L'Arabe du futur, tome 3 : Une jeunesse au Moyen-Orient (1985-1987)

Que puis-je ajouter à toutes les belles critiques sur ce bouquin ?
Ce qui me frappe c'est la justesse du ton, Riad Sattouf est excellent dans la retranscription de sa vision d'enfant sur le monde qui l'entoure !
Il arrive à me faire rire de choses graves.
Très bon moment de lecture.

C'est avec plaisir que j'ai retrouvé le petit Riad dans son village de Syrie avec ses parents et son petit frère. Il va subir le rituel de la circoncision. A l'école, il obtient de très bonnes notes et est mieux accepté. L'album est un concentré d'anecdotes réalistes vues à travers les yeux d'un enfant. Les passages sont tantôt émouvants, tantôt dramatiques mais toujours très vrais, on ressent que les faits ont été vécus. Les relations entre ses parents se détériorent : sa mère se plaint de plus en plus sur leurs conditions de vie et son père rêve toujours de devenir un homme important dans son pays. On touche bien du doigt la pauvreté de la Syrie.

Bien sûr c'est toujours aussi délicieux. Par rapport au tome 2, je trouve que nous renouons ici avec plus de légèreté (si je puis dire) et d'humour. Les remarques du petit Riad sont tellement bien senties. Il gagne en maturité et l'on se dit souvent : "C'est pas faux cette façon de voir !", comme ses réflexions à propos de dieu par exemple.

Une nouveauté dans ce tome est l'attitude de la maman de Riad : enfin, elle semble se positionner et s'offusquer. Il était temps je trouve ! (même si le père trouve à un moment qu'elle est trop pressée 8-O ! Comment peut-il ???) Je ne comprenais pas la passivité apparente de la mère dans les tomes précédents. Et le papa m'a cette fois plus fait rire, et beaucoup moins agacée.

Enfin, une fois n'est pas coutume, ce sont les agissements des français qui m'ont le plus choquée, le couple paysan et leur rapport aux animaux notamment !!!

Rendez-vous pour le tome 4, dans un lieu auquel je ne me serais pas attendue ;) !

~ Challenge 50 objets-3 : accessoire de salle de bain
~ Challenge ABC 2020-2021 : S

Une grande mélancolie émane des aventures du petit Riad et de sa famille. Tout est dit avec la naïveté de l'enfance, la délicatesse et la lucidité d'un petit garçon tiraillé entre ses deux familles aux antipodes l'une de l'autre : les espoirs déçus de la mère, la désillusion du père, la vie bancale dans un village perdu de Syrie et le délitement de la cellule familiale. Chaque sourire arraché l'est au prix d'un serrement de coeur.

Dans cet album comme lors des précédents, Riad Sattouf a le don de nous faire plonger dans sa vie, de nous faire ressentir les atmosphères, grâce à une foule de petits détails qui donnent l'impression d'y être et des anecdotes plus vraies que nature. Avec la naïveté du regard d'un enfant, il brosse un portrait sans filtre de la Syrie des années 80, de ses habitants et conditions de vie, avec une large place faite à l'école.
Paradoxalement j'ai trouvé ce tome moins politique que les premiers, Hafez el-Assad n'est que brièvement évoqué. S'y substitue la description du quotidien, plus ou moins facile mais souvent surprenant. Ainsi on croise tour à tour, pêle-mêle, un père à l'allure d'éternel adolescent qui rit lui-même à ses blagues d'un rire pointu, Conan le barbare, un goldorak géant, un maître qui éduque à coups de bâton, une circoncision avec une lame "pas très propre", une grand-mère bretonne déjantée, un supermarché prisunic (oui, un seul). La fin ouvre la porte à un quatrième opus qui s'annonce plein de rebondissements.

