Elle rompit le contact avec son image immobile, fit un pas vers la douche, puis un deuxième. Le robinet carré tourna, la pluie s’abattit sur la porcelaine. Tout d’abord fraîche, elle monta rapidement en température. Bientôt, un voile de vapeur s’éleva de la cabine. Lisa y pénétra avec lenteur, puis elle disparut sous l’eau en fermant les yeux.
C’était la première fois qu’autre chose que des larmes coulait sur ses joues depuis son retour dans le monde des vivants.
– Je… je suis désolé, pour Lisa.
Une ombre noire passe devant mes pupilles. Je respire à fond, puis je hoche la tête en silence.
– Comment va-t-elle, aujourd’hui ?
Philippe est un ami de longue date. Mais même à lui, je n’ai pas envie d’expliquer que ma femme se réveille chaque nuit, parfois en hurlant, parfois tellement déchirée par les sanglots que j’ai l’impression qu’elle va se briser en deux entre mes bras.
– Mieux, merci.
Il acquiesce du menton et n’insiste pas.
Un gros téléobjectif bat dans son dos au bout d’une sangle jaune fluo.
Je fais un signe à Torrentin pour lui montrer le manège du paparazzi. Il comprend tout de suite. Il a l’habitude. Il nous quitte pour aller tendre un drap blanc devant l’issue par laquelle sera évacuée la morte.
De la dignité. C’est tout ce qu’on peut lui offrir, à cette femme, désormais, avant son dernier trajet jusqu’à la table d’inox du légiste.
La mémoire. La mémoire était la clé de la civilisation. Le pouvoir absolu. Celui de formater l'opinion des peuples. Et de colmater les trous dans les cerveaux.
Si on n 'est pas capable d'accepter les défauts de celle qu'on aime, c'est qu'on ne l'aime pas vraiment
Le type qui nous ouvre la porte au premier coup de sonnette a l'air de tout sauf d'un criminel, mais je me méfie toujours de cette première impression qui peut marquer une enquête de son empreinte indélébile. Les tueurs les plus endurcis se dissimulent parfois sous les atours de l'innocence la plus pure. ce sont les plus dangereux, les plus difficiles à appréhender.
C'est comme une petite musique lancinante qui accompagne chaque découverte de cadavre. Car chaque mort est moche lorsque nous sommes conviés à en constater le terrible résultat, à appréhender la façon dont elle a fondu sur sa proie. Aucune de ces personnes n'a eu le temps de se préparer à ça.
On semblait ne pas se rendre compte aujourd’hui, en Europe, que l’effet de spirale ne cesserait qu’avec un gros coup de poing asséné sur la table des négociations.
Le seul problème était que chaque dirigeant avait peur de se blesser la main en cognant trop fort.
Au point de dissimuler de voiles pudiques, lors d’une visite en Italie, les corps de statues antiques – et nues – aux yeux horrifiés d’un despote à l’odeur entêtante de pétrole.