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4,3

sur 1338 notes
Une lecture rude, violente et poignante nous est offerte dans ce roman difficilement localisable ou datable.

Dick n'a connu que l'horreur depuis sa naissance, peut-on lui reprocher de se retrouver en prison alors qu'il a connu uniquement la violence morale ou physique comme modes de fonctionnement, d'éducation et de communication ? Il est totalement inapte à vivre en société.
Il nous narre sa vie et ses aventures qui l'amènent à cette situation carcérale alors qu'il est tout juste majeur, en remontant au plus loin que sa mémoire se souvienne.

Le rythme est intense et chaque page fait monter d'un cran l'horreur.
Âmes sensibles s'abstenir !
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Il est de ces livres qui vous chamboulent et vous font écarquiller de grands yeux, le coeur battant la chamade. Il est de ces histoires qui vous heurtent et vous touchent au plus profond. Il est de ces écritures qui trouvent un ton, une parole unique. Il est de ces récits rares, à la fois héritiers des meilleurs romans noirs et OVNI inclassables.

Il ne fait pas bon naître dans la maison en haut de la colline aux loups. La loterie de la vie n'a pas d'état d'âme, elle ne donne clairement pas les mêmes chances à tous. Les enfants de cette famille-là tiennent davantage de bêtes sauvages.

Enfermés dans cette maison, dans le nid, collés les uns aux autres, ils ne découvriront leur condition d'humains que sur le tard.

Le démon de la colline aux loups est l'histoire d'un de ces gamins devenu homme, qu'il écrit depuis le fond d'une cellule. Récit d'un parcours qui l'a emmené inexorablement vers sa perte. Une vie née dans les ténèbres, vécue tout autant à se brûler à leurs côtés.

Et pourtant… Ce livre n'est pas qu'une expédition dans l'obscurité, il y a de la lumière. Une certaine lueur, qui vacille sans cesse, mais qui brille à travers les mots du personnage.

En terme « d'éducation » et d'écriture, le narrateur à une manière bien à lui de raconter, un parlement très personnel. C'est ce qui frappe dès les premières pages, cette écriture atypique qui joue avec les mots et la ponctuation.

Il faut quelques lignes pour s'adapter, mais ensuite c'est un bonheur des sens, malgré la noirceur du propos. Oui, cette plume est sublime, faussement naïve, déstructurée, pour aller au plus près de l'émotion.

Et de l'émotion, vous allez en ressentir beaucoup, violente, extrême. Entre compassion et empathie, le récit de cet homme et de sa descente annoncée aux enfers, vous fera imploser le coeur.

Des tranches de vie comme autant d'images qui vous explosent littéralement à la gueule, à suivre l'itinéraire de cet homme. du sortir d'une épouvantable enfance à l'entrée dans le monde, qui aurait pu être synonyme de liberté mais qui est source de dangers quand on n'est pas préparé.

Les thématiques abordées ne sont pas neuves, intemporelles, entre cette qualification du Mal, le conditionnement, la culpabilité, l'hérédité…

J'ai pensé à plusieurs romans inoubliables et à des univers d'auteurs hors norme. Entre le côté initiatique Des fleurs pour Algernon de Daniel Keyes, la manière d'inventer une écriture et un univers d'enfermement de Room d'Emma Donoghue, la terre noire de Maud Mayeras (dont son dernier roman Les monstres) et même la manière de raconter d'un R.J. Ellory dans Papillon de nuit (pour le côté carcéral). Des analogies de romans inoubliables que je cite pour insister sur la qualité exceptionnelle de ce texte, car il a sa propre singularité.

Le souffle du démon, dans le cou du personnage, ne lui laisse que peu de chance de vaincre sa lutte intérieure. de sauvage à sauvagerie, il n'y a que quelques lettres de différence, et pourtant tout un monde.

L'immense force de ce roman intimiste est son côté faussement naïf. L'ingénuité du personnage dans ses propos est vite remplacée par une grande profondeur de réflexions. Une capacité à prendre du recul sur soi, toujours à tenter de comprendre. Ce conflit intérieur incessant est source d'une introspection que peu de personnes plus éduquées seraient capable de réaliser.

Les ténèbres sont plus forts que tout, mais n'éteindront jamais complètement la flamme qui brûle en dedans.

