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4,54

sur 2945 notes
Je viens de relire intégralement "Persépolis". C'est un gros pavé. Marjane Satrapi nous raconte en BD son enfance et son adolescence, dont la plus grande partie se passe en Iran. Le premier intérêt de cet album, c'est le contexte historique: l'engagement politique de son entourage contre le Shah, puis la révolution Islamique de 1979, puis la guerre Iran-Irak et la féroce répression menée par les ayatollahs contre l'opposition intérieure... ça nous fait une bonne piqûre de rappel (douloureuse). Mais l'intérêt principal, c'est ce petit bout de bonne femme, Marjane Satrapi elle-même, ballotée par L Histoire, insoumise, parfois très imprudente, frôlant la catastrophe. La partie consacrée à son séjour en Europe m'a semblé glauque; mais elle n'est pas inutile, car elle montre les effets de l'exil et le choc des cultures. Quant au graphisme, il est simple et efficace, très expressif. Par son graphisme, mais aussi par son esprit, "Persépolis" peut évoquer une autre BD: "L'arabe du futur".
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La lecture d'un des livres de Chahdortt Djavann m'a permis de découvrir Marjane Satrapis auteure de Persepolis...Je ne connaissais que Marjane Satrapis cinéaste primée au Festival de Cannes et "césarisée" Je ne savais pas que le film était né de quatre albums de BD, regroupées dans le livre que j'ai lu.
D'ailleurs est-ce une BD ou un roman graphique? En tout cas c'est un livre qu'on dévore, surtout quand on se passionne pour l'histoire contemporaine.
Marjane Satrapis a suivi les cours de l'Université des Arts Graphiques, mais les dessins de Persepolis apparaissent à première vue d'une grande banalité, indigne de sa formation, d'une grande uniformité. Toutes les filles, ou presque, se ressemblent, tous les hommes, ou presque, se ressemblent, tous les barbus islamistes ont la même tête de barbu islamiste...peu ou pas d'émotion, pas d'expression sur les visages, peu de sourires...une grande tristesse, une grande uniformité, une pour décrire ce monde noir, très noir dans lequel aucune tête ne dépasse, cette austérité, ce monde triste qu'est devenu l'Iran des Ayatollah. le noir des foulards, le noir des barbes, celui des tenues de ces ayatollahs, des robes des femmes.
Une grande monotonie en noir et blanc pour accompagner ce texte, ces quinze ans de révolution, de répressions rythmées par des exécutions, d'emprisonnements, de guerres contre l'Irak, de martyrs. Quinze ans avec les gardiens de la révolution, les gardiens des moeurs, les gardiens de la supériorité masculine, les gardiens du rejet des femmes, les gardiens du foulard.
Même les pages du livre ne sont pas numérotées...aucune ne sort la tête, aucune n'est mise en avant ....toutes sur le même plan
Un texte pas du tout larmoyant, loin de là, mais une dérision permanente, un humour féroce pour rire jaune parfois, pour dénoncer le ridicule, les relations hommes-femmes, la politique internationale, la propagande, les slogans islamiques, les martyrs des guerres, le rationnement, les jeunes qui tentent de s'affranchir des règles islamiques pour faire la fête, se maquiller, s'habiller comme les jeunes occidentaux...souvent au péril de leur vie. Les petites phrases, bulles de cette BD-roman sont très souvent de petites pépites percutantes.
Le livre prend toute sa force dans la complémentarité entre le dessin et le texte qui l'accompagne.
Sa famille fait partie des familles aisées de l'Iran, son grand-père a été premier ministre du Shah, son père roulait en Cadillac, et malgré leur position, ils ont été peu inquiétés par la Révolution. Marjane Satrapis a pu quitter l'Iran pendant plusieurs années pour suivre des études dans un lycée français en Autriche
Un témoignage fort, chronologique, précis, quinze ans d'autobiographie de Marjane Satrapis vivant cette révolution iranienne, depuis la destitution du Shah d'Iran jusqu'à son exil en France. Quinze ans de la vie de l'Iran, de l'Irak.
Un dérèglement de cette partie du monde qui fait toujours l'actualité, la noirceur des uniformes des martyrs et des tchadors a changé de territoire; le texte conserve toute son actualité et sa pertinence dans ces nouvelles frontières, dans ce Moyen-Orient.

