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3,98

sur 216 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Une nouvelle fois un livre qui m'est tombé par hasard entre les mains, sorti du carton des livres à donner de ma bibliothèque.
Le titre m'inspire et me questionne.
Je l'adopte.
C'est un pavé de 500 pages que je redoute – je m'endors si souvent sur ces gros volumes – mais rapidement le sujet me passionne.

Je devrais dire les sujets. L'auteur, universitaire, à travers ce beau roman de science-fiction, aborde la psychologie, l'ethnologie, l'éthique, l'aventure, l'amour et la foi.
La foi qui parcourt le roman comme un fil rouge.

Mary Doria Russel maîtrise un art consumé du suspense. Elle nous distille la fin nous laissant dans l'attente puis, plus tard, développe le pourquoi et le comment, jusque dans les toutes dernières pages.

Mais ce n'est pas un space-opera et les amateurs de technologies terrestre ou extra-terrestre peuvent être déçus : pas de vaisseaux guerriers, pas de moteurs ioniques à pseudo-éjecta ou de moteur gravitationnel. Seule originalité, l'adoption d'un astéroïde comme vaisseau mère source d'énergie gigantesque et une vitesse proche de celle de la lumière.

Point forts, voire troublants, de ma lecture, je ne divulgâcherai pas le roman en précisant seulement qu'à travers l'étude des civilisations abordées par les humains se profile une société révoltante mais qui, après réflexion, se semble pas forcément plus injuste que la nôtre.

Et puis il y a ce mot « Dieu » dans la version française, tout au moins.

Je dévoilerai seulement que l'équipage qui partira à la rencontre d'une civilisation extra-terrestre est un équipage jésuite.

Que cela ne vous rebute pas, car ces hommes sont atypiques, cultivés, bourrés d'humour et de doutes. Ils sont accompagnés de membres, hommes et femmes, laïcs.

Alors au fil de la lecture on apprend comment fonctionne la compagnie de Jésus.
Le nom de « jésuite » sonnait à mon oreille sans que je sache précisément de quoi il retourne. Cela aura été un des mérites de ce roman que de m'enseigner un peu la nature de cette fraternité, son fonctionnement et ses missions.

Il y a ces passages émouvants décrivant comment Dieu investit l'âme d'un agnostique, cette révélation, cet abandon, cette mise à nu, cette confiance.
puis on trouve de belles envolées sur les doutes de ces hommes d'église, le parcours difficile et étrange qui mène à la foi, ce chemin à parcourir qui demande endurance et ténacité.

J'ai trouvé que cette dimension spirituelle originale donnait du piment au récit.

Cependant trois tout petits bémols ont entaché ma lecture :

D'abord une impression de « club des cinq » ou de « compagnons de la croix rousse » que j'ai eu lorsque nos cinq compères, que beaucoup de choses auraient dû séparer, deviennent les plus grands amis du monde.
Lorsqu'ils font leurs plans sur la comète - c'est le cas de le dire - pour savoir comment faire pour quitter le système solaire, qui participerait. Tout cela en catimini.
Ça fait bricolage de gamins, un peu comme le canon Columbia de Jules Verne censé expédier les membres du gun club sur la lune. Dommage cette partie affaibli un peu le roman.

Et puis cette imprégnation puritaine britannique, outrageusement amplifiée par le sang américain, dans cette débauche de grossièretés dont ils raffolent signe à leurs yeux de leur affranchissement du guindage anglais, comme on sent l'affranchissement de la pudibonderie puritaine dans cette insistance quasi obsessionnelle sur la chasteté des prêtres.
Cependant je ne nie pas que les propos olé olé ne soient pas amusants - j'ai ris de bons coups à certaines expressions - ni que l'auteur ne nous livre de très judicieuses idées sur le pourquoi de la chasteté.

