Ils préfèraient la lune

Aziz est amoureux. Il l'a aperçu au marché. Lui a susurré quelques mots. Elle ne l'a pas entendu, ne l'a pas regardé. le temps s'est arrêté. Aziz ne vit plus.
- Qu'as-tu mon frère ?
- Elle est belle Khadija ! La vie, c'est avec elle …
- Montre-la-moi. Je lui parlerai Aziz.
- Tu ferais ça ?
- Je la connais, c'est Mabrouka. Elle est promise à Ali. Il a un bon poste. il travaille à la banque.
- il est gros. Il est gras. Je ne suis pas comme lui.
- Tu n'as pas d'argent Aziz.
Alors je pars. A Paris, chez cousin Habib. Là-bas, c'est un pays d'abondance et de liberté.
Habib le loge, lui trouve du boulot, l'introduit dans sa bande de loubards. Les débuts sont difficiles, son langage, ses fringues ne font pas couleur locale. Il se tait et observe, tous ces jeunes délinquants, en marge de la société qui glissent inexorablement vers le précipice. Ce n'est pas l'occident qu'Aziz s'était imaginé.
Un roman à deux tons : poétique pour décrire la première partie qui se passe dans le sud Tunisien, nerveux, tranchant, argotique pour la partie Parisienne.
Dans cette première partie, Sapho nous y décrit une douceur de vivre dans un univers codifié, régit par des lois ancestrales. Un langage d'amour, de respect, de douceur … On y respire le bon air, le soleil sur la peau …
Dans la seconde, l'écriture tranche, elle y est brute sans fioriture, la haine, le racisme, le chacun pour soi. Elle nous décrit le milieu des petits malfrats, de la dope, des trafics en tout genre …
Deux mondes en complètes contradictions s'opposent. L'auteure les décrits fort bien avec une amplitude phénoménale : de la plus belle des poésies au langage fleuri de la rue.
Je n'ai qu'un seul regret : que la première partie soit si courte. Son langage poétique me touche au plus haut point.
Chapeau Sapho. (faut pas zozoter pour dire ça)

J'ai adoré ce livre, comme la chanteuse.