Est-ce bien utile de critiquer l'arabe du futur aujourd'hui? Sans doute toujours un peu parce que cette critique est la mienne, et qu'elle parle de ma rencontre très personnelle avec ce bouquin. Pourquoi le numéro 3 plutôt que le premier...Pur hasard, ou pas. J'avais dévoré les deux premiers tomes avec la même fringale que le Persepolis de Marjane Satrapi, ou encore le Palestine de Joe Saccoe...Et puis j'ai lu d'autres trucs entre temps et voilà, j'ai laissé en plan Riad Sattouf. Pourtant je le retrouvais régulièrement avec plaisir dans les pages de Charlie avec "la vie secrète des jeunes". Mais ce qui m'a décidé c'est sans doute ce gentil algorithme, qui a force de m'épier s'est autorisé à m'envoyer des articles de presses sur l'actualité du festival d'Angoulème. (qu'est-ce qu'elles sont bien intentionnées ces I.A.!) Evidemment je tombe sur le portrait de Riad Sattouf en pleine promo du tome 6 de l'arabe du futur et je me dis qu'il faudrait que je reprenne ma lecture. Alors, pur hasard toujours? Tout ça pour dire qu'avant, fallait compter sur la sienne, d'intelligence, pour aller dégoter la BD indé incontournable, fallait utiliser ses petits petons et arpenter les festivals, les magasins spécialisés, les bibliothèques, acheter des revues...Tout ça pour se faire traiter d'adolescent attardé en plus! Il en a fait du chemin le 9eme art en 40 ans! Il est rentré dans la cour des grands, avec ses monuments comme "Maus d'art Spiegelman", "la foire aux immortels" de Bilal, ou "Corto Maltese" de Pratt...Maintenant on peut sans rougir arborer une bibliothèque avec d'illustres romans graphiques, ça reste quand même classe. de cancre boutonneux me voilà devenu gardien d'un temple enfin sacralisé parce qu'il représente la culture avec un gros "cul"! C'est du sérieux maintenant! Il m'arrive même de dire à mon fils de lâcher sa console et de lire un Batman scénarisé par Franck Miller parce que ce serait moins perdre son temps. (Je lui demande pas de lire Proust quand même)
J'ai digressé un peu vous me direz. Je voulais juste dire que Riad Sattouf c'est vraiment très bien, j'en ai plus appris avec l'arabe du futur sur le proche orient que pendant mes laborieuses années universitaires en Fac de Géographie! Pour vous dire que la BD c'est du sérieux.

Toujours aussi ravie de lire la suite de la famille Sattouf.

Le petit garçon continue de vivre en Syrie où il est difficile de garder les coutumes françaises, comme le montre Noel où pourtant la famille fait en sorte de garder le mystère et la magie.
On sent que Riad se pose de plus en plus de questions, les conflits intérieurs commencent entre vie à la française et à la syrienne.

D'autant plus, que les parents se disputent de plus en plus. La mère désire retourner en France et le père qui au contraire, s'imprègnent un peu plus de la religion et de ses rites (ramadan, circoncision).

Comment va évoluer le couple en vivant aux antipodes ? et comment se construit Riad ?
A Suivre...

Dans ce tomme 4, Riad deviens un adolescent et il passe la majeure partie de son temps en France, si bien qu'il en oublie la langue arabe, au grand désespoir de son père qui n'abandonne toujours pas l'idée de faire vivre toute sa famille en Syrie dans sa maison toute décrépie.
Alors que Riad ses frères et sa mère sont en France, son père vit et travaille en Arabie Saoudite.
Les chemins de ses parents sont en train de s'éloigner et leurs retrouvailles sont de plus en plus houleuses. Leur vision de monde, et de la place des femmes, diffère totalement.
Toujours autant d'auto-dérision, mais la dernière planche prend aux tripes et nous met au supplice tant la suite est attendue !!

Ce troisième album maintient la qualité des précédents. C'est avec plaisir que j'ai suivi la scolarité de Riad qui entre maintenant en CE2 (équivalent). J'adore la description des instituteurs, des professeurs de l'université également... On comprend que la vie en Syrie devienne difficile. Les relations familiales sont également disséquées et le point de vue de l'enfant (dans sa naïveté) permet de dire ce qu'il veut, la vérité en fait, car le clou de ce tome réside dans les propos du père sur les saoudiens. Je crois qu'on avait jamais eu dans la BD ou même la littérature de description aussi franche de ces régimes.

J'ai pris autant de plaisir à lire ce troisième tome de l'arabe du futur que pour les deux premiers, surtout que la mère de Riad commence (enfin) à se révolter un peu.
En plus, l'histoire finit sur un coup de théâtre qui nous laisse espérer un quatrième volume.