Enfin, à partir du moment où l équipage atteint la planète Rakhat s'ensuit quelques longueurs ou, paradoxalement, les thèmes abordés auraient mérité plus de développements pour devenir intéressants. Me suivez-vous ?
Je le refais plus bref : c'est trop long pour du superficiel et trop court pour devenir intéressant.

In fine, une nouvelle fois un hasard qui a bien fait les choses avec cette lecture originale, enrichissante, déstabilisante et questionnante.
Un excellent roman que je n'oublierai pas de si tôt.


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Un bon roman de science fiction est d'abord un bon roman tout court avec des personnages complexes et attachants, une intrigue avec flashbacks et suspense, avec une réflexion théologique en prime, autour d'une mission de découverte d'une planète inconnue et de ses habitants qui ne passe évidemment pas comme prévu.
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Je vais faire une critique un peu spéciale : « ce que ce livre n'est pas ».
Attention, je divulgâche…

> Ce n'est pas un livre de science-fiction

Oui il y a une exoplanète, des observatoires, un vaisseau spatial, un voyage interstellaire…
Alors pourquoi ne serait-ce pas de la « SF » ?
Il faut consentir à suspendre son incrédulité en lisant un roman de science-fiction, accepter des prémisses.
Mais « le moineau de Dieu » casse certains principes et certaines limites parfois allègrement.

Quelques exemples qui divulgâchent un peu…

* L'équipage arrive sur la planète et… ouvre la porte pour sortir sans scaphandre !
La comparaison avec « Aurora » de Kim Stanley Robison est frappante.

* Au bout de peu quelques jours, ils mangent même les plantes locales.
Chacun mange des aliments différents et si personne n'est malade alors c'est décrété comestible… sur une exoplanète !
Une procédure rigoureuse !
Un membre meurt d'ailleurs peu après et on s'étonne, on s'interroge un peu et la vie continue.

* Une courte utilisation imprévue du module d'atterrissage et paf la tuile… il n'y a plus assez de carburant pour remonter en orbite pour rentrer !
Personne n'a pensé à marquer « ne pas taper dans la réserve sinon on est coincés ici » ?
Trouver du carburant passe assez rapidement au second plan.

* On peut se promener en ville extra-terrestre sans susciter plus d'étonnement que ça.

* On croise un individu bien pourvu en griffes et en dents après avoir côtoyé une population pacifique de cueilleurs. Personne ne se méfie.
J'avais envie de leur dire : faites gaffe c'est un prédateur. C'est même le seul à la ronde.
Vous ne voyez donc rien ?
Vous n'avez pas lu « La machine à explorer le temps » d'H.G. Wells ?

> Ce n'est pas un roman qui va droit au but

Que raconte ce roman ?

le roman est celui d'une mission jésuite partant pour une contrée inconnue, car on y a entendu des « chants ». Mais un seul homme est revenu, un prêtre, affreusement mutilé et accusé de prostitution et de meurtre d'une enfant.

Vous aurez envie de savoir, mais le prêtre physiquement et psychologiquement ne peut pas « dire » ce qu'il s'est passé.
À l'aide de retours en arrière, on découvre petit à petit qu'une sorte d'alchimie a rassemblé un groupe d'amis.
Au moment où le groupe est rassemblé, les chants sont détectés.
Tout s'emboite à merveille et le groupe constitue le coeur de l'expédition.
Les chants, les obstacles qui s'aplanissent, les coïncidences suscitent déjà un sentiment religieux. « Il » doit être derrière tout ça.

Mais cela a accru ma frustration : ils étaient tous amis et il est revenu seul ! Ils sont donc morts, mais comment ? Pourquoi ?

Et les réponses ne viennent pas vite.
La planète semble être au début un paradis. Dieu semble se révéler par sa création exubérante.
On arrive à parler les langues respectives extra-terrestres et humaines, mais…

L'espèce d'euphorie et d'harmonie de groupe écarte tous les signaux d'alerte.

Et la chute terrible, totale, abjecte et au-delà de tout pour un prêtre qui cherchait Dieu et qui a cru le trouver au travers de chants et d'une planète dont ils ont tous fait une lecture erronée.
Complètement erronée.