Le démon de la colline aux loups est un roman noir qui marque de manière indélébile. Dimitri Rouchon-Borie a su trouver sa propre voix pour décrire, avec une empathie inouïe, les tourments de son personnage. Un texte dur, sombre, diaphane, immensément brillant.
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✨Ce que j'ai ressenti:

Je vais essayer de ne pas vous cracher dans l'oreille. Vous cracher un souvenir, le souffle du Démon, mais moi je suis là avec le coeur en morceaux qu'est tombé par terre au pied de la Colline aux Loups et moi j'étais pas prête je voulais même pas dire parce que l'indicible ne se dit pas. J'étais impressionnée du matin du soir de la souffrance de la chaleur de la meute. de l'horreur du nid des punitions de la télé et j'étais là je regardais je pensais pas qu'on pouvait faire ça. Ça fait mal au-dedans, la-dessous la sauvagerie le mal à l'état pur, la Colline aux Loups. Et le Démon comme compagnon, c'est pas si incompréhensible, c'est juste une idée dans l'ordre des choses qui prend le dessus, le dessus sur la solitude sur la mort sur l'emprisonnement sur le ciel rose et la grandeur de la nature. Ce n'est pas explicable, j'ai pas le parlement non plus pour dire la compassion qui conquiert l'épiderme. J'ai pas, non, mais la souffrance je l'entends même au travers des lignes, dans les silences de la ponctuation absente, dans le paragraphe blanc qui fait des pauses quand c'est trop lourd…

Je vais essayer de ne pas vous cracher des prénoms, des immondices et la violence à vos oreilles, mais il y a un moment où quand il faut prendre la plume pour raconter la noirceur humaine, des choses sales sortent des ombres…C'est moche, froid, violent. Même tous les feux n'y pourraient rien. Alors, écrire devient le pansement sur la souffrance. Mais t'auras beau appeler les saints Dieu, faire appel aux Écritures, t'auras beau convoquer les prêtres Augustin et la sagesse, si le Démon se pointe, m'étonnerai qu'il laisse sa place aussi facilement. Il paraît que c'est tenace un démon. Celui là, particulièrement. Parce qu'il t'aimante. Parce que même s'il est Démon, il est aussi justice et vengeance et même que tu le voudrais pas, il est là. Il se fait voir dans le chaos qu'il laisse le plus souvent, par terre, éclaté en mille morceaux…

Je ne voudrais pas cracher dans l'oreille de quelqu'un, ni divulgâcher la force de ce roman, mais il vous faudrait lire urgemment cette histoire. J'ai été aimantée, secouée, pulvérisée de l'intérieur…Malgré l'extrême, il reste une minuscule lumière au travers de ses ténèbres: quand l'homme regarde la nature, il est encore émerveillé. Preuve que même les démons ne peuvent enlever la beauté. Il y a encore du sacré, de l'espoir, du sens encore, et c'est là qu'il m'a pris…Alors Dimitri Rouchon-Borie, dans un dernier souffle, j'aimerai me souvenir très longtemps de ce roman. Je souhaite que ce coup de coeur soit un souvenir persistant dans mon étrange solitude féerique. A qui j'écris cette chronique je ne sais pas. Peut-être à moi-même et à vous qui ne connaissez pas encore le Démon.


Ma note Plaisir de Lecture 10/10

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"Je sentais bien que j'avais à l'intérieur une trace qui ne partait pas c'était la déchirure de l'enfance c'est pas parce qu'on a mis un pont au-dessus du ravin qu'on a bouché le vide. (p129)"

Ce premier roman se démarque de tout ce qu'on a pu déjà lire sur une enfance faite de violences, une enfance d'enfant sauvage sans éducation, sans amour, à peine nourri, par l'écriture principalement. Dès les premières lignes on est saisi par le phrasé, on entre dans un autre monde. Afin d'être au plus près de son personnage, l'auteur utilise son langage, ses mots qui font pas toujours partie du langage courant, sans ponctuation car Duke, le narrateur, ne connaît pas la nuance, le rythme, les filtres, les "finesses" de la langue française.

Alors au début cela surprend, étonne, on s'y reprend à deux fois sur certains passages car on a pas l'habitude, on ne connaît pas, on n'imagine pas et puis peu à peu on s'attache, on s'interroge, on se révolte, on sent qu'il va y avoir des scènes d'une rare brutalité, cruauté, elles arrivent, mais Duke écrit, avoue, il n'a rien à cacher ni à nous ni à lui-même parce qu'il raconte c'est lui, son enfance, sa vie et comment il en est arrivé à se retrouver dans cette cellule.

