Ceux-celles qui s'exaspèrent des clichés de
Lydie Salvayre et qui, pire, interprètent au premier degré les interventions de la narratrice dans son roman sont passés totalement à côté. Ce serait comme reprocher à
Diderot D avoir écrit
Jacques le Fataliste au hasard, sans savoir où il allait. Les Belles Âmes est une satire de l'Europe occidentale à la fin du XXe siècle. Les choses n'ont pas vraiment changé depuis puisque les inégalités n'ont cessées d'augmenter après des décennies de politiques conservatrices et libérales. La géographie de la pauvreté choisie par
Lydie Salvayre n'est pas anodine. Elle est à Paris, Bruxelles, Berlin ou Milan. Dans des villes prospères que de nombreux touristes viennent admirer. L'auteure n'idéalise pas le pauvre ou le déclassé, il y a des cons partout, des abrutis riches et des abrutis démunis. Elle esquisse l'impossibilité d'un dialogue face à un certain mépris de classe. Et le finale n'est pas une simple pirouette parce qu'il fallait bien en finir ! Je ne veux pas trop en dire, mais ce que font les quatre personnages "accompagnateurs" est à méditer.