Citations sur L'Enfant de Noé (138)
J'ai les doigts de la mort. Quand les étoiles me regardent, elles frissonnent. Quant à la lune, elle serre les fesses. Je suis une calamité universelle, une erreur, une catastrophe, la malchance sur pattes.
J'étais très impressionné de rencontrer quelqu'un qui était le "père" du monde entier, ou qui passait pour tel.
- Je préférerais mourir avec vous parce que c'est vous que je préfère. Je préférerais mourir avec vous parce que je ne veux pas vous pleurer et encore moins que vous me pleuriez. Je préférerais mourir avec vous parce que vous seriez alors la dernière personne que je verrais au monde. Je préférerais mourir avec vous parce que le ciel, sans vous, ça ne va pas me plaire, ça va même m'angoisser.
Un jour, alors que nous n'étions plus que cinq dans la crypte, je désignai au père mes trois camarades endormis.
- vous voyez, mon père, je n'aimerais pas mourir avec eux.
- Pourquoi ?
- Parce que, même si je les côtoie, ce ne sont pas mes amis. Qu'est-ce que je partage avec eux ? Juste le fait d'être une victime.
- Pourquoi me dis-tu ça, Joseph ?
- Parce que je préférerais mourir avec vous.
Je laissai ma tête rouler contre ses genoux et lui confiai les pensées qui m'agitaient.
- Je préférerais mourir avec vous parce que c'est vous que je préfère. Je préférerais mourir avec vous parce que je ne veux pas vous pleurer et encore moins que vous me pleuriez. Je préférerais mourir avec vous parce que vous seriez alors la dernière personne que je verrais au monde. Je préférerais mourir avec vous parce que le ciel, sans vous, ça ne va pas me plaire, ça va même m'angoisser.
- Je préférais mourir avec vous parce que c'est vous que je préfère. Je préférerais mourir avec vous parce que je ne veux pas vous pleurer et encore moins que vous me pleuriez. Je préférerais mourir avec vous parce que vous seriez alors la dernière personne que je verrais au monde. Je préférerais mourir avec vous parce que le ciel, sans vous, ça ne va pas me plaire, ça va même m'angoisser.
- Rendez-moi plus claire la différence entre juif et chrétien, mon père.
- Les juifs et les chrétiens croient au même Dieu, qui a dicté à Moïse les tables de la Loi. Mais les juifs ne reconnaissent pas en Jésus le Messie annoncé, l'envoyé de Dieu qu'ils espéraient ; ils n'y voient qu'un sage juif de plus. Tu deviens chrétien lorsque tu estimes que Jésus est bien le fils de Dieu, qu'un lui Dieu s'est incarné, est mort et est ressuscité.
- Donc pour les chrétiens, ça s'est déjà passé; pour les juifs c'est à venir.
- Voilà, Joseph. Les chrétiens sont ceux qui se souviennent et les juifs sont qui espèrent encore.
- Alors, un chrétien, c'est un juif qui a cessé d'attendre ?
- Oui. Et un juif, c'est un chrétien d'avant Jésus.
Cela m'amusait beaucoup de me penser en "chrétien d'avent Jésus"
Je peux respecter ceux que je n'aime pas ou ceux qui m'indiffèrent. Mais les aimer ? D'ailleurs, ai-je autant besoin de les aimer si je les respecte ? C'est difficile, l'amour, on ne peut ni le provoquer, ni le contrôler, ni le contraindre à durer. Alors que le respect...
Cependant, l'amour peut-il être un devoir ? Peut-on commander à son coeur ? Je ne le crois pas. Selon les grands rabbins, le respect est supérieur à l'amour. Il est une obligation continue. Ça me semble possible. Je peux respecter ceux que je n'aime pas ou ceux qui m'indifférent. Mais les aimer ? D'ailleurs, ai-je autant besoin de les aimer si je les respecte ? C'est difficile, l'amour, on ne peut ni le provoquer, ni le contrôler, ni le contraindre à durer. Alors que le respect...
Plusieurs années après, je découvris que c'était bien mon père, qui m'avait frôlé ce jour-là. Mon père que je refusais, mon père que je souhaitais loin, absent ou mort... Cette méprise volontaire, réaction monstrueuse, j'ai beau la justifier par ma fragilité et ma panique de l'époque, elle demeure l'acte dont je garderai la honte - intacte, chaude, brûlante - jusqu'à mon dernier souffle.
En me penchant, je remarquai les objets perdus par les gosses. Je ramassai une kippa et un foulard palestinien. J'enfouis l'une dans ma poche droite, l'autre dans la gauche.
- Qu'est-ce que tu fais ? me demanda Rudy.
- Je commence une collection.