Entamer un roman de
Jean-Christophe Rufin, c'est commencer un voyage dont l'on ne sait où il va nous mener. Ce roman, donné par une collègue de travail, est une jolie découverte qui m'a fait passer un moment de lecture vraiment agréable, réflexion sur le couple, l'amour, les sentiments tus qui dévastent et les silences qui génèrent les plus profonds désarrois. J'ai souvent souri, quelquefois été émue.
La rencontre d'Edgar et Ludmilla est très romanesque : le jeune homme en voyage en Ukraine découvre la jeune femme nue, au sommet d'un arbre, livrée à la vindicte des villageois. Coup de coeur, coup de foudre, il n'aura de cesse de la retrouver et de la ramener en France.
Nous suivons le couple au fil des décennies – Rufin, lui-même narrateur, parsème son récit de références à des faits ou des personnages réels, ce qui contribue à lui donner de l'épaisseur et à l'ancrer dans l'Histoire – dans l'évolution de leur carrière respective et de leurs relations amoureuses.
Ludmilla développe un talent dans le chant lyrique, elle deviendra une cantatrice, si ce n'est reconnue, en tout cas estimée. Edgar, quant à lui, déploiera un sens des affaires qui lui vaudra fortune et faillite – affaires plus ou moins louches qu'il assumera toujours avec élégance et panache.
Le couple vivra des moments de forte passion, puis des déchirures ; tout au long du roman l'auteur fait évoluer ses personnages, il les fait se brûler les ailes, revenir à l'essentiel, se perdre puis se retrouver pour mieux s'unir.
Il leur faudra de longues années, bien des conflits et des désillusions pour parvenir à une union sereine, dans laquelle chacun trouve exactement sa place. le secret étant sans doute que pour aller vers l'autre, le chemin est d'abord solitaire, nécessite de s'être débarrassé de certains fardeaux, de ses souffrances et du lourd poids que fait parfois peser le passé.
Un roman attachant – qui doit beaucoup au personnage solaire et lumineux de Ludmilla.