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4,08

sur 515 notes


Saleem est né à minuit tout pile, le jour de l'indépendance de sa mère patrie l'Inde, en août 1947. Il n'est pas le seul : plus de mille enfants ont vu le jour entre minuit et une heure du matin cette nuit-là, et tous sont porteurs de pouvoirs magiques divers et variés, plus puissants dès lors qu'ils étaient nés le plus proche de minuit. Échangé par une sage-femme avec Shiva en cette nuit de fête, Saleem nous raconte sa vie, étroitement mêlée à celle du tout jeune pays...

Wow... Je ne sais pas vraiment quoi dire. Ce récit est une épopée, aussi bien pour le personnage principal que le lecteur qui traverse avec lui les grands moments de la formation d'une nation indépendante aussi bien que les grands moments de la vie d'un être humain qui se construit.
On est plongés dans des faits historiques alignés sur des faits purement fictifs, agrémentés d'une bonne dose de surnaturel qui colle parfaitement au folklore local. le récit est hyper riche, la narration maîtrisée, l'histoire entraînante. Ce n'est pas le livre le plus facile à lire, de par sa narration à la limite du courant de conscience, mais son style fait partie intégrante de la satisfaction éprouvée à sa lecture. Finalement, l'ouvrage est bluffant, en de nombreux points. Je conviens du fait qu'il est long, que certains passages (un peu plus que parfois mais pas souvent non plus) traînent trop sans apporter plus que ça. Mais le rendu global est saisissant, unique. Tellement unique et vaste et abondant qu'il est peu aisé de revenir sur chaque détail ou même les plus grandes lignes. Car il y en a tellement...
C'est le genre de bouquin qui laisse un goût spécial dans la bouche quand on l'a fini ; le genre de bouquin qui ne laisse pas indifférent ; le genre qui interroge ; le genre qui épate parce qu'il est copieux (tous les sens s'appliquent). Son originalité n'a presque pas d'égal, ce qui en fait un petit bijou de la littérature.
Dedans, il m'a semblé y déceler certains prémisses aux "Versets sataniques", avec la dualité Saleem/Shiva façon yin et yang, comme avec les personnages de Gibreel et Saladin qui représentent clairement le Bien et le Mal dans toutes leurs ambiguïtés... Ajoutons à cela que l'auteur est lui aussi né en cette année d'indépendance, à peine quelques mois avant son personnage phare. On sent l'implication personnelle derrière les conséquences de certains évènements, la critique derrière les ratés condamnables gouvernementaux... Aujourd'hui faisant partie intégrante de la diaspora indienne, l'auteur, qui a quitté le pays en 1960, s'est toujours senti concerné par ce qui s'y passait, ainsi qu'il l'a confié lors d'une conférence à San Francisco en septembre 2017 à laquelle j'ai assisté. On sent dans ses récits l'attachement à la terre et aux hommes qui la peuplent, tout comme il n'hésite pas à critiquer les formes de pouvoir en place et les inégalités traditionnelles. Et puis... n'oublions pas l'hommage à son fils Zafar, né l'année de la publication de cet ouvrage, avant "Haroun et la mer des histoires" qu'il a en partie écrit pour lui, dont il donne le nom à l'un des personnages de son livre (ou est-ce finalement le nom de ce personnage qui lui a plu au point de nommer son premier enfant de la sorte ?).
Tout ça pour dire que ce roman a une âme aussi parce que son auteur y a mis dedans énormément de lui-même. C'est sans doute ça la recette qui lui a permis de décoller enfin dans le monde de la littérature et qui a tracé la route directrice de son oeuvre globale...
Lien : http://livriotheque.free.fr/..
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Les Enfants de minuit, ce sont les enfants nés le jour de l'indépendance de l'Inde. Tous ceux qui sont nés entre minuit et une heure reçoivent certains pouvoirs magiques, qui rappellent curieusement les attributs de grands dieux hindous. Saleem Sinai, né à minuit pile, est le plus puissant d'entre eux, avec cependant un adversaire redoutable, né quelques secondes après lui dans la même maternité.

