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Lise Capitain (Traducteur)
EAN : 9782361837037
128 pages
Les Moutons Electriques (23/04/2021)
3.62/5   4 notes
Résumé :
L’Inde contemporaine s’apprête à basculer dans le fascisme.

Deux étudiants, un homme et une femme, cherchent à s’affranchir de leur vie et de leur corps pour fuir une société ravagée par le racisme, la pauvreté et le sexisme

Jayaprakash Satyamurthy s’attache à la rencontre de ces deux âmes, leur liaison en quête de l’osmose parfaite. Ensemble, ils s’échapperont vers d’autres réalités, parfois sombres comme un bûcher éteint, parfois lumi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
De si petits galets, capables de déchaîner une avalanche de pensées

Jayaprakash Satyamurthy avec son récit et son usage particulier de la langue, réussit à rendre plus que palpable ses personnage dont une femme et un homme Il met en mots le refus des assignations et de leurs inscriptions corporelles, « C'est plus facile dans la chair d'un garçon. C'est pourquoi elle a cessé de penser, non sans hésitation, aux garçons dont elle aime peut-être la chair pour se consacrer aux garçons dont elle aimerait porter la peau (pas ((?)) littéralement) », les chaînes de la vie et les moyens de les briser, le visible et le souhait de se rendre invisible, la « peluche culturelle qui s'accroche à un cerveau après l'autre », le fondamentalisme et ses effets, les petits gestes de résistance au quotidien, les bénéfices de la masculinité, les effets de la parole, « Maintenant, ils ont parlé. Elle a une meilleure idée des perspectives »…

L'auteur mêle au récit des sons et des musiques, des rêveries, « Elle voudrait être un oiseau, une créature ailée qui peut fendre les airs et être là en un battements d'ailes », des éléments de mythologie d'origines diverses, le sens de la bifurcation, des allégories, des revendications en termes de droits humains, l'écoulement du temps, « le vieux jour passe. Change le décor, soulève le rideau. Il est temps d'entrer en scène – », les couleurs, les courants forts et les étincelles, « Il se précipitèrent dans l'orage, dans un monde incertain, vers un futur inconnu », des noms et des visages…

« Une simple pensée, comme un galet détaché du flanc d'une montagne, a rebondi, pierre après pierre, gagnant de l'élan et des compagnons, jusqu'à ce qu'une avalanche change véritablement le paysage de nos pensées »
Lien : https://entreleslignesentrel..
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Ce court roman fut publié lors du lancement de Courant Alternatif, label des éditions Moutons Électriques à la ligne graphique clairement identifiable. le mot d'ordre est de proposer de la "littérature enragée et engagée".
Jayaprakash Satyamurthy nous plonge dans une Inde en plein basculement fasciste. Ses deux personnages principaux sont des étudiant·es se posant des questions sur leur genre. Elle, voudrait être un homme pour échapper au carcan oppressif auquel elle est tenue. Lui, voudrait simplement être une autre personne ou plutôt ne plus avoir à répondre aux injonctions de la masculinité toxique.

Le texte, émaillé d'évocations de chansons, est coupée en trois parties, non égales.
La première est composée de phrases très courtes, saccadées, parfois comme une prise de notes ou bien comme si la voix qui narre était à bout de souffle, comme étouffée. L'on navigue entre les deux protagonistes, lui avec beaucoup de musique, elle avec beaucoup de mythologie (les mythes grecques et hindous se croisent) et d'ésotérisme - le terme "hermétique" apparaît assez vite. En fond la menace grandit pour les personnes jugées non conformes et l'urgence s'impose.
La deuxième partie est plus déroutante et le style change. J'ai pour être honnête été un peu perdu, mais je crois que cela fait partie du concept.
La troisième partie, forme la conclusion rapide de cette histoire.

De l'eau, des oiseaux, des éclairs, voilà quelques éléments que vous trouverez tout au long de ces pages à la poésie certaine.
Des réflexions intéressantes également, sur les performances de genre et les injonctions, comme évoqué plus haut, mais aussi par exemple sur l'importance des symboles... et de les délaisser quand ils sont récupérés.

Au final, une lecture un peu déroutante par moments mais qui vaut la peine d'être tentée, a fortiori si les questions de genre vous intéressent et que le fantastique ne vous rebute pas.