> Conclusion

Ce n'est pas un livre de science-fiction. C'est un livre qui parle sans cesse de religion au travers d'une mission jésuite. Mission qui croyant trouver Dieu dans la beauté du monde et de ses heureuses coïncidences, se fourvoie et se prend l'impitoyable réalité crue en plein visage.
Jusqu'à la mort.
Jusqu'à l'humiliation.

Par certain côté, cela me rappelle le refrain de « Blasphemous rumors » de Depeche Mode

I don't want to start any blasphemous rumours
But I think that God's got a sick sense of humour
And when I die, I expect to find him laughing

« sick sense of humour » quel euphémisme.
Lien : https://post-tenebras-lire.n..
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En Résumé : le Moineau de Dieu est un roman qui malgré le fait qu'il ait eu du mal à complètement me captiver, la faute à quelques défauts dont j'ai eu du mal à passer outre, mérite d'être découvert pour les réflexions qu'il offre. En effet l'auteur nous offre un roman de premier contact qui ne laissera pas indifférent et s'avère très intéressant d'un point de vue anthropologique et linguistique. On sent clairement que de ce point de vue là Mary Doria Russell a voulu nous offrir quelque chose de soigné, de dense et d'efficace. Elle soulève aussi des réflexions prenantes et réussies sur la notion de Foi, la place de la religion dans la science, la morale, les différences sociales et culturelles, les incompréhensions liées au langage ou bien encore la notion d'observateur. Les personnages ne manquent pas non plus d'attrait, s'avérant travaillés et charismatiques et dont on suit les péripéties avec plaisir. J'ai par contre trouvé dommage que l'auteur les pousse parfois à faire des erreurs trop grossières pour faire avancer on récit, mais rien de non plus trop dérangeant. Là où j'ai eu du mal avec ce roman, c'est parfois son absence de logique et de cohérence, principalement dans les aspects scientifique, comme par exemple concernant le voyage dans l'espace ou encore l'étude de la compatibilité de la planète qui m'ont paru aberrantes. de plus j'ai du mal à imaginer, au 21 ème siècle, une expédition aussi mal gérée et préparée. Je ne dis pas qu'on enverrai une expédition parfaitement préparée, mais je pense qu'il y aurait un peu plus de protocoles que 7 personnes qui font ce qu'ils veulent sur une planète. La plume de l'auteur est simple, efficace et entraînante, construit le récit un peu comme un puzzle ce qui fait qu'on se laisse assez facilement captiver par les mystères liés à cette expédition. Une suite a été écrite, je ne sais pas s'il est prévu de la publie en VF, mais si c'est le cas je pense que je la lirai.


Retrouvez la chronique complète sur le blog.
Lien : http://www.blog-o-livre.com/..
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En 1492 a eu lieu le premier contact entre les Indiens d'Amérique et les colons européens. Un événement historique qui a été analysé, digéré et jugé avec un regard moderne pas toujours approprié car hors-contexte. Les colons européens ont été critiqués pour avoir eu des comportements immoraux ne correspondant pas à nos critères actuels – et je suis d'accord : bien des souffrances auraient pu être épargnées si nos ancêtres avaient fait preuve de plus de jugeote.
Mais la question à laquelle tente de répondre Mary Doria Russell est : peut-on réellement les condamner ? Si nous avions été à leur place et si nous avions été propulsés dans un environnement inconnu presque sans espoir de retour, aurions-nous fait mieux ? La bonne volonté et l'ouverture d'esprit suffisent-elles à assurer de bonnes relations de voisinage ?
La dame est tranchante sur le sujet : non, ça ne suffit pas. Dès le premier chapitre, elle nous présente un protagoniste défait, affaibli et profondément blessé. Aussi bien physiquement que mentalement. Un seul survivant, plus aucune nouvelle des autres. Et de terribles rumeurs dues aux derniers rapports : les relations avec les extraterrestres sont affreusement tendues, et Emilio Sandoz, prêtre jésuite de son état, se serait prostitué et aurait tué une enfant lorsqu'il était sur la planète Rakhat… Il convient de faire la lumière sur cette affaire, ne serait-ce que pour laver l'honneur de la Compagnie de Jésus. Ce sont donc John Candotti et Edward Behr, prêtres jésuites de leur état, qui seront mandés afin de faire passer Sandoz aux aveux.

