Quoi ?! le monde des affaires serait un univers impitoyable peuplé de requins prêts à s'entredévorer ?! Et les hommes politiques, tiens, parlons-en des hommes politiques ! Je pensais comme tout un chacun qu'ils étaient tous animés par la flamme de l'intérêt du bien commun...
Et les hommes en général ? les vrais de vrais, les mâles... Il paraît que certains hommes désirent les femmes comme on regarde une Porsche ? Bon, moi je ne suis pas très porté sur la bagnole et côté désir, s'il fallait faire un parallèle, ma libido est encore restée au stade de la 4L...
Allez, je continue l'inventaire à la
Prévert. Pardon, Jacques, de mêler ton nom à de si étranges considérations. Revenons au monde de l'entreprise. J'apprends que des contrôleurs fiscaux subiraient des pressions, des menaces dans l'exercice de leur fonction. C'est vrai quoi ! Ils n'ont rien d'autres à faire ces bougres que d'embêter ceux qui font tourner l'économie, créent des emplois ? Non, mais, je vous jure...
Parfois un concurrent sur un marché est gênant. Tous les coups ne seraient-ils pas permis pour... comment dire les choses de manière élégante... le rendre "moins gênant" ? Moi je vous dis que les lois du marché sont impénétrables...
Et puis ces entreprises sont généreuses, après tout. Ne pratiquent-elles donc pas le mécénat pour des actions inhumanitaires, - pardon ma langue a fourché..., oui des actions envers l'Afrique par exemple, ah vous pensez qu'elles ne le feraient pas de manière totalement désintéressée ? Pardon ! Je n'entends pas bien, parlez plus fort, je vous prie... Ah ! Je crois sentir venir de vieilles réminiscences dans vos pensées... La France à fric ? Ah oui, peut-être a-t-elle encore de belles odeurs devant elle. Et moi qui croyais que tout ceci appartenait au passé.
Et ceux qui sont censés nous protéger ? Protéger notre nation... Il faut bien les comprendre... Sans doute n'ont-ils pas un salaire très élevé pour tout ce qu'ils accomplissent pour nous... Alors il faut bien arrondir les fins de mois. Ils ont peut-être des compétences qui peuvent rendre service à d'autres qui en ont tant besoin... Oh ! Si on ne peut plus s'entraider de temps en temps...
Mais où étais-je donc tandis que le monde tournait ainsi cruellement, aussi sauvagement ? Ah oui, je sais, j'étais dans le monde des Bisounours, je racontais des
histoires naïves à des élèves qui l'étaient tout autant que moi, des élèves qui deviendraient peut-être un jour des personnalités politiques, des chefs d'entreprise, des agents de renseignement, des contrôleurs fiscaux...
Ma candeur légendaire venait brusquement d'en prendre un coup à la lecture de
la trahison de Nathan Kaplan, quatrième et dernier roman d'
Alain Schmoll, un ami Babelio de longue date plus connu sous le pseudo d'Archie, - oui vous savez l'avatar qui représente ce petit hibou ébouriffé, qui a eu la générosité de m'en proposer la lecture, comme lors des trois fois précédentes et je l'en remercie.
Deux scènes fondatrices du récit, à quelques années d'intervalle, nous font découvrir l'ambiance et le ton du roman.
Avril 2019, deux hommes travaillant secrètement pour la DGSE stationnent devant la maison d'un agent du Mossad, censé représenté une terrible menace pour la nation française.
Le chapitre suivant nous plonge en arrière, en 2005, un beau et encore jeune businessman, s'installe dans une villa de la Côte d'Azur et décide d'entamer une reconversion professionnelle… Il a de l'argent pour cela. Quatorze ans d'écart entre les deux chapitres, quelle relation y-a-il entre ces hommes, entre ces dates ?
Voilà,
Alain Schmoll vient de planter le décor dès les premières pages. À nous de reconstituer le puzzle. Je me suis alors demandé où ce cher Alain voulait m'entraîner ? Qui était ce mystérieux Nathan Kaplan, dont le nom nous évoquerait presque celui d'un personnage tout droit sorti d'un roman de John le Carré ? Quelle était cette trahison évoquée déjà dans le titre ?
Des barbouzes dignes des Pieds Nickelés apparaissent dans ce paysage viril et guerrier. Oui Les Pieds Nickelés, je vous parle ici d'un monde que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître...
Une histoire d'amour aussi traverse ce roman de part en part et c'est une respiration inattendue qui vient irradier ce monde de brutes.
Dans la nasse des entrelacements, des chassés-croisés, des jeux de pouvoir, nous sommes pris au piège d'une lecture addictive qui nous laisse sans répit jusqu'aux dernières pages.
J'ai vraiment apprécié la maîtrise à travers laquelle
Alain Schmoll déroule une fiction convaincante, qui tient la route jusqu'au bout, nous tenant en haleine jusque dans les toutes dernières lignes, une histoire qui, plus est, est inspirée de faits réels.
Un univers impitoyable est décrit ici avec justesse et ironie... Une zone totalement d'inconfort pour moi surgit dans ces pages... Cela ne m'empêche pas d'avancer dans un monde qui me paraît si étranger à moi-même... D'y chercher, d'y déceler des puits de lumière...
Tiens, je lis dans la bio d'
Alain Schmoll que celui-ci a mené une carrière de dirigeant et de repreneur d'entreprises... Hum ! Bien envie de lui poser quelques questions en aparté...