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sur 151 notes
Autobiographie particulièrement vivante, gaie, émouvante. La jeune Goliarda Sapienza vit dans un quartier populaire de Sicile et fréquente davantage les rues que l'école. C'est sa famille, intellectuels militants de gauche, qui fait son éducation basée sur la recherche pour tous de la liberté et de la justice. Sa passion : les films avec Jean Gabin qu'elle rêve d'incarner. A travers les anecdotes amusantes qu'elle raconte avec un regard d'enfant , on perçoit les conditions de vie difficiles du peuple sicilien et les conséquences de la montée du fascisme.
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"Se tenir toujours accroché au rêve, et défier jusqu'à la mort pour ne jamais le perdre."

Goliarda Sapienza est née en 1924 à Catane, en Sicile. Sa mère, syndicaliste et journaliste, et son père avocat étaient des socialistes (mais de vrais socialistes, pas la version édulcorée de 2012) et des militants antifascistes. Ils avaient aussi des enfants de leur précédente union formant ainsi une famille recomposée avant l'heure, comme une très grande tribu.

Croiser une voix authentique et vraiment nouvelle en littérature est un bonheur, comme la voix de cette petite fille qui se prend pour Jean Gabin. Dans ce livre retraçant ses années d'enfance dans les ruelles animées de Catane, on rencontre cette môme au grand coeur, avide de connaissances, modelant son comportement et ses actions sur la famille de seigneurs dans laquelle elle vit – modèles d'intégrité et de courage, n'abandonnant jamais la rébellion contre la loi du plus fort - ses parents, son oncle et ses demi-frères qui ne remplissent pas leur rôle de frères à moitié, au milieu de la répression et des intimidations des fascistes au pouvoir.

Les modèles de Goliarda se cristallisent dans la personne de Jean Gabin, archétype du seigneur, et elle revoit sans relâche ses films pour s'imprégner de lui. Elle rêve de devenir lui, d'avoir sa vie et mesure chacun de ses actes à l'aulne de ce que lui aurait fait : Gabin aurait-il eu assez d'argent pour se payer un avocat ? Gabin était-il athée ? Gabin se serait-il abaissé à des chamailleries avec une femmelette ? ...

“Ses yeux bleus – ceux de Jean, bien sûr – rêvaient d'une femme qui serait comme un fleuve, un grand fleuve languide et vertigineux s'en allant nourrir la mer de ses eaux limpides. Voilà ce que j'ai appris de lui, et pour moi la femme a toujours été la mer. Entendons-nous, pas une mer dans un élégant cadre doré pour fanatiques du paysage, mais la mer secrète de la vie : aventure magnifique ou désespérée, cercueil et berceau, sibylle muette et sûre réponse, espace immense où mesurer notre courage d'individualistes endurcis, à nous, voleurs du riche et bienfaiteurs du pauvre, d'accord sur une phrase brève et précise : « Toujours en dehors de tous les pouvoirs établis » ; seuls, mais avec l'orgueil de connaître la rectitude propre aux outsiders."