En suivant une famille originaire du Cachemire sur trois générations, Salman Rushdie nous emmène dans l'histoire de l'Inde et du Pakistan, au coeur de leurs naissances complexes, conflictuelles, des grands espoirs et des sévères désillusions que les deux jeunes nations ont suscitées.

Comme dans tous les livres de l'auteur, on sent cependant que ce roman « familial » cache quelque chose de plus grand encore. Que les Enfants de minuit s'affublent de noms de divinités hindoues n'a rien du hasard : chaque protagoniste incarne à lui seul un morceau de l'identité de l'Inde ou du Pakistan, et les conflits inter-personnels rejouent finalement les conflits à un plus haut niveau politique.

Le roman a un petit côté « Forest Gump », car le héros principal, Saleem Sinai, se retrouve toujours par accident impliqué dans les grands événements historiques de ces deux pays. Parfois, il les provoque même, à cause de bêtises d'enfant qui prennent des proportions démesurées.

Des personnages fascinants, une histoire riche, un humour toujours présent, … le roman a toutes les qualités pour faire passer un bon moment. Il n'est pas très « reposant » cependant, car ses multiples niveaux de lecture donnent toujours l'impression d'avoir raté une vérité universelle cachée dans chaque paragraphe.
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Quel destin plus grand et plus terrible que celui de Salem? Les autres enfants de minuit, nés comme lui en 1947 avec le pays, ont certes aussi reçu des dons surhumains du fait de cette naissance mais pas les pouvoirs de démiurge de Salem, à l'origine de tous les événements qui vont rythmer la vie cahotique de la jeune Inde : la partition, les conflits, la corruption, tout est de sa faute, de même qu'il est à l'origine de tous les drames familiaux.

Ce roman est délirant, vertigineux, jouissif, déroutant, en un mot : magique. Difficile en effet de ne pas faire le parallèle avec Cent ans de solitude en terme d'expérience de lecture : passé l'effort (significatif, l'effort) initial pour trouver son rythme et ses marques dans une narration particulièrement originale, quelle jouissance de se laisser happer par la névrose colorée de sa folie, la richesse de ses ramifications et la luxuriance des sensations qu'elle inspire! le repère rationnel et solide de l'Histoire avec un grand H est pourtant bien là, mais mêlé avec tant de brio à la fantaisie que l'on finit presque par croire au pouvoir de Salem.

Et c'est en refermant le livre que se révèle tout le génie de cette construction littéraire brillante, comme une parabole riche et violente des premiers temps de l'Inde indépendante que ses premiers enfants, trop divers, trop jeunes, n'auront pas réussi à mener à la maturité.
Etourdissant!
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Même sans être un dévoreur de livre, vous avez certainement déja entendu parler de Salman Rushdie, romancier anglais né à Bombay et auteur de plusieurs best-seller dont un, "Versets sataniques" (1989) a été considéré comme blasphématoire par les musulmans et lui a valu une fatwa de l'ayatollah Khomeini, qui appelait tous les fidèles à l'assassiner.
"Les enfants de minuit" est son premier roman, paru en 1981 et a recu le Booker Prize la même année.



Pitch: Saleem Sinaï est un "enfant de minuit". Il est né à minuit le 15 août 1947, jour de l'indépendance de l'Inde et par cette naissance, lie à jamais son sort avec celui de la nation qui l'a vu naître. Tous les évenements sociaux, politiques ou économiques du pays trouvent leurs causes dans les évenements qui parsèment la vie de Saleem et de toute sa famille.
De plus, tous les enfants nés cette nuit-là entre minuit et une heure du matin (ils sont 1001) ont recu un don. Saleem, né à minuit-pile, a recu le don le plus puissant, le don de pouvoir investir l'esprit des gens, un don encore plus fort que de la simple télépathie et cela, enchevêtré avec le rôle de "symbole" dont il a hérité, fait de sa vie un canevas aux fils multiples et indémêlables.

Salman Rushdie nous livre ici une saga familiale baroque où l'on rencontre les grands-parents de Saleem au Cachemire, où l'on suit ses parents de Bombay au Pakistan, où l'on écoute chanter sa soeur, Jamila, où l'ont suit finalement toutes les aventures burlesques ou grandioses auxquelles Saleem, volontairement ou non, va participer.

