Londres. 1921. Notre narratrice, Iris Woodmore, jeune journaliste stagiaire au « Walden Herald », couvre les élections législatives, où deux femmes se présentent contre un homme pour briguer un siège au Parlement.
La mère d'Iris a disparue en 1914 dans des circonstances dramatiques : Violet participait à une manifestation des suffragettes lorsqu'elle tomba dans la Tamise. Ne sachant pas nager, la pauvre femme s'est noyée. Iris, participant à un débat à la Chambre des Communes, voit ces douloureux souvenirs refaire surface. D'autant qu'un marin présent lors du drame ayant coûté la vie à Violet lui soutient que cette dernière n'est pas tombée accidentellement, mais qu'elle a délibérément sauté. Il n'en faut pas plus à notre journaliste en herbe pour se transformer en détective amateur. Elle tente de retrouver Rebecca, la suffragette accompagnant sa mère à la manifestation, et apprend qu'elle a disparu du jour au lendemain peu de temps après la mort de Violet. Que de mystères….
« Les ombres de
Big Ben » est un roman original et captivant. Avant cette lecture, je ne connaissais pas grand chose de l'Angleterre de l'après-guerre, des suffragettes et des enjeux politiques de l'époque. Au départ, le lecteur suit Iris dans des interrogations toutes personnelles, puis, peu à peu, le cercle s'élargit et on plonge dans le coeur de l'intrigue, qui dépasse bien le cadre familial.
Les rebondissements sont sombres, je ne m'attendais pas du tout à ces développements et à cette tournure de l'intrigue. Les pages contiennent ce qu'il faut de suspense et d'humour pour maintenir l'attention avide du lecteur. de plus, l'auteur a dû faire beaucoup de recherches, car le décor des années 1920 était incroyablement authentique, jusqu'à la description des vêtements. Côté rythme, par contre, ne vous attendez pas à un page turner, l'intrigue se déroule tranquillement.
« – Il n'a pas l'habitude de voir des filles en pantalon, tu sais. Nous avons tous deux reçu une éducation assez conventionnelle, et il ne fréquente pas beaucoup de monde depuis la guerre. »
Les personnages sont bien dessinés et crédibles, Iris s'avère avoir une personnalité bien campée, intrépide, courageuse, moderne mais pas trop quand même. Elle porte souvent un pantalon, peu importe si cela est mal perçu. Percy s'est avéré très divertissant et drôle. Il a injecté beaucoup d'humour dans le récit. Toutes les classes sociales gravitent autour d'Iris : Alice, sa meilleure amie, est fille d'un militaire. Quant à Constance, sa mère est l'une des candidates. Sa famille est riche, peu importe les rumeurs selon lesquelles ses parents auraient fait un mariage d'intérêt. La plupart des personnages sont des figures féminines. Dans « Les ombres de
Big Ben », on ne peut pas dire que les hommes aient le beau rôle, lol.
J'ai apprécié le contexte historique, le lien avec les suffragettes et la façon dont les femmes étaient traitées par la loi et la société à cette époque. S'inspirant de faits réels, Michelle tisse une intrigue enrichissante et vraiment bien écrite, entrecoupée d'informations fascinantes sur les suffragettes et sur les femmes de cette époque, allant de la dame du monde à la domestique, rendant le récit très convaincant. Et bon nombre des enjeux évoqués dans le roman sont toujours d'actualité.
La plume de Michelle est lumineuse, aérienne et précise. La construction, linéaire, est simple, mais soignée et efficace.
« A chaque pas en avant, on semblait en faire deux en arrière.
– Je suis surprise que des femmes aient encore envie de se présenter aux élections. Elles se font prendre de haut, ridiculiser par les autres députés et laminer par la presse. Je ne pourrais pas supporter cela. »
Si j'ai moins adhéré aux passages purement politiques relatifs à la course électorale, j'ai beaucoup apprécié le procès, permettant de mieux appréhender l'organisation patriarcale de la société.
« Les ombres de
Big Ben » est le premier tome d'une série mettant en scène le personnage d'Iris. Je serai ravie de suivre ses aventures dans une suite !!
Je vous conseille ce roman, si le contexte historique vous intéresse et que vous appréciez le Londres d'après-guerre. J'ai passé un très bon moment de lecture en compagnie d'Iris.
Je remercie les Éditions L'Archipel et Mylène pour cette belle découverte.
« En 1918, la loi de représentation du peuple avait donné le droit de vote à tous les hommes de plus de vint et un ans, et uniquement aux femmes de plus de trente ans, si elles étaient propriétaires ou riches locataires, diplômées de l'université britannique ou épouses d'un universitaire. A vingt et un ans, je n'entrais dans aucune de ces catégories et ne pouvais donc pas voter. »
#
LesombresdeBigBen #MichelleSalter #LArchipel
Lien :
https://soniaboulimiquedesli..