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sur 590 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Le rat n'a pas bonne presse. Cependant, soit l'homme cherche à l'exterminer soit il accepte de l'apprivoiser. J'ai envie de commencer cette présentation en expliquant que Firmin est un petit rat sympathique a qui j'aimerai tenir compagnie moi qui ait la phobie de ce genre d'animal.
Dès sa naissance Firmin est à part. Ses douze frères et soeurs se nourrissent aux douze mamelles de maman-rat obèse et alcoolique tandis que lui est carrément éjecté ! Il n'a rien à se mettre sous la dent mais il a la rage de vivre et il est prêt à tout pour déjouer son destin. Il est le treizième de la fratrie ! superstitieux ou pas il devra se débrouiller seul…. ou presque. Il va se nourrir de livres de différentes façons, y prendre goût, s'en délecter et devenir lecteur assidu, écrivain, mélomane mais toujours débrouillard ! Il partage volontiers son enthousiasme, son désespoir, ses coups de coeur et ses coups de griffe. Il se rend compte qu'il n'est pas aimé de tout le monde loin s'en faut ! il lutte et savoure les bons moments chaque fois qu'il en a l'occasion. Un sage! un philosophe!
Il est un tantinet coquin. Celles qu'il va voir au cinéma et appelle "mes mignonnes" m'empêchent de conseiller ce livre aux enfants. Dommage!

L'auteur Sam Sagage nous invite à passer quelques heures en compagnie de ce rat de bibliothèque et partager sa vie insolite et risquée ou plutôt risquée parce qu'insolite, à Boston dans les années 60 ! Il est parti d'un fait divers réel: un libraire appelé à fermer définitivement sa boutique a invité les passants à emporter les livres gratuitement. L'opération a duré cinq minutes. Il a bien sûr imaginé le reste!

Il nous emmène faire un tour chez Sarah Bernhardt, dans une vieille librairie ou dans l'antre d'un raide dingue de l'écriture et de la mécanique. Il nous prévient qu' « Il n'est pas nécessaire de croire aux histoires pour les aimer » lui qui, titulaire d'un doctorat de philosophie, a exercé les métiers d'imprimeur, d'écrivain ou de réparateur de vélos.
Et si Sam Savage passait par Firmin pour nous entretenir de ses propres idées, de sa philosophie, de ses difficultés, de son parcours atypique ? Pourquoi choisir comme personnage principal un rat ?

Le rat a toujours fait partie de l'histoire de l'homme et de sa culture. En Chine il est symbole d'ambition, de charme, d'imagination, de passion d'abondance. Au japon il représente la chance et en Inde la sagesse. Certains passages de la Bible évoque le rat comme étant le symbole du diable.
En occident il inspire généralement le dégoût, la répugnance et la crainte. Dès le Moyen-âge son image maléfique et malfaisante alimente des croyances et des superstitions. Si des rats rongent les meubles d'une chambre la mort n'est pas loin ! Si les rats quittent une maison sans y avoir été invités c'est que la maison ne va pas tarder à s'effondrer. Apercevoir un rat est un funeste présage. Je n'oublies sûrement pas le symbole de l'avarice. « C'est un rat ».
En 1947 Albert Camus écrit La peste, avec en toile de fond l'épidémie de peste qui a eu lieu à Oran. Il s'en sert comme symbole du combat contre le nazisme et l'occupation allemande. La terreur, la tyrannie doivent être combattues. Les rats ne vaincront pas.

Jean de la Fontaine va servir de contrepoids en écrivant le lion et le rat, puisqu'il précise que les plus forts ont toujours besoin d'un plus petit que soi soulignant au passage que l'habit ne fait pas le moine. le rat des villes et le rat des champs met en évidence l'intelligence et la réactivité des rats deux traits de caractère plutôt positifs.
Les rats sont présents dans la littérature pour la jeunesse. Ils sont parés des plus beaux attraits et loin de repousser les enfants ils précèdent habilement leur sommeil et leurs rêves. Chickens run, deux escrocs comiques et prêts à sacrifier leurs biens pour sauver une vie et Ratatouille un rat débrouillard et amateur de bons petits plats nous font sourire.

