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sur 2945 notes
Après avoir longtemps hésité, remis ce livre à plus tard, je me suis enfin attelée à la lecture de ce classique de la bande dessinée. Maintenant, une seule question me vient : pourquoi avoir attendu si longtemps ?

Pour rappel, l'oeuvre a été initialement publiée en quatre tomes. La première partie retrace l'enfance de Marjane à Téhéran, la révolution iranienne qui a donné lieu à la République Islamique, les changements que cela a entraîné dans le pays et au sein même de sa famille. Dans la seconde partie, Marjane est plus âgée et découvre les conséquences déplorables de ce nouveau régime ainsi que de celles de la guerre entre l'Iran et l'Irak. Elle tente alors de contrer le pouvoir en prenant part aux révoltes avec ses parents, ou manifeste de manière plus pacifique en écoutant Kim Wilde et Iron Maiden tout en chaussant des Nike et une veste en jean. La troisième partie rend compte de sa vie en Autriche (qu'elle a rejoint pendant quelques années par sécurité). du haut de ses quatorze ans, elle affronte seule son adolescence dans un monde occidental qui lui est complétement étranger. Si ses parents pensaient la sauver en l'envoyant dans ce pays, la vie qu'elle va y mener entre anarchisme, drogue, amour, sexualité et précarité en est tout autre. Après une rupture difficile qui lui vaudra bien de mauvaises choses, elle décide de rentrer chez elle en Iran. La dernière partie se consacre donc à son retour où elle se retrouve à nouveau privée de liberté. Pour autant, elle va continuer à lutter de différentes manières, en proposant par exemple un nouvel uniforme pour les filles de son université. La bande dessinée se termine sur son départ pour la France.

C'est un récit vraiment poignant qui témoigne d'une bien triste réalité, mais qui ne tombe jamais dans le pathos. Marjane a toujours eu une force de caractère incroyable, un franc parler sans égal que l'on apprécie à la lecture. Curieuse et instruite, malgré quelques passages à blanc et une dépression, elle a toujours su remonter la pente et n'a jamais baissé les bras pour obtenir ses droits.

Plus qu'autobiographique, cette bande dessinée est un réel témoignage qui nous permet de voir les choses sous un autre angle que celui qu'on nous donne à voir en Europe. On en apprend notamment plus sur la politique et les problèmes qui régnaient à l'époque, sur les propos qui étaient tenus dans le pays (et qui font malheureusement tellement échos à ce que l'on entend encore aujourd'hui). Ce que j'ai également apprécié dans cette histoire, c'est qu'elle ne fait de cadeau à personne. Elle critique autant le régime islamique de son pays que les puissances mondiales de l'Occident qui ont participé aux horreurs de ces guerres en Moyen-Orient.

Quant aux dessins, même si on peut dire qu'ils ne sont pas très travaillés, que le coup de crayon est assez simple, il n'en reste pas moins qu'ils reflètent très bien l'histoire racontée. Pas besoin de couleurs, le noir et le blanc conviennent parfaitement et tranchent très bien avec ce qui est dit.
Lien : http://mangeonsleslivres.blo..
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Lu après avoir vu le film: je retire une plus grande richesse de détails autobiographiques de la BD, un poids différent de certains personnages (ex. la mamie) ainsi que certains jugements plus nuancés de l'auteure (ex. une subtile culpabilisation de ses parents pour l'avoir envoyée en Autriche à un si jeune âge). Par contre le film est parfois plus percutant. En somme, je trouve que la BD et le film sont complémentaires. J'admire les deux pour l'extrême sensibilité et émotivité que savent transmettre un dessin somme toute assez sommaire (ou faut-il dire: essentiel?) ainsi que des textes plus emblématiques que littéraires. Ce qui fait la richesse des deux, c'est aussi l'incroyable "sincérité" des propos de l'enfant, de la jeune fille, de la jeune femme successivement: mémoire extraordinaire ou réalisme autobiographique?
Ayant quelques connaissances de la littérature de la diaspora iranienne contemporaine, je note que le thème de l'histoire récente - vécue du pays est souvent présente, et sous la forme du récit autobiographique ou de la fiction d'une saga familiale (surtout féminine): sans doute s'agit-il d'un besoin impératif de rectifier une image trop répandue de l'Iran et de l'évolution de la condition de la femme au cours du XXe siècle. Il faut dire que la diaspora iranienne diffère beaucoup des autres flux migratoires contemporains... peut-être ce besoin d'expression en constitue une différence importante.
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De nombreuses originalités à cette oeuvre capitale :

