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sur 2962 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Mon grand tort avec "Rouge Brésil" a sans doute été de me lancer dans ma lecture avec de trop grandes espérances.

Férue de romans d'aventures et, tout particulièrement, d'aventures en mer, et plus spécifiquement encore d'aventures historiques, je pensais me régaler avec ce Goncourt 2001, premier roman de Rufin qu'il m'était donné de découvrir. Un peu comme Chartier ou Colomb, je sentais que j'étais au seuil d'une belle épopée, palpitante de passion et de chaleur tropicale, dans laquelle mes émotions seraient mises à mal... Mais on a toujours tort de vouloir anticiper la trame et la couleur d'un roman. Je me rends compte (une fois de plus) qu'il faut laisser toute liberté au roman de nous montrer "ce qu'il a dans le ventre". Si on veut construire un roman "sur mesure", autant faire une sieste pleine de rêves que notre imagination ne manquera pas de nous inspirer mais ne prétendons pas dicter à un écrivain ce que nous voulons qu'il écrive.

C'est sans doute pourquoi, m'étant mise dans la peau de cette petite fille capricieuse qui demande à sa maman de lui raconter une histoire mais qui chouine dès que celle-ci n'est pas conforme à ce qu'elle attend, je n'ai pas pleinement apprécié ma lecture. le roman en lui-même est très bien construit. Tout commence en France, on cherche à embarquer des "volontaires" pour peupler une colonie au Brésil ; vient la traversée ; l'accostage ne se fait pas sans heurts puis la vie en exil s'organise. L'homme, fidèle à sa nature, applique le schéma de qui construit sa civilisation en en foulant aux pieds une autre, cherche à imposer son autorité puis à y échapper, attend des cieux et de ses chefs des commandements à suivre pour mieux se les approprier ou les rejeter...

Au milieu de ce souffle colonisateur guerrier, deux enfants, les héros, Just et Colombe, parcourent leur propre destinée. Frère et soeur, ils sont l'un pour l'autre un allié naturel dans ce parcours doublement initiatique, celui de l'adolescence et celui de l'exil, duquel il faudra bien s'émanciper à un moment donné, quand les expériences et les aspirations personnelles prendront le pas sur l'épopée commune.

Côté plume, on sent la patte d'un académicien. Si le fond est très bien documenté, la forme est alourdie par un style souvent pesant où le foisonnement des adjectifs lasse les yeux. L'utilisation de quelques mots anciens, savants, oubliés donne un sentiment d'irrégularité, on a envie que l'écrivain prenne son parti une fois pour toutes : soit il écrit comme Robert Merle dans "Fortune de France" en recréant complètement un langage proche de celui De La Renaissance, soit il abandonne toute prétention dans ce sens et écrit modestement avec notre langue moderne. Je n'ai donc pas particulièrement apprécié les poignées de poudre aux yeux que Rufin semble jeter à la face de son lecteur pour le convaincre qu'il est vraiment érudit.

Je ne peux pas dire que le roman n'est pas agréable, ce serait mensonge. Mais voilà une rencontre qui m'a semblé manquer de souffle, de vie, de couleurs et ne m'a pas enfiévrée "jusqu'au transport", comme le Chevalier des Grieux le fut en rencontrant Manon Lescaut.

***ALERT SPOILER***

Quoi ! Il s'agit quand même de débarquer au Brésil !
Là où je pensais être écrasée par les couleurs, la jungle, les odeurs, la chaleur et les corps des indigènes, je n'ai eu que la vague impression de contempler une peinture à l'huile, évocatrice mais pas assez prégnante, laissant entre le paysage qu'elle décrit et son admirateur la distance infranchissable de sa toile.

Les guerres de Religion couvant en Europe, ce climat délétère se propage jusque dans les lointaines colonies. Toutes les considérations spirituelles développées par Ruffin à l'arrivée des protestants à Fort-Coligny sont très intéressantes mais semblent davantage freiner l'action que la nourrir. D'où, petit à petit, ce spectre de l'ennui qui ne semble pas rôder aux seuls environs de la forteresse. A quarante pages de la fin, alors qu'on attend une montée en puissance, l'auteur avoue lui-même que tout le monde s'ennuie ferme !