On en aura jamais fini avec l'ambivalence du rat. Alors de là à imaginer que le choix de Sam Savage ne soit pas le fruit du hasard, lui qui effleure au fil des pages une palette de sentiments, de ressentis allant de la pure satisfaction au désespoir le plus sombre. Firmin s'immisce partout. Lui le lettré, le penseur, le mélomane lutte pour sauver sa peau. Ce rat est sans doute lourd des nombreux écrits du passé de ses ancêtres! lourd des étiquettes qui lui collent à la peau! Mais il est fort et derrière son image impure l'esprit s'agite.

L'auteur nous fait rencontrer un rat civilisé. Une nouvelle page de l'histoire du rat. Il s'appelle Firmin. Il vous attend.

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Sous-titré “Autobiographie d'un grignoteur de livres”, voilà un tout petit roman d'à peine 200 pages qui a tout pour séduire les amoureux et dévoreurs de livres de Babelio !

Dévoreur et grignoteur de livres, Firmin, lui, l'est au sens propre : d'abord parce que Firmin est un rongeur ; ensuite parce que c'est dans le sous-sol garni de milliers de livres d'une vieille librairie que sa mère a mis bas - après s'être fabriqué un nid avec les pages du monumental “Finnegans Wake” de Joyce qu'elle a réduites en confettis ; enfin - et surtout - parce qu'il n'y a dès le départ pas de place en ce monde pour Firmin le chétif, “Celui Qui Reste en Plan” : douze mamelles pour treize ratons, une mère alcoolique qui ne se rend compte ni ne se soucie de rien, une lutte à mort pour la survie dont il sort toujours vaincu…

Alors, pour calmer sa faim, parce que “le simple fait de mastiquer, d'avaler quelque chose, sans nourrir forcément le corps, nourrit les rêves”, Firmin le malingre, le disgracieux, grignote à qui mieux mieux les pages et les mots - histoire, romans, mémoires, philo, religion... tout y passe dans un mélange indistinct et brouillon, jusqu'à l'indigestion, jusqu'à l'addiction, jusqu'à la passion à tous points de vue dévorante qui, désormais, gouvernera sa vie. D'autant que cette ingestion compulsive et déraisonnable lui ouvre spontanément les portes de la lecture et de la compréhension de tout ce qu'il ingère… Mais lui a-t-elle, pour autant, ouvert les portes du bonheur ?

Sam Savage, décédé il y a tout juste un an (le 17 janvier 2019) et rendu célèbre précisément avec ce livre qui fut son premier roman, nous offre avec "Firmin", en même temps qu'un très bel hommage rendu à la littérature, un petit bijou d'érudition, d'intelligence, d'émotion et, en apparence, de drôlerie. Mais en apparence seulement, car cette parabole animalière, écrite sur un mode enjoué et un ton plein d'humour, raconte aussi et peut-être surtout la solitude de l'enfance mal aimée, la souffrance qu'engendrent la différence et l'exclusion, l'impossible communication entre les êtres et cette forme de désenchantement intérieur qui ne peut trouver rempart que dans la littérature et l'édification patiente d'univers imaginaires et secrets.

“Toute ma vie j'ai été convaincu que tout le monde avait droit au bonheur sauf moi”, écrit Firmin dans les toutes premières pages de cette “Autobiographie d'un grignoteur de livres”… et c'est avec beaucoup de tendresse et de chagrin que j'ai pris congé de ce petit rat mi-animal, mi-humain, si mal enraciné au monde - et de ce roman subtil, sensible et fort bien écrit, qui m'a serré le coeur.