Des bande-dessinées en noir et blanc, d'un format qui n'est ni le format classique des BD ni le format manga.
Des dessins stylisés, dépouillés et symboliquement très forts (quand elle évoque les morts de la guerre par exemple, la torture, la fin du Chah, les islamistes).

Ce sont des mémoires, le récit autobiographique de l'auteur à partir de ses 10 ans en 1980.
Elle raconte la fin du règne du Chah, l'arrivée des islamistes, la peur, l'absurdité des règles, les morts, son départ pour l'Allemagne, sa vie quotidienne, sa famille, la libération sexuelle, le retour en Iran, son mariage, son divorce et son départ définitif pour la France en 1994.

On peut parler de la 1ère bande-dessinée iranienne, avec, dans le volume 1, une introduction historique et plusieurs années d'histoire avec un grand H, à travers l'histoire d'une famille, et plus particulièrement celle de Marji, entre ses 10 et 24 ans.

On ne peut rester indifférent à cette série et quand on a lu le 1er, on n'a qu'une envie, c'est de lire la suite...et quand on a fini, on voudrait que cela continue !

On vit avec Marji et sa famille, plongé en pleine histoire iranienne, avec la peur, le ridicule, le scepticisme, la fuite, l'exil, la solitude, le doute, l'envie d'en sortir, la douleur, les séparations, les adieux, le deuil, la souffrance, la méfiance, la révolte, l'amour.

Dans le tome 1, on assiste à la fin du règne du Chah, avec son lot d'atrocités et d'injustices, avec ses révolutionnaires martyres, la joie du peuple et tout son espoir.
Puis, ont lieu les élections et là, coup de massue, 99.99% de voix pour les islamistes.
Les conséquences ne tardent pas à se faire ressentir : fermeture des universités, port du voile obligatoire pour les femmes, lectures à proscrire, vin et alcool interdit, port de la barbe souhaitable pour les hommes et début de la guerre avec l'Irak.
Il n'y a plus aucune liberté d'agir, de penser, de parler.
On doit se méfier de tout le monde, on peut subir la délation, l'arrestation pour un oui, pour un non.
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C'est un titre qui est comme une double invitation au voyage : géographique et temporel. Persépolis, cela fait immédiatement penser aux rois perses qu'affrontèrent durant l'antiquité les Grecs de Pausanias ou d'Alexandre. On cherche Persépolis sur une carte, et l'on trouve l'Iran, immense pays à la croisée des mondes arabes et asiatiques. C'est là qu'a grandi l'auteur, Marjane Satrapi, et c'est précisément la première période de sa vie, imprégnée de l'Iran, qu'elle raconte dans ce très dense roman graphique. Divisé en quatre livres (qui avaient fait l'objet d'une parution unitaire avant d'être réunis dans une intégrale), eux-mêmes divisés en une succession de chapitres thématiques, Persépolis conte donc la fin de l'enfance, puis l'adolescence et enfin les premières années de l'âge adulte d'une jeune femme dans un pays en plein bouleversement politique et social. À la fin des années 1970, les intégristes musulmans parviennent à renverser le pouvoir dynastique du Chah ; les années 1980 sont marquées par la guerre contre l'Irak, dont aucun pays ne sort véritablement vainqueur. le nouveau régime politique, lui, en sort renforcé. C'est la mise sous cloche de cette société iranienne qui pousse, peu à peu, les élites sociales à partir à l'étranger, qui en Amérique, qui en Europe. En 1994, Marjane Satrapi décide de partir pour la France. Au-delà du roman graphique de formation qui a l'opportunité et l'intelligence de prendre pour personnage principal une femme, Persépolis narre, en toile de fond, les désillusions d'une bourgeoisie iranienne progressiste ainsi que l'installation d'une idéologie extrémiste.

