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Kristian Donaldson (Illustrateur)
EAN : 9781506724591
128 pages
Dark Horse (07/12/2021)
4.5/5   1 notes
Résumé :
In this futuristic politically-charged thriller, a worldwide cyberwar with Russia ends our hyper-connected technological world as we know it.


A short time after this international internet shutdown event known as "The Dark", we follow Carver, a former special forces super-soldier who after losing his eyes during this event, gets caught up on a mission hunting down Camille, a NSA analyst who has stolen dangerous information. With a potential w... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Après l'annihilation d'internet
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Ce contient une histoire complète, indépendante de toute autre. Elle est d'abord parue sous forme dématérialisée le 31 décembre 2018 sur la plateforme Comixology Originals. Puis elle a bénéficié d'une édition papier en 2021. Cette bande dessinée a été écrite par Mark Sable, dessinée et encrée par Kristian Donaldson, avec une mise en couleurs réalisée par Lee Loughridge assisté par Daniel Lee.

Avant le Noir, le sergent en chef Robert Carver était l'homme le plus connecté du monde. Il était un NEO : un agent muni d'un exosquelette connecté (Networked Exoskeletal Operator). En 1935, il était en mission pour l'OTAN à Riga, la capitale de la Lettonie, dans une opération qui faillit devenir le début de la troisième guerre mondiale. L'équipe dont il avait la charge était composée de Benitez, Patel, Weathers et du robot M.A.R.S. le groupe d'intervention avance précautionneusement dans une partie ravagée de la ville, étant tous connectés entre eux. Ils s'engagent dans l'affrontement contre l'ennemi, mettant à profit leurs connexions pour surveiller les alentours et les arrières de leurs équipiers, se montrant ainsi particulièrement efficace contre des soldats qui ne disposent pas de cet avantage. Ils ont vite fait de les éliminer définitivement. Mais c'est à ce moment-là que survient la panne généralisée d'internet sous toutes ses formes. Une autre troupe d'ennemis arrive et ouvre le feu sur le petit commando. Patel est blessé et mis à terre. le robot M.A.R.S. est détruit. L'absence d'internet a désactivé le module évitant que les sensations de souffrance d'un équipier en soient transmises aux autres. Carver ressent de plein fouet la mort de Patem.

Dans le même temps, à Londres, le magnat de la donnée Gustav Magnussen voit tous ses écrans de contrôle perdre toute cohérence et il comprend immédiatement que son empire vient de s'écrouler, victime d'un virus informatique d'une virulence dévastatrice. À New York, les écrans de la Bourse sont eux aussi envahi par un bruit de signaux incohérents. Les intelligences artificielles capotent immédiatement, en particulier celle de régulation des transports en commun, provoquant d'horribles accidents. À Salt Lake City, la hackeuse se faisant appeler Caméléon, est en train de livrer en personne un dispositif de modification d'apparence. Alors qu'elle le tend à sa cliente, Camille se rend compte que le dispositif vient de perdre sa cohérence, et donc toute sa valeur. Elle s'empresse de s'enfuir sur son vélo. L'année est 2035 Internet est partout, tous les objets étant connectés, et Internet vient de crasher. le lendemain, Carver reprend connaissance sur une table d'opération. Un bandeau lui masque les yeux. Il le retire et se rend compte que vue a gagné en acuité : ses yeux endommagés ont été remplacés par des prothèses biologiques augmentées. Deux mois plus tard, son unité lui affecte un chien, lui aussi bénéficiant d'augmentations biologiques. Un an plus tard, un agent vient le trouver dans sa maison isolée du Montana, pour lui dire qu'il doit reprendre du service pour une mission de la plus haute importance.

Toute fin des années 2010, début des années 2020, des créateurs de bande dessinée ont choisi de publier leurs récits en version dématérialisée, sans tenir pour acquis qu'une version papier verra le jour par la suite. L'éditeur Dark Horse décide de récupérer ce récit et de le publier. S'il ignore son origine, le lecteur ne peut pas deviner qu'il a été conçu pour les écrans plutôt que pour le papier. Il découvre des dessins particulièrement soignés. L'artiste détoure les formes avec un trait très fin. Il gère le niveau de densité d'information visuelle en fonction de la nature de la séquence. Dans toutes les séquences, il représente les personnages avec un niveau de détails élevé, que ce soit pour le visage et la silhouette, pour la tenue vestimentaire, ses accessoires, et le cas échant les armes. Il a su créer des tenues militaires avec une apparence d'anticipation, sans aller jusqu'à une exagération de type science-fiction. Les auteurs n'ont pas opté pour des implants cybernétiques avant le Noir, préférant un appareillage électronique miniaturisé et discret. Il est probable que l'artiste utilise un logiciel de modélisation 3D pour la représentation des bâtiments, en extérieur comme en intérieur. Cet outil se marie bien avec ce monde riche en technologie, et avec des constructions un peu futuristes dans les grandes métropoles, ou des constructions plus de fortune, mais toujours à base de matériaux composites récents.