Un très beau livre, et une très belle lecture. ❤

[Challenge Multi-Défis 2020]
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Voilà une histoire qui a réussi à me redonner le sourire et même à me faire rire. La personnalité de Firmin est terriblement attachante mais pas sûr que s'il s'était invité chez moi, je l'aurais autant apprécié car si Firmin est un lettré "biblioboulimique", c'est aussi un rat d'égout(ant). Et c'est bien là tout son malheur ! Contrairement à ses congénères Firmin peut lire, est intelligent et a des sentiments. J'ai été touchée par les efforts pathétiques du petit rongeur pour se faire accepter, trouver l'amour et l'amitié. Doté d'un physique peu avantageux, d'un goût prononcé pour l'introspection mélancolique et surtout d'un humour ravageur, il m'a fait penser à Woody Allen!
J'ai lu cette autobiographie comme une une histoire sur la différence et la solitude qu'elle engendre. C'est un roman triste dans le fond mais rendu gai par le caractère enjoué de Firmin. C'est aussi un roman plein d'esprit qui rend un puissant hommage à une vie vécue à travers et autour des livres et à l'influence durable des grands écrivains.
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Voilà un petit rat qui ne paye pas de mine, tout maigrelet, difforme, une tête énorme par rapport à son corps, né au sein d'une fratrie de 12 frères et soeurs, d'une mère alcoolique, venue se réfugier dans la cave d'une vieille boutique de livres au sein d'un quartier qui doit être entièrement rasé, pour laisser place à de nouvelles constructions plus modernes.

Non seulement, c'est le dernier de la fratrie, mais en plus, étant le 13ème, et qu'il n'y a que 12 mamelles, Firmin connaîtra la faim. Jusqu'à ce qu'il se mette à grignoter le papier qui l'entoure, au grand dam de ses frères et soeurs qui bientôt, se retrouvent sur le sol. La mère s'emploiera à reconstituer le nid.

Petit à petit, Firmin va découvrir qu'il arrive à déchiffrer… les mots sur le papier. Tout un univers inespéré va donc s'offrir à lui.

Tous quitteront le nid, la mère la première après leur avoir appris où se sustenter. Il lira tout ce qui lui tombera sous les mains. Cependant, il lui faudra bien sortir pour manger. Il va découvrir le cinéma et se passionner pour les films de Fred Astair, mais aussi, les films où « les mignonnes » vont l'aguicher.

Il va également aller à la rencontre des humains. Peu le comprendront. Il fera toutefois connaissance de Jerry qui le prendra, un temps, sous son aile.

Ce livre est également l'anéantissement de tout un quartier qui doit être réhabilité de manière plus moderne, la fin d'une époque et de boutiques qui tenaient bon malgré tout.

Jubilatoire, je me suis régalée. D'autant plus que la plume de Sam Savage est magnifique.
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" Un jour, Tchouang-tseu s'endormit et rêva qu'il était un papillon insouciant voletant ça et là. Ce papillon ignorait qu'il était le rêve de Tchouang-tseu.
Puis ce dernier se réveilla, apparemment inchangé, mais, à présent, il ne savait plus s'il était un homme se rêvant papillon ou un papillon se rêvant homme".
(les enseignements de Tchouang-tseu).

Firmin, rongeur érudit, plein d'appétit pour les mots, épris de nourritures spirituelles autant que terrestres m' a emmenée dans les sous-sols d'une librairie de Scollay Square dans un vieux quartier en péril du Boston des années 1960.

Ses aventures qu'il raconte ici et dont il ne peut nous communiquer tous ces coups de coeur, sa révolte, ses détresses, n'étant qu'un rat cerné par l'incompréhension des hommes . Il rend dans ce livre un superbe hommage aux valeurs de l'écrit et aux singularités de toutes espèces.

" Firmin, le rat que Walt Disney aurait inventé s'il avait été Borges. Si lire est ton plaisir et ton destin, ce livre a été écrit pour toi". (Alessandro Baricco)

J' ai dévoré ce livre en peu de temps et je ne peux que vous le conseiller, un livre qui sort de l'ordinaire , et qui contient de nombreuses références de livres de tous genres. de plus l'auteur s'est mis dans la peau d'un rat attachant ce qui est fort inhabituel.
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Firmin est un rat pas comme les autres : il sait lire. Cette particularité fait de lui le vilain petit canard de la famille. Ainsi, au lieu de suivre son instinct de rongeur comme ses frères et soeurs, Firmin décide de ne pas quitter le nid douillet qui l'a accueilli : les murs d'une librairie sur le déclin.
Firmin commence par se nourrir littéralement de livres, pour finalement dévorer (cette fois de façon abstraite) les centaines d'ouvrages qui lui sont accessibles. Il acquiert alors petit à petit une foule de connaissances en littérature, en tout, en rien. Mais la vie de ce petit rat ne va pas juste consister à se nourrir l'esprit. Non, son destin lui réserve bien d'autres découvertes...