D'un point de vue graphique, le roman graphique se situe plutôt dans la lignée des comics. L'utilisation du noir et blanc ainsi que l'absence presque totale d'arrières-plans permet de se focaliser sur le personnage mis en scène et sur la narration proprement dite. Quelques cases seulement figuratives indiquent l'état d'esprit des personnages, ou décrivent graphiquement au premier degré le propos littéral (la fuite des Iraniens sur fond de flammes, pour représenter la guerre ; Marjane tiraillée entre ses amis et sa famille ...). le dessin, ici, est au service de la narration.

Persépolis, en tant que roman graphique autobiographique, décrit la sortie de l'enfance d'une petite fille élevée dans les valeurs de la bourgeoisie de Téhéran. Scolarisée dans des écoles françaises, Marjane Satrapi détient ce que Bourdieu appelle un capital social fort, de par son origine familiale. Ses aïeux ont présidé aux destinées du pays avant la révolution islamique, et Marjane Satrapi grandit dans un environnement encore très politisé. C'est le progressisme qui est la marque de son éducation et, en tant que fillette puis jeune fille, elle est habituée à un franc-parler, une liberté d'être et de ton qui ne sont pas sans déplaire aux gardiens de la révolution. Cette révolution, ainsi que la guerre contre l'Irak, sont des événements qui bouleversent non seulement le pays mais aussi l'enfance de l'auteur. Marjane Satrapi voit certains membres de sa famille être arrêtés ou exécutés ; sur ses cheveux, elle doit bientôt mettre un voile ; ce sont enfin ses parents qui, conscients que sa liberté de ton pourrait lui réserver un mauvais traitement, décident de l'envoyer en Autriche pour y terminer sa scolarité. Malgré ces événements, Marjane Satrapi laisse l'impression qu'elle a grandi comme tous les autres enfants, qui ne sont pas exposés, eux, à la guerre : elle fume pour se rebeller contre sa mère, elle apprend ce qu'est la différence en Autriche, et ce que c'est d'appartenir à un groupe, ce que c'est d'être attirée par l'autre, ce que c'est d'aimer mais de ne pas être aimée en retour. Certes, l'Iran n'est jamais loin de ses expériences. En Autriche, les tracas des uns et des autres semblent peu de choses à côté du fait d'avoir vécu la terreur des bombardements à Téhéran. La différence qu'elle éprouve vis-à-vis des autres est renforcée par le fait que l'Iran est désormais perçu comme une menace pour l'ordre mondial, et non comme un État ouvert et culturellement remarquable, comme aux temps du Chah. La formation intellectuelle et sociale de Marjane Satrapi est celle d'une jeune femme qui, pensant être de son temps, se trouve confrontée à un pays dont les acquis sociétaux s'effritent et qui, pour vivre selon ses principes, est obligée d'imaginer, pour un premier temps du moins, une vie seule, c'est-à-dire isolée de sa famille et des amis, au sens large, desquels elle a pu se rapprocher. de ce point de vue, Persépolis raconte peut-être aussi la genèse d'une artiste.