La narration s'effectue sur deux temporalités :
- Une en 2015-2019, dans laquelle les personnages de la mission se rencontrent, sympathisent, captent le signal extraterrestre et décident de partir rencontrer ces autres enfants de Dieu ;
- Une en 2059-2060, dans laquelle Emilio revient ravagé, sa réputation défaite, son corps et son esprit brisés.
La plus abondante est la première : Mary Doria Russell a à coeur de ciseler chaque détail de ses protagonistes et de leurs relations. Sur plus de deux cents pages, il ne sera pratiquement pas question d'espace et d'extraterrestre, mais de rencontre, d'amitié, de religion et d'amours contrariées. C'était très intéressant, mais un peu long : comme si elle essorait ses personnages afin d'en faire ressortir toute l'humanité. Et à les rendre trop attachants, on finit par ne plus y croire. Tout est trop parfait, trop fusionnel.

Ne vous y trompez pas : j'ai adoré le début. Il aurait peut-être juste fallu en retrancher un peu et dé-idéaliser Anne, Georges et Emilio – qui semblent être totalement étrangers à l'égoïsme, l'emportement et la haine. Par ailleurs, Emilio (le protagoniste) fleurait bon le fantasme : c'est un sex symbol plein de charisme, de douceur, d'empathie, accroché à des idéaux contre-nature, mais beaux (ou bien beaux car contre-nature), viril quand il le faut, sensible quand il le faut.
Anne et Georges ont la relation de couple la plus équilibrée que j'ai jamais rencontrée dans la littérature. Basée sur l'empathie, le partage, la communication et l'humour, ils peuvent tout se dire, car en plus d'être mari et femme, ils sont aussi meilleurs amis.
Jimmy, en comparaison, est quelqu'un de plus abordable. Trop grand, trop candide, trop dépendant de sa mère, il a bon coeur mais est loin d'être un canon de beauté. Il est la raison pour laquelle tout ce petit monde sera appelé dans l'espace : travaillant à la SETI (Search for ExtraTerrestre Intelligence), c'est lui qui entendra le chant et décidera d'impliquer ses meilleurs amis.
Par le plus grand des hasards (hum hum), ceux-ci ont toutes les compétences nécessaires à ce genre de mission : Emilio est un linguiste polyglotte d'exception, Anne est anthropologue, George est bricoleur touche-à-tout-bénévole-à-la-SETI-depuis-sa-retraite, et Sofia a un esprit d'analyse, de synthèse et d'adaptation hors normes.
Je ne vous ai pas encore parlé de Sofia Mendes. C'est la cinquième (roue du carrosse ?) membre du groupe. Intégrée tardivement à ce dernier, elle est le love interest de presque tous les hommes (tout comme Emilio est le love interest de presque toutes les femmes). Et tout comme Emilio, elle n'est absolument pas disponible, non pas pour des raisons d'engagement religieux, mais pour des raisons émotionnelles. D'un abord froid, presque inhumain, si concentrée sur son travail qu'elle ressemble à un robot, c'est l'histoire de son passé qui nous la rend attachante. Elle en a bavé, croyez-moi.
Mais bien sûr, au contact de ce groupe si hétéroclite et bienveillant, elle ne pourra que baisser ses barrières.

