Dans
On a tué mes enfants,
Ann Rule analyse un drame qui a défrayé la chronique et scandalisé l'opinion publique américaine en 1983. Des faits, des témoignages, l'enquête difficile de policiers opiniâtres, le récit du procès, ne laissent aucune place à la fiction. Une fois encore l'auteure livre un travail documentaire minutieux qui se lit cependant comme un roman, grâce à son talent de conteuse.
Le 19.05.83, Diane Downs arrive à l'hôpital de McKenzie-Willamette à Springfield, Oregon, à bord de sa Nissan rouge toute neuve en hurlant qu'on a tiré sur ses enfants. A l'intérieur du véhicule, Cheryl, Danny et Christie, respectivement 7, 4, et 9 ans. Cheryl a déjà succombé à ses blessures, Christie sera arrachée à la mort grâce à l'acharnement de l'équipe médicale, elle restera partiellement paralysée et aphasique, Danny, touché à la colonne vertébrale, passera sa vie en fauteuil roulant. L'une des plus importantes et complexes enquêtes criminelles de l'Etat d'Oregon vient de commencer.
Sans arme retrouvée, sans trace du mystérieux inconnu qui aurait arrêté la Nissan sur une route déserte. Dans le même temps, Diane se donne en spectacle dans des interviews télévisées dans lesquelles apparaissent rapidement ses contradictions, ses incohérences, son sens de la répartie, ses comportements histrioniques. Maquillée et habillée comme une star de reality show, souvent comparée physiquement à la Princesse Diana, elle évoque le sort tragique de ses gosses en riant ou se fait passer pour une victime persécutée par la police.
Fred Hugi, substitut du procureur, a rapidement l'intime conviction que Diane est coupable d'infanticide, mais aucune preuve ne peut étayer son intuition. En dépit du temps qui passe, des budgets qui fondent, aidé par quelques inspecteurs idéalistes et fougueux, et par un inspecteur retraité très expérimenté, il va peu à peu mettre en évidence les raisonnements tortueux de Diane, l'improbabilité de son histoire, sa personnalité psychotique.
Diane est émotionnellement affamée, conséquence de son enfance bafouée. Mariée à Steve, père de ses deux premiers enfants, elle cherche ensuite un spécimen mâle parfait pour être le père de Danny puis devient mère porteuse pour un couple stérile. Les enfants sont pour elles des objets “fongibles qui se consomment par l'usage et peuvent être remplacés par des objets analogues”. Ses enfants ont-ils constitué l'ultime obstacle lorsqu'elle est tombée amoureuse de Lew Lewiston ? Devant le refus de cet homme marié de vivre avec elle, elle le harcèle ainsi que sa femme, persuadée que si l'on aime quelqu'un assez longtemps et assez fort, il ne peut s'empêcher d'aimer en retour.
Dans ce contexte psychologiquement explosif, intervient le drame le 19.05.83.
Ann Rule précise en fin d'ouvrage que les deux enfants survivants, et lourdement handicapés de Diane Downs, ont été adoptés après le procès de leur mère, par Fred Hugi et son épouse, qui comme ils s'y étaient engagés, leur ont procuré une vie sereine et heureuse.