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3,86

sur 177 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Rendez-vous avec Goliarda,

Sapienza est aujourd'hui une écrivaine reconnue mais l'actrice et activiste anarchiste italienne fut totalement ignorée de son vivant, ce qui est de l'ordre du mystère pour moi…

“Ce n'est pas cette façon de se rouler, matière et âme, dans une mer huileuse de lascivité… même les montagnes, c'est incroyable, ont l'air de corps voluptueux en attente d'étreintes furieuses, seins tendus, cuisses grandes ouvertes, dos étendus sur le sable en attente de caresses.”

“Avoir des enfants vous rend froid envers les autres”. Sans doute commencerez-vous par entrer prudemment dans les eaux de Positano, vous mouillant un peu la nuque, parce qu'on vous a appris à vous méfier des chocs thermiques (et littéraires), marcherez sur la pointe des pieds, par peur des histoires vaseuses et pour éviter que l'écume des vagues opaques d'un style inconnu, préjugées peu hospitalières, ne rencontrent votre timoré nombril ; la structure du livre, de petits chapitres ramassés et tous essentiels, vous aidera dans cette immersion progressive… Mais lorsque vous vous rendrez à cette évidence que le charme opère, ce sera trop tard, vous n'aurez déjà plus pied…

Car, dans Rendez-vous à Positano, paru en 1984, il y a tout ce qu'on peut aimer dans la littérature : la vie matérielle et psychologique poétiquement, ironiquement, sensuellement traduites dans tout ce qu'elles peuvent avoir de machinal, d'inconscient et que la littérature révèle, brocarde et sublime. Cela dans un style d'une fluidité totale, sans aucune barrière, en dépit des fulgurances stylistiques et réflexives. Comme souvent avec un bon livre, ce n'est pas tant ce qui est narré qui rend l'expérience de lecture singulière et prenante mais l'art et la manière de réinventer la narration. C'est un livre qu'il faudrait pouvoir savourer, mais si l'on n'y prend garde, on finit par le dévorer… Tout n'est pas gai dans cette histoire, loin s'en faut, mais tout est livré d'une façon à la fois légère et dense, c'est peut-être là ce fameux “art de la joie” que l'écrivaine italienne portera en gestation de nombreuses années et qui sera le ciment de sa gloire posthume.

“Personne ne peut garder le silence sur soi-même toute sa vie, sous peine de folie.” C'est un roman qui nous parle parce que c'est un roman qui parle. Les dialogues dominent quantitativement l'ouvrage, et le mélange entre les pensées, les mots et les descriptions est coloré, rythmé et imagé, le moins que l'on puisse attendre de celle qui triompha au théâtre dans sa jeunesse et travailla des années pour les cinéastes, notamment Visconti.

Intimité, promiscuité ; la narratrice est une sorte de conducteur entre le lecteur et la confession d'Erica. Cette bourgeoise magnifique au destin romanesque qui envoute complètement la narratrice, entre amitié indéfectible et candide flirt saphique. Mais c'est par le retrait, l'effacement apparent de “Luzza” que finalement le lecteur apprend à connaître véritablement Sapienza, telle qu'elle se donne à lire. Notamment ses pensées souterraines, derrière les discussions avec son amie et l'exigence permanente de l'écrivaine, de nous faire sentir l'état intérieur dans lequel la narratrice s'exprime, observe, réplique ou garde le silence.

“Les maisons les plus belles, comme les personnes, peuvent devenir odieuses si on ne s'en éloigne pas de temps en temps”. Les lieux et les liens contribuent à tisser une atmosphère familière et nourricière pour le lecteur : le village pittoresque, la maison d'Erica, la barque, les rituels de l'été, les chassés-croisés amoureux et même les réflexions sur la littérature (des références au Dieu gardien des flâneurs Oblomov : allez quatre étoiles rien que pour ça…) et à ce que la littérature peut consigner de la vie, comment elle peut prolonger l'existence et la mémoire.

"Le soleil apaise un peu la douleur, au moins ce qu'il faut pour la rendre supportable." On peut sans mièvrerie qualifier “Appuntamento a Positano” d'étincelant, l'étincelle dans les yeux de Goliarda lorsqu'elle admire Erica pareille à celle que les reflets du soleil donnent aux perles d'écumes sur les eaux lancinantes de la cote amalfitaine.

Bel été,
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le roman s'amorce par une fugace apparition : celle d'une femme, Érica, qui « survolait, distraite, tous ces visages qui immanquablement se tournaient pour la regarder ».