Lien : https://mesbelleslectures.co..
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J'avais vu le film d'animation mais pas lu tout le texte; c'est fait parce que ma fille souhaite le faire lire à Nora, 12 ans: il me semble que c'est trop tôt car elle ne connait pas le contexte politique; en revanche, j'ai bien apprécié de découvrir tout le texte, édition 2017.np. Une histoire dans L Histoire où on ressent l'atmosphère de l'Iran sous le sha puis dans la république islamiste.
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Je connaissais l'histoire de Persepolis pour avoir vu le film issu du roman graphique lors de sa sortie dans les salles obscures. Je me rappelle avoir beaucoup aimé et m'être dit qu'il fallait aussi que je lise les BD.

L'auteure, Marjane Satrapi (qui est un pseudonyme, je l'ai appris en allant consulter sa page Wikipedia), nous narre ses souvenirs, de l'enfance au début de l'âge adulte, dans l'Iran post-révolution. Comme beaucoup, j'avais effleuré cet épisode en cours d'histoire au lycée mais on ne nous en disait pas grand chose, il s'agissait simplement d'un épisode de la guerre froide qui, elle, était davantage explorée. En y regardant d'un peu plus près, il s'avère que le renversement du Chah d'Iran était davantage qu'une simple ligne d'un cours d'histoire de classe de Terminale, en tout cas pour ses habitants. Ce pays, qui était, si j'ose dire, plus occidentalisé que l'Europe avant la chute du Chah – les filles portaient des minijupes et les gens buvaient du coca-cola en l'honneur de l'Oncle Sam notamment – a fait un bond de plusieurs siècles en arrière et s'est retrouvé quasi au Moyen-Age.
Filles et garçons séparés à l'école, on ne sait jamais, cela aurait pu donner de mauvaises idées.
Port du foulard obligatoire pour les femmes mais aussi pour les petites filles, j'insiste.
Retour de la barbe chez les hommes, il est important de souligner que les hommes aussi devaient respecter un certain code même si, comme toujours, ce sont les femmes qui étaient les plus réprimées dans le nouveau régime.
J'en passe, bien entendu.

Marjane Satrapi nous conte, non sans un certain humour mais aussi beaucoup de tristesse, la destinée de son pays à travers sa propre vie, de petite fille des beaux quartiers de Téhéran à son retour au pays à la fin de l'adolescence après un exil de quatre années passé en Autriche.

Je ne suis pas une adepte des bandes dessinées et autres romans graphiques ou mangas et ne suis donc pas experte. Les dessins sont en noir et blanc – il ne pouvait en être autrement au vu du sujet – et plutôt réussis, de mon point de vue. L'histoire quant à elle fait peur, très peur, surtout à l'heure actuelle où l'intégrisme, sous toutes ses formes – religieux, droit des femmes, etc... - revient en force. Qu'on ne s'y trompe pas, Persepolis pourrait nous arriver demain.