Un mot sur les héros, Just et Colombe.
Un frère et une soeur mais personne pour affirmer qu'en réalité ils sont bien issus des mêmes géniteurs. de doux sentiments de protection et d'amour les unissent... Inutile donc de jouer la surprise quand on découvre le dénouement proposé par l'auteur... Mon seul étonnement fut de constater que Rufin n'était pas allé jusqu'à conclure son roman en expliquant le nom de la future Colombie par le patronyme de son héroïne ; là, il m'a bien eue, je croyais le voir venir avec de gros sabots.

Just peut bien être beau et avoir, pour son âge, un corps bien découplé, il peut bien nous inspirer la pensée qu'il incarnerait à la perfection ce héros viril prêt à conquérir toute l'Amérique latine à lui tout seul... hélas, il n'en est rien. Manquant cruellement de volonté, se laissant ballotter et influencer par son chef et par les femmes, il faut attendre patiemment la page 489 (sur 594) pour qu'il se découvre enfin une volonté propre, à la grande stupéfaction du lecteur qui y avait depuis longtemps renoncé !
"- Jamais, redit-il avec la fermeté d'un être qui découvre en lui-même une irrémédiable volonté."
On a envie de dire "ouf !" en lisant cette page, la seule de l'édition Folio qui ne soit pas paginée, serait-ce un message subliminal ?

En résumé, je suis contente de cette découverte (celle de la tentative de colonisation du Brésil par le chevalier de Villegagnon), je suis heureuse d'avoir achevé cette lecture et de passer à une autre et j'espère pouvoir bientôt me procurer "l'Abyssin" pour redonner à Rufin une chance de vraiment me... conquérir !


Challenge ABC 2012 - 2013
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Rouge Brésil, 600 pages de retour dans le passé tumultueux des grandes expéditions maritimes.

Nous sommes en 1555.
Sur les ordres du roi Henri II, le chevalier de Villegagnon, vice amiral de Bretagne, embarque pour le Brésil afin d'y installer une colonie française qu'il nommera "France antarctique".
Sur un des trois navires qui font route vers l'ouest, Just et Colombe, frère et soeur orphelins, se pressent l'un contre l'autre, effrayés et excités par ce qui les attend.
Ils ont été enrôlés en tant qu'interprètes pour les négotiations avec les indigènes.
Les aventuriers s'installent sur une île de la baie de Rio et y bâtissent un fort, tête de proue pour l'exploration de la côte et du continent.
Confrontés à des contrées inhospitalières, ils vont en plus devoir faire face à des indigènes canibales et aux prémices des guerres de religion qui séviront en Europe quelques années plus tard.
En effet, la petite communauté sera rapidement la proie du shisme profond qui commence à diviser huguenots et catholiques.
C'est dans ce contexte compliqué que les deux adolescents, ignorants de leur véritable origine, vont construire leur destin, chacun avec son approche personnelle des évènements et sa sensibilité propre.

Basé sur des faits historiques, ce récit, écrit de très belle façon, fait amplement usage du vocabulaire de l'époque et ce, pour notre plus grand bonheur.
Férue de romans historiques depuis toujours, j'ai pris beaucoup de plaisir à la lecture de cet épisode "anecdotique" de la course à la colonisation.
En rivalité avec les portugais implantés déjà depuis longtemps dans la région et guère prêts à céder leur monopole, les français ont du battre en retraite.

