Dans tous ces dessins. Boucher déploie la même virtuosité, la même fantaisie. On n'y découvre même pas ces négligences et ce lâché que parfois on constate dans ses grandes peintures, hâtivement exécutées d'après commande. Ici, la ligne est ferme, soutenue; la science est certaine, la main sûre.
Plus encore que les œuvres indiquées plus haut, il faut citer la série d'estampes populaires, connue sous le nom des Cris de Paris.
C'est la vie quotidienne de tous ces humbles marchands ambulants qui, dès le petit jour, parcourent les rues de la capitale en annonçant leur marchandise. Tout ce monde pittoresque et bruyant, jovial et laborieux, défile en une série de compositions charmantes, prises sur le vif, où Boucher note les types avec une scrupuleuse exactitude et une fantaisie charmante.
Sensible, aimable et voluptueux: en ces trois termes se résume la physionomie du XVIIIe siècle tout entier, avec son élégance spirituelle et son dévergondage raffiné; dans ces trois mots également s'enferme tout l'art de Boucher, peintre des fêtes galantes et des mythologies gracieuses. Ses conceptions personnelles s'adaptaient merveilleusement au goût de l'époque. Il ne pouvait que réussir dans cette cour brillante et libertine dont Mme de Pompadour était la reine ; il en devint bientôt le peintre officiel.
François Boucher, affirme le Nécrologe de 1771, possédait à un degré supérieur toutes les grandes parties de l'art de la peinture et il eût pu s'essayer dans tous les genres ; mais né sensible, aimable et voluptueux il se vit presque toujours entraîné vers les Grâces dont il fut généralement appelé "le peintre".