On l'a dit : l'Iran est un personnage à part entière, et central de ce roman graphique. Parce que l'essentiel de l'action s'y déroule, et parce que les événements qui secouent le pays sont déterminants pour la destinée de Marjane Satrapi. Cette dernière et sa famille sont les symboles d'une bourgeoisie iranienne qui conserve certes ses avantages sociaux et financiers, mais qui perd, à cause de la révolution islamique, sa position morale et culturelle dominante. Cette classe sociale subit une défaite idéologique qu'elle n'avait pas vu venir (ainsi l'oncle de Marjane Satrapi, qui pense que la révolution ne durera qu'un temps). Enfermée dans une dichotomie idéologique heritée de la guerre froide, la bourgeoisie iranienne ne perçoit pas la puissante vague islamiste et traditionaliste qui impose de nouveaux codes moraux à une société depuis longtemps émancipée. Pire, cette bourgeoisie doit aussi accepter d'avoir participé à l'avènement d'un tel régime, car les sympathisants communistes et révolutionnaires ont eu leur rôle à jouer dans le départ du Chah. Sur la classe dont elle est issue, Marjane Satrapi porte un regard objectif. Enfant rebelle elle-même, elle ne comprend pas les privilèges qui la caractérisent et la dissocient du reste de la société (épisode avec la femme de ménage). Elle se montre aussi consciente de ce qui fonde sa plus haute position sociale : le père conduit une Cadillac, plusieurs des personnes qu'elle connaît (dont son copain Kaveh) font le choix d'émigrer (les classes populaires, elles, ne le peuvent pas) et, en tant que femme, elle n'est pas appelée sous les drapeaux comme des milliers de jeunes garçons, destinés à mourir de façon certaine sur le champ de bataille. de cette distinction sociale, Marjane Satrapi souffre : comment parler de la solitude extrême qu'elle a ressenti en Autriche lorsque les vôtres ont vécu la guerre au quotidien, lorsque certains de vos amis en sont revenus mutilés (Kia a perdu une jambe et un bras) ? Cette souffrance intériorisée est aussi symbolique de la bourgeoisie iranienne qui, dans son malheur, ne peut véritablement se plaindre.

Si la lecture peut sembler encore aujourd'hui extrêmement contemporaine, c'est que le roman graphique traite aussi de l'installation de l'extrémisme - ici qu'on pourrait penser exclusivement religieux mais qui est en fait politique, au sens qui régit la vie de la cité. La révolution islamique en Iran - dont on rappelle que ses héritiers sont toujours au pouvoir aujourd'hui - induit de grands changements dans la société. Des principes moraux stricts régissent dès 1979 la société, avec notamment pour fil conducteur le rejet absolu du corps, vu sous le prisme quasi unique de la sexualité. le corps, féminin en particulier, doit être caché, jusqu'à provoquer des épisodes ridicules. Ainsi lorsque Marjane court après son bus et que les gardiens de la révolution l'arrêtent car le fait de courir permet de voir, selon eux, les courbes de ses hanches et de ses fesses. Si des actes de résistance existent - le simple fait de faire la fête, par exemple, ou de sortir avec un homme ou une femme hors des liens du mariage -, ils ne permettent pas réellement de vivre une liberté absolue. L'extrémisme est ici essentiellement perçu a travers le rapport au corps, qui devient caché. le port du voile, lui, se fait politique, et permet l'expression des femmes tantôt traditionalistes, tantôt progressistes. L'emprise des gardiens de la révolution paraît cependant d'une force extraordinaire. L'école et l'université y sont fermement soumis, et toute forme d'enseignement y participe de la propagande religieuse, morale et politique (ainsi le discours sur l'absence de prisonniers politique grâce à la révolution islamique, contredit par Marjane Satrapi). L'illustration de l'installation d'un extrémisme politique doit ici nous alerter. Loin d'être une dystopie, Persépolis est le récit vécu et subi d'un monde qui change. Que Marjane Satrapi ait pu l'écrire et le publier montre que la liberté existe encore. le récit prouve encore à quel point il faut y être attentif et la défendre.
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La petite histoire

Autobiographie relatant l'enfance, l'adolescence et l'errance d'une jeune femme jusqu'à son départ définitif d'Iran en septembre 1994.
Issue d'une famille aisée et aux moeurs libérées, habitant Téhéran. Ses parents, après la chute du Shah, l'envoient étudier en Autriche pour qu'elle puisse garder sa liberté d'expression.