600 pages...un peu longues parfois...parce que les stratégies politiques sont parfois difficiles à suivre dans les détails.
Et pourtant, la crédibilité du récit est à ce prix.
La plume de Jean-Christophe Rufin est agréablement maniée et le dépaysement, sauvage à l'envi.
Trois étoiles pour les longueurs historiques, nécessaires mais parfois ennuyeuses.
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J'ai vu le film il y a quelques années, et contrairement à pas mal d'autres, beaucoup d'images m'en étaient restées.
C'est donc avec plaisir que j'ai retrouvé Just et Colombe, ces deux enfants embarqués malgré eux sur un bateau en partance pour le Brésil.
Le XVIème siècle n'a rien à envier à notre époque question intolérance religieuse.
Catholiques et protestants s'entredéchirent et se tuent, français et portugais en font de même pour être maîtres des terres découvertes.
L'auteur a su rendre captivant un moment d'histoire. L'écriture est simple, claire, belle.
On se dit en refermant le livre que rien n'est résolu quant à la folie meurtrière menée au nom des religions.
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Ce livre me faisait de l'oeil depuis un bon moment et quelque chose me disait, malgré ma curiosité, que je n'aimerais pas. Voilà chose faite, je viens de le finir et je peux dire que ma lecture a été plutôt mitigée.
1555, le Havre: deux jeunes adolescents orphelins, Colombe et Just, sont embarqués sur un bateau en partance pour le Brésil afin d'y fonder la "France Antarctique" avec le chevalier de Villegagnon, quelques repris de justice et des anabaptistes, le tout dans le contexte des guerres de religion.
Arrivés sur l'île où de Villegagnon fait construire un fort, le destin de Colombe, destinée à jouer l'interprète avec les tribus amazoniennes, et celui de son frère Just, bientôt bras droit de de Villegagnon se séparent, malgré leur fort amour l'un pour l'autre.
Ce roman, au travers de l'aventure de ces deux enfants, aborde la question des religions, du mythe du Bon Sauvage et de la colonisation, sur plusieurs années et avec en toile de fonds les alliances économiques européennes.
Est-ce parce que j'ai dévoré Notre-Dame de Paris de Hugo juste avant, ou cette écriture trop classique de Rufin? le fait est que j'ai moyennement accroché au récit malgré l'intérêt qu'il porte à ces évèenements historiques, et que je n'ai pas vraiment été touchée par le destin de ses deux enfants ni de leurs acolytes. en revanche, j'ai aimé le personnage de Pay-Lo, Français installé au milieu des tribus indigènes dans une hutte de fortune.
A part Colombe et Just, inventés pour romancer ce récit, la plupart des autres personnages ont réellement existé et Rufin laisse, en postface, une liste intéressante d'essais du seizième siècle sur cette aventure.
Chose faite, ce roman ne me fera plus de l'oeil.
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Roman d'aventures, une prose de qualité, mais des débats théologiques qui me dépassent (et me lassent).

J'ai d'abord choisi ce livre pour créer une ambiance brésilienne à l'aube des Jeux olympiques de Rio, un roman qui raconte les tout premiers établissements européens dans le pays me semblait intéressant.

L'aventure débute par le recrutement des membres de l'expédition. Outre les prisonniers pour qui la traversée représente peut-être un salut, on décide d'embarquer des enfants pour qu'ils deviennent des « truchements » des interprètes pour communiquer avec les indigènes locaux, car tout le monde sait que les enfants apprennent une nouvelle langue plus vite que des adultes. Ces deux jeunes deviendront les héros de l'histoire, ils grandiront et deviendront amoureux.

Je ne dévoilerai pas l'intrigue, mais après ces débuts prometteurs et les péripéties de l'installation en « France Antarctique », on arrive à des passages un peu longs sur les mésententes théologiques entre catholiques et calvinistes. On se déchire pour des questions graves comme « Dieu est-il dans l'hostie ? » ou « doit-on mettre de l'eau dans son vin ? ». Et des croyants sont prêts à tuer pour défendre ces idées…

En parallèle, il y a les indigènes, les « bons sauvages », mais un peu cannibales, qu'on devra convaincre de ne plus dévorer leurs ennemis. On pourrait bien les tuer pour les empêcher de s'entretuer…

Les absurdités des guerres qu'on qualifie de religieuses ne sont pas tout à fait ma tasse de thé. Ce siècle de l'histoire de l'Europe où on va d'expulsion en Inquisition, de tortures en massacres, n'est pas des plus réjouissant. Même si on sait que comme aujourd'hui, le fanatisme religieux cache souvent des conflits politiques et des luttes de pouvoir financier, ce n'est pas un tout à fait un sujet qui se prête à l'évasion des vacances estivales et, malgré la qualité du texte et de la recherche historique, je n'ai pas beaucoup apprécié cette lecture.