Cette autobiographie fictive est une vraie bouffée d'air frais. L'originalité du récit, le choix d'un personnage atypique et les références culturelles et littéraires à répétition font de ce livre une petite merveille. L'on ne peut s'empêcher de faire le parallèle avec le film d'animation de Disney "Ratatouille", les deux rats ayant tous deux un destin hors norme, autant que des capacités déroutantes.
Le récit est ponctué de titres de livres, lesquels font référence à un sentiment de Firmin ou à un évènement particulier. Ces références sont très souvent amusantes et toujours de bon goût. le style de l'auteur et la lecture du récit n'en sont que plus intéressants.
Le caractère de Firmin est par contre légèrement dérangeant puisqu'il ne correspond en rien à un mignon petit rat qui fait son trou dans la vie des humains; Sam Savage casse ici de nombreux codes. Au contraire, à trop "lire les humains", Firmin développe les mêmes pensées, les mêmes travers qu'eux. Nous lisons donc l'autobiographie d'un rat légèrement égocentrique, parfois précieux et fier de sa personne, qui aime les femmes, les belles femmes (et je ne parle pas de rates !), et bavard à souhait. On est d'ailleurs complètement dans le stream of consciousness (le courant de conscience, pour les non-anglophones, en gros l'idée que l'écriture se fait au fil des pensées. Je préfère en l'occurrence le terme anglais, plus parlant et surtout plus poétique...). Mais bon, ces traits rendent le récit encore plus original puisqu'ils introduisent la surprise.
Conclusion : Miam Miam ces pages !
Lien : http://livriotheque.free.fr/..
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Ce livre est une petite merveille de nostalgie et d'humour.
Je l'avais découvert, tout à fait par hasard, dans une librairie maintenant disparue.
Firmin est un peu à la littérature, ce que Rémy (dans Ratatouille) était à la gastronomie: un rat de goût (il y a bien des hommes de goût, dit-on).
Une de ces bonnes surprise épicurienne, inattendue, que l' on découvre parfois.
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J'avais, il y a quelques années été attiré par le sous-titre de Firmin mais j'avais hésité car différentes critiques littéraires indiquaient que sa lecture avait peu d'intérêt. J'ai donc attendu fort longtemps avant de me plonger dans ce roman... J'ai du reste bien fait. Même si parfois la lecture est un peu difficile du fait d'un style complexe, j'ai pris beaucoup de plaisir à lire "Firmin" et à la suivre dans ses aventures.
Un très bon livre qui fait part des réflexions globales sur la société, son évolution, parfois au détriment de certains.
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Dès les premières lignes, nous sommes conquis, c'est déjà trop tard pour refermer le livre... Ce petit rat de librairie nous raconte sa vie sur un ton caustique, à l'aide d'envolée lyrique ou de comparaisons détonnantes... Ca métaphorise à souhait, c'est goulayant... c'est un livre qu'on aurait presque envie de lire à haute voix tant la prose de Savage est savoureuse...

Et que ce petit Firmin est attachant ! Quel personnage charmant, complexe et délicat. Sa soif de connaissance n'a d'égal que sa soif de reconnaissance. Avoir fait de ce petit rat le personnage principal du roman est une idée de génie et c'est si bien soutenu par la narration à la première personne et le ton intimiste de la confession.

Ce roman est un hommage à la connaissance, à la culture en général, aux livres en particulier. c'est un ode à la rêverie et à la grandeur de notre imaginaire.

Et quel humanisme dans ce récit, cela peut paraître paradoxal quand notre héros est un rat et pourtant découvrir l'humanité à travers ses yeux innocents offre une analyse des humains très fine. le traitement de la différence, de l'isolement et de la puissance de l'esprit pour s'inventer des millions de souvenirs et d'aventures fantasmées pour tromper la solitude est magistrale.

Ce roman est une pépite, il a d'ores et déjà une place particulière dans mon coeur et dans ma bibliothèque.
Lien : https://labougiedevinayaka.w..
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La Feuille Volante n° 1159
Firmin – Autobiographie d'un grignoteur de livres – Sam Savage Actes Sud.
Traduit de l'américain par Céline Leroy – Illustrations Fernando Krahn.

