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Coup de coeur pour ce roman de vie et de mort, bercé par le touk-e-touk des rails anciens.

Tout commence avec un train dans lequel une femme est montée. Elle s'appelait Gladys, un nom de femme heureuse (glad en anglais signifie content). Elle a un jour pris le train à Swastika, une petite ville du nord de l'Ontario. Un narrateur tentera de reconstituer son périple et de comprendre sa disparition.

Les trains de ce roman sont bien loin du TGV. Ce sont des trains perdus qui cesseront probablement leurs activités, car en Amérique du Nord, le rail a perdu la bataille contre la route, contre l'automobile et le camion.

Les trains de ce roman parcourent les grands espaces de la forêt boréale, avec des ermites de la forêt, des Amérindiens et des gens heureux d'habiter dans une petite ville minière loin des métropoles. Gladys et ses amis ont pourtant vécu des temps difficiles, où des enseignants itinérants allaient de village en village dans les « school trains »et où les accidents dans les mines faisaient de nombreuses victimes.

Une belle écriture, capable de susciter l'émotion et de faire vivre ses personnages, des êtres à la fois ordinaires et extraordinaires, des gens qui savent être heureux et d'autres qui portent le lourd fardeau du mal de vivre.

Un roman touchant, qui parle du bonheur, mais aussi de ce qu'il y a tout au bout du chemin.
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Un matin, Gladys est partie. Elle a quitté sa maison pleine de bibelots et sa fille suicidaire, et a pris un train. Un de ces trains de l'Ontario, qui sont en sursis face au monde moderne, puis a pris une correspondance, puis une autre... Chez ses amis, ça s'agite, ça s'inquiète, car tout ceci n'a aucun sens. le long des lignes de train, ça murmure, ça s'appelle, ça tente de retrouver la vieille dame pour la convaincre de rentrer tranquillement chez elle. Notre narrateur, un professeur amoureux des trains, mène l'enquête. Sur le voyage de Gladys mais aussi sur le rail avant, sur les écoles dans des wagons nommées school trains qui enseignaient aux enfants des campements perdus, sur tout le petit monde du rail. Il rencontre des anciens enfants du school trains, des amis de Gladys, des gens qui ont connu feu son époux, et flotte entre tous la question du pourquoi Gladys est-elle partie, d'où est-elle?
C'est un rythme lancinant que l'auteur construit ici, comme une lente mélopée, un peu hypnotique. J'avoue, sur la fin j'y ai trouvé quelques longueurs, mais la chute les valait, en y arrivant j'ai compris pourquoi l'auteur avait pris ce chemin. Mon livre préféré d'elle reste Il pleuvait des oiseaux mais celui-ci vaut aussi d'être découvert!
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C'est l'histoire de Gladys et de ses proches, sa fille, sa soeur, ses amis, ses voisins, et ceux ou celles qu'elle choisit, comme ça, sur l'intuition qu'ils ou elles feront un bout de chemin ensemble. Elle est âgée cette femme, et toute sa vie - on le sait depuis le début du livre - elle s'est battue, jour après jour, pour que sa fille, Lisana, dépressive à l'excès, trouve en elle la volonté et la force de vivre.
Et là, elle est partie, Gladys, à la surprise de tous, elle a laissé Lisana qui a maintenant une bonne cinquantaine d'années, et elle a pris un train...
En effet, c'est aussi une histoire de trains (comme le titre l'indique), des trains de petites lignes qui vont vers le nord de l'Ontario et du Québec ; le narrateur, un homme passionné de chemin de fer, cherche Gladys et à cette occasion prend les trains qui existent encore, et fait ainsi des rencontres, un écrivain questionneur qui a croisé Gladys sur le quai de départ, le chef du premier convoi, un historien passionné au musée municipal, un jeune amérindien Cri... qui vont lui permettre de nouer de belles amitiés et d'avancer dans la connaissance de l'histoire de Gladys.
Il faut dire également que la vieille dame était née dans un train et avait passé une enfance fabuleuse dans un "school train", son père étant enseignant dans un "train école" donc, elle voyageait tout le temps de villages en villages, isolés mais peuplés de cantonniers chargés de l'entretien de la voie ferrée, ainsi que de forestiers, de trappeurs, d'autochtones vivant dans de minuscules hameaux avec des enfants qui pouvaient venir régulièrement fréquenter cette école ambulante. Un mois plus tard, le wagon aménagé en salle de classe revenait dans l'autre sens, là où les enfants l'attendaient avec leçons sues et devoirs faits...

Le coeur du roman, c'est de savoir où et pourquoi Gladys fuit, comment cette mère courage, cette femme très décidée et " résolument optimiste" a pu laisser Lisana, sa fille chérie alors qu'elle est en mauvais état psychique. le livre se déroule comme le défilé d'un train, avec ses touk-e-touk (le bruit des roues des wagons à la jonction des rails) et ses sifflements puissants. C'est remarquable, passionnant, finement pensé et écrit.

Auteure de "Il pleuvait des oiseaux" prix des cinq continents de la Francophonie (2011), magnifique récompense bien méritée dont J. Saucier dit qu'il "l'a mis au monde", cette écrivaine très douée pour raconter des histoires nous livre un récit nourri d'imaginaire, plein de suspens et très dépaysant. Une très belle lecture !