En fin de compte, c'est la temporalité de 2059 que j'ai trouvé plus intéressante. Un peu plus oppressante et un peu moins feel good, elle laisse planer un épais mystère : qu'est-ce qui a foiré ? Comment ces gens-là, si attachants, si touchants, ont pu commettre des crimes ? Qu'est-ce qu'Emilio a subi pour revenir avec de telles blessures et de tels traumatismes ?
Le seul défaut que je trouve à cette timeline, c'est Sandoz lui-même. le bougre devenait franchement irritant à répéter : « Vous ne pouvez pas comprendre ce que j'ai enduré. — Non on ne peut pas comprendre, c'est pour ça qu'il faut que vous nous expliquiez. — Non, je ne veux pas en parler parce que j'ai trop souffert. — Emilio, il FAUT que vous vous justifiiez, vous allez être trainé en justice ! — Je m'en fiche, personne ne peut me comprendre ! »
Ce genre de scène n'est clairement pas choquant quand elle concerne une personne traumatisée, mais elles reviennent tellement souvent que je me suis surprise à soupirer en attendant que ça avance.

Au-delà de ces quelques défauts, l'écriture est précise et riche. Scrutant les détails afin de nous rendre un maximum d'émotion. Et Mary Doria Russell aborde des thématiques qui me fascinent :
- La religion : étant issue d'une famille très catholique et ayant moi-même embrassé l'athéisme, je me sens toujours très concernée par le sujet. Pendant la majeure partie du roman, j'étais dérangée par le discours légèrement pro-chrétien : Sandoz a souvent le dernier mot, et même les personnages agnostiques semblent se laisser tenter par le réconfort de la croyance. Cependant, la timeline de 2060 contrebalance cette tendance. ;
- Dieu : c'est un thème que je séparerais de la religion, surtout dans ce roman. Les personnages s'ébahissent que tout leur soit si facile, s'étonnent que les astres s'alignent pour leur permettre d'accomplir leur mission. Est-ce la volonté divine ? Pour Sandoz, oui : Dieu se cache dans les petits hasards du quotidien. ;
- L'amour contrarié : là aussi, très concernée par la question, moi qui suis si fleur bleue ! L'auteure a intégré une profonde réflexion sur le sujet du désir et de son renoncement (qu'elle a entremêlé avec la religion, évidemment). Comment gère-t-on la tentation après quarante ans de mariage ? Après un serment de chasteté ? Quand les personnes de l'autre sexe ne sont pas intéressées ? Une thématique riche et ouverte, très liée à la suivante ;
- L'engagement : est-il toujours bon de suivre des voeux qu'on a fait il y a plusieurs décennies ? Que ce soit pour le mariage ou la prêtrise, est-il naturel, est-il SAIN de s'engager en toute bonne foi sur le restant de son existence ; sachant que le changement fait partie intégrante du vivant ? Je n'ai pas pu m'empêcher de relever quelques passages que j'ai trouvées très pertinents ;
- le destin : à rejoindre avec le thème de Dieu. Les personnages s'interrogent énormément sur le sens de leurs actes, leurs libre-arbitre et la volonté de leur Créateur. Était-ils prédestinés à aller sur Rakhat ? Ont-ils été façonnés par une puissance supérieure, ou leurs compétences sont-elles bien les fruits de leur travail et de leurs choix ?


Non, le point fort de l'histoire n'est pas l'exotisme : ce sont les relations « humaines ». Je me répète, mais Mary Doria Russell fait la part belle à ses personnages, leur laisse toute la place de croître, de s'étoffer, d'approfondir leurs liens. Ici, la technologie future est à peine évoquée (tout juste voit-on apparaître quelques « bloc-notes électroniques » – l'équivalent des tablettes, je suppose). Amateurs de hard SF, passez votre chemin !

