celle d'un grand écrivain de langue française ; pas de volonté d'être devenir autre chose et encore moins un mondain du Café de Flore.
Son récit ne se circonscrit pas à ce seul évènement. Rouaud évoque le parcours de l'écrivain débutant, tel Sisyphe, construit par la volonté et la ténacité. Il parle de ses amitiés, de son amour distant avec sa mère, et de son admiration pour quelques compères.
L'écriture est magnifique, profonde et intelligente, pleine de sens et de vérité.
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Comédie d'automne est un récit qui s'inscrit dans la suite logique de son précédent ouvrage Kiosque, paru en 2019 chez Grasset, dans lequel il racontait sa vie, son métier de Kiosquier, au 101, rue de Flandre, à Paris, dans le 19e arrondissement. Cette fois encore, il revient sur sa vie d'avant, sur ses rencontres, ses relations avec les habitués mais il évoque surtout, comment il a fini par quitter son emploi pour entrer de plain-pied dans le monde de la littérature.

Comédie d'automne nous donne ainsi l'occasion de pénétrer dans les coulisses du milieu littéraire, de comprendre comment les grands éditeurs (Grasset, Seuil, Gallimard…) se sont (pour ainsi dire) partagés les prix entre eux durant tant d'années grâce à un jeu d'influences entre les membres de l'Académie Goncourt.

Et quant un auteur issu d'une petite maison d'éditions comme Minuit s'invite à la fête et, qui plus est, par le biais d'un illustre inconnu, il y a tout lieu de penser qu'il s'agit là d'une erreur. Car ni Jean Rouaud, ni, son éditeur Jérôme Lindon n'auraient imaginé recevoir une telle recompose pour un livre qui avait bénéficié, pour sa sortie, d'un premier tirage très modeste… Un Jérôme Lindon jamais cité dans le livre, tout comme la plupart des personnages publiques évoqués, hormis le regretté Bernard Rapp, qui a contribué à faire connaître Les champs d'honneur quand il a invité Jean Rouaud pour la première de son émission Caractères, qui avait la lourde tâche de remplacer Apostrophes de l'indéboulonnable Bernard Pivot.

Comme bon nombre d'écrivains débutants, Jean Rouaud n'avait pas d'autre ambition que celle d'être publié et de continuer sa petite vie de marchand de journaux, bien tranquille, lui le natif de la Loire-inférieure (comme aimait le préciser Lindon) et qui avait écrit avant tout pour rendre hommage à un père disparu et aux soldats tombés au champ d'honneur de la grande guerre. Et puis finalement, le hasard, la chance, et le talent ont fait le reste. Car, rappelons qu'en cette année 1990, le prix Goncourt était, parait-il, pour ainsi dire déjà acquis à Philippe Labro. Et une fois de plus, certains allaient dénoncer un prix qui récompensait toujours un auteur issu d'une maison bien représentée dans le jury du Goncourt… Sauf qu'Hervé Bazin, alors président du Jury en 1990, en a décidé autrement. Histoire de redorer le blason du Goncourt, il a décidé d'inviter dans la partie Les champs d'honneur. On connaît la suite…

C'est toujours un grand bonheur que de retrouver la prose de Jean Rouaud, de parcourir le récit de vie de cet homme modeste, racontant ses souvenirs, se replongeant dans la fin des années 80 et le tout début des années 90, au moment où débute la première guerre du Golfe, de l'écouter parler de ses liens d'amitié avec un client fidèle venant chaque après-midi acheter la première édition du Monde. Touchant aussi quand il parle de sa mère, de son rapport à ses origines, dressant, au fil des pages, un autoportrait sans complaisance duquel ressort une forme sincérité et de droiture évidente, lui qui a toujours voulu resté éloigné du petit monde germanopratin.

Comédie d'automne est aussi un livre rempli d'anecdotes charmantes, notamment celle qui concerne sa rencontre empreinte de timidité avec Robert Doisneau, le jour de la remise du prix Goncourt. Un Livre ponctué d'humour, d'intelligence et de subtilité, racontant le parcours d'un écrivain pour lequel aujourd'hui on évoquerait sans doute le terme de « transfuge de classe », et qui continue, 33 ans après son Goncourt, de nous régaler, de nous faire passer encore de très bons moments en compagnie de ses mots et de ses souvenirs.




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Avec sa Comédie d'automne, Jean Rouaud nous offre un vrai roman de la vraie vie. Au début on redoute le règlement de compte sur le mode du peuple contre les élites. Mais avec son art de la digression, l'auteur ne nous raconte pas une histoire, il nous en raconte mille, pulvérisant ainsi le risque de se focaliser sur une cible. En démontant l'horlogerie d'un pouvoir - celui de la littérature - et en mettant à nu les ressorts des puissants, il nous révèle ce que sont les pouvoirs et les puissants, c'est-à-dire finalement des petits humains comme nous, mais armés d'une capacité de nuisance. Il structure le roman en donnant vie à un personnage-clé qui, avec une présence rare, ouvre et clos le récit. Mais il en fait vivre beaucoup d'autres, des connus, anonymes ou non, des inconnus attachants saisis dans leurs lumières et dans leurs ombres, avec un sens de la nuance et un amour humain souvent bouleversant. Comme dans les Champs d'honneur, la mélancolie de l'auteur se pare d'un regard ironique sur tout ce que nous sommes, et sur lui-même. On rit beaucoup, mais toujours avec tendresse. On se laisse porter par une écriture que je trouve pour ma part somptueuse, qui vous met dans la gêne quand vous prenez la plume, comme je le fais à l'instant, un peu honteux d'oser vêtir la toge du juge pour prononcer une sentence sur la qualité d'un livre écrit par lui, la sentence fût-elle élogieuse ! J'ai quitté cette histoire avec regret ; elle m'a touché profond, et il m‘a fallu quelques heures pour reprendre le cours normal de mes pensées.
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J'ai terriblement apprécié la lecture de Comédie d'Automne . La forme est tellement délicieuse que le fond est presque accessoire . Même sil la façon d'attendre la remise du prix Goncourt comme un suspense( alors que l'on connaît la réponse ) nous tient et nous intéresse . Tous les portraits , Albert , Bernard Rapp , la maman sont d'une justesse formidable .
Bref , un bon livre comme je n'en ne lis pas si souvent !
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