AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,53

sur 67 notes
5
7 avis
4
14 avis
3
4 avis
2
0 avis
1
1 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
On ne les compte plus, ces auteurs emblématiques qui hantent la collection Rivages/Noir et parmi lesquels figure James Sallis dont on retrouve également quelques ouvrages mythiques chez Gallimard pour la Série Noire et La Noire où figure notamment l'ensemble de la série Lew Griffin, ancien détective privé et agent du recouvrement plutôt porté sur la boisson et qui balance son mal de vivre au gré de six volumes marquant les esprits. Tout aussi marquant, on saluera Drive, roman culte adapté au cinéma par Nicolas Winding Refn et qui contribuera à la renommée du romancier avec ce personnage charismatique du chauffeur taciturne interprété par Ryan Gosling. Auteur d'une biographie sur Chester Himes, James Sallis a également publié des recueils de nouvelles et de poèmes avec un style foisonnant d'ellipses que l'on retrouve dans ses derniers romans noirs à l'instar de Sarah Jane dont le récit se focalise autour de cette femme au caractère envoûtant qui décline sa vie chaotique au gré d'un parcours désenchanté, illustration de cette Amérique des marges et de ses rêves échoués.

Sarah Jane Pullman, tout le monde la surnomme "Mignonne", ce qui ne lui semble pas forcément approprié. Ayant vécu au sein d'une famille dysfonctionnelle avec un père vivant reclus dans une caravane et une mère quittant régulièrement le domicile conjugal sans crier gare, la jeune femme, au terme de l'adolescence, entame une vie d'errance en parcourant le pays en car, ceci au gré des jobs qui se présentent à elle jusqu'à s'engager dans l'armée après s'être écartée du droit chemin. C'est dans la petite ville de Farr qu'elle tente de se reconstruire en se liant avec Calvin Phillips, le shérif, qui l'engage au sein de son service. Mais lorsque celui-ci disparaît sans laisser de trace, le monde de Sarah Jane s'écroule à nouveau. Elle s'interroge sur le parcours de son mentor, vétéran, tout comme elle, et qui semble avoir dissimulé certains aspects de sa vie. Une enquête qui lui permettra peut-être de mettre en lumière la part d'ombre de sa propre existence.

Bien souvent on évoque les textes des romanciers en faisant référence à une certaine musicalité, à un rythme, mais pour ce qui a trait à l'écriture de James Sallis, il faudrait la comparer aux peintres impressionnistes avec un récit imprégné de sensations, de fines allusions évanescentes et dont la structure narrative se construit par petites touches pour former un ensemble lumineux à l'image de Sarah Jane, personnage emblématique d'une Amérique en déshérence. Ce qui peut déconcerter le lecteur avec James Sallis, c'est l'absence de linéarité au gré d'une intrigue qui se focalise autour du parcours chaotique d'une femme qui se cherche à l'image d'ailleurs de tout son entourage et des rencontres qu'elle fait tout au long de son existence. Outre les difficultés qu'elle rencontre, on découvre les drames qui ont marqué Sarah Jane à l'instar des violences conjugales auxquelles elle a dû faire face ou à la mort qui l'a touchée de près lors de son engagement dans l'armée. L'autre partie du récit se concentre autour de la disparition du shérif Calvin Phillips, mentor de Sarah Jane qui semble, tout comme elle, avoir souffert des affres d'une guerre que James Sallis évoque par le prisme vagues allusions qui soulignent la désillusion et désarroi de ses protagonistes. Mais là aussi, James Sallis nous surprend avec une enquête qui se délite tandis que l'on découvre le quotidien de la police de la petite ville de Farr dont on découvre les contours au gré d'une intrigue qui prend la forme d'une main courante. En endossant ad intérim la fonction de son mentor en tant que shérif, Sarah Jane endosse des responsabilités qui semblent la dépasser en dépit de tous ses efforts. Doutes, incertitudes, c'est également l'occasion pour James Sallis de nous interpeller sur le sens de l'existence et de ses vicissitudes qui nous déstabilise.

Dépourvu d'illusions ou d'une quelconque force rédemptrice, Sarah Jane est un roman poignant qui vous serre le coeur à chaque instant au gré d'un portrait chargé d'une force émotionnelle exceptionnelle qui ne manquera pas de vous ébranler.


James Sallis : Sarah Jane (Sarah Jane). Editions Rivages/Noir 2021. Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Isabelle Maillet.

A lire en écoutant : Go Walking Down There de Chris Isaak. Album : Forever Blue. 1995 Wicked Game and Primary Wave.
Lien : https://monromannoiretbiense..
Commenter  J’apprécie          110
Après une enfance difficile dans une famille dysfonctionnelle, Sarah Jane quitte, à l'âge de dix-sept ans sa bourgade natale du sud des Etats-Unis pour se lancer dans un parcours chaotique. Elle commence par fréquenter un groupe d'étudiants marginaux sur un campus universitaire, puis incorporée dans l'armée , effectue un séjour dans une zone de conflit au Moyen-Orient. de retour au pays, après quelques emplois dans la restauration , elle finit par rejoindre l'équipe de l'unité de police dans une petite localité .Un récit à la première personne, dépouillé de toute considération psychologique, dans lequel cynisme et empathie sont au rendez-vous. L'auteur excelle dans l'exercice de la métaphore pour évoquer l'univers des cabossés de la vie et l'incommunicabilité des êtres. J'ai adoré ce récit qui sort résolument des chemins battus dans le royaume du polar.
Commenter  J’apprécie          50
Coup de coeur

Lire Sarah Jane c'est accepté de se laisser envoûter par l'écriture de James Sallis. L'auteur nous conte la vie de parfaits anonymes dans des bleds pourris.