Le contexte de lecture

Lu dans le cadre du book club graphique de décembre. Merci pour cette sélection qui m'a permis de découvrir enfin ce bijou qui végétait dans ma bibliothèque depuis trop longtemps. Une lecture essentielle à partager autour de soi.

L'aspect graphique

Marjane a choisi le noir et blanc, sans nuance, brut, direct comme son récit. Ce contraste permet de mieux souligner les contradictions, les oppositions.

Autobiographie constructive et témoignage historique

L'autrice nous parle de déracinement, de la difficulté à s'intégrer, de la condition de la femme, d'acceptation de soi, de construction de soi, de politique internationale, d'amour familial, de droit d'expression, d'oppression, de solitude, de la connerie interplanétaire...

Ce que je retiens de cette autobiographie graphique

Sans complaisance, Marjane Satrapi nous raconte sa vie de jeune iranienne en exil et en recherche d'un endroit où s'épanouir et être libre. Son histoire émouvante s'entrecroise avec l'histoire avec un grand H de son pays l'Iran des années 80 /90. Ses chroniques d'une vie donnent à voir des errances, des choix, des compromis et enfin une affirmation de soi. Portrait d'une féministe qui fait réfléchir et grandir...
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Un roman au graphisme épuré et simple mais ô combien efficace ! A travers ses dessins en noir et blanc, Marjane Satrapi a su restituer la riche palette d'émotions qu'elle souhaitait faire passer au lecteur et quelle réussite !
Dans cette autobiographie, Marjane Satrapi évoque son enfance, de ses dix ans, à son adolescence jusqu'à sa vie de jeune épouse à vingt et un ans. Une tranche d'âge où toute personne est en pleine construction de soi. Mais cette quête d'identité sera fortement influencée par le régime en place et la guerre.

L'Histoire de l'Iran aura eu un impact décisif sur la vie de Marjane. Avec des parents qui se revendiquent libres et disposent d'un solide bagage culturel, Marjane apprendra à s'opposer au régime en place tout en restant prudente. La situation se compliquant - la guerre éclate -, elle est amenée à passer quelques années en Autriche, à VIenne. Elle y découvre la culture occidentale et toutes les libertés qu'elle permet. Cependant, son intégration n'est pas aisée et elle traverse même une épreuve très difficile. Elle finit par retourner dans son pays qui lui manque tant et deviendra une jeune épouse, à l'âge de vingt et un an. Mais les conditions de vie en Iran restent conditionnées par de nombreuses interdictions (à tel point que cela en devient parfois ridicule). Les Iraniens, et notamment les femmes, sont condamnés se fondre dans le moule et à respecter, au moins en apparence, les règles dictées par le régime.