A (re)lire et à faire lire




Challenge Multi-défis 2019
Challenge Trivial Reading IV
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Avant de livrer mon avis sur ce roman graphique, je voudrais d'abord exprimer l'admiration que j'ai pour Marjane Satrapi. J'ai été marquée (positivement) par l'honnêteté de son oeuvre ; je trouve cela très courageux. Elle a su faire partager des souvenirs crus d'une très belle manière et je suis impressionnée.
Cela étant dit, je peux ajouter que j'ai beaucoup aimé cet ouvrage, même si le trait des dessins ne m'a pas trop plu. L'histoire est bien racontée, bien menée, j'ai pris un grand plaisir à la lire. Je crois que j'ai aussi beaucoup appris sur cette guerre qui a déchiré l'Iran et l'Irak, et ce d'un point de vue différent de celui que j'ai pu avoir en cours (en terminale notamment). En effet Marjane Satrapi nous livre un témoignage d'une grande richesse émotionnelle et personnelle, tout en proposant une vision plus objective des événements, ce qui nous permet d'avoir une approche la plus juste possible de ce qu'était la vie en Iran dans les années 1970-1980.
J'ai personnellement réussi à comprendre un peu mieux le pourquoi du port du voile, et comment cela était vécu par les femmes concernées, et je me suis prise à les admirer, à admirer leur force ; c'est vrai qu'on est parfois loin de s'imaginer qu'une mèche de cheveux qui dépasse peut être un signe de rébellion et de progressisme.
Il ne faut surtout pas passer à côté de cette lecture, qui est pour moi, au-delà de tout ça, une sorte d'appel à plus de tolérance.
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Lu, relu avec grand intérêt cette histoire conçue sous forme de bande dessinée. D'autant plus désarmant que racontée sans emphase, cette histoire doit raisonner différemment selon l'histoire personnelle de chaque lecteur.
Comment espérer comprendre?
Comment puis-je espérer comprendre la guerre quand ma seule référence est la mémoire de la Grande Guerre il y a 100 ans ! Comment puis-je comprendre la vie entre deux cultures, deux référentiels ? Comment puis-je comprendre une adolescence féminine en foyer à l'étranger ?
La lecture de cet ouvrage agit en miroir pour aider à comprendre sa propre société, son petit soi.
Tout d'abord ce livre met à l'honneur Monsieur et Madame Satrapi, des parents comme chacun aimerait avoir.
Une histoire multipolaire
Narrée avec simplicité l'histoire moderne de l'Iran* des années 20 au départ de Marjane Satrapi pour la France en 94, racontée avec les mots d'une adolescente : l'implication du communisme dans la chute du Shah, la bascule dans l'Islamisme (restée sans explication étrangement), le rôle continu des grandes puissances occidentales dans la déstabilisation de l'Iran depuis 1920, la guerre avec l'Irak et son million de disparus, la dictature des mollahs, l'usage des martyrs, les relations avec les pays arabes…Tant de thèmes sont abordés que l'on aimerait s'y arrêter et les explorer plus avant.
Mais c'est aussi l'histoire quotidienne de la mode à la musique, de la première boum, du maquillage comme protestation politique, de la schizophrénie des iraniens, de la femme dans la société, de la rencontre avec la société occidentale et des ses sous-produits : punks, tiers-mondistes, gauchistes conscientisés, religieuses psycho-rigides et surtout l'individualisme de la société démocratique et son alter ego la peur de l'autre, cet effrayant autre soi.
N'est pas décrit la profondeur de la culture persane comme en témoignent la poésie de Saadi et Hafez, des jardins et de l'architecture (voir Regards sur l'Iran sur ce même blog). C'est cette profondeur qui rend les iraniens cultivés schizophrènes tiraillés entre le régime tatillon et imbécile et la liberté de penser.
Lire Marjane Satrapi : Une nécessité pour l'Occident
Les gouvernants des pays occidentaux avec à sa tête M Obama, ne peuvent s'abstenir de lire Marjane Satrapi et tous les auteurs iraniens pour espérer commencer à comprendre l'Iran d'hier et d'aujourd'hui. Pays et état millénaire, marqué récemment par dix ans de guerre avec son cortège de destruction et de morts, stigmatisé par la planète entière ave le régime des mollahs mais fier de lui-même et de sa culture. Il est probable que désireux de liberté et d'indépendance, le peuple iranien ne se soumettra pas aussi facilement au coca-cola et au jean comme aboutissement de la vie sur terre. de Ahura Mazda à Mahomet en passant pas la culture orientale où Dieu est mis à toutes les sauces, les incompréhensions seront encore nombreuses.
Le débat du voile en Occident ? Il n'est que de lire Marjane Satrapi qui, en un dessin, oppose Liberté et Foulard. Les arguments des barbus iraniens ressemblent étrangement à leurs homologues épris de libertés établis sur le sol de France. A croire que le poil excite!

Merci à Céline du prêt et de l'idée.
A lire à partir de 12 ans et à recommander aux bonnes consciences.

Lectori salutem, Nathan
*Iran, superficie trois fois la France, 70 millions d'habitants, 4ème producteur de pétrole, 2ème exportateur de l'OPEP, 2ème plus grande réserve mondiale de gaz en étant le 6ème producteur.

Lien : http://www.quidhodieagisti.fr
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Raconter la vie en Iran à partir de la chute du Chah.

Roman graphique autobiographique, Marjane Satrapi raconte les faits marquants de sa vie de son enfance dans le Téhéran du Chah, à la révolution islamique, aux études en Europe et le retour au pays.
L'autrice offre d'une part un témoignage très touchant sur la mutation de son pays et livre un critique du système en place et d'une autre part une réflexion sur l'identité, l'adolescence dans un tel contexte et l'exil.