Goliarda Sapienza, l'autrice, se remémore, trente ans après, le souvenir de cette apparition, leur rencontre fortuite et leur profonde amitié, basée sur la confiance et l'indépendance, une amitié extrêmement forte entre ces deux femmes au cours des ans, une amitié qui ne finira que par la mort.

Elle se remémore également le village de Positano, un lieu intemporel, alors préservé des hordes de touristes et du béton, lieu alors fabuleux, « trop beau et empreint de magie » pour le film que le cinéaste Maselli et son scénariste voulaient tourner.

La description que fait Goliarda d'Érica, appelée la Princesse par les habitants de Positano, est sublime, elle est « prise par le charme envoûtant de cette façon de marcher parmi l'azur et l'or de ce bout de mer immense comme un océan mais calme et silencieux comme un lac », « il y a dans son regard couleur de miel des feuilles d'or de gaieté »

C'est un roman, c'est une évocation d'un temps passé, d'une relation extraordinaire entre deux femmes et d'un coin de paradis aujourd'hui disparu.
J'ai aimé cette évocation.
J'ai aimé que cette histoire me soit contée par une des deux principales protagonistes.
J'ai aimé le portrait d'Érica, ce que nous apprenons de sa famille, de son passé, de sa fragilité.
J'ai aimé l'hommage qu'elle lui rend
J'ai aimé ce livre car j'y retrouve l'univers et le style de Goliarda Sapienza que j'avais découvert avec ravissement lors de la sortie en France de l'Art de la Joie, l'un de mes livres pour une île déserte, je l'ai offert ensuite à mes amis italiens qui ne le connaissait pas, mais je ne l'ai toujours pas critiqué sur Babelio. ..

Il serait temps que je répare cette omission, hélas, plus je lis, plus j'ai des livres à lire… Il y trop de tentations : les critiques d'amis babéliotes, les livres qui me sont envoyés par des auteurs, mes tournées dans les librairies et les boîtes à livres…
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Voilà un livre dont je retardais la lecture. Je n'ai plus tellement de découvertes à faire dans l'oeuvre de ma chère Goliarda. Choisir le bon moment est souvent délicat. Se décider trop tôt ou trop tard, peut nous faire manquer le sommet de la jouissance. Mais avec Goliarda c'est toujours le bon moment. Ses ouvrages sont une suite de sommets.
Mais que dire de plus? Peut-être qu'elle est passée maître dans l'art de parler de la rencontre entre humains, l'attirance, les hésitations, la joie, la peur, le bonheur toujours fragile, incertain.
Et puis Positano, un village magnifique au fond d'une crique de la côte amalfitaine, mais ses habitants sont plus magnifiques encore, et subsisteront, malgré les transformations du tourisme de masse.
Alors oubliez les clichés et les conventions, et suivez-la, la Sapienza, dans ses doutes et son intensité, et surtout dans son infinie attention aux êtres qui lui sont chers. Chez qui pourrait-on en trouver une plus juste et plus intense?
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Écrit en 1984, ce roman a été publié de façon posthume, seulement en 2015 en Italie, grâce à son compagnon Angelo Maria Pellegrino.
À la fin des années 40, Goliarda Sapienza découvre le petit village de Positano, niché sur une partie escarpée de la côte amalfitaine, tout près de Naples.
Elle y rencontre Érica, qui deviendra son amie.
Ce livre magnifique raconte la relation intime, l'amitié fusionnelle entre ces deux femmes incroyables.
Plusieurs années après la disparition tragique d'Erica, Goliarda rend hommage à son amie, sa soeur d'âme.
C'est aussi une véritable déclaration d'amour à ce village de Positano, qui a été un refuge pour l'auteure dans les années 50.

Dès les premières pages, l'écriture de Sapienza nous «prend » littéralement, fine et poétique, féminine. Les mots sont justes et touchants, beaux tout simplement.
Un bonheur à lire.
J'ai adoré me plonger dans ce récit lumineux et sensible, très prenant.
Je salue la qualité de la traduction par Nathalie Castagné.
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Un grand roman sur l'histoire d'une amitié et d'un lieu. le village de Positano, un personnage de ce récit qui était le refuge de l'auteur, et Erica, cette amie qui deviendra sa soeur de coeur.
Je découvre avec ce livre l'écriture de l'auteur, elle nous décrit cette relation intense et intime qui s'établit au fil des années entre les deux femmes et elle arrive à nous faire ressentir la beauté de ce village. Une ode à la liberté, à l'amitié et à la magie d'un lieu. Une très beau roman qui me donne envie de découvrir l'oeuvre de Sapienza.
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Avant toute chose, je tiens à remercier les éditions le Tripode pour m'avoir envoyé ce merveilleux livre qu'est « Rendez-vous à Positano » de Goliarda Sapienza.