C'est un roman riche, extrêmement riche, l'écriture de Salman Rushdie couplée au destin de Saleem Sinaï nous emmène tantôt dans un récit digne des Contes des Mille Et Une Nuits, tantôt dans un pamphlet politique rigoureusement exact, tantôt dans une farce vaudevillesque.
Car c'est tout le talent de Rushdie, celui d'arriver à concilier roman imaginaire et histoire, les deux paraissant impossible à mêler mais dont le mélange final est tout simplement fantastique: que l'on soit ou non un fanatique de l'histoire de l'Inde ou de l'Histoire tout court, on est forcément fasciné par la construction de ce pays aux mille visages, on apprend ou re-découvre des détails historiques sous couvert de suivre la vie d'une famille au destin marqué...

Le style de Rushdie est dense, je ne le nie pas, l'entrée dans le livre est difficile, car Saleem nous fait le récit de sa vie en usant et abusant des flash-backs, des digressions, des commentaires annexes, des détails sans queue ni tête.
Mais une fois entrée dedans, je ne l'ai pas lâché: dès que je me plongeais dans ces 675 pages, je voyais des saris or et pourpre, des madras, des rues poussiéreuses, je sentais l'odeur du curry , du poulet massala et des masures des intouchables, j'entendais les dizaines de dialectes se mélanger, j'étais transportée dans une Inde que je ne connais pas mais que Rushdie décrit avec tant de talent qu'il m'était impossible de ne pas être fascinée.

Un livre merveilleux, à ne pas manquer. Accrochez-vous au début et laissez-vous emporter au pays des rickshaws...
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Quel livre... difficile d'écrire une critique tant ce roman a été une expérience difficile à rendre.
Alors quelques impressions rapides...
Certainement un livre de grande envergure avec ce parallèle entre la vie de Saleem et l'histoire de l'Inde depuis son indépendance. le roman foisonne de mille détails, de multiples allusions ( la plupart incompréhensibles à la néophyte que je suis en histoire contemporaine indienne).
Dire que c'est un roman absurde ou foisonnant serait réduire ce livre, mais si j'ai aimé l'écriture et si j'ai globalement apprécié ma lecture, j'en suis restée à l'orée, et j'ai mis beaucoup de temps à la terminer et ai du déployer beaucoup d'efforts pour m'accrocher à cet anti-héros, à ses répétitions, à sa folie (mais est-ce de la folie?)

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Je ne connaissais absolument pas le style de Salman Rushdie avant d'attaquer ce roman, que j'ai choisi un peu par hasard mais également sur ses excellentes notes. Quelle surprise et quelle claque ! Je ne m'attendais pas du tout à cela. Un roman-récit délirant, foisonnant, luxuriant, décalé, iconoclaste... la liste de qualificatifs pourrait s'allonger encore, mais un récit pourtant parfaitement maîtrisé dans sa construction, dans ses obsessions, dans sa logique bancale sans faille et sa langue incroyable. J'ai pensé à beaucoup de livres dont la lecture m'avait également frappé, sans qu'ils aient pour autant de point commun avec celui-ci, hormis peut-être ce côté inclassable, cette grande tendresse pour le genre humain, inévitablement mélée d'une salutaire et jubilatoire méchanceté. Une de ces expériences de lecture qui nous font nous demander si toutes nos autres lectures, depuis la méthode Boscher, n'avaient finalement pour but que de nous amener, et peut-être nous préparer à celle-ci, pour autant qu'il soit possible de s'y préparer. Certainement un de mes coups de coeur de l'année.
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Une épopée ,une saga familiale ,un conte non pas dit par une femme telle Shéhérazade dans les Mille et une nuits mais par un homme à sa future épouse ,un roman dense qui mêle Histoire et fantastique ,baroque et burlesque .On pourrait enchaîner avec d'autres qualificatifs , c'est un roman sur l'Inde depuis son indépendance jusqu'aux années 80 ,une critique virulente de ses différents gouvernements et chefs politiques qui partagèrent ce pays après plusieurs guerres fratricides , critique de ses religions :l'Islam ,l'Hindouisme ,le Bouddhisme ,de la corruption ,des inégalités sociales etc...C'est un livre dans lequel j'ai eu du mal à entrer ,fatiguée parfois par sa logorrhée mais qui au final m'a envoutée à l'image du pays lui-même et me laissera un souvenir tout à fait particulier.
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Waouh! Peut-on seulement décrire un roman si ambitieux et complet? Je vais m'y tenter en toute modestie. Alors là, l'écriture, c'est juste remarquable, un flot incessant de paroles dans un style tantôt épuré, tantôt alambiqué, parfois réaliste, parfois assez tordu et tiré par les cheveux, c'est juste extrêmement drôle mais surtout TOUJOURS brillant!