Un livre pour ne jamais oublier ce qu'est un idéal.
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L'auteure nous raconte son enfance dans son quartier de Palerme dans les années 30. Elle est fascinée par le cinéma, et surtout voir à l'écran l'acteur Jean Gabin. Pour cela, il lui faut de l'argent. Elle fait l'école buissonnière pour se procurer les quelques lires indispensables.
Difficile d'apprécier ce livre de cette auteure célèbre, car le style est indigeste, certainement de son époque, avec ces fulgurances et trop ampoulé. Or notre héroïne est une toute jeune fille, elle n'a pas le langage accordé avec son âge. L'exaltation est à tous les coins de page. Par moments, quelques émotions sincères, voire une sagesse d'une femme bien expérimentée. Au milieu du livre, elle évoque sa rencontre avec une américaine, appelée Jean, bien plus authentique que le reste. Il faut peut-être aborder ce livre comme un document d'un lieu et d'une époque. Certains passages sont très amusants. le père était avocat pour tous, les riches comme les pauvres. Et employait dans sa propre maison certains d'entre eux à leur sortie de prison. La cuisinière est une meurtrière tout à fait saisissante. Elle nourrit la famille et serre dans ses bras la petite qui a faim.
Je reste dubitative sur l'intérêt de ce récit bancal d'une fillette aux préocupations d'adulte très fortement politisé. En réalité, j'ai trouvé ce livre très ennuyeux. Je l'ai terminé par curiosité, pour savoir à quoi il pourrait mener.
Lien : http://objectif-livre.over-b..
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Autre temps, autre lieu : nous voilà plongés dans la Sicile fasciste et pauvre des années 30. Contexte peu réjouissant que la petite Goliarda Sapienza va éclairer de sa narration complice.
« Si quelque chose ne te convainc pas, rebelle-toi toujours. »
Un vent de liberté souffle sur ses pérégrinations dans les rues de la Civita, quartier populaire de Catane, et les conversations de cette famille de socialistes engagés nous soulèvent dans un tourbillon de réflexions philosophiques.
Élevée à l'école de la rue, des livres et de la famille, loin des établissements pour écoliers fascistes, Goliarda est déterminée, sensible, pressée de vivre et toujours prête à une joute verbale. Dans sa quête pour trouver les quelques piécettes qui lui permettront d'aller visionner au cinéma "Quai des Brumes" dans lequel figure son modèle, Jean Gabin, elle nous fait découvrir son monde « où tout pouvait arriver et où tout le monde trouvait le moyen de traficoter, voler, créer, rivaliser, et aussi de gagner honnêtement son pain si l'on était né honnête ».
Légèreté et joie de vivre, malgré les vicissitudes de la vie. Toujours.
Petite perle de la littérature qui donne le sourire et que j'ai dévorée en deux jours.
Lien : https://tsllangues.wordpress..
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L'écriture de Goliarda Sapienza a une profondeur telle que la page paraît être en relief.
Son style respire au souffle des grandes références "latines", celle du néo-réalisme du cinéma italien, celle de l'imagination débridée de la littérature sud-américaine.
Tout dans "Moi Jean Gabin" marche toujours sur deux jambes: le souci du détail du quartier populaire de la Cività dans la Catane des années trente et la transcendance de l'idéal anarchiste ou socialiste. Jean Gabin et la petite fille intrépide qu'elle fut. A chaque page, on devine - par une forme d'intransigeance absolue, de refus obstiné de la moindre concession, d'un impératif vital, d'une quête de compréhension ultime - que Goliarda Sapienza écrit autant pour elle-même, pour elle seule – sans la moindre tricherie, le moindre faux-semblant – que pour un lecteur dont elle exige qu'il soit aussi fort et subtil qu'elle. N'est-ce pas ce qu'on attend de tout grand écrivain?
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Moi, Jean Gabin, c'est l'histoire de l'enfance de Goliarda Sapienza, en Sicile, à Catane au début des années 30 où le fascisme se développe à vitesse grand V, elle qui grandit dans une famille engagée très à gauche, et où les hommes de la famille sont souvent emmenés pour être tabassés à cause de leurs convictions politiques.

L'auteur a rédigé ce texte à la fin de son existence, c'est donc très autobiographique, on y découvre sa vie au sein de ce quartier populaire de Catane, la Civita, où son père, avocat, défend vigoureusement les moins aisés.

Issue d'une famille recomposée, la jeune Goliarda, dernière d'une tripotée de 7 enfants, mène une vie insouciante et déambule dans les rues, flânant, son activité favorite, suivant des gens comme dans un jeu de pistes jusqu'à se perdre. L'école? Très peu pour elle la plupart du temps, son frère Ivanoé est chargé de son éducation, et de toute façon son professeur lui fait peur.

Le fil conducteur du récit c'est la passion de la jeune Goliarda pour le cinéma (qui l'amènera plus tard à travailler pour Visconti), mais plus particulièrement pour Jean Gabin, à qui elle voue quasiment un culte. La compréhension qu'elle possède de son jeu d'acteur, la connaissance qu'elle a de tout ses films et la façon qu'elle a de s'identifier à lui, en imitant ses attitudes, sa démarche et sa vision du monde impressionne de maturité pour une petite fille de son âge.

