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EAN : 9789401437790
256 pages
Lannoo (22/08/2017)
4.5/5   1 notes
Résumé :

Dans cet ouvrage dont le titre en Français donne : "La haine est une vertu" l'historien Lieven Saerens nous trace le parcours mortel de trois persécuteurs anversois des Juifs pendant la dernière guerre mondiale.
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+++++++ LA HAINE EST UNE VERTU +++++++

Le titre équivoque de cet ouvrage a été inspiré à l'auteur par une phrase célèbre de Flaubert : "La haine du bourgeois est le commencement de la vertu". Mais ce ne sont pas les bourgeois qui sont visés ici, mais ceux qui à partir de 1930 ont proclamé la haine du Juif dans mon pays et plus particulièrement à Anvers, car l'historien Lieven Saerens est une autorité en matière de collaboration et répression juste avant, pendant et après l'occupation nazie de la Belgique.

C'est un sentiment de profond malaise par la situation politique actuelle avec la récente progression de l'extrême droite en Flandre, qui m'a incité à la lecture de ce livre de 2017.
Plus spécifiquement le dégoût que j'éprouve pour un personnage qui a fondé un mouvement pour des jeunes extrémistes ("Schild en Vrienden" ou bouclier et amis) qui se baladent en uniforme, font des exercices physiques et s'entraînent avec des armes. Ce sinistre individu, qui passe son temps sur les réseaux sociaux à répandre ses vues hautement discutables, s'appelle Dries van Langenhove et est né en 1993 en Flandre-Orientale. S'il n'est pas sur son blog à divulguer ses idées vaseuses, cet énergumène participe à des congrès de mouvements d'extrême droite à l'étranger (Pologne, États-Unis etc.).

Pour récompenser cet intrigant le président du parti nationaliste de droite "Vlaams Belang". Tom van Grieken, a mis son nom comme indépendant sur sa liste des dernières élections et à mon grand écoeurement ce triste individu a été élu député fédéral en mai 2019. Depuis lors van Grieken s'en sert habilement pour passer des messages délicats.

Si de tels événements s'avèrent possibles, c'est que pour paraphraser Shakespeare "Someting is rotten in the Kingdom of Belgium" ou quelque chose est pourri dans le Royaume de Belgique.

De nos jours, il faut faire attention des retombées juridictionnelles lorsqu'on accuse quelqu'un de fasciste, raciste ou antisémite, mais la littérature entre les éminents membres de ce club sélect (S & V) que ce triste sire à créé et qu'un journaliste a rendu public était truffée de telles âneries antisémites, xénophobes, plus des propos sexistes et des divagations comme une glorification d'Hitler.

En lisant "La haine est une vertu" le lecteur peut se rendre compte que van Langenhove et Co n'ont pas fait preuve de beaucoup d'imagination car ils ne font que répéter ce que des fadas d'une autre époque débitaient déjà au début des années 1930. Tout le monde sait où une telle rhétorique nous a menés.

L'enquête des autorités sur les agissements et propos des farfelus de S & V a pris 2 ans et s'est terminée ce 9 décembre 2020. Je suis curieux de voir ce que le ministère public va réserver à ce dossier scabreux. Personnellement, j'espère que cette ténébreuse affaire se terminera par un jugement exemplaire et sévère.

La grande valeur de cet ouvrage réside dans l'effort de l'auteur de nous présenter, en texte et illustration, les meneurs de cette "croisade" xénophobe, antisémite et raciste qui a fini dans la collaboration avec un régime archi-pourri. Lieven Saerens a fait une sélection des ténors de cette aberration : leur origine, cheminement, convictions et agissements, le tout richement illustré par beaucoup de photos jamais divulguées, sortant de l'Auditoire Général de Belgique et des collections des membres de leur famille.

Il est étrange de constater que presque tous les mouvements et groupuscules fascistes en Flandre ont trouvé leur origine à Anvers, où le maire Leo Delwaide (1897-1978) était surtout préoccupé à ne pas contrarier l'occupant. Contrairement à ses homologues de Bruxelles - Jules Coelst (1870-1946) - et de Liège, il a laissé la police anversoise prêter main-forte à la gestapo lors des razzias des Juifs et la déportation d'au moins 3200 d'entre eux à Auschwitz. Bruxelles n'a connu qu'un seul transport similaire (le 26 juin 1942), organisé par les SS eux-mêmes sans aide belge. Les autorités bruxelloises ont également refusé de distribuer l'étoile jaune. L'auteur a publié d'ailleurs un ouvrage avec un titre qui en dit long : "Onwillig Brussel" ou Réticente Bruxelles.

Le livre de Lieven Saerens a toute la rigueur du travail scrupuleux d'un historien professionnel, ce qui ne l'a nullement empêché de faire preuve d'une grande empathie pour le sort tragique des Juifs de mon pays, comme le montre les multiples photos de familles juives, dont certaines proviennent du Musée de l'holocauste des États-Unis à Washington.
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