Rushdie nous emporte dans une épopée familiale monumentale, et la voix du héros Saleem m'a littéralement capturé (je devrais dire "mis en bocal dans la saumure") sur pas moins de 600 pages sans jamais m'ennuyer une seconde. Ce livre est un assemblage quasi-magique d'arômes issus de l'imagination créative sans bornes de Rushdie, et ce dans un souci constant de pertinence historique pour représenter les balbutiements d'une jeune nation. On y suit les bouleversements du sous-continent après la partition de l'Inde britannique en 1947 ou encore la tourmente politique des années Indira Gandhi.

Les personnages sont fascinants, ou carrément mythiques . C'est un récit passionné et passionnant par un auteur au sommet de son art. Je recommande fortement.



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Je découvre Salman Rushdie avec ce roman et mieux vaut tard que jamais car franchement chapeau pour ce grand roman !

Le lecteur est invité à découvrir la vie de Saleem Sinai, né à minuit le 15 août 1947. Cette date est hautement importante puisque c'est à ce moment que l'Inde accède à l'indépendance. Saleem est le narrateur et il ne va pas faire débuter le récit à sa naissance mais bien avant. le lecteur va ainsi découvrir la vie de son grand-père, puis de sa mère, jusqu'à la naissance de Saleem.

L'auteur arrive parfaitement à embarquer le lecteur. J'ai eu un peu peur au début car il y énormément de digressions dans le récit et il faut le dire ce n'est pas toujours simple à suivre. Et puis, petit à petit, au fil du récit on est comme hypnotisé par cette succession de péripéties. En tout cas, si jamais vous avez un peu de mal à entrer dans l'histoire au début, je ne peux que vous encourager à vous accrocher car cela vaut le détour.

Ce roman est une vraie plongée dans l'Inde de l'époque. On y apprend beaucoup de choses sur l'histoire du pays et sur la culture par contre c'est assez ardu pour quelqu'un (comme moi) qui n'a que très peu de repères historiques sur l'histoire de l'Inde.

En tout cas ce roman est foisonnant et va vous entraîner dans un tourbillon. Tourbillon de quoi me direz-vous ? D'émotions, d'histoire, de personnages... Et puis, il y a cette petite touche d'imaginaire, car oui Saleem a un pouvoir, il peut entrer en communication avec les autres enfants de minuit qui ont d'ailleurs également des pouvoirs. L'auteur fait preuve d'un talent immense car cette petite touche de fantastique ne prend jamais le pas sur le reste, c'est très subtil.

Pas besoin d'en dire beaucoup plus, ce roman a été déjà largement chroniqué. Je ne peux que vous encourager à attaquer cette lecture. Chacun y trouvera son compte tant ce livre regorge de passages et d'éléments passionnants. Certes, cela paraît un peu fouillis au premier abord et il vous faudra peut-être aller piocher ailleurs quelques informations sur l'histoire de l'Inde pour bien saisir toutes les subtilités mais vous ne devriez pas être déçu. Pour ma part, j'ai refermé ce livre en ayant vraiment l'impression d'avoir lu un grand roman, et je ne suis pas surpris quand je lis que ce roman a profondément influencé la littérature anglo-saxonne des trente dernières années. Il est certain que je vais prendre un peu de temps dans un futur proche pour découvrir d'autres romans de cet auteur.
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Un monde déconcertant, dans lequel fantastique et pamphlet politique se mélangent. On est parfois un peu perdus, mais le parfum est communicatif et attachant. J'aurais du me replonger avant dans l'histoire de l'Inde et du Pakistan pour en apprécier mieux les subtilités politiques. J'y reviendrai.
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