Cela dit, je suis contente d'avoir appris quelque chose et je suis heureuse que la tentative de possession du Brésil ait échoué, car si elle avait réussi, il n'y aurait probablement pas eu de Nouvelle-France en Amérique du Nord…
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Un roman exotique sur un rythme endiablé pour raconter un épisode méconnu de l'histoire des Amériques. Au XVIe siècle, le chevalier de Villegagnon affrète trois caravelles à destination du Brésil et jette l'ancre sur une petite île dans la baie de Rio. Avec l'expédition sont embarqués Just et Colombe, deux frères et soeurs censés retrouver leur père au Brésil et qui deviendront les héros de cette aventure.
Dans un huis-clos oppressant, Jean-Christophe Ruffin oppose habilement les Indiens paisibles, qui vivent en harmonie avec la nature et ces conquérants qui se réclamant d'un Dieu supérieur, saccagent tout sur leur passage sans aucune considération pour les occupants naturels des lieux. Parallèlement, c'est également au nom de la religion que surviendra le drame ultime, préfigurant avec quelques années d'avance, les guerres de religion meurtrières.
J'ai bien aimé ce roman aux allures de conte historico-philosophique mais ce n'est cependant pas celui de l'auteur que j'ai préféré. Il n'en reste pas moins une lecture facile et très agréable.
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L'auteur nous entraîne avec Just et Colombe à la conquête du Brésil par les Français, une partie méconnue de l'histoire. Parti du Havre en 1555, Nicolas Durand de Villegagnon débarque dans une île où il fait construire le fort de Coligny. Just et Colombe devront faire face aux restrictions, aux cannibales et aux complots.
Si le roman repose sur des recherches fouillées, il laisse peu de place aux personnages qui subissent l'histoire plus qu'ils n'en sont les protagonistes. Peu de place également à la narration.
Le style est soutenu, parfois un peu trop, et l'on doit s'arrêter pour relire une phrase.
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L'un des rares livres que j'ai lu et auquel je ne peux pas répondre à cette simple question : « ai-je aimé ? »

Le livre est fort, percutant, très bien écrit. Un peu trop même. J'avoue que le dictionnaire fut ouvert beaucoup… La grammaire riche, la narration frise l'excellence. N'est pas académicien qui le veut. Moi qui me moquait d'eux jusqu'à ce jour, je ravale ma salive.

Bref. Tout cela n'est-il pas trop pour moi en fait ? Trop littéraire ? Pourtant ça fait du bien de lire du bon français… mais un tel pavé ? C'est comme courir sur le flanc d'une colline. le souffle très vite se perd ? Cependant on s'habitue et on se rend compte que Rufin écrit merveilleusement et nul pédantisme ne projette son ombre.
L'histoire de rouge brésil, c'est la conquête de ce pays par la France du XVIème siècle. L'histoire à l'image du style est riche. Elle se passe en deux temps, la traversée de l'océan puis la découverte et l'appropriation du territoire, le tout sur un fond politique du monde occidental non dénué d'intérêt. le livre est savamment cohérent, intelligent.
Alors malgré tout cela, pourquoi ne suis pas emballé ? pourquoi ne puis-je pas répondre à la question première ?
En premier, je pensais que le livre allait plonger exclusivement le lecteur dans les tribus autochtones indiennes. Je devinais une histoire ethnologique sur ce peuple. (c'est juste mon imagination qui m'a joué un tour)
Puis, malgré le style irréprochable d'un prix Goncourt, j'aurai tendance à dire qu'on s'ennuie un peu. L'histoire est ce qu'elle est et il n' y a pas à ajouter des faits extraordinaires pour tenir éveillé le lecteur (non, heureusement, on écrit pas un polar non plus là) mais je dirais qu'une coupe aurait été la bienvenue. (Si c'est pas malheureux de dire ça d'un grand livre… !! )
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L'histoire de Just et Colombe, adolescents, embarqués pour un territoire inexploré où le Chevalier de Malte, Villegagnon va installer les colons français. Il va nommer cette terre France Antarctique, fera bâtir un fort pour défendre cette île à l'ombre du Pain de Sucre qui plus tard sera colonisée par les Portugais et deviendra le Brésil.
Beaucoup d'aventures, de combat, des Indiens cannibales , des guerres de religion, rien n'est épargné au lecteur. Heureusement, j'apprécie l'écriture de Jean-Christophe Rufin, je voulais connaître le dénouement de l'histoire, j'ai donc persévéré mais cela m'a paru long.
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Je n'ai aimé ni l'écriture ni la romance. La partie historique n'a pas suffit à rattraper le tout. Je rejoins les critiques de Gwen21, palamède et Myriam3 et je ne crois pas être de sitôt tentée par cet auteur.
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