Cela faisait longtemps que ce livre alimentait ma PAL mais sa qualité, tant graphique que littéraire, ne méritait cette attente. Je le conseille vivement.
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Dans ces 4 tomes de sa bande dessinée, Marjane Satrapi revient sur un passage douloureux de son pays et de sa vie : la révolution d'Iran de 1979, le renversement du Chah et l'arrivée à la tête du pays d'un pouvoir religieux.
Née et élevée dans une famille progressiste, nous découvrons la culture et la politique du pays à travers des yeux les yeux de cette petite fille, âgée de tout juste 10 ans, entourée de gens qui se battent pour la liberté. Les questionnements de la petite Marji font écho aux nôtres et c'est avec l'aide de sa famille qu'elle va pouvoir appréhender, ainsi que le lecteur, la situation de son pays. Malgré tous ces changements radicaux, ses parents ne quittent pas leur pays faisant face aux différents conflits qui mèneront à une guerre qui les dépassera tous.
Persepolis est une bande dessinée très riche que ce soit au niveau culturel et historique. En choisissant de raconter son histoire et son vécu, on vit la guerre d'Iran de l'intérieur à travers ceux qui l'ont subi, comme Marjane. Cet aspect personnel apporte énormément dans les détails de la vie de tous les jours et permet au lecteur de se transporter dans le quotidien des iraniens. Avec un regard rempli d'humour mais aussi beaucoup d'objectivité, elle nous entraîne dans ses déboires comme dans ses espoirs, avec beaucoup d'humilité.
Le parcours de l'auteur nous amène à voir également le regard extérieur porté sur cette guerre, notamment en Europe où elle séjournera 4 longues années loin de son pays en crise. Ce passage en Autriche, lors de son adolescence, forge sa personnalité et son regard sur l'Iran. Forte d'une culture riche, son retour au pays ne se fera pas sans difficulté, notamment en tant que femme dans une société dominée par la religion islamique.
Persepolis est une magnifique série de romans graphiques qui apportent énormément sur un conflit dont on ne connait finalement pas grand-chose. le regard de cette petite fille qui grandit dans un pays en guerre est un formidable témoignage sur les ravages d'un gouvernement totalitaire dont les conséquences sont toujours à déplorer aujourd'hui…
Lien : http://lalydo.com/2014/05/pe..
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Encore un ouvrage qui a fait fureur et qui a été encensé par les foules en délire. Au demeurant la première bédé chroniquée sur ce blog qui se nourrit à 95% de romans. Comme il parait qu'il faut diversifier son alimentation, allons-y.
J'ai avalé d'un trait l'intégrale des 4 tomes de Marjane, qui retracent en noir et blanc son adolescence jusqu'aux premières années de sa vie de femme.

Marjane est Iranienne et ses parents l'éduquent avec une grande liberté. La petite fille de 13 ans découvre la politique lors de l'éviction du Shah, et l'arrivée des intégristes au pouvoir.
Calquant son attitude sur les idées résolument démocrates prônées dans son foyer Marjane détonne, au risque de s'attirer les foudres de l'autorité en place.
Peu à peu, la situation empire, et la guerre Iran-Irak pousse ses parents à faire partir la jeune fille en Europe poursuivre ses études. le choc culturel est violent et Marjane godille tant bien que mal en apprenant la dure réalité d'émigrée.

Sur des anecdotes parfois comiques, souvent grinçantes, l'auteur évoque des sujets lourds et le décalage entre le fond souvent sinistre et le ton malicieux est compensé par un dessin très sobre, limite enfantin et assez percutant. Elle nous rappelle que derrière les guerres, les régimes, les titres des journaux et les images choc il y a toujours des humains, des familles, des individus avec leurs rêves et leur quotidien.

Pourtant, je ne suis pas tombée en pâmoison à la lecture de ce pavé, sans doute parce que le dessin, précisément, m'a un peu déçue et lassée. L'erreur a peut-être été d'enquiller l'intégrale : déguster les 4 tomes séparément m'auraient peut-être évité l'indigestion. Je ne participe donc pas au concert de louanges chanté à la gloire de Persepolis, tant pis pour moi…
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Marjane Satrapi nous narre en images sa jeunesse dans l'Iran du Shas, de son renversement et de l'avènement d'un régime théocratique. Ce n'est pas seulement le récit d'un pays en guerre, c'est aussi une rencontre entre l'Orient et l'Occident, et la vie de tous les jours en tant qu'Iranienne. le récit est très instructif sur l'histoire de l'Iran, et avec de belles touches d'humour et de sensibilité. Il y a un excellent un bon dosage de tous ces éléments qui font que cette BD est exceptionnelle.
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Cette bande dessinée autobiographique qui nous plonge dans le quotidien d'une jeune fille qui vit en Iran dans les années 80 est un vrai chef d'oeuvre pour moi. C'est très intéressant et surtout enrichissant, très agréable à lire et drôle. J'ai aussi énormément aimé le style des dessins. Un coup de coeur.
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