Vers la fin de l'adolescence Sarah Jane fuit le domicile parental et entame une vie d'errance en parcourant le pays. Plusieurs jobs jusqu'à l'armée pour ensuite se retrouver dans une petite bourgade, Farr, où Calvin Phillips, shérif l'embauche. Mais celui-ci disparaît et le monde de Sarah vacille.

Lire Sarah Jane c'est accepté la non linéarité du récit. En nous faisant part de la disparition de Cal, Sarah s'interroge sur le sens de la vie et de son existence. À travers son carnet, elle dévoile des pans de sa vie. Son passé, elle le traîne comme un boulet. Elle nous raconte une vie chaotique, précaire et semée d'embûches. Elle croise des anonymes aussi paumés qu'elle mais à travers ce "soleil noir" d'une vie, l'auteur insuffle une humanité à son univers.

Lire Sarah Jane c'est lire l'essence même du roman noir.

"Chaque roman, chaque poème est la même histoire unique qu'on raconte encore et encore. Comment on essaie tous de devenir véritablement humains sans jamais y parvenir" définition possible du roman noir tirée de la préface du roman par Jean-Bernard Pouy.

Commenter  J’apprécie          30
Dès les premières lignes j'ai trouvé une ambiance comme j'aime, très américaine. Cette atmosphère de bled paumé, dans un environnement un peu désertique me faisait même imaginer des buissons secs qui roulent avec le vent dans un décor aride, une enseigne suspendue qui grince sous une légère brise, un réservoir d'eau, une éolienne...

Sarah Jane est une étrange personne, avec parfois des pensées métaphysiques.
Par ailleurs, ses descriptions des choses et des gens sont extrêmement scrutatrices, allant jusqu'à imaginer les motivations profondes de ce que chacun peut afficher de soi.

Elle va droit devant elle, toujours. Elle se pose, un certain temps, vit des expériences, professionnelles, estudiantines, des amitiés, des amours, puis repart et se pose de nouveau.

L'écriture est belle mais ce qui m'a déroutée, c'est qu'on passe d'une période à une autre sans transition et il m'a fallu un petit temps d'adaptation.
J'ai beaucoup aimé l'histoire de cette espèce de fuite en avant, de cette fille sans attache. Je trouve ça tellement américain de partir comme ça, en un claquement de doigts, de changer de vie sur un coup de tête, plusieurs fois par vie, d'avoir plusieurs vies en une - militaire, cuisinière, policière - sans jamais vraiment s'attacher aux lieux... de pouvoir changer de région, de maison, sans état d'âme.

Cette histoire est aussi une galerie de portraits, tous passionnants, qui donne le sentiment que l'Amérique est le pays de tous les possibles, que la réussite est à portée de tous.
Par ailleurs, l'auteur fait montre d'une grande acuité dans l'observation de ses contemporains, vus à travers l'esprit féminin de Sarah Jane.
Lien : https://mechantdobby.over-bl..
Commenter  J’apprécie          20
C'est d'abord cette couverture lumineuse qui a attiré mon regard. Déjà mis en confiance par l'éditeur Rivages, je me penche sur le cas Sarah Jane de James Sallis. Heureuse surprise, je vois qu'il est l'auteur du roman Drive, devenu célèbre par son adaptation cinéma de Nicolas Winding Refn.

La préface de Jean-Bernard Pouy montre toute son admiration pour l'auteur américain atypique. Et en effet, le style est loin d'être classique et lisse pour le genre polar. Ce que souligne l'auteur français. Certes, il y a disparition et Sarah Jane ne peut s'empêcher de chercher. le résumé est conforme à ce qu'on attend d'un polar et pourtant James Sallis ne s'attarde pas sur cela. C'est une forme de portrait, un portrait en creux, de loin en loin, un portrait que le lecteur est obligé de combler car James Sallis distille des moments, des bribes de vie, des rencontres, des faits sans noyer de détails ou d'explications.

Sarah Jane me semble le portrait amoureux d'un auteur pour son personnage principal, un personnage normal et extraordinaire, avec des failles, des défauts, des faiblesses et des peurs.

De la broderie littéraire tissée par James Sallis où on retrouve une ambiance à la Drive du cinéma. J'ai beaucoup aimé l'épure de l'intrigue et cette immersion distante et respectueuse dans la vie de Sarah Jane.
Lien : http://livrepoche.fr/sarah-j..
Commenter  J’apprécie          20
>>> UN IMMENSE COUP DE COEUR
Les émotions sont brutes, vraies, renversantes.