Quand on apprend que très tard son nom parce qu'on vous a jamais appelé par celui-ci :

"Ça paraîtra bizarre à vous tous mais au commencement on n'avait pas de noms. À quoi ça aurait servi on n'avait pas besoin de s'appeler alors on ne s'appelait pas. On savait se trouver comme une évidence. (p14)"

que l'on dort dans un nid et pas dans un lit, qu'on vit dans la crasse, sous les coups et dans la violence de toutes sortes, comment voulez-vous être autrement qu'une sorte de bête sauvage ne répondant qu'à ses instincts avec le Démon qui est en vous, né lui aussi sur la Colline aux Loups et qui vous habite, monte et se déchaîne. 

Et pourtant, parfois, il y a des rencontres, des rapprochements, un lien qui se créée qui pourrait ressembler à de l'amour avec Clara, Billy, Pete et Maria mais à chaque fois cette affection, cette chaleur lui est arrachée. Alors la bête tapit en lui se réveille et rend sa justice. Et désormais c'est d'autres rencontres en prison avec un prêtre et Saint Augustin qui vont lui permettre d'ouvrir d'autres portes.

Un roman éprouvant par moments, que l'on doit refermer pour reprendre son souffle, parce qu'il y a des scènes d'une cruauté sans égal dans un climat familial puant. J'ai failli abandonner mais Duke a su me garder près de lui. J'ai écouté sa confession, tapée sur une machine à écrire dans sa prison, sous sa cape qui l'isole du monde extérieur. Il a besoin de sa solitude, de toute sa concentration pour se libérer et affronter son destin.

On ressort bouleversé de cette lecture, horrifié par les faits, la violence et par la justesse maladroite utilisée par Duke pour nous parler de lui. Il n'est pas le Démon mais il le porte en lui, à jamais, parce que c'est la seule chose que ses parents ont fait grandir en lui. La même narration faite dans une langue construite, ponctuée, avec des jolis termes n'aurait pas le même force, aurait peut-être un côté artificiel du monde de Duke. Nous sommes en prise directe avec lui, pas d'intermédiaire, c'est du brut et même quand il "pisse" de l'eau par les yeux, qu'il "parlemente", on comprend qu'il nous déverse sa vie telle qu'il l'a vécue.

Alors ai-je aimé ? Je suis admirative du travail d'écriture, de l'incarnation du personnage par ses mots, ses pensées, ses visions du monde où il fut "élevé", de l'Enfer qu'il a connu et du Purgatoire où il réside désormais avant de rejoindre un ailleurs. Oui c'est violent, très violent parfois, presque animal mais comment ne pas imaginer qu'il y a du vécu de par la profession de l'auteur (chroniqueur judiciaire) en particulier dans la restitution des deux procès. Mais à chaque fois se pose la question : était-il nécessaire d'exposer, de décrire cette violence et je suis toujours partagée sur cette question. Dans le cas présent je pense que oui, peut-être pour comprendre et restituer Duke, tel qu'il est et d'où il vient.

J'aimerai ne pas avoir aimé, alors oui je n'ai pas aimé cette histoire parce qu'elle me dégoûte par sa noirceur, sa violence mais j'ai beaucoup aimé sa transcription et la volonté de Dimitri Rouchon-Borie de la restituer à la manière de son "héros" Duke lui le Démon de la Colline aux Loups, de lui laisser sa parole et ses pensées.

