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EAN : 9782882503800
128 pages
Noir sur blanc (19/03/2015)
3.17/5   6 notes
Résumé :
Tout commence par le goût métallique d'une pièce de monnaie sur la langue d'une enfant, par le doigt de la mère lui fouillant la bouche pour lui ôter cette pièce, premier souvenir d'une conscience qui s'éveille parmi les chiens et les poules, dans une grande maison carrée de la Caroline du Sud, où derrière les rideaux de mousseline, sous la glycine et les magnolias, vivent Eve, ses frères, ses parents, tous ces êtres qui passent dans le monde comme des rêves. Et to... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Eve est assise à son bureau, devant la fenêtre où bruissent au vent les grands rideaux blancs de mousseline.
Les moineaux pépient à la mangeoire et le chat assis de l'autre côté de l'immeuble fait semblant de ne pas s'y intéresser tout en faisant sa toilette.

Un instant qui laisse Eve sur le chemin du passé et de son enfance avec ses deux frères, à Spring Hope, petite bourgade de Caroline du Sud.

Eve pense sans cesse à sa mère.

Celle qui portait le doux prénom d'Iris, qui aimait les peintures d'Aubudon, les oiseaux, lisait avec sa fille Baulelaire et Mallarmé en langue française et écrivait des poèmes jusqu'à l'obsession et la folie à la manière d'Edgar Poe "Elle séjournait dans les décombres de ses poèmes, assise dans la maison vêtue de l'une ou l'autre de ses robes lavande et fantasmait sur une vie dont le destin, mon père et le Sud l'avaient privée, mais dont elle n'arrivait pas à se détacher".

Surtout, ne plus avoir peur d'ouvrir tous les petits tiroirs où se cachent tant de souvenirs sensoriels qui rendent sa mère si vivante. Un éboulement de sensations qu'Eve essaie de contenir par petits fragments "Je peux m'arrêter à tout moment, je ne l'oublie pas. M'arrêter d'écrire, je veux dire".

Elle a déjà tant essayé d'écrire quelques pages avant de laisser tomber par peur justement de ne plus pouvoir s'arrêter.

Eve se laisse doucement envahir par les images du passé qui se pressent à son esprit et de sa main les libère en formant des mots. Une suite de très beaux courts paragraphes qui composent ce texte.

Eve prend garde de ne pas se brûler comme furent brûlés les cahiers de poésie de sa mère. A Spring Hope.

De cette petite lucarne ouverte sur l'enfance, tout ce qu'elle voit, ressent, entend, goûte et touche, elle l'habille de mots "J'ai une image de la coiffeuse de maman et de moi enfant assise devant, sur une banquette tendue de satin, tandis que maman me brosse les cheveux. le tissu sur la banquette est décoré d'oiseaux tropicaux, rouges, bleus et jaunes, et effiloché sur les bords, je le vois".

Ses plus vieux souvenirs, sa complicité avec son plus jeune frère Thornton, ce qu'on lui a raconté, en faisant la part du vrai et du faux une fois devenue adulte et aussi ses propres inventions, mettre en scène les mots.

Ecrire sur Spring Hope, c'est enfin pour Eve lire l'oeuvre de toute une vie, celle de sa mère.
Figer le passé dans sa mémoire et revenir toujours à cet endroit précis par petits cercles comme les ricochets dans l'eau.

"Si j'imagine retrouver ma mère maintenant, la retrouver telle qu'elle était à la fin, telle que je suis maintenant, j'ai la vision d'un vaste champ vert et de deux vieilles dames folles qui se précipitent éperdument dans les bras l'une de l'autre".



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Quel drôle de petit livre. Difficile de vraiment se faire un avis pendant la lecture mais une fois celui-ci refermé et son étrange style appréhendé, je crois que j'ai bien aimé.

Une histoire simple en elle-même : Eve, une femme qui aime se qualifier de vieille folle s'installe un beau jour au bureau légué par sa mère et se remémore sa jeunesse au travers de souvenirs divers qui, comme tout souvenir qui se respecte un tant soit peu se doit d'en ramener un autre qui lui-même en fait remonter un nouveau qui en remorque un autre avec lui etc., résultat ça part un peu dans tous les sens mais si on consent à s'accrocher un minimum, on fini par se laisser entraîner par le style imposé par Sam Savage, volontairement morcelé et décousu, nous plaçant dans la tête de la narratrice qui après moult tentatives pour faire revivre sur papier son printemps dans la Caroline du Sud des années 50, fini par se prêter à l'exercice en livrant un témoignage aussi haché que sincère... La première fois qu'elle a entendu prononcer certains mots, compris une définition, goûté quelque chose (pas toujours comestible) et tout ce que ses sens ont su capter dans son enfance, avec une prédilection pour les odeurs (celles des glycines qui poussaient partout autour de la maison) et les couleurs (les robes lavande et donc forcément excentriques - sud profond oblige - dont sa mère s'accoutrait avec fierté)