Avec une couverture pareille- un rat feuilletant un livre- et un tel sous-titre, je ne pouvais que lire ce roman. Firmin , c'est un rat exceptionnel, malchanceux, dernier d'une portée de treize qui, ne trouvant pas de tétine, se rattrape en mâchonnant les livres d'une vieille librairie d'occasion dans le quartier de Scollary Square, à Boston où il est né dans les années 1960 et où vit toute sa famille. Il y prend rapidement goût d'autant que le papier remplace agréablement le lait un peu frelaté de sa mère alcoolique. Oui, vous avez bien lu, Flo, sa mère rate, est une vraie pochetronne. Au début, c'était pour se nourrir mais rapidement il se met à les lire et même à jouer de la musique sur un piano miniature, même si on peut se demander comment il a pu apprendre mais nous sommes dans une fable, n'est ce pas ? Et, Firmin n'est pas n'importe quel rat ! du coup, le papier qui était pour lui un aliment, devient une source de connaissances et notre rat, un lecteur assidu, fort cultivé et curieux de tout, un « rat de bibliothèque » atteint de « biblioboulimie ». Il en conçoit une sorte de folie et même de fantasmes; on nous a bien dit que la lecture est un vice ! Pour assurer sa subsistance, il explore le cinéma voisin, le Rialto, à cause des restes de pop-corn abandonnés par les spectateurs mais surtout parce qu'on y passe des films pornos auxquels il prend goût. Il n'est pas insensible à la beauté des femmes qu'il voit défiler, dénudées sur l'écran. du coup, débrouillard comme il est, il partage la vie de Norman Shine, le libraire qui exploite cette échoppe puis, celle de Jerry Magoon, un écrivain marginal dont il devient le compagnon. Il est donc complètement étranger à la communauté ratière dont il ne partage pas l'instinct grégaire. Il voudrait bien parler avec ces deux camarades mais ses cordes vocales ne le lui permettent pas, pas plus d'ailleurs que l'usage de la machine à écrire et que le langage des signes. C'est dommage, je suis sûr qu'ils auraient pourtant eu beaucoup de choses à se dire. du coup, il livre ses impressions intimes au lecteur en le prenant comme confident. La vie pourrait se passer ainsi, mais le quartier va être rasé, la librairie et le cinéma détruits, ce qui bouleverse tout le monde et Firmin en conçoit des états d'âme existentiels qui le font de plus en plus ressembler à un humain (et pas seulement à cause des films pornos). La cohabitation avec Norman et Jerry fait cependant qu'il ne prend de l'espèce humaine que les côtés paisibles mais dépressifs et ne connaît ni la méchanceté ni la vengeance mais ressent plutôt de la mélancolie, un certain sens critique, un sentiment de solitude et d'impuissance... du coup, pour exorciser tout cela, il va confier son désarroi à la feuille blanche en écrivant sa biographie. le papier qui était pour lui précédemment un aliment devient un confident, même si je ne suis plus très sûr de l'action cathartique de l'écriture. Il va donc devoir quitter son nid douillet pour être précipité dans la vie extérieure qui est une véritable foire d'empoigne et où il devra s'adapter s'il veut faire son trou, qui ne sera pas « un trou à rat ». Souhaitons lui bonne chance mais souvenons-nous que c'est un rat d'exception pour lequel il ne faut pas trop se faire de bile. Cela nous donne un roman frais, bien écrit, passionnant du début à la fin où j'ai vraiment tout aimé, l'histoire malicieuse de cet animal hors du commun qui d'ordinaire inspire plutôt du dégoût, les illustrations qui donnent de Firmin une image sympathique et attachante, le dépaysement digne d'une fable que cela procure et cette occasion que nous donne l'auteur de voir autrement les choses et pourquoi pas d'en rire...
J'ai découvert Sam Savage un peu par hasard, comme souvent et l'oeuvre de ce jeune auteur de 77 ans, dont c'est ici le premier roman, m'a bien plu (La Feuille Volante n°1154 pour « moi, Harold Nivenson »- n°1157 pour « La complainte du paresseux »). Ici, j'ai apprécié à nouveau son humour, son style libre et agréable à lire avec lequel il nous confie un peu de son expérience personnelle.
© Hervé GAUTIER – Août 2017. [http://hervegautier.e-monsite.com]
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