Ceux qui ont lu « l'art de la joie » se replongerons avec délice dans l'écriture de Goliarda Sapienza, une poésie de combat, délicate et solaire. Les autres, qui découvrirons l'auteur avec ce livre ne peuvent que se réjouir d'aborder cette oeuvre qui ne s'encombre pas d'entrée principale, mais est ouverte aux quatre vents. Pas de « petite porte » dans la création de Goliarda Sapienza, mais des invitations à la suivre dans cette célébration de l ‘art de la joie.

Tout commence dans les années 50. Alors assistante du cinéaste Francesco Maselli, son compagnon, Goliarda découvre Positano, village à flanc de montagne, les pieds dans l'eau, tout en verticalité, aux escaliers innombrables. Et où l'on se doit de marcher pieds nus. Les repérages devant servir à voir si ce village pouvait servir de décor à un film en cours de préparation ne durent pas longtemps. « Mais quelques heures avaient suffi pour nous convaincre que l'endroit était trop beau et empreint de magie pour une histoire comme la nôtre. »

Mais Goliarda reste. Car dans ce village qui l'a conquise, elle rencontre Erica. Naît devant nous une amitié, une complicité entre soeurs d'âme qui durera 20 ans.

Et Goliarda de nous raconter, en plan serré, en scènes courtes et solaires, cette amitié.

Son écriture a quelque chose de cinématographique. Ses orages font trembler nos propres corps, la sensation du sel sur la peau quand, après un bain de mer, nous nous séchons au soleil. Et en tendant l'oreille, nous pourrions entendre les ressacs de la mer.

Rien ne prédomine chez Goliarda Sapienza. Ou, pour le dire autrement, et peut-être mieux, tout y est merveilleux. Son style est aussi lumineux que sa personnalité est éblouissante. J'ai retrouvé la sensation que m'avait procuré « l'art de la joie », de me perdre parfois, d'être pris par l'écriture et d'en perdre, presque, le récit.

Quelle merveille pour un libraire de pouvoir conseiller un livre comme celui ci !
Lien : https://bonnesfeuillesetmauv..
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Positano, petit bijou de la côte Amalfitaine, dans les années 50 n'était pas encore un lieu de passage incontournable pour les touristes. Il suffisait de poser une sandale ou une serviette sur une petite plage pour qu'elle vous soit réservée pour la journée. Chacun utilisait une barque pour parcourir la côte et trouver son petit coin de tranquillité.
La narratrice nous raconte un double coup de foudre: pour ce coin paisible d'abord et pour Érica, son amie, sa soeur de coeur a qui elle rend un vibrant hommage. J'ai eu l'impression d'être sur la pointe des pieds dans un coin et d'écouter des confidences sans vouloir déranger mais avec un réel plaisir. Les confidences d'Erica à Goliarda mais a travers la narration également celle de l'autrice, L'histoire n'a rien d'extraordinaire mais le rythme, les descriptions colorées et la sensibilité de l'auteur rend cette lecture très touchante et fluide.
Ce roman plein de douceur, avec quelques fulgurances d'écriture que l'on a envie de relire plusieurs fois pour s'imprégner de la poésie m'a donné très envie de mieux découvrir cette écrivaine, qui n'a pas eu la chance de briller de son vivant
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22/07/2019
Je suis abasourdi.
Les éditions « le Tripode » qui ont édité ce très beau roman l'an dernier, ont eu la délicatesse, à usage des ignares, dont je suis, qui ne connaissent pas Goliarda Sapienza, d'ajouter en fin de bouquin, quelques repères historiques de la vie de Goliarda.
Comment a-t-on pu passer à côté de l'oeuvre de cette auteure ? Elle aura essuyé refus sur refus…Son « grand » roman « l'art de la joie » écrit à la fin des années 60 ne sera publié en Italie qu'en 1994, deux ans avant sa mort ! Et ne sera « reconnu » qu'en 2005 par la parution en France chez Éditions Viviane Hamy, rencontrant alors un élogieux accueil de la critique, un soutien des libraires et un succès auprès des lecteurs.
« Rendez-vous à Positano » écrit en 1984 ne sera pas publié du vivant de Goliarda.
Comme toujours, je suis perplexe devant mon clavier au moment de parler de ce roman. Comment dire, sans trahir, sans dévoiler ?
C'est l'histoire extraordinaire d'une double fascination.
Pour un lieu tout d'abord, Positano, près de Naples sur la cote amalfitaine, trop beau pour servir de décor à un film que Goliarda s'apprêtait à écrire avec Francesco Maselli, son compagnon.
Lieu qui la fascine et la retient.
Et puis, et surtout, fascination pour Erica la lumineuse apparition dans ce paysage. Une déesse peut-être, une comtesse certainement, un destin, dont elle sera l'amie, la confidente. Goliarda dont il serait vain de rechercher dans le roman la part d'autobiographie de la part romanesque pure, raconte (en 1984, soit bien des années plus tard) cette rencontre cette amitié, cette fusion qui dura près de vingt ans.
Erica parle dans ce roman de sa soeur Fiore en évoquant une beauté à la Ava Gardner, tout au long de la lecture, moi je voyais en Erica une réincarnation de Maria Vargas, la comtesse aux pieds nus du très beau film de Joseph L. Mankiewicz.
A cette époque, j'étais amoureux fou d'Ava Gardner, comme 90 % de la gent masculine je suppose, aujourd'hui je suis amoureux fou d'Erica….
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De Goliarda Sapienza, j'ai lu il y a quelques temps L'Art de la Joie , gros pavé génial,mais parfois indigeste (835 pages), roman-fleuve retraçant la vie d'une femme très libre, très belle, féministe, se déroulant en Sicile pendant un bon demi-siècle.