"J'aurais dû me méfier il disait des choses pénibles sur ma construction de personnalité et que je sera psychopathique et que mon niveau de langage était faible je l'ai interrompu mais on ne m'a pas laissé dire. Quand j'ai pu avoir mon tour j'ai dit que j'avais un parlement qui n'était pas celui des gens et que je sentais bien que mes idées allaient plus loin que mes mots j'avais l'impression d'un type qui a la tête infatigable alors que ses jambes supportent pas le voyage. (p223)"
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J'ai fini ce livre il y a quelques jours maintenant. J'ai eu besoin de respirer, de le digérer avant de pouvoir en rédiger la critique et d'en avoir un avis clair.
C'est un véritable coup de coeur pour moi, voire une révélation. de ces romans qui restent en tête, dont la voix, le flot des mots nous traverse encore longtemps après.
Nous suivons la vie du narrateur qui est en prison pour une lourde peine et qui a pris la décision de nous raconter son histoire. Tout commence à la colline au loup, dans une bicoque perdue en plein milieu de nul part. Duke, car c'est son prénom, ce qu'il apprendra bien plus tard, vit avec ses cinq frères et soeurs, dans la chaleur du nid. Ils sont livrés à eux-même, non scolarisés, nourris quand les parents y pensent, petits oisillons perdus roulés en boule pour se tenir chaud, petits êtres sans nom, que personne n'appelle, sans identité propre.
On le comprend très vite. le narrateur a connu l'horreur absolue. Au delà de la négligence, il a connu les sévices, l'humiliation, les coups et bien pire encore, à tel point que j'ai failli arrêter ma lecture au premier tiers. Trop, c'est trop.
Mais j'ai continué et j'ai bien fait, portée par la voix de ce Duke, portée par sa poésie, sa candeur, sa manière très simple d'écrire, sans virgule, sans ponctuation. Duke nous livre son combat contre le démon de la colline au loup, cette rage, cette colère démentielle qui l'accapare des années après les faits. Une marque au fer rouge jamais cicatrisée.
Dans ce roman, très très dur, il y a une petite lumière dans l'obscurité, un peu de beauté toute simple et surtout, beaucoup d'humanité. Dur d'en vouloir à ce bonhomme fracassé par la vie pourtant coupable.
Une réflexion remarquable sur les notions du bien et du mal, sur l'héritage familial et sur la rédemption. A mes yeux, une réussite du début à la fin, que ce soit les retours sur son enfance, sa vie dans le milieu carcéral ou les scènes de procès.
C'est le premier roman de Dimitri Rouchon-Borie, et j'espère, qu'il y en aura d'autres.
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A trop arpenter les couloirs des tribunaux, on finit par croiser le malheur et se confronter à l'horreur, la vraie. Mais est-ce qu'on s'habitue aux ombres qui habitent les regards ?
Dimitri Rouchon-Borie est chroniqueur judiciaire et il nous livre un grand roman pour cette rentrée de janvier.
Un roman éprouvant et fascinant, tout à la fois. Un roman qui pourrait se lire d'une traite, si certaines scènes n’obligeaient pas à reprendre souffle.
Tout commence dans le nid, une pièce où des enfants et des chats se tiennent chaud. le nid, c'est la seule source de chaleur dans cette famille où règne la violence. C'est là que commence l'histoire de Duke, le narrateur, sur la colline aux loups. Il se passera bien des choses dans sa vie, avec une constante : le mal qui empoisonne tout.
Duke écrit depuis sa prison dans "un parlement" incroyable, qui donne une force au récit, qui nous fait prendre la voix du narrateur. Faites l'expérience de lire à voix haute des passages de ce roman et vous comprendrez. Il y a un flow qui vous emporte, l'absence de virgule vous oblige à prendre pour soi la construction de la phrase, et dans un souffle vous dites les mots du prisonnier entre horreur et candeur.
Très vite on est en empathie avec cet homme enfermé dans sa cellule, enfermé dans sa tête, dans son corps. Enfermé et en lutte contre le démon qui le ronge depuis l'enfance. Sans trop savoir comment, il cherche la rédemption, il se tourne vers les écrits de Sainte Catherine et de Saint Augustin, sa cellule devient monacale. Il est seul avec le démon qui gronde encore et il tape son histoire à la machine.
Le démon de la colline aux loups, c'est un roman noir, terrible, qui me hantera un bon moment. Parce qu'au fond, on sait à quel point l'homme est capable du pire, qu'il peut abriter en lui les pires instincts, et qu'il cherche malgré tout une rédemption auprès de ses frères humains en incriminant la bête en lui. L'ange contre la bête. L'ombre et la lumière.
"La mer accomplissait chaque seconde mon rêve de rébellion de puissance de force et de liberté. Je crois que j'aurais pu tout laver dans cette eau-là comme sous la pluie des forêts et m'y noyer et je me disais finalement que c'est la seule chose qui aurait pu faire disparaître la Colline aux loups."

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Une enfance saccagée racontée par celui qui l'a vécue. Des parents maltraitants au-delà du supportable. Des enfants élevés comme des bêtes et qui s'expriment sans avoir appris ni à parler ni à vivre ni à être aimés. Un livre difficile, une écriture avec peu de ponctuation parfois compliquée à lire. Je m'y suis prise à deux fois pour arriver à rentrer dans l'histoire pour finalement suivre avec empathie la vie de ces enfants abîmés.
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Voilà un bouquin dont on a beaucoup entendu parler mais qui m'a laissé perplexe. le style d'abord. Si certains évoquent une plume fulgurante et autres superlatifs, il m'a semblé ici voir une (modeste) imitation d'Hubert Selby Junior (auteur génial de "Retour à Brooklyn", adapté au cinéma sous le titre "Requiem for a dream"). Pour symboliser le manque d'éducation du personnage principal, l'écrivain a choisi d'écrire avec des phrases déstructurées. Prometteur mais indigeste.