Le lecteur plonge donc dans un monde très concret, très palpable, des environnements inspirés du présent, et légèrement augmentés avec une touche d'anticipation pour un futur très proche. Il voit évoluer des individus plausibles, essentiellement des agents avec un entraînement militaire, ou au moins une solide maîtrise de techniques de combat. le scénariste prend soin d'intégrer régulièrement une scène de combat. La première impressionne par sa fluidité : narrée tout en cases de la largeur de la page, avec des combattants casqués, dotés de tenues renforcées pour les protéger, allant de l'avant, avec leur arme au poing, se protégeant les uns les autres, abattant leurs ennemis. Puis le lecteur assiste à une attaque aérienne avec bombardement, à un affrontement à hauteur d'hommes dans un camp de fortune au Texas, et à un combat physique entre soldats aux capacités augmentées. L'artiste montre clairement les mouvements, et leur enchaînement. Il utilise l'infographie pour des effets spéciaux froids et dévastateurs, et pour installer des ambiances glaçantes, avec une palette de couleurs originale. Les séquences sans combat présentent également une forte personnalité graphique, assurant divertissement et dépaysement. le lecteur ressent cette impression de merveilleux générée par des visuels qui montrent à l'évidence un futur porche possible, tout en étant orienté. Il se retrouve donc à l'intérieur d'une grande salle stérile d'un complexe médical militaire sous une lumière rouge chaude et inquiétante, devant une femme dans une combinaison moulante, plongée dans un bain d'un produit lui permettant de se concentrer sur les données qu'elle perçoit, coupée de ses sensations corporelles, au sein d'un complexe futuriste où des individus sont assis à même le sol avec un énorme casque intégrale sur la tête, relié à une machine biologique, à regarder un élevage porcin, puis une base aérienne militaire avec tous ses appareils au sol, ou encore devant l'architecture futuriste de la cité de Xian en Chine, etc. Dans ce monde aseptisé et froid, les personnages évoluent avec un visage souvent fermé, et également froid, prêt à l'affrontement.

Le récit dispose donc d'une mise en images avec une réelle personnalité, un degré de finition inhabituel pour un comics, et une ambiance installant une sensation de froideur, d'hostilité latente, d'êtres humains évoluant dans un monde froid et fabriqué. le scénariste a décidé de commencer par un prologue montrant les effets du Noir. Durant ce premier chapitre de vingt-quatre pages, il établit à la fois le degré de dépendance de l'humanité à la toile mondiale, le moment de sa destruction, et les premières conséquences de son absence. Il le fait de manière que le lecteur puisse absorber ces informations sans peine, en commençant par une scène d'action, pour être bien sûr d'avoir capté toute son attention, et de l'avoir accroché. En effet, cela fonctionne très bien, et le lecteur se demande quel va être l'enjeu. Il est à la fois curieux de découvrir comment le Noir a pu survenir, et de savoir si une nation n'a pas réussi à reprendre l'avantage technologique et si elle s'apprête à en profiter pour détruire les autres, afin d'assoir son hégémonie. Deux individus se retrouvent à enquêter sur la situation : Camille du fait de sa capacité à pirater les systèmes et parce qu'elle est soupçonnée d'avoir dérobé une preuve permettant de désigner le coupable, et Carver pour ses compétences d'agent de terrain, et les capacités acquises avec ses nouveaux yeux. Sable sait mener son récit d'espionnage sans perdre le lecteur, entre thriller et enquête.

Le lecteur suit Carver, individu un peu blasé sans être cynique, et Camille, jeune femme aux aguets, en découvrant les indices en même temps qu'eux. Il relève les éléments venant leur apporter un peu de personnalité, là aussi le scénariste le fait par petites touches dont l'effet cumulatif fonctionne très bien. Il note les petites remarques en passant : la capacité du Texas à s'auto-suffire, l'hommage rendu aux lanceurs d'alerte Chelsea Manning, Daniel Ellsberg, Edward Snowden; ainsi que la manière de montrer les répercussions mondiales de ces actions. Sous des dehors de thriller cyberpunk, le scénariste réalise un vrai roman sur le thème de la gestion des données, avec un concept bien amené pour faire se rejoindre la virtualité informatique et l'esprit humain, cette dernière invention relevant plus de la science-fiction que l'anticipation.

La couverture annonce un récit d'action mâtiné de cyberpunk, pour une aventure rapide et rentre dedans. La lecture permet de découvrir un récit bien troussé, avec de l'action, une narration visuelle personnelle, sans impression d'un produit industriel à usage unique. Les auteurs montrent plus d'ambition d'une simple histoire spectaculaire, en intégrant des petits éléments de ci de là, dont l'effet cumulé amène une réflexion sur les big datas et les lanceurs d'alerte.
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