Une grande nom des romans graphiques pour raconter des événements historiques modernes avec une touche d'humour et d'humanité qui s'inspire par le dessin et la découpe au maître du genre Spiegelman et son chef d'oeuvre MAUS.
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En ce jour du 8 mars, je voulais absolument parler de Persepolis pour plusieurs raisons. La première pour soutenir le cri de révolte des femmes ET du peuple iranien. La deuxième : ayant vu le film en 2007, j'avais très envie de lire le roman graphique. La troisième : c'est un récit personnel à avoir dans sa bibliothèque au même titre que Maus.

Persepolis raconte plusieurs moments de la vie de Marjane Satrapi :
♧ son enfance en Iran de 1978 à 1983 scindée entre l'avant (dictature du Shah) et l'après révolution (régime islamique, pénurie, exécutions arbitraires, guerre Iran-Irak) ;
◇son adolescence marquée par un exil en Autriche en 1984 décidé par ses parents pour la protéger (liberté mais solitude, déceptions sentimentales, préjugés face à la différence de culture, perte de repères...) ;
♡sa vie de jeune femme avec un retour en 1988 en Iran (où elle se sent déphasée) puis un départ définitif en France en 1994.

Début 2023, je me suis offert le monovolume de Persepolis. Regorgant d'informations, il complète très bien le film : on en apprend plus sur les personnages, c'est génial.

Persepolis nous permet de découvrir l'Histoire de l'Iran à travers le regard critique d'une Iranienne contemporaine des faits. L'album est divisé en 4 parties composées de plusieurs chapitres ayant tous un titre en rapport avec l'événement narré (le foulard, les héros...), ce qui rend la lecture fluide. J'ai retrouvé dans la BD ce qui m'avait tant plu dans le film : la spontanéité, l'autodérision de la fillette devenue adulte avant l'heure.

La grand-mère est mon personnage préféré : elle essaie de dédramatiser les situations les plus angoissantes avec de supers punchlines!

Coup de coeur pour la griffe de l'autrice : un dessin en noir et blanc, imagé, expressif dans lequel elle insère une bonne dose d'humour.

Le motif du cheveu qui dépasse (et qui a valu la mort à Mahsa Amini le 16 septembre 2022) est cité dans la bd. Rien n'a donc changé en Iran.

Un témoignage toujours d'actualité, c'est pourquoi il faut lire et relire Persepolis!
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J'ai découvert ce roman graphique au cours d'une discussion avec un libraire. du coup je me suis laissé tenter, j'ai acheté l'intégrale.
Marjane Satrapi, l'auteur, nous raconte son histoire de petite fille, puis d'adolescente en Iran. La narration commence en 1980 alors que la révolution a eu lieu une année auparavant.
Des mots simples mais un style percutant et qui malgré le contexte font parfois sourire.
Il n'y a rien qu'on ne sache déjà mais l'originalité réside dans le mode choisi pour raconter, un roman graphique. Seul bémol on se lasse du noir et blanc, peut-être aussi parce que j'ai lu les quatre tomes à la suite.
Séquence souvenirs, l'auteur évoque des colonies de vacances en Europe… lorsque j'étais moi-même en colonie de vacances (entre 1975 et 1979) il y avait des iraniens avec nous.
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Une autobiographie sous forme de roman graphique. Une vie bien difficile en Iran.
Ca parle de liberté bien sur, de la condition de la femme, la guerre, la révolution, l'amour, la famille, l'intégration... C'est très instructif et intéressant. Des fois un peu lourd à lire surtout quand il y a des passages sur la politique. Et j'étais parfois un peu perdue. C'est tellement pas notre culture qu'on a un peu du mal à s'imaginer à leur place. Mais une fois de plus je me dis qu'on a beaucoup de chance d'être né en France.
Ce qui est bien c'est qu'on suit Marjane depuis sa jeunesse. On voit la guerre et le quotidien à travers ses yeux. On voit sa candeur évoluer et elle avec, avec l'éducation et les événements. Une héroïne plus réelle que réelle. Forcément. Attachante, humaine. Dans laquelle on peut se retrouver.
Les dessins sont simples dans un noir et blanc sans contraste. Des dessins dont je ne suis pas particulièrement fan mais qui collent parfaitement au récit, qui transmettent les faits et les émotions sans trop en faire.
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