Premières phrases : " le 24 septembre 2012, Gladys Comeau est montée à bord du Northlander et on ne l'a plus revue à Swastika, qui n'est pas une ville, même pas un village, tout juste une bourgade le long du chemin de fer. Commence alors l'errance, celle de Gladys et la mienne, car ceci est le récit du voyage de Gladys Comeau sur les rails du nord de l'Ontario et du Québec qui l'amèneront au sud, puis à l'ouest, ensuite à l'est, puis de nouveau vers le nord. Voyage erratique auquel personne n'a rien compris et qui a été suivi par nombre de personnes à partir du moment où la disparition de la vieille dame a été signalée."
Lien : https://www.les2bouquineuses..
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« Le rail était toute notre vie. »
 
Pourquoi la vénérable Gladys, à plus de 70 ans, décide-t-elle un beau jour de quitter sa petite existence dans le village de Swastika, de planter là sa fille et ses voisins pour s'enfuir en train à travers le Canada ?

C'est ce mystère que le narrateur de ce roman va s'escrimer à élucider en reconstituant presque heure par heure la fugue afin d'en comprendre les motifs. Pour cela, il recoupe les témoignages des proches, amis, voisins ou parfois simples inconnus embarqués dans l'aventure. Toute une galerie de personnages extrêmement attachants car Jocelyne Saucier s'y entend pour prêter attention à chacun, donner de l'épaisseur de l'humanité à la moindre silhouette. Ainsi de cet « Ukrainien qui ne parle que l'ukrainien », croisé au détour d'une phrase et qui nous vaut une des scènes les plus émouvantes de ce récit…
 
Tout par touche, c'est aussi toute l'histoire (ou plutôt une certaine histoire) du Canada qui prend vie : celle de ces petits villages perdus au fin fond de nulle part, improbables mélanges d'immigrés venus de tous horizons et de marginaux à la recherche de l'aventure ou parfois d'un simple travail dans le Grand Nord. Assemblages a priori hétéroclites mais formant des communautés chaleureuses, singulières, unies par des conditions de vie extrêmes.
 
Et surtout, reliées, alimentées par le train, indispensable cordon ombilical permettant d'acheminer les biens et de maintenir les liens en transmettant les nouvelles et informations les plus diverses malgré les distances.

Un train, des trains plutôt, passion commune, élément presque fondateur pour tous les personnages du récit. du narrateur cherchant à sauvegarder un Transcontinental menacé de disparition à Gladys (oui, on y revient), enfant des mythiques et incroyables « school trains ». Une épopée en minuscule qui nous vaut les plus belles pages du roman et qui aurait pu faire l'objet d'une saga à elle seule.
 
Bref, sous ces dehors un peu foutraques et sa narration tout en digressions, Jocelyne Saucier construit en 250 petites pages un récit touchant, humain, social sans le dire. Difficile d'oublier Suzan l'amie d'enfance et sa manie du touk-e-touk, l'improbable Janelle qui verra sa vie bouleversée par la fugue de Gladys et surtout Lisana, soleil noir de ce récit, fille de l'héroïne, à la fois sa fierté et sa souffrance.
 
Avec A train perdu, on embarque hors des sentiers balisés pour une histoire qui avance à son rythme et ne nous conduit jamais vraiment là où on croit aller, et c'est un vrai plaisir.

Une élégante réussite.
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Captivant! Comment décrire cette expérience de lecture très particulière, sinon que j'ai été envoûtée. J'ai embarqué dans ce train pour faire ce voyage étrange, guidée par la plume unique et sublime de l'autrice, sans jamais toutefois savoir où on s'en allait. En fait, on ne va pas vraiment quelque part, on va juste nulle part ailleurs qu'au coeur même de ce voyage qu'est la vie. L'autrice a ce talent de nous émouvoir par la puissance de ses mots et de nous envelopper dans une aura de mystère qu'on ne pourra jamais totalement élucider. Comme la vie quoi!

C'est l'histoire de Gladys, une dame âgée, qui disparaît mystérieusement sur un train, un matin de septembre. Mais pourquoi est-elle partie ainsi toute seule, sans crier gare, sans aucun bagage? On suivra l'enquête du protagoniste qui tentera de rassembler les morceaux du casse-tête de sa disparition qui aura duré quatre jours.

C'est un récit fascinant où on en apprend beaucoup sur l'histoire des trains au Nord de l'Ontario et du Québec. L'autrice a visiblement fait une recherche exhaustive et impressionnante sur les chemins de fer. le tout agrémenté de magnifiques descriptions de nos paysages nordiques. C'est avec regret que je débarque du train de Jocelyne Saucier. Je referme ce livre avec ravissement. Cette autrice est indéniablement ma plus belle découverte de 2022.

PS. Une amie m'avait conseillé de lire sa nouvelle Je n'ai jamais lu Baudelaire juste avant ce roman. Un gros plus pour nous aider à comprendre cette histoire touffue.
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Depuis quelques temps, je me suis mise à lire en audio, via une plateforme très connue. Et cette plateforme offre régulièrement des livres. Ce livre était leur dernière offre.

Je n'avais aucune attente pour ce roman, aucune idée de ce qui allait être traité, je n'en connaissais que le thème: le train, dans les paysages peu habités du Nord de l'Ontario et du Québec.

Quel voyage ce fut !! Dans ce roman, j'ai trouvé des femmes fortes, immenses, dont la lumière intérieure passe par leur fêlures. J'ai découvert des paysages, des villes, des hameaux qui survivent hors du temps. J'ai rencontré de l'amour, au delà de l'amour, et la fille du pharaon.

L'amour ruisselle de ce livre, avec ce qu'il comporte aussi d'effets pervers. Amour filial, amour charnel, amour d'une vie. Mais aussi l'amour que l'on porte à la famille qu'on se choisit, qu'on se construit.

Le bruit, dans cet environnement, est fort, puissant, assourdissant, synonyme de vie.

Oui, j'ai aimé ce livre, qui bien que remontant le temps nous place aussi en dehors du temps et de sa prise.

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