C'est l'histoire de Sarah Jane Pullman aka « Mignonne », notre héroïne qui a eu plusieurs vies dans une.
Peut-être lisons-nous son journal intime, peut-être a-t-elle choisi les passages que nous lisons. Peu à peu, entre passé, présent, nous retraçons son histoire, ses histoires, ses métiers, l'armée, la cuisine puis shérif dans la petite ville de Farr, ses amants. On découvre des personnages plutôt tristes et taiseux passant par la vie comme on traverse un pont, perdu ou pas, désabusés pour la plupart.
Il y a plusieurs histoires dans ce seul récit mais on peut résumer l'histoire centrale qui est la disparition soudaine de Cal, le shérif de cette ville. Elle va alors devoir prendre sa place le temps d'enquêter et tenter de retrouver sa trace.
James Sallis
James Sallis est connu notamment pour avoir écrit Drive (2005) qui fut adapté en film et largement primé. En 2012, la suite Driven a été publiée.

J'ai trouvé très juste ce que la maison d'édition Rivages a noté dans la présentation de l'auteur qui « poursuit depuis une oeuvre singulière et envoûtante, peuplée de personnages magnifiquement humains, penchés au bord de leur propre gouffre et s'efforçant de ne pas y tomber. »

C'est concis, net, travaillé. Pas besoin d'écrire un roman aux pages interminables lorsqu'on a le style de James Sallis. Il va droit au but, le couperet tombe, les émotions sont brutes, vraies, renversantes.
Un régal.
Il écrit page 110 « les gens vont se poser des questions. Des histoires vont circuler – toutes sortes d'histoires, qui circulent peut-être déjà. On s'accommode mal des vides, alors on se sent obligé de les combler. C'est plus fort que nous. »

L'ellipse a une place centrale dans le roman. L'auteur s'amuse ainsi à passer sous silence de nombreux passages de la vie de Sarah Jane. le lecteur découvre donc des vides qu'il utilise comme il veut, pour imaginer, broder, ignorer. Au fil de la lecture, les paragraphes sont assez courts et intenses et cela donne vraiment la sensation de découvrir la vie du personnage, comme on la vit nous, en un an tout peu changer, on avance parfois à reculons et on s'attache à cette Sarah Jane. Entre mélancolie, drame et humour acerbe, nous suivons avec délectation les tribulations de notre personnage au franc parler, qui a bien compris que la vie ne lui ferait pas de cadeau.
Lien : https://labibliothequedechar..
Commenter  J’apprécie          11
Sarah Jane Pullman est une femme solitaire et entière. Appelée Mignonne par son père qui la croit frêle et douce, elle part vite de la maison, à l'aventure, pour prendre le contrepoint de ce surnom qui ne lui convient pas, à elle. Partie à la découverte du monde à son jeune âge, elle ne s'attendait pas à avoir finalement mille vies. Chef de cuisine, étudiante, compagne de policier et victime de maltraitance, compagne d'un autre policier, descendu en service (décidément les policiers ne lui réussissent pas…), compagne d'un dépressif l'ayant poussé à partir de leur domicile, militaire. Dans tout cela ce sont peut être les hommes qui le lui réussissent pas finalement. Arrivée à Farr, après être encore partie précipitamment du foyer conjugal, elle rencontre Cal, shérif en exercice de la ville, qui lui offre un poste de Shérif adjointe alors qu'elle n'a aucune expérience du poste. Comment est-ce possible ? Pourquoi lui confier un poste qu'elle ne connaît pas et pour lequel elle n'est sans doute pas la mieux placée. Cal a peut-être vu quelque chose en elle, un futur successeur efficace et honnête… Cal lui apprendra beaucoup, jusqu'au jour où Cal disparaît sans laisser de trace. Sarah est alors propulsée Shérif et doit enquêter sur la disparition de son mentor, en plus des affaires courantes. Elle ne s'attendait toutefois pas au dénouement de cette enquête et surtout à ce qu'elle va faire ressurgir de son passé. Sarah voulait être à Farr pour s'éloigner de tout et oublier, mais son passé va bientôt la rattraper. Ce récit, présenté comme un journal ou un livre dans le livre, est écrit à la première personne. Il présente la vie d'une jeune femme, de son adolescence à sa vie d'adulte. Pas vraiment un journal intime, mais une présentation de sa vie, avec ses hauts et ses bas et les très mauvais côtés parfois. L'auteur s'est adapté à cette forme de récit avec des flashbacks ou des digressions, mais l'ensemble garde une cohérence très intéressante. le style pourra surprendre mais la qualité du récit et le dénouement font de cette histoire une réussite. A découvrir. 
Lien : https://cafenoiretpolarsgour..
Commenter  J’apprécie          10


Lecteurs (153) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (6 - polars et thrillers )

Roger-Jon Ellory : " **** le silence"

seul
profond
terrible
intense

20 questions
2874 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , thriller , romans policiers et polarsCréer un quiz sur ce livre

{* *}