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sur 151 notes
Pour qui a lu « L'Art de la joie », édité par les éditions Viviane Hamy en 2005, Goliardia Sapienza (1924-1996) n'est plus une inconnue. J'avais lu et beaucoup beaucoup aimé ce roman teinté d'autobiographie nous relatant le parcours d'une femme dans l'Italie du début du siècle. Femme libre, amoureuse des mots et de l'amour, l'héroïne du livre traverse une époque troublée politiquement et se bat pour ses convictions aux côtés des plus faibles. Les derniers mots du livre bouleversants annonçaient un parti pris radical et courageux, celui d'être toujours et quoi qu'il arrive du côté de la vie et d'être en appétit.

« Moi, Jean Gabin » est publié, cette fois, par les éditions Attila, excellent éditeur dont on ne peut que souligner la qualité du travail et qui a la bonne idée de se lancer dans la publication de l'intégralité de l'oeuvre de Sapienza. Je tiens à souligner la qualité du travail d'édition réalisé sur ce livre : très belle couverture, reproductions de tapuscrits et de manuscrits de Sapienza, repères biographiques et photographies de l'auteur et de sa famille qui éclairent le personnage et nous la rendent encore un peu plus intime. On y apprend par exemple qu'elle a été comédienne de théâtre et dans "Senso" de Visconti et qu'elle a publié quelques livres de son vivant mais que tous les éditeurs italiens de l'époque avait refusé "L'art de la joie". J'ai noté également des correspondances troublantes dans sa biographie avec celle de Virginia Woolf, autre écrivain très chère à mon coeur.

La suite sur le blog :
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Goliarda vit à Catane en Sicile et plus précisément dans le quartier de la Civita où se croisent petits trafiquants, prostituées et gens honnêtes. Un tourbillon de vie, de bruits, de passion qui accompagne la jeune Goliarda qui ne va pas à l'école. Ses parents ne veulent pas qu'elle soit embrigadée par les fascistes. Pour occuper ses journées, l'enfant va au cinéma et en voyant « Pépé le Moko », elle tombe sous le charme de Jean Gabin. Mieux, elle veut être Jean Gabin.

« Moi, Jean Gabin » est un bijou de vitalité et d'insoumission. Goliarda Sapienza écrivit son texte dans les dernières années de sa vie et on sent une infinie tendresse pour cette enfance hors du commun et pour le quartier de la Civita. Nous sommes dans les années 30, la Sicile est gangrénée par la mafia et les fascistes. Les parents de Goliarda sont communistes, anarchistes et ils élèvent leurs enfants avec des idées politiques très fermes. Les frères de Goliarda se font parfois arrêtés. Ce sont d'ailleurs eux qui élèvent la petite fille et notamment le formidable Ivanoe capable de lui expliquer Voltaire comme la puberté. Goliarda est une enfant curieuse, vive, rêveuse et idéaliste (elle est consciente très jeune de l'injustice sociale). Ce texte rend d'ailleurs hommage aux rêves que l'on nourrit pendant l'enfance. « Se tenir toujours accroché au rêve, et défier jusqu'à la mort pour ne jamais le perdre. » Son rêve de devenir Jean Gabin est le fil conducteur de ce texte où nous la suivons pas à pas, où elle virevolte dans les ruelles « taillées dans la lave » à la rencontre d'amis, de membre de sa famille, d'habitants du quartier.

« Moi, Jean Gabin » c'est aussi une langue magnifique qui rend si bien la pulsation de la vie, le bouillonnement de la Civita et la beauté singulière de la Sicile : « Elle est comme ça, mon île, après ces courts orages qui hurlent à perdre haleine comme un adieu à la belle saison ( comprenons-nous bien, chez nous la belle saison est l'hiver où au moins on respire et on sent moins la puanteur), le grand soleil gravit la dernière marche du ciel et s'installe à nouveau sur son trône, d'où, immobile et dardant ses feux, il s'amuse à écraser tout le monde et toute chose sur la grande carcasse millénaire et rugueuse, surgie du chaos en un endroit perdu de la mer, éloignée de toute chose humaine. «

« Moi, Jean Gabin » est un livre joyeux, tendre, incarné racontant l'enfance atypique et libertaire de Goliarda Sapienza dans une langue somptueuse et particulièrement évocatrice.
Lien : https://plaisirsacultiver.co..
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Récit autobiographique romancé d'une enfance sous le joug du fascisme, du catholicisme et de la mafia dans la Sicile des années 30.
Élevée dans une famille nombreuse peuplée d'athées, d'anarchistes et de socialistes, G. prend Jean Gabin, l'acteur, comme modèle de vie.

