Comme beaucoup d'entre vous, il m'a fallu un peu de temps après avoir refermé ce roman pour poser les mots sur ce que je venais de lire et répondre aux questions qui me trottaient dans la tête, notamment une : pourquoi n'ai-je pas succombé au magnétisme quasi-irrésistible de ce roman ?
En raison de la prose sans ponctuation restituant le "parlement" d'un homme sans éducation, l'authenticité des émotions ressenties ?
Non, cette absence de ponctuation, cette enfilade de phrases laissant à peine respirer, ce rythme effréné n'ont pas gêné ma lecture, j'ai même trouvé l'exercice plutôt réussi.
Parce qu'en terme de violences fictionnelles, j'ai lu pire et mieux traité ?
Surement. Je pense notamment à
Darling de
Jean Teulé, à
Débâcle de
Lize Spit, à
Sleepers de
Lorenzo Carcaterra, qui m'ont laissé une empreinte plus durable que celle que me laissera Duke.
Parce que je n'ai pas de coeur ?
Heureusement, mon enthousiasme de lectrice n'est pas proportionnel au degré de souffrance des personnages, ni même à mon empathie envers eux. Evidemment, j'ai souffert pour Duke, qui pourrait lire ces lignes sans avoir mal pour lui ? Mais j'ai manqué d'émotions, j'ai plutôt ressenti un détachement de la part de Duke, une urgence à livrer son récit : voilà, prenez-le, cette charge n'est plus la mienne.
En raison de toutes les critiques dithyrambiques que j'avais pu lire partout ?
Là je pense effectivement qu'on touche au coeur du problème. Comme ça arrive souvent, je me suis créé tellement d'attentes sur cette lecture que la déception était quasi-inévitable.
Je m'attendais certainement à plus fort, plus noir, plus brut encore.