Les difficultés financières sont présentes, la faim parfois aussi, bien que la famille soit soudée et ne manque de rien, cela façonne la petite Goliarda et la fait rentrer dans le monde des adultes rapidement, où elle devient capable grâce à sa tchatche de marchander avec eux, de souvent extorquer une lire ou deux à son oncle, qui d'ailleurs en tant qu'anarchiste, se désolidarise de la vision du monde des parents de Goliarda, vision alternative intéressante.

C'est une introduction parfaite pour qui veut découvrir l'oeuvre de Sapienza, elle qui a été boudée pendant de nombreuses années pour L'art de la Joie, son plus grand livre devenu aujourd'hui une oeuvre majeure de la littérature italienne contemporaine, mais jugé trop contestataire et féministe à l'époque, il aura fallut attendre le succès en France pour que les éditeurs Italiens daignent s'y intéresser.
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Une petite fille dans la Sicile des années trente. Fille de socialo-anarchistes, opposants et persécutés par les fascistes. Qui découvre les films de Jean Gabin, auquel elle s'identifie. Il s'agit d'un récit auto-biographique de l'auteur, qui évoque son enfance à elle.

C'est sympathique, cette petite fille à la forte personnalité, cette famille atypique, et du bon côté si on peut dire. Mais voilà, j'ai trouvé la construction bancale, pour ne pas dire foutraque, et l'écriture ne m'a vraiment pas emballée. Alors j'ai peiné pour le finir.
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La description qu'elle fait de sa famille, sa passion pour Jean Gabin, son côté garçon manqué et ses réparties cinglantes. Tout cela fait qu'une émotion particulière se dégage de ce récit d'enfance. Ses parents sont des figures vraiment marquantes, son éducation se fait de manière libre, autodidacte, à l'école de l'anarchie afin de ne pas perdre son temps. Sa lutte contre le fascisme commence là, en évitant le bourrage de crâne du discours fasciste. On la suit volontiers dans ses errances à travers le quartier de son enfance, les liens si particuliers, et tellement chaleureux, qui tissent cette famille recomposée. Un petit bijoux qui pétille d'intelligence et qui me fait me demander pourquoi je n'ai pas encore lu L'art de la joie ? A lire très prochainement donc.
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Une grosse moitié de ce livre mérite le prix Goncourt qu'il a reçu : une très belle écriture habille une histoire très réaliste et triste d'une catastrophe annoncée. On se laisse bercer par ce style très pur et par une narration bien menée, sur un scénario prenant. Pourtant, en voulant sans doute expliquer la génèse de cette "aventure" humaine, l'auteur remonte régulièrement à l'histoire des parents et grands parents, la guerre, le passé. Et là, on s'ennuie ferme ! On se retrouve dans une narration un peu désuète que le style toujours aussi bien léché n'arrive pas à rendre intéressant.
Avec 80 pages de moins, celles où on remonte à l'histoire, à la guerre, etc. Ce livre serait sans doute un pur chef 'oeuvre. Dommage.
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Kathel a si bien écrit sur ce livre que je réduis mon commentaire !
Sur la fin de sa vie,Goliarda travaille au dernier volume des cinq de son autobiographie.
Elle revient sur son enfance et son adolescence hors du commun, dans une famille très engagée ,également hors de la banalité qui l'encourage à se réaliser pleinement.
Elle observe le monde qui l'entoure par les yeux d'insoumis de Pépé le Moko,son modèle.
Bien sûr,ces souvenirs sont idéalisés,dans les rues de Catane baignées de lumière, et ne font guère de place au climat de l'époque:montée du fascisme et mafia locale.
C'est un livre d'initiation d'une fillette véhémente,pleine de colère contre les "moutons" et les démocrates témoignage de ce qu'il en coûte de vivre sans renoncer à ses idéaux.
C'est l'invitation à se rappeler ses rêves d'enfance, à continuer quoiqu'il arrive.
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