Maintenant, le fond. A travers ce témoignage, DRB dresse le portrait d'un homme blessé jugé pour ses actes et fait prisonnier. D'une part, l'auteur a pris soin de cocher à peu près toutes les cases possibles et imaginables de la blessure infantile et adolescente : des parents pédophiles, des relations difficiles avec la camarades de classe, une petite amie droguée qui se suicide... de fait, assez vite, il est aisé de comprendre où ça va mener. Too much is too much.

D'autre part, la thèse développée me gêne. En gros, celui qui est jugé est davantage victime que coupable de ses actes (tout en admettant, en quelques pages, être coupable parce que finalement il a bon fond...). Donc il ne faudrait pas trop lui en vouloir parce que ce n'est pas sa faute, et en plus de ça il faudrait s'émouvoir de son (rapide) mea culpa ? Même si j'admets que les traumatismes du passé peuvent être dévastateurs, je peine à accepter que l'on puisse à ce point s'évertuer à rendre sympathique un homme qui, dans le livre, tue soit par volonté soit par irresponsabilité.
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Un roman comme un coup de poing, d'une violence inouïe sur l'enfance maltraitée, violée, brisée et les ravages que cela produit à l'âge adulte. Duke, le narrateur, naît dans une famille de brutes dans laquelle les enfants sont rabaissés au rang des animaux à un point tel que leur développement en pâtit. Affamée, sale, la fratrie vit dans une pièce sans fenêtre et ne trouve de réconfort que dans la chaleur de leurs petits corps blottis les uns que les autres. La visite d'une assistante sociale contraint les parents à scolariser Duke qui découvre ainsi le monde, au-delà de la Colline aux loups, là où se trouve la maison isolée de ses géniteurs (impossible de les désigner comme parents).

Adultes comme écoliers sont horrifiés par l'état de l'enfant qui découvre qu'il a un prénom, qu'on peut être nourri tous les jours et bénéficié d'une attention bienveillante. Les services sociaux sont à nouveau sollicités, la famille interrogée. Et le père, conseillé par le voisin (!), teste une nouvelle forme de punition qui meurtrira à jamais le petit Duke.

Lorsque le roman démarre, le narrateur est en prison pour des actes qui ne sont révélés qu'à la fin du roman. Il a débuté la rédaction de son journal, cherchant à retrouver le sens de sa vie, l'origine de ce démon en lui.

Un récit qui n'offre aucun répit au lecteur, embarqué avec Duke dans sa lutte pour maîtriser le Démon qui se nourrit de ses chagrins : « Je crois que personne n'arrivait à savoir si j'étais à prendre du côté de l'ange blessé qui dérape ou de la bête perdue pour la cause moi j'avais la réponse. »

Servi par un style sans ponctuation qui rajoute à l'urgence de se sentir délivré des souillures vécues, on sort épuisé, essoré. L'auteur, qui a longtemps été chroniqueur judiciaire, a puisé son inspiration dans les différents procès suivis, matière riche en horreurs, où l'humanité dans ce qu'elle a de plus sombre est exposée sans fard. Dimitri Rouchon-Borie interroge ici des thèmes complexes : la construction de l'identité quand elle est attaquée dès l'enfance, les dégâts de la violence sur l'enfant et ses répercussions, la réparation impossible.

Il va être difficile d'oublier Duke, ses tourments, ses tentatives pour comprendre le monde et s'y adapter, ses désirs de rédemption…

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Ce livre est le pourquoi de ce que nous sommes, lecteurs. Nous, les amoureux des mots, fascinés par le pouvoir que provoquent la juxtaposition de caractères, nous qui les lisons pour ce qu'ils nous font éprouver. Ceux de Dimitri Rouchon-Borie ont transpercée ma chair, provoquant la douleur de ce qui savent ô combien ce qu'il raconte est vrai.

Nous sommes nos choix. Mais nous sommes ce qu'on nous a donné. Plus que tout, nous sommes ce qu'on nous a pris. le mal ne s'oppose pas au bien, il fait face à la facilité. Et certains n'ont pas les armes pour résister à ce mal, que l'on peut contenir, que l'on peut répandre. C'est ce que raconte ce texte.

Il ne s'agit de pas défendre l'indéfendable. Il s'agit de raconter l'humain, sa lumière et sa noirceur. Celle qui ronge et qui dévaste, celle qui fait déposer les armes parce que le combat est trop difficile, trop long et que l'on a besoin d'une trêve, juste une seconde. Il faut du courage pour le faire si justement, sans tomber dans la caricature ou la simplicité.

Lisez-le. Je ne vous promets pas un coup de coeur. Je vous promets de retrouver ce qui nous pousse à parcourir des centaines d'ouvrages et à ouvrir chacun d'eux avec ce même espoir: chavirer.

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