Si la narratrice nous parle aussi de son père et de ses deux frères aînés qui semblaient ne se lever le matin que pour enfiler les bêtises comme des perles, Spring Hope est avant tout un hommage à sa mère qui se rêvait en Baudelaire ou Mallarmé et qui, petit à petit, son idéal toujours plus inatteignable, sombra dans une folie douce et protectrice. Cette mère, authentique fil rouge de cet album souvenir où les mots ont remplacé les photos.
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Le récit qui nous est livré est parfaitement décousu, il s'agit de fragments de vie, de souvenirs d'enfance. On trouve un mélange entre le récit du temps présent pour Eve, devenue une vieille femme et les souvenirs liés à son enfance en Caroline du Sud, plus précisément à Spring Hope.
Forcément, comme on le devine dès le titre, Spring Hope est au coeur du livre, c'est cette jeunesse révolue, cette vie passée dont on obtient un aperçu par le biais des souvenirs d'Eve qui est primordial.

L'histoire en elle-même est construite par le biais du passé, des événements que l'on se remémore, du souvenir de la mère. La figure maternelle a une place fondamentale dans l'histoire. Sa mère voulait être écrivain, elle lisait à Eve du Baudelaire ou du Mallarmé. Elle lui a donné le goût d'écrire, mais également la peur d'écrire. Notre protagoniste a un lien très fort avec sa mère, celle-ci est d'ailleurs présente un peu partout dans l'appartement d'Eve.

L'oeuvre se lit très rapidement puisque le récit n'est pas découpé en parties ou chapitres, mais se constitue de petits paragraphes. Certains font dix lignes, d'autres n'en font qu'une. Avec cette mise en page, c'est bien évidemment plus facile de lire le livre d'une traite puisqu'on n'a pas la sensation de se dire "tiens, c'est la fin du chapitre, je le reprendrai plus tard". S'y ajoute le fait que le livre fait à peine 120 pages et que les romans de la collection Notabilia possède de grandes marges (chose que j'adore !) et voilà comment lire un roman d'une traite et comment l'apprécier.

J'ai trouvé cette lecture très sensorielle, dans le sens où elle fait appel à un certain type de perception. Parfois un paragraphe va convoquer la vue, l'odorat ou encore le toucher. Les sens font partie des éléments qui permettent à la protagoniste de procéder par association d'idées. En effet, on peut très bien lire un paragraphe sur quelque chose et arriver au paragraphe suivant tout en ayant complètement changé le sujet.
À titre d'exemple : "Je ne me souviens de rien d'autre sur la Seconde Guerre mondiale.
Je ne me souviens pas qu'être malade m'ait dérangée."


Mon avis est en intégralité :
Lien : http://allaroundthecorner.bl..
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Je ne sais plus ce qui a fait que j'ai intégré ce livre à ma liste de lecture.
Sans doute une critique favorable quelque part.
Je n'ai absolument pas aimé, je ne l'ai d'ailleurs pas terminé. Ce n'est - à mon sens - ni un (long) poème, ni un (court) roman. Bref, il m'a perdue et je n'en ai saisi ni les codes ni l'émotion.
Je tenterai peut-être autre chose de cet auteur... mais pas tout de suite.
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Maria est facile à vivre, gentille, a du ressort. Je ne peux m'empêcher de penser qu'elle est armée pour la vie, capable de résister aux coups du destin et aux circonstances inclémentes, et ainsi de suite. Elle ne peut sans doute même pas s'imaginer dans la situation de quelqu'un comme moi, qui suis plus mal armée, ne peut s'imaginer errant dans une forêt, où je bute contre les arbres, les buissons, et ainsi de suite, les fourrés épineux et autres végétaux, probablement. (p. 32-33)
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Le souvenir de moi sur le sol de la bibliothèque, dessinant des oiseaux avec des crayons de couleur, les copiant dans un livre de peintures d'Audubon, est une invention.
Est une invention vraie, j'en suis convaincue, néanmoins.
Comme l'est l'image de ma mère se penchant sur moi, inspectant mon dessin.
Comme l'est la croyance que ma mère m'a appris à dessiner, bien que je n'en aie aucun souvenir.
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Si j'essaie d'imaginer un "grand laps de temps", j'imagine un paysage plat, sans arbres, et une route étroite non pavée le traversant de bout en bout vers un horizon lointain.
Un long ruban beige de temps.
Même si je n'ai jamais vraiment vu un paysage pareil.
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Je suis maintenant arrivée à un point au-delà duquel je pense qu'il n'y a aucune raison d'aller, il n'y en a pas d'autre après lui qui ait la moindre importance, je veux dire, que je puisse atteindre, prendre pour appui et sentir que je suis arrivée quelque part. Je ne sais pas où est passé le temps.
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Des images comme des photos, la plupart figées comme des instantanés, mais aussi des souvenirs de bruits. Pouvoir les réentendre dans le silence de la pensée, sans savoir comment.
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