A la lecture de cette vie « prodigieuse » du saint curé d'Ars, on ne peut s'empêcher de penser qu'il existe bien une prédestination des saints. Et bien que l'auteur ne porte pas dans son coeur les jansénistes, l'ouvrage ne cesse de leur donner raison.
Car
Jean-Marie Vianney fut à plus d'un titre plus étroit d'esprit que bien des jansénistes. Ascétisme rigoureux, mortifications, refus des bals et réunions en cabarets furent leurs marques comme ses leitmotivs.
Mais le pauvre curé d'Ars ne s'arrêtait pas à ce genre de considérations théologiques et pratiquait sa propre religion en toute liberté, politiquement soutenu par ses évêques qui eurent tout à gagner avec une telle figure dans leur diocèse.
Cette biographie a l'avantage d'être claire et honnête ne cachant pas les défauts de ce prêtre obstiné et excessif en tout mais qui fut l'élu d'une puissance supérieure qui le combla de miracles et prodiges de toutes sortes.
La tendance actuelle de ce genre d'hagiographies étant justement de ne pas évoquer ces prodiges pour ne s'attacher qu'au parcours public du saint de peur de verser dans la psychiatrie.
Ainsi, un long chapitre est consacré à la lutte entre le prêtre et le démon qu'il nommait « grappin », on se serait par contre passé d'une étude graphologique qui n'apporte pas grand chose au livre.
On peut encore regretter le manque de finesse psychologique des auteurs de ces vies qui, ici comme souvent, n'étudient jamais le contexte psychologique et familial pas plus que la progression de la foi de ses saints.
Lire ce genre de récit de vie nous pose finalement énormément de questions surtout lorsqu'on les compare entre eux. Ainsi l'existence du curé d'Ars trouve-t-elle un formidable écho dans celle du
Padré Pio et de tant d'autres saints dont les extraordinaires existences entrouvrent peut-être la porte étroite du domaine des Dieux.