Vous aussi quand vous prenez du bon temps, vous tentez de repousser le moment où cela va se terminer ? Un peu comme lorsqu'on est avec quelqu'un qu'on n'a pas envie de quitter, je me suis interdite de lire le troisième tome de
L'arabe du futur en un seul soir. J'ai reposé le livre à mi chemin alors même que
Riad Sattouf a un réel talent pour clore ses chapitres à la manière d'une bonne série c'est à dire avec tous les ingrédients qui donnent envie de connaitre la suite.
Et la suite je l'attendais avec impatience après avoir lu les deux premiers volets de cette saga de la jeunesse de l'auteur au Moyen Orient (la question qui tue : peut on lire le tome 3 si on n'a pas lu les tomes précédents ? oui sans doute dans la mesure où ce tome est compréhensible à lui seul mais ce serait dommage de se priver de ce sentiment bien particulier, celui d'avoir l'impression de « retrouver quelqu'un dont on attendait des nouvelles depuis longtemps »).
Contrairement à ce que laisse supposer le titre de ce billet, je n'avais pas trop de doute quand à la qualité de ce tome 3 qui raconte, avec toujours autant de détails olfactifs et sensoriels, les années 1985 à 1987. Je craignais par contre d'avoir moins d'effet de surprise après avoir vu l'émission La grande librairie ( la seule émission littéraire à la télé aujourd'hui, no comment) avec
Riad Sattouf, un peu comme lorsque tous les moments forts d'un film se trouve dans la bande annonce.
Mettons un terme à ce suspense insoutenable : ce nouveau volet de l‘Arabe du futur est aussi bon que les autres. Qu'il parle de l'école, de la petite souris et de Noël, du Ramadan, qu'il soit dans ce petit village de Syrie où habite alors sa famille ou en Bretagne pour la fin de grossesse et pour l'accouchement de sa mère,
Riad Sattouf nous plonge dans son quotidien avec un sens du détail qui laisse songeur (de quoi se souvient il exactement tant d'années après ?) et avec un humour qui fait mouche. Je ne me lasse pas de sa façon de représenter ses personnages la bouche toujours en avant, de leur expressivité et de ses annotations en dehors même des bulles. Et puis mine de rien, chaque volet donne des clefs au lecteur quant à la compréhension du monde d'aujourd'hui.
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Dans ce troisième volet de
l'arabe du futur,
Riad Sattouf aborde aussi l'épisode de sa circoncision, sujet auquel il a consacré un album il y a quelques années et que je vous conseille de lire.
Si le portrait du père s'étoffe de volet en volet, la figure de la mère est plus en creux. On devine, à travers le regard lucide du jeune garçon, qu'elle n'est pas heureuse, perdue au milieu de nulle part en Syrie (elle occupe son temps avec des puzzles) et on finit par se demander si le couple va tenir ainsi longtemps.
Encore une fois l'auteur s'avère un formidable narrateur à qui on a envie de réclamer la suite de histoire
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