Les guerres de mon père

Ses deux familles, maternelle et paternelle, sont juives. Les origines de sa famille paternelle dont il est ici sujet, se situent "dans des pays qui n'existent plus", aux confins de l'Ukraine, de la Hongrie, de la Roumanie et de la Pologne. Sa grand-mère Paula (Paulette) arrive en France en 1922, à Strasbourg. Elle a 7 ans, orpheline de père. Elle rencontre son mari Majer (Max) Schneck, lui aussi émigré de Pologne dont le père a été massacré durant un pogrom. Ils se marient, et de leur union, naît Gilbert en 1932, leur fils unique. Paula a obtenu la nationalité française, mais pas son mari Polonais. En 1939, l'Alsace envoie des milliers de juifs vers le centre ouest de la France (la Dordogne, Périgueux…) pour les protéger (ou s'en débarrasser ?). Ainsi la famille arrive à Périgueux et survit durant les années de guerre et d'occupation, grâce à des « justes » qui fournissent de faux papiers et protègent. Les parents de Gilbert divorcent en 1942 (un père volage, irresponsable). Paula se débrouille comme elle peut. Ils rentrent saufs à Paris où elle se remarie avec un rescapé de l'holocauste dont la femme et les 2 enfants sont morts.
Gilbert fait des études de médecine, il est brillant. Mais règne le silence sur les années de peur. Puis pour Gilbert, une autre guerre l'envoie loin de France, en Algérie, où là aussi il verra les horreurs des tortures que les Français infligent aux combattants Algériens. Il « répare » les effets des tortures pour que l'homme soit plus présentable lors de son procès. Il répare quand c'est possible, parfois c'est trop tard !
De cela aussi, il garde le silence. Puis il rentre et se marie avec Hélène ; elle a le même âge que lui, a connu les mêmes peurs durant les années de traque des juifs et aussi des pertes irréparables de sa famille durant la Shoah. de cela on ne parle pas. Colombe nait en 1966. le père et sa fille ont une complicité très forte, mais on ne parle que d'avenir et de choses gaies à la maison. Gilbert meurt en 1990 d'une insuffisance cardiaque et Hélène en 2001.
20 ans plus tard, Colombe part à la recherche de son histoire, donc celle de ses aïeux, grâce à sa grand-mère Paulette (morte en 2010) qui sera en partie, la source de ses informations. Elle fera un gros travail d'investigation dans les archives départementales de Dordogne, au service historique de la défense à Vincennes, aux archives de Paris, de Strasbourg, du personnel militaire à Pau. Elle rencontrera les familles des justes qui ont permis à son père de survivre.
C'est un livre d'une grande sensibilité, où la fille d'un père chéri fait le chemin de la compréhension : pourquoi l'ignorance est un mauvais choix, parfois ? Il est nécessaire de connaître le parcours de nos géniteurs pour nous construire sainement et sereinement, même si cette conscience arrive à l'âgé adulte, le cheminement est alors moins semé d'embûches.
Très bel hommage à son père, à sa famille, même si parfois j'ai eu du mal à suivre sa narration, assez confuse.

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Colombe Schneck nous livre un récit très intime (trop?) qui a pour sujet son père disparu il y a 25 ans, cet homme qu'elle a tant aimé mais dont elle ne sait presque rien. Trop peu de choses sur son enfance alors qu'il est un enfant juif, qui fuit et se cache pendant la seconde guerre mondiale, rien de son entrée dans l'âge adulte alors qu'il perd son propre père dans des circonstances dramatiques et rien non plus de sa vie de médecin en Algérie pendant la guerre. Pas de transmission de la part de ce père qui ne veut pas parler des choses qui fâchent. Alors Colombe Schneck va enquêter, chercher et s'attacher à reconstruire ce passé. Sujet passionnant certes mais une écriture que je n'ai pas aimé, que j'ai trouvé si rapide qu'elle en devient confuse, erratique. Parce que cela sert sans doute son propos qui est de tout dire, sans filtre, mais cela a rendu cette lecture plutôt pénible, dommage !