L'humanité a l'oreille ainsi faite qu'elle continue à dormir quand le bruit retentit et ne se réveille qu'avec l'écho.
Tous les hommes sur cette terre sont conscients de l’infini et de l’éternité. La seule différence entre eux, c’est de savoir à quel point cette conscience ébranle chaque individu pris isolément. L’un croit à un dieu personnel au-dessus des choses et des hommes, l’autre croit en son propre vouloir comme en son dieu, les uns sont humbles, les autres se révoltent, et tous, quel que soit le comportement individuel de chacun – tous sont des croyants. (pp. 83-84)
Toute spéculation, peut-être même toute façon de philosopher n'est qu'une manière de penser un spirale; nous nous élevons certes mais nous n'avançons pas. Et nous restons toujours aussi éloignés du centre du monde.
Dieu est-il le rêve de l'humanité ? Ce serait trop beau. L'humanité est-elle le rêve de Dieu ? Ce serrait abominable. (p.87)
Mais Seigneur, comment dois-je apparaître à l’humanité pour qu’elle ne soit pas figée d’effroi, demandait l’Infini ?
Alors le Seigneur le travestit en bleu du ciel.
Et moi ? demanda l’Éternité, comment me révéler à l’humanité sans que l’effroi la fasse sombrer dans l’anéantissement ?
Alors le Seigneur dit : Je veux donner à l’homme un instant où il te comprendra.
Et il créa l’Amour. (p. 98)