On suit G. enfant à la recherche de quelques lires qui lui permettront d'aller voir "Quai des brumes" au cinéma. La vieille ville de Catane avec ses bassi et ses indicateurs s'apparente à la Casbah de "Pépé le Mocko".
La Cita vecchia avec son architecture baroque et la tradition des marionnettes sicilienne prend des allures mythologiques.
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Le côté fantasque du livre rend son entrée un peu hésitante, mais une fois que l'on s'immerge dans cette famille où l'on s'étrille à coup de joute verbale en pleine montée du fascisme, c'est à la fois drôle et étonnant.
Cette enfant, qui après avoir vu Pépé le Moko se prend à penser comme son héros (ou du moins tel qu'elle imagine qu'il pourrait penser) et à la fois drôle et grave.
Un coup de maître de son autrice qui est allée plonger dans ses souvenirs d'enfance à la fin de sa vie et qui en a fait une histoire personnelle à l'orée de la grande histoire.
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Catane, Sicile, les années 30. La petite Gioliarda sort du cinéma en roulant des mécaniques. C'est décidé, elle sera Jean Gabin, ou tout au moins elle vivra comme lui! Elle court comme une dératé vers la maison familiale, où ses parents et ses innombrables frères et soeurs sont un îlot bien détonnant dans un pays où le fascisme monte en flèches. Intellectuels de gauche, ils élèvent leurs enfants avec beaucoup d'amour mais parfois un brin d'inattention, trop préoccupés par la cause du peuple, et s'intéressent bien moins de savoir si leur dernière va à l'école que si elle sait démêler les mensonges de la dite école. Elle pousse comme une herbe folle, la petite Gioliarda, et par ses yeux, c'est à une plongée vers le rêve que nous sommes conviés. Son demi-frère l'entraîne vers la bibliothèque familiale et voici son éducation assurée, assortie de quelques bons principes (l'argent de poche doit se gagner par exemple, pour ne jamais dépendre de personne), et quand les fascistes viennent tout casser à la maison et emmènent certains des frères, elle part en expédition acheter de la viande rouge à mettre sur les yeux pochés...
J'avoue avoir été déboussolée par les trente premières pages mais ensuite je me suis laissée emportée au gré des cavalcades dans les rues siciliennes et ce court texte m'a surtout donné envie : 1) d'aller en Sicile, 2) de découvrir le reste de l'oeuvre de l'auteur!
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Les années d'enfance de l'auteure durant lesquelles elle a voué un culte à l'acteur Jean Gabin, jusqu'à s'identifier à lui, son héros, son idole de tous les instants. Comme un refuge dans ces années de fascisme. Bénéficiant d'une éducation très libre et anticonformiste dans une famille d'intellectuels socialistes, elle mène une vie plus ou moins insouciante à Catane, malgré un climat trouble et inquiétant.
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Goliarda Sapienza évoque ici son enfance en Sicile dans les années 30 alors que le fascisme s'enracine dans la société italienne. La dimension biographique importe ici assez peu, car l'auteur évoque les événements (familiaux, politiques, etc.) plus qu'elle n'en parle véritablement. Goliarda Sapienza écrit qu' « il ne faut pas laisser la vie détruire le rêve ». On pourrait dire que cette citation synthétise la vie d'une femme qui n'aura pas renoncé à ses idéaux et tient également de manifeste littéraire mis en oeuvre dans « Moi, Jean Gabin ». Car l'autobiographie tient plutôt de la reconstruction fantasmée. Goliarda Sapienza se vit en Jean Gabin, dont elle admire la force et la détermination dans « Pépé le Moko ». Jean Gabin est son référent, le modèle dont on doit se montrer digne et à l'aune duquel il convient de juger son propre comportement. Tout le travail autobiographique est donc en quelque sorte détourné : il ne s'agit pas tant de la vie vécue que de la vie voulue – à l'époque comme sans doute rétrospectivement. En un sens, cette autobiographie dépasse donc largement le cadre de l'enfance car elle pose les principes d'une vie, celle de Goliarda Sapienza, sans doute plus utiles pour comprendre l'auteur qu'une succession d'événements chronologiques.
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Ce récit autobiographique plonge le lecteur au coeur de l'Italie fasciste de l'entre-deux guerres. L'auteur, Goliarda Sapienza, y évoque avec passion les souvenirs qui ont marqué son enfance passée à Catane, en Sicile. Les anecdotes qui émaillent son récit mettent en lumière le cheminement vers l'âge adulte d'une enfant drôle, sensible, exubérante et surtout étonnamment mature, qui évolue dans un environnement familial et social peu ordinaire.
Comme chez n'importe quel autre enfant, l'imaginaire tient une place importante dans la vie de Goliarda. Son modèle à elle, celui qui la fascine et auquel elle s'identifie, c'est Jean Gabin. Il l'aide à maîtriser ses sentiments mais aussi à faire face à certaines situations, parfois difficiles à gérer pour un enfant.
Moi Jean Gabin est un roman joyeux et enthousiaste qu'il faut impérativement déguster avec lenteur pour mieux en apprécier toute la richesse et la poésie.
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Quand on est une blogueuse sérieuse, on a des catégories bien préparées pour écrire ses billets. On commence par un résumé, ensuite on parle de l'intrigue, puis des personnages et de leurs interactions, ensuite on évoque l'écriture et on termine par une touche d'avis personnel. Ça fait des billets clairs, précis, qui ne perdent pas le lecteur. Bon, comme prévu, je ne suis que modérément sérieuse. Mon plan c'est plutôt 1 du bavardage futile 2 un truc auquel ça m'a fait penser 3 dans quel position j'ai lu ou j'écris le billet et éventuellement en conclusion quelques mots sur le livre. Forcément, ça n'aide pas à ma reconnaissance par la grande presse littéraire, la preuve mes articles ne sont pas repris dans le Monde des Livres alors que bon, je ne m'y opposerais pas franchement. Enfin, faudrait à décider d'une rémunération ou alors d'un SMIG : Servicedepresse MInimum Garanti. Oui parce que bon, je suis tout de même plutôt vénale comme fille, j'aime qu'on m'offre des livres, j'adore ouvrir ma boîte aux lettres et trouver des douzaines de romans dans de jolies enveloppes à mon nom. Ça n'arrive cependant quasiment jamais. Ou alors très rarement. Enfin bon, de toutes façons, on n'a jamais assez de cadeaux, n'est-ce pas ?