En conclusion, j'ai passé un très bon moment en lisant le Moineau de Dieu, malgré un passage un peu longuet à la fin du premier tiers. Des personnages riches, creusés, une écriture fluide et précise, et des thématiques fascinantes ont stimulé mon engouement. L'intrigue est un peu longue à démarrer, mais la seconde moitié du roman est tout simplement fascinante et se finit dans une apothéose qui m'a coupée le souffle et laissée brûlante d'émotion. Cela faisait longtemps que je n'avais pas eu ce sentiment de ne pas pouvoir décrocher de mon livre et de me sentir vaseuse une fois refermé.
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He bien voilà de la SF originale, voire atypique. J'ai eu bien du mal à écrire cet avis car en fait la/les religions et moi « ça fait deux ».
Alors pourquoi me suis-je lancé dans ce roman ?
1) Parce que c'est théoriquement de la SF
2) Parce qu'il était bien noté sur Babélio
3) Quand je commence un livre je mets un point d'honneur à le finir (c'est bête mais c'est comme ça)

En bref voire très bref.
Une équipe de jésuites chargée de scruter l'espace, dans l'espoir d'y détecter une autre forme de vie, arrive à capter des signaux d'origine extraterrestre.
Pourquoi vous demanderez vous des jésuites se passionnent pour l'espace ? Hé bien parce qu'ils sont persuadés que « Dieutoutpouissant » n'a pas qu'un seul enfant.
Alors dès que les signaux captés remasterisés, ressemblent à un chant mélodieux, alors là c'est sûr, c'est une invite du Divin. Ils sont les élus.
Il ne reste plus :
- qu'à constituer l'équipe composée de scientifiques et de jésuites au QI hors norme dont un linguiste le père Emilio Sandoz
- élaborer et réaliser la construction du véhicule spatial qui leur permettra d'atteindre leur objectif.
Et en route pour l'espace, Dieu leur a tracé la voie.

A partir de là... rien ne se passera comme prévu.
Le livre commence avec le retour du père Emilio Sandoz seul rescapé de l'expédition. Ce dernier, mutique, traumatisé et en très mauvais état physique, est accusé d'infanticide et de prostitution lors de son passage sur cette planète.
Ha je vous avais prévenu c'est atypique.
Les autorités religieuses (et le lecteur) attendront avec (im)patience que ce seul témoin confesse ce qui s'est réellement passé. le suspense est là, l'auteure nous tient dans ses filets. Que s'est il bien passé dans cette foutue planète.
Dans cette longue attente il sera question de foi et de questions métaphysiques. Légèrement rébarbatif…enfin, me concernant.

Toutefois lorsque l'auteure aborde la rencontre des vies terrestre et extraterrestre, la description de leurs mondes et de leur sociétés ce roman devient vraiment intéressant et passionnant.

L'attrait (en demi-teinte à mon avis) de ce livre est dans cette tentative d'évangélisation, ratée, aux conséquences dramatiques sur les populations locales, en version SF.
Un bis repetita de l'évangélisation, par des jésuites, des indiens au XVIIème siècle.
Même maux, même remèdes.