Le Rendez-vous à Positano est de moindre envergure(220 pages). Des chapitres courts, de nombreux dialogues, il se lit vite et facilement.

Unité de lieu ou presque, l'action se déroule au début des années 50, quand le petit village de Positano vivait à l'écart du tourisme de masse, paradis préservé.

Amitié entre deux femmes, Goliarda qui a gardé son nom dans le récit et fait allusion à son compagnon Francesco Maselli, le cinéaste et une princesse, Erica,dont le prénom est-il imaginaire, cette princesse a-t-elle existé? Les villageois de Positano jouent le rôle de personnages secondaires, bien présents, pittoresques et bien campés dans le récit.

L'intrigue démarre doucement, Goliarda est fascinée par Erica et par sa maison merveilleuse. Nous vivons à leur rythme, de baignades dans des criques désertes qu'on n'atteint qu'en barque aux siestes dans la maison fraîche et ravissante, et aux repas exquis que confectionne Nunziatina. pause à la pâtisserie de Giacomino….Le piano de Kempff.

«
Amitié passionnelle, Amitié ou amour? Goliarda est fascinée par la Princesse, si belle, si libre, si noble, si riche…aussi. Cela commence comme un roman à l'eau de rose, ou un roman-photo sur papier glacé, jet-set au soleil.

Soudain, l'histoire prend une autre tournure. Longue confession. Promesse de confiance totale, de fidélité. La belle princesse cache de lourds secrets dont Goliarda devient la seule détentrice. La Princesse n'a pas toujours été solitaire, elles étaient trois soeurs, elle a été mariée….Une tragédie se dessine.

L'amitié entre les deux femmes s'égrène sur de longues années au fil d'autres rendez-vous à Positano. Fidèle, Goliarda y rejoint sa princesse. Positano se modernise, les touristes arrivent. le divin équilibre vacille. Combien de temps Positano restera-t-il préservé? D'autres personnages s'immiscent dans le tête-à-tête : Olivia, la soeur d'Erica, Ricardo, l'ancien amoureux retrouvé……

Même si Erica est un peu « trop », trop belle, trop riche, trop intelligente. Même si Goliarda fascinée ma laisse sur ma curiosité. J'aurais aimé la voir vivre à Rome et sur les plateaux de cinéma, rencontrer Maselli et Visconti. Sentir sa personnalité se déployer.

Malgré tout ce roman est un coup de coeur.
Lien : http://netsdevoyagescar.blog
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Aériens, lumineux, intemporels, voilà comment je qualifie, l'auteur, l'écriture, le roman. Sortant de quelques lectures laborieuses je suis tombé par hasard, merci boite à livres, sur Rendez-vous à Positano.
L'histoire se déroule telle une tragédie grecque, mais accessible à tout lecteur. La vie de Goliarda SAPIENZA en est de même puisqu'elle ne sera publiée qu'après sa mort avec le succès que l'on sait.

Magnifique
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