Bon, à l'origine, je voulais parler du plan parfait que j'avais préparé pour écrire ce billet, je voulais commencer par un grand 1 la couverture, grand 2 le texte, grand 3 l'auteur(e) et j'aurais terminé par une pirouette, mais bien sûr comme d'habitude je me suis laissée emporter par mes propres idées et j'ai fini par revenir à mon plan habituel. Quasiment trois cent mots et toujours pas ne serait-ce que le titre du roman. Alors que bon, j'aimerais quand même bien parler de Moi, Jean Gabin, parce que franchement j'ai adoré ce roman.



Contrairement à ce qui m'a été demandé, non, ce n'est pas une biographie de Jean Gabin. C'est une biographie de Goliarda Sapienza, auteur(e) sublime de l'Art de la Joie dont je vous ai parlé il y a quelques temps. Elle raconte en quelques mots sont enfance, sa vie de garçon manqué dans les rues de Catane. le langage, comme l'enfant, est libre et incroyablement intelligent et sensible, on la suit dans une conquête de son individualité et dans la découverte de sa personnalité. C'est un plaisir renouvelé de découvrir ce personnage charmant.



La couverture extraordinaire est en fait une photo de l'auteur(e) prise à l'époque du récit. Arrivée à ce point, ma foi, achetez-le et lisez-le, c'est tout ce que j'ai à vous dire!
Lien : http://www.readingintherain...
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L'auteur a trouvé une manière originale de raconter son enfance, à travers son admiration pour Jean Gabin en essayant de copier sa posture. Sachant que son éducation a été quelque peu originale aussi.
...mais j'ai eu du mal à adhérer, à rentrer dans cette lecture, sans que je ne sois capable d'expliquer vraiment pourquoi.
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