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J'ai trouvé le récit captivant et les interrogations sur le sens d'une vie humaine pertinentes. L'organisation sociale de cette société extra-terrestre hiérarchisée et oppressive entre deux espèces différentes est le reflet fidèle des hiérarchies et oppressions de classe qui règnent jusqu'à aujourd'hui sur terre. L'espèce opprimée des Runas, très attachante, semble détenir une sagesse qu'on voudrait nôtre. Mais trop de codes patriarcaux rebutant émaillent cette histoire ce qui m'a empêchée d'y adhérer tout à fait. Ce sont les femmes qui font la cuisine pour l'équipe d'astronautes et l'hétérosexualité est la seule forme de relation qui semble pouvoir amener équilibre et harmonie entre les personnages tandis que la relation sexuelle entre deux êtres masculins est présentée sous sa forme la plus révoltante et la plus perverse. J'essaie de rester vague pour ne pas dévoiler la fin du roman. La description des moeurs de l'espèce extra-terrestre des Runas chez laquelle ce sont les pères qui prennent soin des enfants et leur mode de vie basé sur l'accueil de l'étranger et le partage sont des audaces appréciables que l'autrice s'est permise et qui pourraient peut-être racheter l'oeuvre à mes yeux si je n'avais ressenti l'homophobie sous-jacente à cette oeuvre, qu'elle soit consciente ou non de la part de l'autrice.
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Voici un livre que j'ai lu deux fois. Une première fois à sa sortie chez Presse Pocket et une autre fois récemment lorsqu'un ami m'a prêté le livre. Et les deux fois, je me suis laissée happer par l'histoire. N'étant pas particulièrement religieuse, j'ai pourtant toujours été fascinée par l'ordre des Jésuites (et celui des Dominicains, mais là je blâme Valerio Evangelisti et sa série autour de l'inquisiteur Nicolas Eymerich). du coup, un livre sur une expédition spatiale financée et menée par des jésuites avec la première rencontre extraterrestre ne pouvait que me tenter.
Même si elle annonce assez vite la couleur – l'expédition est un échec et le seul prêtre survivant est revenu brisé, impur et meurtrier d'un enfant – l'écriture de Mary Doria Russell est pleine de douceur et de délicatesse. L'alternance entre « alors » (de la découverte des extra-terrestres au sauvetage du dernier prêtre) et « maintenant » (le débriefing du survivant et sa lente remise en forme) amène lentement vers la déchéance finale et son retournement. Plus que les événements eux-mêmes, ce qui intéresse Mary Doria Russell, et ce qui m'a intriguée en tant que lectrice, c'est l'évolution des différents personnages : humains comme extraterrestres. Les liens entre eux qui se nouent et se dénouent en permanence.
Au début du livre, vous pouvez avoir droit à de vrais fous rires, et le texte se lit très facilement. Ce n'est pas une raison pour le mettre entre toutes les mains. Même sans s'attarder avec moult détails graphiques, les thèmes abordés sont durs. Ils tournent autour d'une thématique centrale, et récurrente en science-fiction comme en religion : comment un Dieu d'amour et de bienveillance peut tolérer l'existence du Mal et de la souffrance, surtout à l'encontre de victimes innocentes. Et comme l'on s'attache aux personnages, même sans description détaillée, ce qu'ils font ou ce qui leur arrive est encore plus violemment ressenti. Sans apporter de réponse formelle à la question, Mary Doria Russell livre ici un roman qui pousse à s'interroger, croyant ou non, sur la définition même du Mal et sur nos a priori.
Lien : https://www.outrelivres.fr/m..
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Roman SF au synopsis alléchant et ayant obtenus plusieurs prix en plus de bénéficier d'une réputation établie dans le genre. Tout sur le papier laissait entrevoir une lecture marquante, pourtant j'en garde un sentiment plutôt mitigé.

Le fond du roman est particulièrement intéressant avec la découverte de nouvelles espèces et surtout leur relation avec la mort, remettant en perspective la notion d' « humanité ».

La forme est plus critiquable et je comprends parfaitement les avis négatifs : la mise en place de l'intrigue est très lente.
Beaucoup de remplissage peu utile au détriment d'une fin captivante expédiée en une cinquantaine de pages : l'arc narratif autour du calvaire de Sandoz m'a semblé survolé alors que c'est la base même de l'intrigue.

Je conseille malgré tout ce roman car même si toutes ses promesses n'ont pas été tenues, les réflexions théologiques et philosophiques qu'il soulève méritent qu'on s'y attarde dessus.
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Une oeuvre incroyable, pleine d'amour et de cruauté, qui pousse à se poser des questions sur la foi, l'humanité, les préjugés, notre compréhension des autres et les liens, d'une richesse et d'une subtilité infinies, noués avec eux.
Mary Doria Russell est certainement une amoureuse du détail et elle prend son temps pour décrire ses personnages et mettre en place son intrigue. N'étant pas une grande fan de SF, quelques passages ont ralenti ma lecture mais le côté terriblement humain de ce roman vaut la peine de passer outre toutes les difficultés.
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