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Dans un futur proche, l'Inde subit une montée du fascisme. Racisme, sexisme, pauvreté et extrémisme forment un quotidien qui ne cessent d'empirer. Dans cette ambiance délétère, une femme rêve d'être un homme pour avoir plus de marge de main d'oeuvre sur sa vie et sur celle de ces proches. Au même moment, un homme est mal dans sa peau et voudrait en changer pour n'importe laquelle tant que ce n'est plus la sienne. Ces deux esprits vont se croiser ce qui donne une rencontre et un rapprochement inédit. J'ai adoré suivre ces deux destins.
La plume est très belle et participe à un récit intimiste qui réussit à donner un côté poétique à une histoire dure. Les réflexions de chacun sur leur vie et leurs idées pour améliorer leur situations sont fascinantes. Il y a juste un bémol : la fin fait plouf. Si l'aspect émotionnel est magnifique, le passage à l'action hyper rapide et trop décalé du reste du récit ne fonctionne pas. C'est dommage car le début était un vrai coup de coeur mais ça reste une bonne lecture.
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Deux personnages, Sati et Satyan. Nous sommes en Inde. Sati souffre de ce contrôle social opéré sur le corps des femmes [3] (dont j'ai parlé par ici) qu'il s'agisse de la manière de s'habiller, de se mouvoir dans l'espace, de ne pouvoir vivre tel qu'elle l'entend, en somme. Satyan : les mythes virilistes qui pullulent partout – cinéma, télévision – lui qui n'en veut pas, ne désire pas de ce pouvoir octroyé par le genre auquel on l'a assigné. Non par bonté ou quoi ce soit, pas à son aise dans ce rôle qu'une organisation sociale voudrait lui octroyer. Les assemblées masculines (masculinistes ?), il les évite. Que faire face à ces assignations de genre ? Parce qu'identifié·es à un genre, c'est toute sa manière d'être qui devrait se régler et se conformer à cette assignation, et la représentation qui l'accompagne – par exemple : la sensibilité pour les femmes, la force pour les hommes. Un désir se fait jour chez Sati, non pas devenir homme – car ce n'est pas tant le « sexe » qui compte, ici, que le rôle social donné à ceux considérés comme appartenant à la caste des hommes – mais s'envelopper du corps d'un homme, s'habiller du corps d'un homme. Dans et par ce corps masculin, c'est le rôle social fixé aux femmes qui s'évanouirait. Manière pour Sati de se jouer des codes, ne la désigne-t-on pas d'ailleurs par cette étrange expression « garçon manqué » [p.21] ? Une femme qui ne plierait pas aux codes de genre imposés est alors de fait considérée un garçon « incomplet ». L'une des plus grande force de la force de l'eau réside dans ce basculement qui s'opère peu avant la moitié ; une fusion. Nous qui pensions être dans un roman « réaliste », vraisemblable, voici que l'extraordinaire débarque brusquement ; Sati et Satyan s'échangent leurs corps. Elle vêtue de son corps, à lui, lui de son corps à elle. Pas simplement un échange de corps, les deux se trouvant lié·es par la pensée et l'esprit. Cette métamorphose, ce changement pourrait faire figure d'allégorie [5] celle de la rencontre de deux personnes par-delà le monde sociale et ses assignations de genre. Chacun des deux personnages ayant, par cet évènement extraordinaire, accès à la condition de l'assignation de genre de l'autre.

Là où Jayaprakash Satyamurthy fait preuve d'une véritable originalité, c'est dans la manière dont il (nous) restitue cette situation inédite.

La suite de la critique par ici : http://litteralutte.com/?assignation-de-genre-et-leur-abolition
Lien : http://litteralutte.com/?ass..
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
C’est plus facile dans la chair d’un garçon. C’est pourquoi elle a cessé de penser, non sans hésitation, aux garçons dont elle aime peut-être la chair pour se consacrer aux garçons dont elle aimerait porter la peau (pas ((?)) littéralement)
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« Il pouvait y avoir des moyens de faire ça. Bien sûr, les romans d’amour parlent de ne faire qu’un avec l’autre. Il aussi la catégorie des poésies religieuses où la divinité de l’être aimé avec lequel nous cherchons l’union. Avec ça, elle serait à mi-chemin. Elle, elle veut s’installer pour de bon. Emménager. Changer les rideaux. Ouvrir les fenêtres d’une autre âme, et de là, poser les yeux sur le monde. Elle pense au mélange des genres. À la foi qu’il faut avoir pour faire un saut de l’ange. Ce mot trompeur, la foi. Cet oiseau trompeur, la psyché. »Retour ligne automatique
p.31 [trad. Lise Capitan]
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« C’est pourquoi elle pense à lui [Satyan], quelqu’un comme lui. Il est presque comme un costume sur mesure pour ses besoins. Les bénéfices de la masculinité, du simple fait d’appartenir à la majorité à celui de faire partie des castes supérieures, mais avoir aussi l’avantage de ne pas avoir à répondre aux attentes des autres, d’être un flemmard. Des attentes moindres, et un filet de sécurité. Elle se demande s’il s’en rend compte. S’il sait qu’il a de la chance d’avoir gagné le gros lot rien qu’à la naissance. Retour ligne automatique
p.31 [trad. Lise Capitan]
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Le silence est un puits dans lequel il se noie, le monde des rayons de soleil et de la vie ne se trouve qu'à quelques mètres pendant que lui il sombre, là, dans les ténèbres... (16)
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« Quand est-ce que les gens capituleront sur son apparence à elle, sa façon de parler, sa façon de marcher ? Même la fille la plus discrète (…) entends cette rengaine a droit à ce comité de surveillance. » Retour ligne automatique
p.8 [trad. Lise Capitan]
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